Ce qu’il y avait avec la musique, c’est qu’on savait très bien qu’elle ne partirait jamais. Qu’importe le style, qu’importe l’époque, elle a toujours été là pour faire vibrer le monde. Elle peut nous accompagner partout, à tout moment de notre vie, c’était comme une vieille amie qui nous murmurait les mots qu’on voulait entendre. J’ai toujours adoré la musique, passé des heures seul avec ma guitare à tenter de composer quelque chose de jouable et puis à écouter mes groupes préférés. Lorsque j’étais encore à Phoenix, c’est vraiment ce qui m’aidais à laisser défiler les jours, c’est aussi ce qui me calmais lorsque mon frère me cherchait trop. Au moment où on se rend compte que sa vie n’est rien qu’une grosse blague, on a simplement envie de s’enfermer. C’est à ce moment-là que je prends ma guitare et que je passe à l’écrit toute cette merde. Il était donc logique que je continue dans des cours de musique à la fac. Je pense que j’étais plutôt bon, je voulais en faire mon métier. Être connu, partir en tournée, avoir un groupe, être une rock star. Ce serait ça et rien d’autre. J’en voulais. Mais avant cela, il fallait que je parvienne à écrire quelque chose de bien à présenter, une maquette. Ces derniers temps, je n’y arrivais pas, j’avais l’impression que tout ce que je faisais, ce n’était rien d’autre que de la merde. Je trouvais la mélodie, pas les paroles. Je savais bien que ça allait me venir comme ça, mais j’avais envie de bosser dessus. En sortant de cours, je passais mon étui de guitare sur mon dos, fumant une dernière clope avant de me diriger de mon éternelle nonchalance vers la salle de musique. Lorsque j’ouvrais la porte, je me rendais compte que quelqu’un était déjà là. Je posais mon étui par terre, reconnaissant River. Je le laissais dans son élément, écoutant les notes qui sortaient du piano. Je me pinçais les lèvres. Il plaquait les dernières notes « C’est pas mal, pas du tout mon truc, mais pas mal » lançais-je, il semblait enfin sortir de son monde, je lui adressais un bref sourire « River, ça fais un bail » je passais la sangle de ma guitare sur mon épaule et commençait quelques arpèges « ça manque peut-être un peu de rythme sans guitare. Voyons ça » je l’incitais à reprendre son morceau.