▬ lights ▬ alice et jesse.

« ACTION ! » Ouais, non, il n’est pas décidé, surtout qu’il est seul sur le plateau de tournage dans l’instant. Il en veut un peu à la fille qui doit l’accompagner dans la scène, maudit carrément les directeurs de casting pour l’avoir choisie. Même s’il peut comprendre qu’on puisse être en retard, pour des broutilles, des rendez-vous sans importance, et tout le reste, mais c’est simple en réalité, il se dit qu’au travail on se doit d’y être à l’heure.  Alors dans le doute des choses il se demande, c’est lui qui est en avance, alors dans ce cas-là, il s’énerve pour rien, c’est ça ? Il ne sait plus, ne sait pas. Il voudrait pouvoir se tirer, mais le fait est qu’il s’est engagé, qu’il a signé, qu’il se doit de jouer. Et comme il aime plus que tout ce qu’il fait, il reste, en grognant un peu, mais il reste quand même. Bon bien évidemment ici, il n’est que figurant, cinq minutes en tête d’affiche, il ne sait même pas de quoi parle le film dans son intégralité, de toute façon, ce genre de rôle il est habitué. Il le connait par cœur avant même de le jouer tellement il l’a déjà fait. Une phrase … Non plutôt deux dites au vent et puis un baiser, sous la pluie le plus souvent. Le tout pour amorcer la véritable histoire d’amour du film. Il est expert donc, spécialiste pour donner la réplique aux gens. Les lancer sur la bonne voie. En une apparition qui changera le film, c’est vrai, mais pas du tout le monde, il ne faut pas abuser. Deux phrases, donc, et il attend encore. Se disant de plus en plus que c’est lui le fautif de l’histoire, oui, pas de doute, le monsieur est en avance. Mais franchement, elle aurait pu être en avance aussi non ? Deux phrases, ce n’est rien, alors autant s’en débarrasser. C’est tout, alors bon sang, on ne va pas y passer la journée, pas vrai ? Sa mauvaise humeur vient du fait qu’il n’a presque pas dormi de la nuit, c’est vrai, il a travaillé au bar jusqu’à des heures impossibles mais il s’en fiche, il veut jouer sa scène et se barrer, oui c’est tout ce qu’il garde en tête pour se motiver. Une fois que ce sera terminé, il rentrera, prendra une douche et dormira, putain, ça il le fera longtemps croyez-moi. D’un sommeil long, profond, il videra son crâne dans les bras de Morphée à défaut de le faire dans ceux d’une fille qu’il pourrait aimer. Après quelques minutes de plus, il aperçoit une jeune femme brune qui fait son apparition, elle semble motivée, et ancrée d’une joie qu’on ne serait lui enlever. Elle est belle, c’est vrai, et Jesse n’a pas peur de se l’avouer. Elle deviendra actrice surement plus vite que lui, mais il s’en fiche, pour elle, il se dit tant mieux et pour lui il se contente d’un tant pis. Et quand elle s’approche de lui, un sourire radieux sur les lèvres, il s’entend prononcer d’un ton bourru, agacé « T’es en retard. » Peut-être, surement, mais si elle l’est pour le film, lui une chose est sure il l’est pour sa vie.

Têtue, impatiente, capricieuse, bavarde, désinvolte, instable, rancunière, bruyante, émotive, sans gêne, hyperactive... Peut-être que j'en ai oublié. Toujours est-il qu'il faut rajouter à cela mon manque de ponctualité. Vous savez, ce détail que vous vantez immanquablement sur vos lettres de motivation lorsque vous recherchez un emploi malgré le fait que vous êtes - éventuellement - tout sauf le genre à être à l'heure ? Et bien, c'est tout moi. Je me souviens avoir été fréquemment en retard à l'école à cause de ma mère plus petite, forcément il a fallu que je suive le rythme bêtement pour ce détail à la noix. Dans mon enseignement secondaire, j'étais celle qui perturbait la classe à cause de ses quelques retards un peu trop réguliers, à l'université c'est toujours pareil. Je ne vous parle même pas des rendez-vous médicaux, professionnels ou quels qu'ils soient. Pour ce qui est de la ponctualité, je reçois un zéro pointé et cela n'est pas à refaire. Pourtant aujourd'hui j'ai la meilleure raison du monde pour ne pas l'être ; il faut dire que bénéficier de quelques plans dans un feuilleton ce n'est pas rien pour une étudiante comme moi. J'ai relu une centaine de fois le script, j'y suis totalement parée et il faut que je trouve le moyen d'être encore une fois en retard. Un jour je devrai songer sérieusement à aller me plaindre auprès de ma mère pour ce défaut si cela ruine ma carrière mais pour l'instant, j'ai d'autres chats à fouetter. Comme un serpent je me faufile à travers la foule qui traverse le passage pour piétons et cours le long d'un trottoir qui mène au studio de tournage. Quinze minutes de retard. Heureusement que j'aime courir car j'aurais pu arriver toute essoufflée et bonne à recracher mes poumons pendant une dizaine de minutes, mais non, non je suis en pleine forme. Après avoir salué quelques personnes, je tombe sur un grand brun que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam mais qui semble-t-il va me donner la réplique. J'aurais pu tomber sur quelqu'un de plus laid... je ne vais pas me plaindre, cela sera encore plus agréable. Quoi, vous pensiez que les comédiens se fichaient réellement du physique durant les scènes de tournage ? Faut pas rêver, ils sont pareils que le commun des mortels, hein. Bref j'affiche un large sourire pour tenter de me faire pardonner mais l'inconnu ne semble pas être prêt à oublier ce retard vu sa remarque. Remarque très perspicace au passage, tellement que j'en hausse les épaules effrontément. « Je sais, je n'ai pas couru jusqu'ici pour brûler des calories. » Ouais, j'ai la peau sur les os alors ça va de soi, enfin je crois. Je le toise du regard quelques secondes avant que le réalisateur s'approche de nous. « Vous avez une dizaine de minutes pour vous entraîner pendant qu'on termine d'installer le décor. » Un bref regard et il repart en direction d'un régisseur, je me retourne alors vers celui que je devine être mon partenaire. « Alors c'est toi qui incarnes Ryan. J'aurais bien vu quelqu'un de plus jeune... Tu as quoi, trente-cinq ans ? » J'avoue, je lui ai rajouté quelques années de plus par rapport à mon impression mais ça c'est pour ma satisfaction personnelle. Une femme s'approche de moi sans même que je ne m'en rende compte et sans me demander mon avis, elle commence à toucher à mes cheveux. Elle les détache, les secoue légèrement et me tourne vers elle afin d'inspecter mon visage. « Il va falloir rajouter une toute petite couche, rien de bien lourd. Ce sera surtout pour accentuer le regard. » Qu'elle ajoute ce qu'elle veut, après tout un acteur n'est pas là pour se plaindre. Néanmoins j'espère bien que ce ne sera pas lourd, je préfère ne pas avoir un pot de peinture sur le visage si vous voulez savoir. Bref, elle abaisse ensuite son regard sur ma tenue et hésite un très bref moment avant de finalement trancher. « Les vêtements ça devrait aller. Je reviens dans quelques minutes. » Pour aller chercher le maquillage j'imagine. Je profite de ce temps de répit pour regarder à nouveau le grand brun et son air renfrogné. « Tu ne vas pas m'en vouloir indéfiniment hein ? Nous sommes sensés nous aimer passionnément dans quelques minutes, j'espère que t'es bon. » Allez un peu de mise à l'épreuve ne fait jamais de mal.

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Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen

Il n’est pas doué pour les relations humaines, ne sait jamais comment se comporter au bon moment, il se dit qu’avant il aurait pu, mais que maintenant c’est une cause perdue. Il veut ne pas être désagréable avec la jeune femme cependant il ne peut pas s’en empêcher, être en retard c’est une chose qu’il ne fait jamais, ou tout du moins il croit, pour lui, jouer, être acteur, c’est quelque chose de sérieux, c’est – il l’espère – son futur tout entier, enfin si futur il peut envisager. Il en a marre de ne jamais savoir quoi penser. Elle semble sure d’elle, détenant une candeur un peu troublante et elle le regarde en haussant les épaules et il s’aperçoit comme cela peut l’agacer lorsque les gens font cela, comme si elle s’en fiche de ce qu’il vient de prononcer. Il prend donc note pour lui-même, ne plus parler, oui, c’est une bonne idée, de toutes les façons, il reconnait parfaitement que cette option lui va. « Je sais, je n'ai pas couru jusqu'ici pour brûler des calories. » Et comme il est têtu il ne répond pas, après tout il vient de décider de ne plus lui parler. Il se sent idiot d’ailleurs au final avec sa décision, prévoit déjà de la révoquer, mais il n’a pas le temps de se poser plus de question, le réalisateur se pointe et dans son intérieur il sent enfin monter l’excitation de passer à l’action. « Vous avez une dizaine de minutes pour vous entraîner pendant qu'on termine d'installer le décor. » D’accord, il assimile l’information, ne regarde plus ce qu’il se passe autour de lui, pose ses yeux sur la scène papier qu’il a en main. Ce n’est rien de très grand, mais c’est comme ça que commence toutes choses, il y croit, vraiment. Il ne porte plus attention à la jeune femme, il sait pourtant qu’il va devoir l’embrasser, cependant des femmes il peut en embrasser des centaines que cela ne lui ferait rien, la seule dont il aimait le gout des lèvres n’est plus là, alors il ne recherche plus cette étincelle après laquelle tout le monde court. « Alors c'est toi qui incarnes Ryan. J'aurais bien vu quelqu'un de plus jeune... Tu as quoi, trente-cinq ans ? » Choqué et peut être en appréciant le piquant de ses mots il relève les yeux vers elle, un sourire se place sur son visage, bien sûr qu’il n’est pas bête, même si parfois il peut le sembler tellement déconnecté de toute réalité, il sait tout de même quel effet il peut faire, certes fatigué par le travail et le poids des années, mais surtout empreint d’une certaine beauté. « Trente-cinq ans ? Ouais, un truc dans le genre. Et toi dix-neuf ? » Il fait comme elle, il la taquine, il ne sait pas comment il a réussi à passer aussi vite d’une humeur énervée à une prête à jouer, mais il s’en fiche, en plus se prendre la tête pour cette raison lui semble idiot, du coup oui, il a fait exprès de la rajeunir et de lui faire comprendre par le ton de sa voix que ce n’est pas un compliment mais bel et bien une critique pour mettre en avant son côté enfant, gamin. Finalement une femme de l’équipe vient la chercher et il la regarde partir en direction du maquillage en souriant. Après quelques minutes elle revient, et s’il osait, il lui dirait à quel point elle est jolie, elle l’était avant, évidemment, mais là, c’est à la limite du troublant. Gênant. « Tu ne vas pas m'en vouloir indéfiniment hein ? Nous sommes censés nous aimer passionnément dans quelques minutes, j'espère que t'es bon. » Il soupire, pour l’embêter, lui fait croire qu’il est toujours en colère alors qu’en réalité il ne sait déjà plus pour quelle raison il a si mal pris le fait qu’elle ne soit pas ici avant lui. Ouais, il délire, il aurait peut-être joué la star, mais cette fille lui vole déjà la vedette, de par sa bonne humeur, de par l’image qu’elle renvoi, et son détachement certain envers tout cela. Il frotte son nez de ses doigts, il n’est pas jaloux d’elle, non bien loin de là, mais il avoue qu’il voudrait pouvoir faire comme elle, il a l’impression de se répéter, de tourner en rond alors pour lui montrer qu’il n’y pense plus ça y est, il lui dit « Indéfiniment, non. » Puis il se fait rieur, avant de continuer « Je suis le meilleur. » Il n’y croit qu’à moitié mais il trouve cependant que les mots sonnent bien dans sa bouche, ils ont en eux un message d’espoir, celui qui fait qu’un jour il sera reconnu dans le monde tout entier. Alors qu’il voit l’équipe du tournage s’activer, il lui propose simplement de s’entrainer. « Donc, tu dis ta réplique, puis c’est à moi, et ensuite le baiser. Je te propose qu’on ne le répète pas, histoire qu’il ait encore plus d’impact une fois derrière la caméra. » L’impact d’une première fois.

Une dizaine de minutes à remplir. Cela devrait passer assez vite notamment avec la présence des maquilleurs, coiffeurs, stylistes, décorateurs, metteurs en scène, ingénieurs et j'en passe des meilleurs, autour de nous. C'est un univers qui me plaît un peu plus chaque fois que j'y suis demandée, dans lequel je m'imagine de plus en plus travailler et même évoluer. J'ai de grands rêves, je sais, mais il faut bien de ça pour faire une femme pleine d'ambitions non ? Puis il y a ces rôles à jouer bien sûr, tout le travail d'acteur qui bien sûr comprend des collègues. Ce grand brun m'a l'air sympathique et je devine d'ores et déjà que cela sera agréable de jouer notre scène ensemble, néanmoins il semblerait que mon retard ne lui ait pas plus tant que ça. Ce n'est pas comme si cela avait chamboulé toute l'organisation du tournage et pour cette raison, je ne me suis pas faite prier pour lui répondre aussi vivement. De nature sociable et provocatrice, je ne pouvais pas faire mieux pour entrer davantage en contact avec lui que le chercher sur la première chose que j'ai trouvé, son âge.  Il a l'air plus vieux oui, mais peut-être pas autant que ce que j'ai avancé, alors il fait une petite mine choquée avant de sourire, un sourire que j'aime assez d'ailleurs. Mes yeux le provoquent tout autant que mes mots, j'attends son sens de la répartie, je l'attends au quart de tour. « Outch. » Je rigole de sa réponse alors que j'aurais très bien pu m'y attendre. « Je crois que ça fait moins mal dans ton sens. » Mes lèvres s'étirent en un sourire malicieux et pourtant, il a l'air ravi de lui, de m'avoir fait passer pour une gamine. L'enfoiré quand même, je le retiens. C'est là que la maquilleuse vient accaparer mon attention quelques secondes mais très vite je la reporte sur mon collègue de la journée. Très sincèrement, j'espère qu'il va oublier mon côté manque de ponctualité pour mon côté talentueuse, enfin pour ce que ça vaut. Petit temps de réflexion pour monsieur avant de m'assurer qu'il est le meilleur sur ces lieux. Peut-être qu'il a raison, après tout je ne le connais pas. « Ah. Paroles, paroles... je préfère les hommes qui agissent moi. » Un défi ? Bien sûr quelle question, et si ça peut le motiver encore plus à me prouver qu'il est bon, c'est encore mieux n'est-ce pas ? Ah la la, Alice Collins, source de motivation, ça me plaît. Il me propose de répéter notre petite scène, ce à quoi je réponds d'abord par un haussement d'épaules significatif. « D'accord maestro. » Très honnêtement je ne pense pas que cette scène mérite beaucoup d’entraînement, après tout elle est courte et ne demande pas tant d'effort que ça pour se mettre dans la peau du personnage. En tout cas à titre personnel. Une fille amoureuse d'un militaire sur le point de partir en opération extérieure en territoire à hauts risques. Je n'ai qu'à imaginer RJ me faisant l'annonce qu'il doive partir à l'étranger en mission humanitaire pour soigner tous les blessés de guerre, au pire.  Au moment où je prends un peu de distance pour jouer mon rôle, la voix du réalisateur se fait à nouveau entendre. « Bon en fait, nous allons passer au tournage tout de suite. Vous êtes prêts ? » Eh bien, je crois qu'il va falloir se mettre en condition à froid, et plus rapidement que prévu. « Est-ce qu'on a le choix ? » Non, bien sûr que non. Rieuse je me rapproche du lieu de tournage, la scène se passe dans un hall d'entrée, celui précisément appartenant à la maison de Ryan, le personnage de... « Jesse, va enfiler ta tenue rapidement ! » Jesse, donc. Oh, j'aime cet ordre et je ne manque pas de le signaler à voix haute. « Oui Jesse, montre nous donc ce corps de militaire. » Après tout, il n'a pas été casté pour ce rôle au hasard, non ? En attendant que monsieur se change, je m'assieds sur une marche de l'escalier planté dans le décor et regarde le spectacle sans en perdre une miette.

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Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen

« Outch. » Il affiche un sourire, bien fier de lui. Cela ne lui arrive pas souvent de l’être, il considère sa carcasse bien trop lourde à porter, mais la répartie de la jeune femme et surement son côté lunatique font qu’il a envie de rire. Alors il se questionne, il se déboulonne, comment on fait pour rire sincèrement, quand on ne sait plus comment vivre ? Quand on se dit que tout est fini parce qu’on a perdu l’amour de sa vie ? « Je crois que ça fait moins mal dans ton sens. » Peut-être, peut-être, il ne sait pas vraiment, mais il se dit simplement qu’ils n’ont pas fini de jouer. Que c’est sur cette voie que va s’écrive leur relation, aussi courte qu’elle sera, puisqu’elle ne durera que quelques minutes derrière une caméra. Lorsqu’elle lui demande, ou plutôt le provoque en lui demandant s’il est doué, s’il va pouvoir assurer malgré la petite colère, ce à quoi il répond qu’il est le meilleur, en riant à moitié, il ne rit pas pour sa prétention, il rit de lui en réalité, parce qu’il ne croit pas en un seul des mots qu’il vient de dire. « Ah. Paroles, paroles... je préfère les hommes qui agissent moi. » Il ne peut pas stopper ses pensées et lui trouver vraiment un côté chipie, une peste qui, il n’en doute pas, doit être adorée pour ce côté-là de sa personnalité. Tamara avait cette fougue, avait cette envie, celui de croquer la vie. En secouant le visage, il se penche un peu vers elle, en pinçant ses lèvres « Fais attention à ce que tu demandes, tu pourrais ne pas assumer après. » A lui de jouer avec les mots, à son tour de la taquiner, de s’ancrer dans un moment encore plus faux qu’à l’accoutumée. Et à défaut de continuer à lui donner des détails sur le sujet, il lui propose de répéter, peut-être pour se sortir d’un pétrin dans lequel il vient de se mettre tout seul, comme un grand. Quand elle s’éloigne de lui pour s’exécuter, le réalisateur se fait alors entendre et ils n’ont le temps de ne faire rien de plus. « Bon en fait, nous allons passer au tournage tout de suite. Vous êtes prêts ? » Le fait est qu’il n’est jamais prêt, et encore moins pour la vie en général, mais il faut se dire que ce n’est qu’un détail. De plus il hoche le visage pour signifier que oui, il est prêt, il lance donc un regard à la brunette et lit sur son visage qu’elle aussi, elle l’est. « Est-ce qu'on a le choix ? » Peste jusqu’aux bouts des doigts. « Jesse, va enfiler ta tenue rapidement ! » Une nouvelle fois il hoche le visage. « Oui Jesse, montre nous donc ce corps de militaire. » Il incline la tête vers elle, un sourire posé sur ses lèvres, il a envie de répliquer, de jouer le jeu avec elle, de lui dire qu’elle ne va surement pas être déçue. Mais ce n’est pas son genre, mais il n’est pas comme ça. Puis … « Ne tombe pas dans les pommes, hein. » Il ne se comprend pas. Il ferme ses paupières quelques secondes, sentant le regard de sa partenaire sur lui, puis il se déplace simplement en ouvrant à nouveau les yeux afin d’aller trouver son costume. Sous les ordres d’une femme, il quitte son t-shirt, en enfile un autre, une veste militaire, et le reste avec ça. Il s’en revient après cela vers la demoiselle du jour, et c’est avec un sourire qu’il le fait. Ce n’est pas commun qu’il sourit autant, mais il ne s’en plaint pas il se dit que c’est parce qu’il est dans son élément, le cinéma, et qu’il y est avec quelqu’un qui mérite d’être connu, ou tout du moins il le croit. Certes, il ne croit plus en grand-chose, mais parfois, il ne permet, d’affirmer des choses comme celles-là. « Ça t’a plu ? » Il demande un brin railleur. Il n’a pas besoin d’être rassuré sur ce point-là. Et il est même persuadé qu’elle ne va pas perdre une seconde pour lui signifier que ce n’est pas non plus à se damner ce qu’elle a pu observer. Quand le réalisateur les appelle à nouveau, il penche la tête sur son épaule et tend la main vers la jolie brune. « Prête pour la grande illusion ? » Celle de croire que l’amour est vraie derrière un poste de télévision.