When I see you I feel something that I won't ▬ Booth&Shaé

When I see you I feel something that I won't

Vite vite aller quoi … Mon klaxon marchait bien, j’en avais le cœur net pour avoir appuyer dessus comme une malade une bonne dizaine de fois. Peu importe l’heure à laquelle je commençais les routes en direction de l’UCLA étaient toujours bouchonnées … Ce qui paraissait logique vu que l’UCLA était la seule université de Los Angeles et des environs. Des milliers d’étudiants et leurs voitures circulaient ici tous les jours, à des horaires différents. Ce qui avait le don de me taper sérieusement sur le système tout en mettant ma patience à rude épreuve. C’est après de longues minutes d’attentes que je posais enfin les pieds sur le parking de l’UCLA. Quinze minutes de retard … Merde je passerai pas inaperçu … . Je courais alors pour me rendre le plus vite possible à ma salle de cours, histoire de ne pas alourdir mon retard, en talon je m’appuyais sur la pointe de mes pieds histoire de ne pas me fouler une cheville. Le professeur qui dispensait le cours d’économie était plutôt strict et très calé sur les horaires, je sentais déjà que je me donnais de la peine pour rien. Ce qu’il me confirma quand à travers le hublot il me fit un signe du doigt pour que je n’entre pas. Fais chier … Avoir des absences pouvaient nous pénaliser à la fin du semestre, c’était bien trop bête de cumuler une absence pour quinze minutes de retard. Je soufflais un peu énervé avant de tirer sur mon tee-shirt sous mon blazer.

Un détour aux toilettes afin de réajuster devant un miroir digne de ce nom, mon chignon lâche qui commençait à ne plus ressembler à grand-chose et je pouvais enfin sortir. En face de moi se trouvait deux personnes, une fille et un garçon. Mon cœur se pinça, Booth. Depuis quelques temps c’est l’effet qu’il me faisait, le voir me pinçait le cœur, me tenait aux tripes, me donnait des bouffés de chaleur … Des réactions que je n’ai encore jamais eu avec personne et que j’étais simplement incapable d’expliquer. Cette fois ci ma réaction était encore plus prenante, le voir avec cette pimbêche, que je ne connaissais pas mais que je ne m’empêchais pas de toiser de haut en bas me laissait un goût amer au fond de la gorge. Leurs regards à tous les deux s’étaient tournés vers moi, mais aller savoir pourquoi j’étais vexée, alors quand Booth me fit un sourire, je détournais simplement la tête. L’ignorant devant la jeune femme qui sentant l’agressivité qui se dégageait comme mon aura de moi préféra laisser Booth et s’éclipser.

SHAE & BOOTH . . « J’arrive » lançais-je à la personne qui m’attendait en bas de l’appartement. Comme à mon habitude, quelqu’un venait me chercher le matin, parfois Lexie ou encore Théa, et plus les jours défilaient, plus je détestais ne pas avoir assez de thune pour m'acheter une voiture. Je déposais alors furtivement un baiser sur le front de mon fils et souriais à la nounou avant d’attraper mon cuir et mon sac, claquant ensuite la porte derrière moi pour dévaler les escaliers. En à peine quelques secondes j’étais déjà en bas, rentrant dans la voiture à toute vitesse. Lexie démarra alors en trombe, histoire de rattraper le retard qu’on avait accumulé. Durant le trajet on avait parlé de tout, mais surtout de rien, comme à notre habitude, faut dire qu’à force de se voir tous les jours, ma pauvre vie monotone ne faisait pas le poids. Je ne vais pas dire qu’aujourd’hui est une journée très chargée, bien au contraire, disons que j’ai simplement une heure par-ci, par-là, ce qui me permet alors de réviser, de me replonger dans mes cours ou de profiter de mon fils, autant dire que ce n’est pas souvent. Une fois arrivé à l’université, je me précipitais dans une salle de classe pendant que la blonde allait dans celle d’à côté, tout en décidant qu’on se retrouverait à la sortie. Je soufflais, accoudé à ma table, l’heure paraissait si longue, il faut dire que le cours ne m’intéressait pas vraiment, disons que je suis tellement bosseur que j’ai dû apprendre en solo ce cours il y a … trois semaines ? Je tapotais mon crayon de bois sur ma feuille tout en songeant à certaines choses que je devais faire, comme aller faire les courses, acheter des choses pour Henry, bref des trucs passionnant de la vie quotidienne. Heureusement pour moi, la sonnerie annonça la fin du cours et je me précipitais alors vers la sortie, retrouvant effectivement la blonde qui partageait ma vie depuis pas mal de temps maintenant. J’échangeais deux trois mots avec elle, le temps que les gens rentrent en cours et je détachais mon regard de son visage pour le poser sur une demoiselle que je connaissais bien. Aussitôt un sourire me scia le visage et Lexie se mit à la toiser du regard, me disant qu’elle devait aller en cours. J’acquiesçais en lui disant qu’on se verrait plus tard, ce que j’espérais tout en sachant que mon emploi du temps était plutôt chargé, puis je m’approchais de Shaé, enfouissant mes mains dans mes poches de Jean. « Bah alors, on me gueule pas dessus aujourd’hui ? » Dis-je d’un ton taquin, comme à mon habitude lorsque j’étais en sa compagnie.

When I see you I feel something that I won't

Malgré ma course folle pour arriver à cette fichue salle de cours qui de doute façon me resterai inaccessible à cause de ce foutu professeur, je prenais soin de contrôler mon apparence. N’étais-je pas trop débraillée ? Mes cheveux pas trop fouillis ? Cela aurait sûrement pu s’apparenter à des tocs, j’avais ce besoin obsessionnel, pathologique de tout contrôler. Mes gestes, mes paroles, mais aussi mon environnement. Quand quelque chose m’échappait je me sentais simplement mal à l’aise, obsédée par ce qui n’allait pas, par reprendre le contrôle. Des tocs qui s’accentuaient avec le temps bien malgré moi. C’est donc impeccable, un air faussement débraillé à cent pour cent maîtrisé que je sortais des toilettes des filles de l’université. C’est là que cela se produisit … Je perdais le contrôle. C’était l’effet qu’il me faisait depuis un moment. Il réveillait des choses en moi, je veux dire des ressentis physiques s’emparaient de moi à chaque fois que je le voyais. Il me collait au corps et foutait un beau bordel dans mon esprit … Sans même le savoir. Des flots bouillonnants traversaient mes veines et mon cœur s’emballa de colère, de déception, de rancœur lorsque je compris que la blonde à côté de lui, la pimbêche, c’était Lexie. Cette fille aussi me collait au corps mais dans un tout autre registre car elle déclenchait en moins des sentiments bien distincts, de l’animosité, de l’hostilité, de la colère sans même que je ne lui ai jamais vraiment parlé. Mais chez moi tout fonctionnait comme ça, je ressentais les choses avant de les exprimer lorsque j’y parvenais. C’était sûrement pour ça que je cherchais le contrôle à tout prix … pour ne pas être une petite bombe à retardement.

Quand le jeune homme s’approcha de moi, je ralentissais mon rythme de marche, bien que "je lui faisais la gueule", je ne voulais pas qu’il lâche l’affaire et s’en aille, j’avais envie d’être avec lui. « Méfie toi White ce n’est pas parce que ça n’est pas encore arrivé que ça ne peux plus arriver ». Je le transperçais maintenant du regard, une menace qui précéda un sourire taquin. « Toujours avec Blackwell … les mauvaises habitudes ne changent pas … ». Bon ok, je ne riais pas, pas du tout, mais je ne pouvais pas paraître trop sérieuse, s’était tout de même sa meilleure amie, je ne voulais pas me le mettre à dos, pas à cause d’elle. Un grand sourire éclaira mon visage, un sourire enfantin auquel on ne résiste pas, histoire de ne pas trop l’énerver. « Comment va ton petit bout ? Ah oui et comment va tu ? ». Mon sourire sarcastique n’avait pas quitté mes lèvres. Mais le début de ma question n’avait rien de sarcastique, je ne supportais pas grand monde ici bas mais j’adorais les enfants. Sûrement parce que leur innocence me rappelait celle que j’avais perdue, que je n’avais jamais eue, ils me donnaient un peu l’occasion de la retrouver, l’espace de quelques instants.

SHAE & BOOTH . . J’avais cette salle habitude de partir à la dernière minute pour arriver juste à la sonnerie ou à l’heure pile du rendez-vous. Et plus les jours passaient, plus j’essayais de grappiller des secondes, comme ce matin où j’avais préféré rester 5 minutes supplémentaires tout en sachant que cela allait peut-être me couter les premiers cours de ma journée. Je m’étais ensuite levé en speed, filant sous la douche après avoir constaté qu’Henry dormait toujours, et enfin lorsque j’avais enfilé mes vêtements, la nounou avait débarqué, elle aussi en retard pour une fois. Autrefois j’étais cet homme qui partait de longues minutes en avance pour ne pas rater son rendez-vous, et maintenant je suis plus souvent en retard qu’autre chose. Oh ce n’est pas un choix, quoiqu'en fait cela pourrait effectivement en être un. J’accumule les cours ainsi que le boulot le soir, puis lorsque je reviens chez moi c’est pour enfin prendre soin de mon fils. J’ai beau être jeune je crois que la fatigue commence à me gagner. Ah il est bien loin le temps où j’étais le quarterback plein d’entrain de l’université. Je soupirais justement en évoquant certains de nos souvenirs, à Lexie et à moi. Nous étions depuis cinq minutes dans le couloir, toujours à rire des idioties qu’avait pu dire un prof pendant l’heure de cours qui venait de passer avant d’enchainer sur le fait qu’elle me reproche, en quelque sorte, qu’on ne se voit plus qu’aux intercours. Qu’on me tend ma faute m’a toujours rendu mal à l’aise, je sais que je n’avais plus de temps pour moi, du temps à consacrer aux personnes qui m’entouraient et cela sacrifiait certaines de mes amitiés, mais je n’avais pas le choix. Baissant la tête, elle me congédia et je décidais alors de me diriger vers Shaé qui était à l’autre bout du couloir, d’abord pour la saluer, par belle politesse, mais également parce que j’avais quelque part envie d’échanger un peu avec elle. « Méfie-toi White ce n’est pas parce que ça n’est pas encore arrivé que ça ne peut plus arriver » Je me mis légèrement à rire tout en hochant les épaules, comme si ces piques pouvaient me faire peur. « Toujours avec Blackwell … les mauvaises habitudes ne changent pas … » J’entrouvrais alors la bouche, cherchant me mots pendant que je jouais avec les clés de mon appart qui étaient dans ma poche. « Ce n’est pas ma faute si tu détestes toutes les filles qui m’entourent. » Je lui souriais légèrement tout en sachant que je n’avais pas tort, elle détestait Lexie mais également Jade qui était proche de moi. Je ne continuerai pas la liste, elle sera certainement très longue au final. « Comment va ton petit bout ? Ah oui et comment vas-tu ? » Un large sourire venait alors fendre mon visage et je baissais la tête comme pour chercher mes mots derechef. J’avais toujours l’impression de barber les gens avec mon gosse, c’est vrai quand on y pense, je suis le seul ici (ou presque) ayant un enfant. Les autres étudiants ne pensent qu’à faire la fête, se saoulant jusqu’au bout de la nuit pendant que moi je raconte des histoires à Henry pour qu’il s’endorme plus rapidement. « Il va bien, il est sage c’est le principal, faudrait que tu passes le voir un de ces 4. Et en ce qui me concerne, il n’y a pas de grands changements, toujours cette même rengaine. Et vous miss Antonelli ? »

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Le regard que m’avait lancé Lexie fut froid, très froid. Sûrement pas autant que le miens mais tout de même. Quelque chose clochait avec cette fille, nous ne nous connaissions pas mais c’était devenu physique entre nous, on ne pouvait juste pas se voir. Alors quand on se rendait compte que nous avions des centres d’intérêts communs, la guerre n’était plus qu’à quelques pas. Booth en faisait parti. Nous ne pouvions supporter la présence de l’autre à ses côtés. Remarque que je m’empressais de formulée à Booth, n’ayant pas ma langue dans ma poche, surtout pour exprimer ma jalousie inconsciente au jeune homme. J’affichais alors une moue choquée lorsqu’il me rétorqua que de toute façon je détestais toutes les filles qui l’entouraient. Je le pinçais doucement au bras, simple représailles avant de me justifier. « Arrête, il y’en a bien au moins une que je peux tolérer … ». Je plissais les yeux, l’air songeur. Durant quelques secondes je cherchais, me creusant véritablement la cervelle pour trouver un nom, mais non rien. Alors vexée je lui lançais un nouveau petit pique. « C’est pas de ma faute si tu ne sais pas les choisir … ». Une idée derrière la tête, sachant pertinnement que ce serait terriblement prétentieux, je ne pu m’empêcher de me taire. « En faite tu n’as que moi qui vaille vraiment le coup tu sais ... ». Mon regard planté dans le sien, je pouffais de rire, me rendant compte que je faisais vraiment possessive à cet instant précis. Je ne voulais pas non plus le mettre mal à l’aise, et puis je sentais que je dépassais les bornes, je ne pouvais pas contrôler toutes ses fréquentations, je n’en avais simplement pas le droit.

Voir Booth me faisait systématiquement pensé à son fils, le petit Henry que j’avais pu rencontrer à quelques reprises. Un petit bout comme je les aimais, mignons, sages et tellement choux que j’aurais pu faire n’importe quoi s’il me le demandait. Non je n’étais pas ennuyée lorsqu’il parlait de son fils, je trouvais d’ailleurs que d’être papa lui donnait un air tellement plus sexy, sûrement car cela avait fait de lui un homme et que j’aimais ce côté, protecteur et responsable, ce côté stable qui me rassurais énormément. « Et comment j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu ! Je suis sûr qu’il aura encore tellement poussé que je ne le reconnaitrais même plus ! ». Je souriais à la simple idée de passer un peu de temps avec Henry, à être gaga durant quelques heures. « Toujours ce même rythme de fou … Tu prends du temps pour toi de temps en temps ? Je sais que c’est super important que tu vois ton fils le plus souvent possible, je le comprends, mais ne t’oublie pas Booth, je pense que Henry à envie de voir son papa en forme ! ». Je ne disais pas ça au hasard, je voyais aux cernes sous ses yeux que le rythme avait dû être soutenu ces derniers temps. « Tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là ». Certes je bossais beaucoup aussi, mais occasionnellement je pouvais lui rendre ce service. Ce qui ne faisait absolument pas de lui un mauvais père au contraire. « Miss Antonelli, j'aime quand tu m'appel comme ça, ça fait noble tu trouves pas ?Moi … ça va écoute, je continue à voguer ou ramer plutôt entre les cours et le boulot, et mon manque de vie sociale. Tiens si quelque chose d'important, j’ai appris que j’avais une sœur jumelle, je t’avoue que ça m’a un peu choquée tout de même ». Je souriais simplement, sans ajouter quoi que ce soit.

SHAE & BOOTH . . C’est vrai que mes fréquentations n’étaient plus les mêmes qu’avant, et ce n’était plus non plus les mêmes relations que j’entretenais avec les femmes par exemple. Avant, lorsque j’étais plus jeune, j’étais le genre de mec qui enchainait les jeunes femmes, qui ne les fréquentait qu’uniquement parce qu’il avait certaines attirances. Je me foutais de tout, et surtout des conséquences. Mes potes étaient du même genre, et je dois avouer que désormais je me sens bien seul. Ce n’est pas que je ne suis pas entouré, seulement c’est différent. Certaines personnes me fréquentent parce qu’elles ont pitié de moi, parce que ma petite amie est morte, me laissant avec un gosse en bas âge après qu’elle m’est en quelque sorte imposé sa grossesse. Ce jour-là, j’étais loin d’imaginer comment l’histoire se terminerait, et si c’était à refaire, je serai tordu entre les solutions, à m’en maltraiter l’esprit. D’autres, surtout les femmes, me fréquentaient parce qu’elles voyaient en moi le père célibataire attirant, celui qui s’apparente à un prince charmant, qui fait la cuisine pendant qu’elles rentrent et mettent les pieds sous la table, qui est là pour leur moindre désir lorsqu’elles seront enceintes, et ne comptez pas sur elles pour s’occuper de l’enfant après la naissance. Je suis peut-être égoïste mais je préfère finir seule ma vie si cela ne concorde pas avec la vie d’Henry, loin de moi l’idée de vouloir lui imposer une belle-mère incrédule. Certains mecs ou demoiselles me fréquentent encore, pensant que l’ancien Booth resurgira un jour, celui très éloigné de celui d’aujourd’hui qui a toujours la tête dans les bouquins, qui vit à cent à l’heure certes, mais uniquement pour son fils, lorsqu’il peut s’en occuper, entre ces deux petits boulots. Je commence à croire que mes belles années sont derrière moi, et même si cela me chagrine parfois, surtout lorsque j’ai un coup de mou, je me dis qu’au final, c’est donner une vie pour une autre, que c’était sûrement mon destin après tout. Je posais mon regard sur Shae, légèrement absent car en ce moment il ne suffisait d’un rien pour me voir partir dans de lointaines pensées. « Arrête, il a yen bien au moins une que je peux tolérer … » J’arquais alors un de mes sourcils tout en faisant légèrement une moue, lâchant un « Euh… » qui restait vague. J’avais l’habitude des paroles qu’elle pouvait balancer, du moins du genre de parole qu’elle utilisait. Shaé aimait beaucoup l’humour mal placé, l’ironie et tout ce qui s’apparente à cela, et je dois avouer que j’adorais ce petit côté mesquin. « Ce n'est pas de ma faute si tu ne sais pas les choisir … En fait tu n’as que moi qui vaille vraiment le coup tu sais ... » J’entrouvrais alors les lèvres, faisant une mine grossière d’homme choqué. Puis je me mettais à rire avant de reprendre la conversation, hésitant quelque peu avant de parler de mon fils, et surtout à proposer à mon interlocutrice de passer dans les jours prochains « Et comment j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu ! Je suis sûr qu’il aura encore tellement poussé que je ne le reconnaitrais même plus ! » Je soupirais longuement, c’est vrai que le temps passait déjà vite, voilà déjà environ deux ans que Kate était morte et j’ai encore l’impression que c’était hier le jour où mon cœur s'était arrêté, le jour où j’avais appris que j’allais être papa. « Des fois je me demande de qui il tient le plus… » dis-je quelque peu nostalgique. « Toujours ce même rythme de fou … Tu prends du temps pour toi de temps en temps ? Je sais que c’est super-important que tu vois ton fils le plus souvent possible, je le comprends, mais ne t’oublie pas Booth, je pense que Henry a envie de voir son papa en forme ! Tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là » J’acquiesçais de la tête sans rien dire car elle savait, et je savais qu’elle avait raison, et puis ce n’était pas la première à me le dire. Certes j’étais surmené mais ce rythme m’était désormais familier, jusqu’au jour où je tomberais sous la pression. « Miss Antonelli, j'aime quand tu m'appelle comme ça, ça fait noble tu trouves pas ? Moi … ça va écoute, je continue à voguer ou ramer plutôt entre les cours et le boulot, et mon manque de vie sociale. Tiens si quelque chose d'important, j’ai appris que j’avais une sœur jumelle, je t’avoue que ça m’a un peu choquée tout de même » J’arquais de nouveau un sourcil, mon souffle se coupant quelque peu, puis je lâchais sur un ton presque trop plat « Et tu m’annonces ça comme ça ? »

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Peut-être que je n’avais pas connu l’ancien Booth, peut-être l’aurais-je apprécié ou détesté ? Peut-être que je me basais sur ce qu’il était aujourd’hui et que je ne savais pas grand choses de lui. Je ne connaissais pas les raisons qui m’avaient poussés à m’intéresser à lui, à désirer avoir une petite place dans sa tête, dans son coeur … Peut-être voyais-je en lui un jeune homme plein de courage, qui ne méritait que le respect pour mener sa vie et celle d’un petit homme de front. Peut-être qu’il me plaisait pour ça … Pour sa force, qui me fascinait, qui me rassurait, car c’est ce qu’il m’inspirait : de la stabilité, de la sécurité, contrairement à tous les imbéciles que j’avais pu rencontrer jusqu’ici … Je désirais tellement avoir une place dans sa vie, une toute petite place.

Malheureusement, je sentais dans ses réponses courtes, dans son air distrait, ailleurs que je n’avais pas la place auprès de lui que j’aurais aimé avoir. Il semblait se ficher de ce que je pouvais bien lui raconter, lui avouer avoir une sœur jumelle était quelque chose de très important pour moi. Ce qui dans un premier temps me blessa profondément, s’en fichait-il de moi ? Car c’était franchement l’impression qu’il me donnait. Puis au bout de quelques secondes de silences, bien marquées, pendant lesquelles je n’avais pas dit un mot, surtout pour lui faire remarquer que je n’avais plus envie de lui répondre. Je me décidais enfin à réfléchir et arrêter de ne penser qu’à moi, à jouer l’égoïste vexée, alors qu’il avait bien d’autres choses auxquelles penser. « Ecoute Booth, quand je te dis qu’il est temps de penser à toi, je ne parle pas de dans dix ans ! Maintenant ok ? ». Je n’étais pas spontanée pour un sous, tout dans ma vie était plutôt bien réglé, rangé. Mais aujourd’hui je sentais que le jeune homme en avait besoin, un peu d’imprévu dans sa vie si organisée lui ferait sûrement du bien. Et tant pis s’il fallait qu’elle le saoule, qu’elle insiste lourdement, elle le ferait. « Tu es un super élève, je suis sûre que rater une journée de cours ne te fera pas de mal, et puis comme ça, ce soir tu rentreras chez toi à la même heure que d’habitude ! ». Toute excitée j’attrapais son bras pour le confronter. « Aller dis oui White ! Il y’a bien quelque chose que tu rêve de faire mais que tu n’a plus le temps de faire ? ».

Que pouvaient-ils bien faire ? Pour le moment je n’en savais rien. Je m’appuierai sur ce qu’il me confierait, en espérant qu’il soit coopératif. De toute façon, j’étais bien décidée à le sortir de cette routine, ne serait-ce que pour une journée. Qu’il puisse souffler un peu.

Spoiler :

SHAE & BOOTH . . Quelque chose était étrange, ma vie changeait peu à peu durant ces derniers mois, pourquoi ? Je l’ignorais, peut-être était-ce l’effet de la rentrée, de rencontrer de nouvelles personnes habitant souvent loin d’ici, peut-être que cette année était l’année du renouveau qui sait. Du nouveau… j’ignorais si j’avais envie que ma vie change ou non, j’ignorais encore quel chemin j’allais prendre, de quoi allait se constituer mon futur, j’ignorais beaucoup trop de choses à mon goût, et je détestais ça. Je baissais alors les yeux sur Shae qui restait silencieuse, me regardant de ces doux yeux, comme si elle cherchait quelque chose au fond de moi. Qu’attendait-elle de moi ? Qu’est-ce que tout le monde attendait de moi en ce moment ? J’avais tout bonnement l’impression qu’on espérait trop de choses de moi, qu’on me voyait comme le super héros censé sauver toutes les vies de ce campus, or je n’étais et je ne suis qu’un homme. Certaines personnes s’apitoient sur mon sort, parce que je me suis retrouvé avec un enfant en bas âge, perdant sa mère du jour au lendemain, je me suis toujours dit que je m’apitoyais assez sur mon sort, que je n’avais pas besoin du soutien ou de la pitié des autres. C’est dingue, certaines personnes m’approchent juste pour voir ma santé mentale, comme si j’étais l’attraction d’ici. Au départ, cet pseudo compassion me réchauffait un peu le cœur, mais désormais elle me le tordait, et je me retiens parfois d’envoyer balader les gens autour de moi, souhaitant qu’on me laisse tranquille, un point final. Cela fait déjà quelques années, plus de trois ans Booth, il faudrait passer à autre chose. Comme si c’était facile… « Écoute Booth, quand je te dis qu’il est temps de penser à toi, je ne parle pas dedans dix ans ! Maintenant ok ? » Sa langue s’était enfin dénouée, j’avais l’impression que ce blanc entre nous avait duré des heures et des heures, en tout cas, assez de temps pour laisser mes pensées divaguer. Je posais à nouveau mon regard sur elle, quelque chose clochait, ce revirement de situation n’était pas normal. « Tu es un super élève, je suis sûre que rater une journée de cours ne te fera pas de mal, et puis comme ça, ce soir tu rentreras chez toi à la même heure que d’habitude ! » Je la laissais dire ou même faire, attendant qu’elle m’explique un peu plus son plan dont j’ignorais tout. « Aller dit oui White ! Il y a bien quelque chose que tu rêves de faire mais que tu n’as plus le temps de faire ? » Je restais perplexe, je ne comprenais pas pourquoi d’un instant à l’autre elle parlait d’un sujet incroyable à une vulgaire sortie en ma compagnie. Je m’arrêtais subitement, me tournant vers elle. « Pourquoi tu ne m'as pas répondu ? » Disais-je à propos de cette jumelle mystérieuse, c’est vrai, cette annonce n’était pas commode alors pourquoi faire subitement l’impasse ?

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Face à ce grand homme brun, je perdais totalement mes moyens. Tout chez lui m’intimidait, son courage exceptionnel, son histoire plus que difficile, son regard franc et transcendant. Oui il m’impressionnait, toute sa personne était admirable et peut-être que mes yeux trahissait un sentiment qu’il n’appréciait pas, mais en tout cas qu’il ne comprenait pas. Ce n’était pas de la compassion, non, je parlerai plutôt d’empathie, car je ne pouvais imaginer ce qu’il ressentait, je pouvais seulement le comprendre. Je ne le prenais pas en pitié, parce qu’il ne m’inspirait pas ce genre de sentiment, ce n’était pas une victime et même si je me trompais ce n’était pas ainsi que je le voyais. Je ne voulais pas non plus le mépriser, car il n’avait pas choisi cette situation, elle lui était simplement tombée dessus. Ce qui m’attristait, me déstabilisait le plus dans notre relation c’est ce que je sentais que peu importe les sentiments que je ressentais vis-à-vis de lui, il les rejetait, me rejetait. Je ne voulais pas qu’il est besoin de moi, je m’en fichais, je voulais simplement qu’il m’apprécie … Ses mots, ses réactions étranges me serraient le cœur.

Mon raisonnement me poussa à penser que quelque chose n’allait pas, peut-être avait-il besoin de souffler ? De voir autre chose ? Peut-être était-ce la raison de son air dédaigneux et je m’en foutiste ? Cette explication me convenait, je pouvais le comprendre. Parce qu’au fond, me dire qu’il se foutait de moi, que je ne l’intéressais pas m’était beaucoup trop insupportable. Alors je lui proposais de se changer les idées, les yeux brillants, le cœur battant à plein tube en espérant qu’il accepte. Sa réponse fut encore une fois … à côté. Peut-être qu’on ne se comprenait pas, peut-être qu’on ne voulait simplement pas les mêmes choses de l’un et l’autre. La question était simple … Qu’attendait-il de moi ? « Je ne t’ai pas répondu parce que j’ai l’impression que tu t’en fou Booth … ». Peut-être fallait-il simplement que je m’en aille, que j’abandonne, peut-être n’avait-il aucune affection, aucune considération pour moi ? Peut-être me voilais-je la face ? « Depuis tout à l’heure tu me réponds à peine, tu tires une tronche pas possible … Si ma compagnie t’insupportes dis le moi ? Je ne comprends pas je suis désolé … ». Face au jeune homme je préférais rester franche, dire ce qui n’allait pas sans détour. Peut-être qu’on lui passait tout, parce que sa vie était difficile. Peut-être avait-il besoin qu’on lui dise une bonne fois pour toute qu’il se comportait comme un égoïste ? « J’ai pensé que peut-être tu avais besoin de voir autre chose … De te changer les idées, mais j’en viens à penser que le problème c’est peut-être simplement moi, si tu ne veux pas me voir dis le … ». J’y allais peut-être un peu fort, peut-être étais-je à côté de la plaque mais il fallait que je sache la raison de son comportement. Je ne pouvais pas garder mon mal être pour moi. Mes yeux accusateurs se plantaient alors dans les siens. Plus d’empathie, plus d’air amical, j’attendais une réponse, sincère.

SHAE & BOOTH . . Je savais comment était Shae, je l’avais su dès le premier regard. C’est à vrai dire le côté furie qui m’avait attiré chez elle, et quand je dis attiré, je ne parle pas de l’attirance physique, bien que son physique ne soit rien de repoussant, bien au contraire, mais je veux dire par-là que je savais que cette personne serait explosive, aussi bénéfique que nuisible. J’ignore comment elle fonctionne, ce qui se passe dans sa tête pour qu’elle change du tout au tout. En m’approchant d’elle, j’avais cru qu’elle serait plutôt contente de me voir, qu’elle se serait levée du bon pied, qu’elle serait dans un assez bon jour pour ne serait-ce qu’échanger certaines paroles drôles comme elle savait si bien le faire. Mais plus je m’attardais sur elle, plus je m’apercevais que son visage se durcissait, certainement parce qu’elle pensait à quelque chose d'autres qu’elle et moi, ou parce que quelque chose la tracassait. Fonçant les sourcils, je la questionnais à propos de sa sœur, c’est vrai, cela m’intriguait, j’étais en train de me demander si un jour du coup, je ne l’avais pas abordé, pensant que c’était Shae, dans l’hypothèse où elle serait à l’UCLA. Au lieu d’avoir une réponse claire, toute simple, même négative, j’avais eu le droit à un tas de reproches bien dissimulés. « Je ne t’ai pas répondu parce que j’ai l’impression que tu t’en fous Booth … » J’entrouvrais alors la bouche, perdant mes mots, que pouvais-je répondre à ça ? Rien… strictement rien. Je soufflais alors longuement, remettant mon sac de cours plus confortablement sur mon épaule, passant ensuite ma main libre sur mon front, réfléchissant à toute vitesse. « Écoute, si je te demande ça c’est que bien sûr cela m’intéresse, sinon je n’insisterais pas ! » Ma voix s’était faite plus dure et c’est pour ça que j’avais décidé de m’interrompre, parce que je me doutais qu’elle allait mal le prendre alors qu’au départ, ce n’était pas voulu. Elle continuait alors, persuadée que quelque chose n’allait pas entre elle et moi. « Depuis tout à l’heure tu me réponds à peine, tu tires une tronche pas possible … Si ma compagnie t’insupporte dis-le-moi ? Je ne comprends pas je suis désolé … J’ai pensé que peut-être tu avais besoin de voir autre chose … De te changer les idées, mais j’en viens à penser que le problème c’est peut-être simplement moi, si tu ne veux pas me voir dis-le … » J’avalais alors dans un bruit sourd ma salive, claquant mon bras contre mon corps, baissant les yeux vers elle. « Shaé ça n'a rien avoir avec toi, je suis juste fatigué, s’il te plaît arrête de te faire des films ou penser que ça ne va pas, tout va bien je t’assure. Je suis juste exténué, j’ai repris un autre petit boulot parce que je me suis fait virer de mon second taf, et le petit n'est pas bien, je suis juste sous pression alors s’il te plaît, arrête d’accord ? » Je chuchotais ensuite un petit « Steu'plait ! », me pinçant tout de suite après les lèvres, passant mes mains dans ses cheveux bruns.