J’étais rentrée depuis quelques jours de la Coachella et ma vie était en train de devenir un joyeux bordel. J’avais dû rester forte pendant les mois d’été car Scott a fait de nouveau une crise pour finir en maison de repos. Les premières semaines furent difficiles pour la simple et bonne raison que je n’avais plus le droit de le voir. Etait-ce donc ma faute ? Etait-il dans cet état à cause de moi ou parce que sa sœur a quitté la ville ? Depuis son retour, il n’était plus le même et j’avais de plus en plus de mal à envisager le mariage. Je vivais avec un zombie et j’avais pris la tangente pour essayer de réfléchir. Quand tout le monde m’a demandée où était mon copain : parti en conférences. En conférences chez les fous. Je lui en voulais car il ne se battait pas mais j’avais d’autres soucis en tête. Comme le retour de mon petit frère, viré du pensionnat, de la fac et de chez mes parents. Mon père m’avait appelé la veille pour me dire que Louis viendrait avec moi. Je devais donc gérer tout le monde. Je mis la clé dans la serrure avec le cœur lourd car je ne savais pas quoi faire. Je devais préparer un mariage, gérer un adolescent, une ruée de problèmes suite à ma chaine et ses détraqueurs qui avaient… qui étaient au courant pour mon passé. Mon passé de folle furieuse, de fille retenue en captivité. Du monstre.
Lorsque j’entrai dans l’immense appartement, je regardai les lieux sans réellement me sentir chez moi. Que se passait-il ? Depuis quelques jours, je me sentais mal. Une envie de vomir, une envie de rien du tout. J’étais allée voir mon psychiatre qui m’a dit que je souffrais de stress dû à mon mariage. J’allais m’engager. J’allais avoir une vie sans doute rêvée. De l’argent, un beau copain. Une photo. Une vraie photo qu’on allait encadrer. Je parvins jusqu’à Scott qui fixait l’œuf pour passer mes mains autour de son cou et enfouir ma tête dans sa nuque un moment. Mes doutes… se dissipèrent d’un coup. Je ne savais pas ce qui se passait mais c’était magique. Puis, je relevai la tête en entendant des craquements avant de pousser Scott pour prendre place sur ses genoux, posant mon sac – extrêmement cher – sur la table.
Et c’est là… ?
Quoi ?
Un bébé crapaud en sortit. Je tendis la main sans grande peur puisque depuis ces années dans le noir, je n’avais plus peur de rien. Je l’accueillis dans la paume de ma main et le regardai. «
Mon cœur, dis-je en français, c’est un… je crois que c’est un crocodile. » Je me tournai vers lui pour lui montrer la petite bête avec des crocs. «
On peut le garder dis ! On le mettra dans la baignoire. » Je posai mes lèvres doucement sur les siennes. «
S’il te plaaaaait. »