Quelle drôle d’idée elle avait eu. Prise dans ses cours depuis plusieurs heures, elle avait sérieusement besoin de se détendre, de trouver quelque chose à faire pour s’aérer l’esprit. Son réveil affichait pas loin de minuit et il était hors de question pour elle de s’incruster en plein milieu d’une soirée, d’autant plus qu’étant en semaine, il est plutôt rare que des fêtes soient organisées. Sans réfléchir elle s’était donc étirée, et avait pris les clés de sa moto après avoir enfilé sa combinaison et attrapé au vol de son casque. Fermant son appartement, elle descendait assez vite au parking sous-terrain pour démarrer sa Yamaha R1, monter dessus, et rouler au bon lui semble. Le seul problème qu’elle avait, c’est qu’elle ne savait toujours pas où elle allait. Le calme de la ville – bien que non déserte – contrastait avec le fourmillement de personnes que l’on peut croiser dans la journée. Le doux ronronnement de son moteur attirait quelques regards, mais elle s’en fichait pas mal. Roulant à faible vitesse, contrairement à d’autres motards se prenant pour des pilotes sur un circuit fermé, elle scrutait les murs de la ville à la recherche d’une enseigne d’un bar ou d’autre chose qui pourrait attirer son regard. Mais en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle avait traversé la rue la plus animée de la ville, sans le moindre succès. L’envie de prendre l’air, de se détendre était bien là, mais rien ne lui faisait réellement envie. Alors elle continuait de rouler, sans se poser des questions. Dévisagée par certains, enviée par d’autres, elle sillonnait la ville pour trouver son petit bonheur du soir sans se mettre trop en danger non plus. Plus les minutes passait, plus elle s’éloignait de chez elle et donc du centre-ville. Naturellement elle s’était alors dirigée vers Santa Monica, à quelques minutes de route de là. Encore pire que la ville niveau animation ? Oui, c’est vrai. Il y avait bien le parc d’attraction non loin de là mais la nuit ce dernier est fermé, donc ça sera forcément le calme plat. Et au final, c’était peut-être de ça dont elle avait besoin pour se vider la tête. L’effervescence dans son esprit outrageusement animé depuis son accident avait besoin d’un moment de fraicheur et d’humilité, d’un moment de calme sans aucun bruit si ce n’est celui de la nature. S’arrêtant donc au bord de la route, elle mettait l’antivol à sa machine avant de descendre dans la crique. Evidemment il n’y avait personne, juste elle et la nature et ça lui faisait un bien fou ! Les beaux jours avaient tendance à revenir ces temps-ci, ce n’était donc pas de refus qu’elle appréciait la légère brise de vent pour cette nuit. Ne faire qu’un avec la nature, être aussi calme qu’elle, aussi apaisée. C’est une idée saugrenue qui était passée par l’esprit de la jeune femme et pourtant, elle avait bien envie d’essayer. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’un bain de minuit ? Ni une, ni deux, elle se déshabillait entièrement et posait son casque sur ses vêtements pour éviter que ces derniers ne s’envolent ou s’étalent sur le sable. Denier coup d’œil à gauche et à droite, et voilà qu’elle entrait dans l’eau fraiche, totalement nue. Sa peau frissonnante mais non frileuse lui indiquait une bonne température, ni trop chaude, ni trop froide. Et bien qu’elle osait pour la première fois le naturisme, en quelque sorte, elle se sentait particulièrement bien. Comme si le poids de la société qui « condamne » cette pratique s’envolait et qu’elle se sentait enfin libre de ses mouvements et de ses choix. Mais la béatitude fut de courte durée. Nageant vers le large, elle se décidait à poser ses pieds pour éviter de trop s’éloigner du bord. Mais en se retournant pour voir où elle en était, ce n’est pas le bord en question qu’elle aperçut en premier, mais bel et bien une personne. Autant vous dire qu’un cri de frayeur s’était échappé d’entre ses lèvres et qu’elle eut le réflexe de couvrir sa poitrine avec ses mains, bien que cette dernière était de toute façon sous l’eau, tout comme le reste de son corps si ce n’est ses épaules, son cou et sa tête. De loin elle ne pouvait pas distinguer le visage de la personne, mais la lumière que la lune donnait généreusement lui laissait l’opportunité de voir qu’il s’agissait d’une silhouette masculine… il manquait plus que ça. Avec un peu de chance elle allait tomber sur un pervers et elle serait dans l’obligation soit de courir, soit d’attendre dans l’eau jusqu’à demain et ce que des personnes arrivent. « Je… je suis désolée, je me croyais seule. » Avait-il au moins remarqué qu’elle était nue ? Elle en était persuadée bien que son corps immergé ne le laissait pas du tout entrevoir. Bien vite son visage tournait rouge pivoine. Dans l’eau, nue, sans serviette à l’horizon, ses vêtements au loin, un homme sur le sable… ça promettait pour se sortir de là. |