Un gouffre. Un gouffre où elle plongeait la tête la première et d'une façon tout à fait délibérée. Qu'est-ce qui l'avait amené à faire cela? Quel diable l'avait donc possédé pour qu'elle se détruise consciemment de cette façon? La déchirure qu'elle ressentait depuis qu'on l'avait arrachée à sa mère était-elle assez grande pour justifier cela? Quelque chose lui manquait sûrement. Cette façon de détruire sa propre dignité dans des actes sexuels brutaux où elle n'est souvent qu'un objet trahissait un manque certain, un vide à combler de toute urgence. Le tout était de savoir de quoi il en retournait, de quelle façon est-ce qu'on pouvait la guérir de ce maux de plus en plus destructeur au fil du temps. Ça la bouffait, intérieurement, physiquement, moralement. Ses crises étaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus violentes, elle en venait à se blesser parfois. Certes de façon maladroite mais à chaque fois, elle ne se soignait que tardivement. Ce sang qui coule, cette blessure qui picote, son palpitant rapide, ses yeux embuaient de larmes... encore de l'extrême pour se sentir en vie, pour se sentir humaine. Et pourtant, ce soir, c'était différent. Face à Andy elle n'avait pas besoin de tout ça, elle n'avait pas besoin d'être brutale, pressée et dominatrice, elle n'avait pas besoin de se blesser ou de subir pour se sentir elle-même. Non... elle avait juste besoin de lui, tout simplement. C'est ce qu'elle aimait en sa présence, la capacité du jeune homme à lui faire comprendre qu'elle n'a pas besoin de tant d'artifices pour être appréciée, pour être aimée même si elle savait que l'amour qu'Andreas lui portait n'avait rien d'amoureux. C'était un respect mutuel mêlé à une amitié passionnée et sincère. Oui elle avait de la passion pour lui, de l'admiration suprême, il représentait son idéal. Au-delà d'un idéal masculin, il était un idéal de vie, un véritable modèle d'équilibre qu'Adélaïde rêvait un jour d'atteindre, un idéal qu'elle craignait ne jamais pouvoir gagner tant il lui semblait lointain et insaisissable pour elle. Alors oui, forcément qu'elle avait peur face à lui et au contraire, si elle avait du mal à se laisser aller, c'est bien parce que c'était lui et pas un autre. Et si elle le décevait? Et si elle était incapable de se contenir? Et si Andy ne réussissait pas ce défi? Des réponses qui piquaient autant sa curiosité que sa peur, mais pour éradiquer les deux, elle se devait d'essayer et de lui faire confiance.
Alors naturellement, presque avec assurance, elle était venu chercher ses lèvres et elle avait fini de le déshabiller. Ses envies se réveillaient, lentement mais sûrement. Le corps d'Andy face à elle appelait au désir charnel, c'était certain. Jamais elle n'avait osé poser un œil sur lui de cette façon... et dans un sens elle le regrettait un peu, parce que ça lui plaisait. Tandis que dans l'autre sens, elle se disait tant mieux, parce que cela les avait menés ici, dans cette chambre, à vivre ce moment spécial qui demande une complicité certaine et acquise parce qu'aucun d'eux n'avait eu cette idée avant cet instant précis. La peur montait d'un cran, mais elle était vite rattrapée par un désir ardent. Celui qu'il la touche, qu'il l'embrasse, qu'il fasse d'elle sienne pour quelques instants. C'était étrange comme cette sensation de jalousie et d'envie de possession de l'autre peut se développer d'une façon rapide et spontanée quand il s'agit d'un moment comme celui-là. Le regard du brun sur elle avait tendance à l'émoustiller un peu plus. Cette façon qu'il avait de l'observer faisait sentir à Adélaïde qu'elle était désirée, alors oui, sans même réfléchir elle lui avait demandé de lui faire l'amour, sans plus attendre, maintenant. On aurait pu facilement croire que ces paroles ressemblaient à un ordre que Jane aurait pu donner à un homme quelconque. Mais en réalité, c'était presque une supplication, une demande inespérée de la jeune femme qui se prêtait au jeu. Elle voulait sentir autre chose pour une fois et elle ferait tout son possible pour se contrôler et laisser à Andy le contrôle ou faire en sorte de rester elle-même douce si elle prenait les commandes à un moment donné. Parce que l'amour c'était ça, faire l'amour c'était le partage d'une passion entre deux personnes, c'était laisser l'autre s'exprimer physiquement tout en s'exprimant soi-même. C'est du moins ce qu'Adélaïde s'imaginait et autant avouer que niveau passion, habituellement, c'était absent. Oui il y avait de l'animosité, de l'envie brute et pure, mais la passion, la vraie n'existait pas. Et ce soir, c'est ce qu'elle voulait ressentir dans les bras d'Andreas, c'est ce qu'elle voulait lui donner et recevoir en retour.
Timidement l'une de ses mains était venue se poser sur son torse tandis que la seconde se posait délicatement sur sa nuque, répondant au baiser de son amant qu'elle trouvait d'autant plus osé. L'envie ne se réveillait pas que chez elle, et c'était une petite satisfaction pour l'Argentine dans un sens. Un ami pouvait donc bien la désirer tel qu'elle est réellement. Cette jeune femme douce, torturée, discrète tout en étant attachante, drôle et avec un caractère assez fort tout de même. On pouvait l'aimer sans la prendre en pitié, on pouvait l'apprécier sans la mépriser. Une sensation aussi douce qu'intense s'était éprise de son cœur à cette observation. Comme un pansement, c'était un véritable baume d'apaisement que allégeait un instant ce palpitant si lourd de regrets et de remords. Les mains d'Andreas sur son corps la faisaient frissonner d'impatience et de désirs. La façon qu'il avait de la caresser était douce, presque trop innocente pour elle, et pourtant elle se surprenait à aimer ça, à y trouver du positif. Posant ses fesses au bord du lit quand Andy lui en donnait l'impulsion, elle mordillait ses lèvres légèrement alors qu'elle soulevait un peu son fessier en s'appuyant sur ses bras afin de lui permettre de lui retirer son shorty. Ça y est, elle était nue face à lui, ils étaient tous les deux sans rempart visuels, et c'était aussi étrange qu'excitant. Se penchant en arrière, toujours en appui sur ses mains posées très légèrement derrière elle, elle ne lâchait pas son compagnon du regard. Le frôlement de ses doigts sur ses cuisses la faisait sourire.
« Tu me chatouilles. » Avait-elle murmuré, dans un sourire amusé. Lorsque ses mains vinrent saisir ses rondeurs féminines, un frisson intense se mit à courir le long de son échine, s'intensifiant avec les gestes d'Andy, ses caresses subtiles pour réveiller sa poitrine encore endormie. Très vite, ses seins réagirent à ses caresses et quand son ami se décidait à venir la titiller encore plus avec sa bouche, elle lâchait un léger soupir de plaisir. Qu'on s'occupe d'elle, seulement d'elle sans qu'un retour lui soit demandé, c'était d'autant plus agréable. Naturellement sa main retrouvait son cou qu'elle caressait du bout des doigts alors que sa tête partait légèrement en arrière lorsqu'Andy tardait sur l'un de ses tétons durci d'excitation et humide des passages de sa langue.
D'ailleurs il n'y avait pas que lui qui se trouvait être humide. Son corps entier réagissait à ses douces caresses et ce n'est pas son intimité qui prouverait le contraire. Ils ne faisaient que commencer et déjà l'excitation de la jeune femme était intense et c'était donc tout à fait naturel qu'elle se crispe légèrement lorsque la légère fraicheur de la main de l'Américain rencontrait sa chaude intimité. Le contraste était électrisant, presque douloureux avant de devenir très agréable. La main d'Adélaïde venait alors glisser dans les cheveux d'Andreas tandis qu'elle ouvrait un peu plus les cuisses et qu'elle retrouvait son regard. L'intensité de ce moment, l'excitation exacerbée de la jeune femme l'obligeait à rendre les armes et lâcher un premier gémissement, discret et timide. De nouveau, elle venait chercher ses lèvres dans un baiser plus fougueux que tous les autres. C'était une belle façon pour elle de l'entrainer dans sa chute quand elle se décidait à s'allonger sur le lit, entourant Andy de ses grandes jambes sans pour autant trop le rapprocher d'elle, histoire de lui laisser de la place pour qu'il continue sa douce torture. Malheureusement et plus vite qu'elle ne l'aurait cru, son caractère fort tout particulièrement représenté par Jane se manifestait. Les caresses d'Andy étaient délicieuses, mais elle voulait plus que cela. Elle voulait que cela soit plus intense, plus rapide, comme à son habitude avec les autres hommes. Dans un automatisme parfait, sa main rejoignait donc celle d'Andy, lui imposant un rythme plus rapide et une pression plus intense, forçant presque les doigts du jeune homme en entrer en elle, flirtant dangereusement avec la pénétration. Jane reprenait trop vite le dessus, le cœur d'Adélaïde s'accélérait brusquement, la peur revenait. Se maitriser, elle n'y arrivait plus. Elle perdait totalement le contrôle d'elle-même et si Andy ne réagissait pas maintenant, elle perdrait totalement pied et le défi tomberait à l'eau.
Elle voulait se reprendre d'elle-même, mais c'était tellement difficile. Sa nymphomanie et sa bipolarité parlaient pour elle, agissaient pour elle. Jane n'est pas une gentille tigresse qu'on enferme si facilement dans une cage... comment Adélaïde avait-elle pu le croire? C'était insensé, trop facile pour que cela tienne la route. Rapidement elle faisait basculer le duo devenant ainsi la plus dominante d'eux deux. C'était tellement bon qu'elle était incapable de s'arrêter seule, il lui fallait de l'aide, il fallait qu'Andy la calme et reprenne le dessus. Sa peur l'avait poussée à devenir Jane, parce qu'être Jane c'est tellement plus simple. Elle maitrise tout, contrôle tout, fait ce qu'elle veut. Elle préférait cela, elle était moins peureuse comme ça parce qu'en étant Jane, elle n'a aucunement besoin de lâcher prise. Elle avait beau faire confiance à Andy, elle n'avait pas sut se contrôler pour éviter ce débordement. Jane se manifestait plus désireuse que jamais, dévorant le cou de son amant et descendant dangereusement le long de son torse. Sa respiration devenait haletante, son cœur accélérait de nouveau la cadence, et finalement, de force, elle remontait avant d'atteindre le point de non retour, retrouvant les lèvres d'Andy. Un baiser doux, totalement opposé à la fougue qu'elle venait de lui faire subir. Subtilement ses lèvres dérivaient le long du menton de son ami, traçant une ligne invisible dans son cou pour mieux remonter sur sa mâchoire et mordiller tout doucement le lobe de son oreille.
« Je suis désolée... » Désolée de ne pas savoir se maitriser et probablement désolée d'avance si Jane revenait à l'assaut et gagnait la bataille. Parce que oui, elle s'était calmée... mais pour combien de temps exactement? Son cœur battait tellement fort que Klein devait probablement le sentir contre son torse. Elle était au bord du gouffre, et si Andreas ne profitait pas de ce court temps de répit pour la calmer et la maitriser, elle sera définitivement perdue...