▬ la jeune fille à la perle ▬ gregorian et scarlett

La jeune fille à la perle

Grégorian

C’est avec des yeux émerveillés qu’elle le regarde. Se délectant simplement de toutes les histoires que ce simple tableau peut raconter. Elle apprécie les courbes de la peinture, la couleur qui s’en dégage, le tremblement perceptible de sa voix si elle pouvait parler, comme elle le fait dans le livre qu’elle a tant de fois parcouru de ses yeux, de ses doigts, tournant les pages inlassablement d’un univers qu’elle voulait découvrir encore et encore sans jamais ne s’arrêter, comme à chaque fois qu’elle découvre quelque chose qui lui plait, qui serait susceptible de la faire chavirer. Le tableau n’est ici que pour une semaine et c’est pour cette raison que pour l’ouverture nocturne du musée en son honneur elle n’a pas hésité. Prenant une soirée pour elle, s’habillant d’une façon contraire des vêtements qu’elle utilise pour charmer. Elle a choisi la discrétion afin de pouvoir s’abandonner à son imaginaire, à sa culture et à ses envies. Elle voudrait pouvoir s’avancer, laisser ses doigts glisser sur une perfection muette et qui lui donne pourtant des idées de discours interminables. Elle ne bouge pas, elle est juste là, à se demander si elle va arriver à dormir après ça. Elle a l’impression que l’univers tout entier se complète grâce à cet instant, comme s’il devenait plus grand. Elle est une femme devant son âme d’enfant, appréciant le mélange savant que peut faire germer en elle de simples coups de pinceaux maitrisés. Les gens défilent à côté d’elle tandis qu’elle se voit bien rester positionnée ici jusqu’à ce que le musée se décide à fermer. Elle envisage de marcher, de faire un tour vers ce côté afin de revenir plus tard pour la voir une dernière fois, la graver dans sa mémoire et souhaiter qu’elle ne la quitte jamais car je n’aurai plus jamais la chance de l’apercevoir à nouveau, elle le sait, c’est un moment unique parce que c’est un véritable exploit que cette semaine ce tableau soit là. Alors elle vacille, elle marche un peu, elle regarde les autres peintures en étant hantée par celle qu’elle a voulu voir en premier. Avec une douceur extrême elle déplie le programme pour savoir quels autres trésors se cachent ici mais c’est sans pouvoir le contrôler que machinalement elle retourne me positionner devant « La jeune fille à la perle. » qui semble avoir un nouvel admirateur. Un sourire sur ses lèvres et son savoir dans le cœur, elle regarde l’homme du coin de l’œil avant de lui dire sans raison apparente. « On l’appelle aussi la Jaconde du Nord, vous le saviez ? » Pour son mystère et parce qu’on ne saura jamais ce qu’elle avait dans ses songes les plus secrets.

© EKKINOX

Jour de congé bien mérité pour l’homme d’affaires qui s’était ainsi autorisé une grasse matinée sur fond de musique classique de quoi le mettre en bonne condition pour débuter la journée. Le programme était simple, traînasser un instant dans sa villa puis échouer dans le musée le plus réputé de la ville. Et pour cause, la jeune fille à la perle était en exposition pour la dernière fois cette semaine. Cela faisait bien des jours qu’il songeait à s’y rendre mais n’avait jamais trouvé le temps nécessaire pour ce faire, entre ses multiples déplacements et ses tâches quotidiennes. Certes aurait-il pu y passer durant sa pause mais il s’agissait de son sanctuaire où il passait au minimum une demi-journée. Il y avait bien trop d’œuvres à dévorer pour que quelques heures y suffisent et lorsque Gregorian pénétrait dans cet endroit sacré, il en venait à tout oublier, ne subsistait que le désir de se nourrir son âmes de toutes ces créations plus fascinantes les unes que les autres.
Son costume enfilé, il s’engouffra dans son véhicule qui le déposa à peine une demi-heure plus tard au musée, son chauffeur promettant d’être à l’affût de son téléphone pour répondre immédiatement au coup de fil de son patron. Une main dans la poche, allure décontractée chic, le businessman se faufila parmi la foule jusqu’au trésor qu’il était venu contempler. Il avait toujours rêvé de voir ce tableau, sans en avoir l’opportunité, par plusieurs fois il avait songé se rendre au Pays-Bas mais étant toujours apprenti auprès de son père, il avait pour devoir de rester avec lui et de le suivre dans tous ses voyages d’affaires afin d’en apprendre plus sur son métier.
Une expression de plénitude illumine alors ses traits lorsque son regard se pose enfin sur cette œuvre d’une beauté effarante, surtout cet extraordinaire sentiment de vie qui émane de la jeune femme. On la croirait réelle. Il avait l’impression que ses lèvres s’étireraient bientôt en un sourire enjôleur. « Surnom hérité de l’incapacité générale à identifier le modèle » poursuivit-il sur la lancée de la jeune femme qu’il ne regarda même pas, obnubilé par la toile face à lui. « Ainsi qu’à l’incapacité de le classer stylistiquement et historiquement, je le suppose, suscitant plus encore d’interrogations sur la datation et les conditions du travail artistique » Il était subjugué par cette perle que l’on ne pouvait ignorer, par ce visage poupin dont la délicatesse l’aurait presque ému et bien sûr par ces couleurs qui étaient marque de liberté au temps du peintre. « Fascinante, n’est-elle pas ? »

La jeune fille à la perle

Grégorian

Un trésor, voilà ce qui se trouve en réalité devant ses yeux. Une incroyable beauté trop inconnue des uns et mal appréciée des autres. Elle se sent plus que chanceuse de se trouver ici ce soir, capable de presque tout et galvanisée pour des jours entiers à venir. Lorsqu’elle prononce sa phrase sur la demoiselle aux mille et un secrets, elle ne s’attend pas forcément à une réaction de la part de l’homme à ses côtés. Se dit que sa phrase suffit amplement à couper court à une envisageable discussion. « Surnom hérité de l’incapacité générale à identifier le modèle » Pour elle plus que pour lui, elle sourit, elle aime le ton de sa voix, son assurance et sa possible connaissance sur le sujet. Elle a appris à apprécier les hommes pour tout ce qu’ils peuvent lui donner et si lui c’est un côté hautain qu’il choisit, elle s’en suffira, comme elle se suffit de tout, à chaque fois. « Ainsi qu’à l’incapacité de le classer stylistiquement et historiquement, je le suppose, suscitant plus encore d’interrogations sur la datation et les conditions du travail artistique » Elle incline le visage, non pas pour le regarder lui, mais pour intensifier sa contemplation du tableau, elle sait que le tableau révèle des centaines de questions, se posant pour tenter de mieux le comprendre sans jamais y arriver. Un travail qui frôle la perfection tant il semble avoir été fait d’un seul trait alors qu’on pourrait imaginer tout le contraire, fruit laborieux de plusieurs soirées à découcher. « Fascinante, n’est-elle pas ? » Ses prunelles se perdent dans celles de la jeune fille qu’elle voudrait tant pouvoir déchiffrer, qu’elle suppose connaitre un peu de par les mots qu’elle a pu lire sur le livre dont elle est l’héroïne. Mais ses suppositions l’agacent plus qu’autre chose dans le moment, elle aimerait tout savoir, se délecter d’avoir vécu dans cet autre temps, avoir vu comment Vermeer s’y était pris pour accéder à un tel niveau de réalité. « Le synonyme de la pureté, ses lèvres humidifiées … » Elle détaille ce qu’elle voit et se rend bien compte que cet homme qu’elle ne connait pas a totalement raison. Elle n’a même plus de doute en ce qui le concerne, elle sait que lui sait, qu’il doit être comme elle, un passionné. « Elle l’est, plus encore que je n’aurai pu l’imaginer. » Dans ses rêves où elle se voyait voyager à travers le monde entier afin de découvrir les musées. Avide d’une connaissance jamais rassasiée. Enfin, elle quitte la jeune fille des yeux pour aller les poser sur celui qui se tient à ses côtés. D’un jugement, qu’elle fait malgré elle par automatisme, elle le cerne un peu, devine certains de ses côtés, se permet de les deviner. « C’est la première fois que vous la voyez ? » Elle mord sa lèvre, se demandant s’il est comme elle, comme devant une chose qu’elle a attendue bien trop longtemps.

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Son attention se fait plus insistante sur la perle, symbole favori de Vermeer selon tous les documents qu’il avait écumés sur le sujet. Symbole de chasteté et de pureté dans la tradition biblique, mais aussi attribut de l'artifice dans les Vanités, elle convenait à son goût de l'équivoque se remémorait-il et il comprenait fort mieux ce jeu de contradiction que l’on affublait au peintre. De quoi susciter plus encore les interrogations, qui diable était cette demoiselle ? Cette perle avait-elle pour devoir de symboliser la pureté ou bien cette vanité que l’on mettait très souvent au centre de la table ? Le débat était complet et ce malgré toutes ces années et ces recherches. Il aurait voulu se rapprocher un peu plus, muni d’une loupe pour inspecter minutieusement ses yeux supposé miroir dans le tableau. Parait-il que l’on voit s'y refléter une fenêtre et, comme l'a révélé la restauration, le col immaculé de la veste. Gregorian était un homme réaliste qui ne se fiait qu’à ses sens pour accepter telle ou telle vérité, il était donc normal qu’il veuille vérifier les dires de tous les professionnels du milieu, après tout ils n’avaient pas la science infuse. « En effet » répondit-il à sa question, ne lui accordant pas d’attention visuelle, bien trop pris par son inspection millimétrée. Il ne voulait manquer aucun détail de l’œuvre, tout savoir, tout découvrir, se délecter de l’infime indice que le talentueux artiste aurait dissimulé ci et là, comme il était coutume à l’époque. « Cela fait bon nombre d’années que je songeais à venir le contempler sans nécessairement en trouver le temps » poursuivit-il d’une voix absente, encore dans son examen du tableau, rien ne devait lui échapper. « Aujourd’hui semble avoir été le bon jour après de multitudes d’occasions manquées » Il sourit légèrement en remarquant ce qu’il prit pour le reflet de la fenêtre dans les prunelles du modèle. Satisfait, il s’intéressa enfin à l’inconnue à sa droite. « Et vous ? » Il était rare qu’il s’intéresse aux autres de la sorte mais il devait reconnaitre que ce qu’il voyait dans ses yeux lui plaisait. Ils étaient vifs, trahissant leur passion commune et plus que tout une certaine intelligence, nul doute que la culture allait de paire. Cela faisait bien longtemps qu’un regard ne lui avait pas autant plu.

La jeune fille à la perle

Grégorian

Elle sourit quand pour lui répondre il ne détourne pas son regard du chef d’œuvre qui se trouve devant eux. C’est bien la première fois qu’une autre femme lui vole la vedette, c’est vrai, mais elle comprend, clignant des paupières et regardant parfois le tableau en biais pour voir si c’est vrai que lorsqu’on change d’angle de vue, la perception de la demoiselle à la perle en est changée. Soit, force est de constatée que c’est vrai. « Cela fait bon nombre d’années que je songeais à venir le contempler sans nécessairement en trouver le temps » Elle hoche le visage même s’il ne la regarde toujours pas, en somme ce mouvement est pour elle, et alors qu’elle devrait peut-être se sentir vexée, bien au contraire, elle s’en trouve amusée. « Aujourd’hui semble avoir été le bon jour après de multitudes d’occasions manquées » Pour elle aussi, c’était le bon jour, celui d’arrêter le temps à cet instant pour toujours dans son esprit. Se complaire dans l’idée que puisqu’elle la vue, elle peut choisir une nouvelle cible, un nouveau but, une nouvelle soif de quelque chose en résumé. « Et vous ? » Elle ? Bien sûr qu’elle ne l’avait pas vu avant ce soir, elle est restée toute sa vie à Los Angeles alors comment elle aurait pu ? Alors qu’elle semble n’avoir aucune limite il faut avouer que si, elle en a une, et celle-ci, le plus souvent s’appelle l’argent. Bien sûr elle ne le blâme pas, l’argent évidemment, après tout, il va, il vient, elle ne s’est jamais posé de grandes questions à ce sujet, si le matin il n’est pas là, le soir elle le trouvera au milieu de draps qu’elle aura froissé. « Jamais. » Elle lui dit finalement, un aveu dont elle n’a pas honte, d’ailleurs elle hausse même les épaules pour signifier qu’elle n’en est pas désolée. Si elle ne l’a pas vu avant c’était que c’était écrit surement. En passant sa main dans ses cheveux détachée, elle est prise d’une once de curiosité, puisqu’il semble connaitre la peinture par cœur et qu’elle aussi, elle veut savoir ce qu’il soupçonne d’elle, ce qu’il ressent. Oui, avide d’une connaissance en plus sur le sujet et de ce qu’il peut se passer dans la tête de l’inconnu de sa soirée. « Et votre interprétation serait laquelle ? » De ses mouvements, de sa surprise, de son âge inconnu, elle aimerait savoir pour parfaire ce qu’elle, elle peut en penser. « Vous êtes de ceux qui la trouve juste belle ou qui veulent savoir ce qu’elle a à cacher ? » De ceux dont la réflexion est plus poussée qu’un simple ; Cela valait le coup de venir au musée.  

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Bien sûr, en tant qu’homme et être sexuel qu’il était, son regard balaya discrètement le corps de la jeune femme et il dut reconnaître qu’elle était à coup sûr le genre qu’il désirerait ardemment si l’occasion se présentait. Or, ce n’était pas ce qui l’intéressait dans l’immédiat mais ces connaissances dont elle semblait être emplie. Il était bien placé pour savoir que la plastique ne faisait pas tout chez une personne, combien de jeunes femmes ravissantes avaient-ils rencontrés et qui devenaient tout à coup hideuses par leur stupidité ? Gregorian était de ceux qui avaient besoin d’être stimulé intellectuellement et si tel n’était pas le cas, il ne fallait pas s’attendre à ce que la relation dure longtemps. A la question de l’inconnue, il reporta son attention au tableau, l’observant pendant encore quelques longues secondes, voire des minutes, en silence. « Elle avait une grande importance pour le peintre » dit-il plus pour lui que pour la demoiselle à ces côtés « Ce sentiment de vie qui s’en dégage, la manière dont la lumière la recouvre sur le côté gauche, accentuant plus encore cet effet de relief avec le fond noir. Utilisation de couleurs pures qui vont de pair avec la symbolique de la perle mais la tentation est forte d’évoquer également l’aspect possible des Vanités de l’époque et cette sensualité qui émane du modèle » Il parlait bien entendu de la bouche légèrement entrouverte et quelque peu humide. « Une amante me parait peu probable, mais une personne qui aurait pu animer des émotions contradictoires, entre le charnel et la retenue peut-être, un possible amour interdit, dû à l’âge de la jeune fille, qui n’en serait pas réellement un. » Il fit une pause, suivant mentalement son discours pour déterminer s’il oui ou non cohérent. « Ou bien encore, la représentation de l’ambivalence entre l’enfant et l’adulte, une jeune fille amenée à quitter le monde des enfants, si l’on peut le qualifier ainsi et entrer dans celui des adultes, se découvrant par la même occasion une sensualité de femme » Il fit une petite pause, ses prunelles toujours prisonnières de celles de la jeune fille à la perle. « Je vous avoue que cette théorie est quelque peu bancale et peine à me convaincre moi-même » Il esquissa un petit sourire, satisfait de constater que le mystère est entier de quoi lui laisser de longues nuits de réflexions. Il se tourna finalement vers la jolie inconnue. « Que direz-vous d’un café en ma compagnie ? »

La jeune fille à la perle

Grégorian

Elle penche la tête sur le côté, peut-être pour mieux le regarder, surement pour savoir ce qu’il a à cacher. Elle l’observe oui, comme elle le faisait quelques secondes auparavant avec la jeune fille à la perle. « Elle avait une grande importance pour le peintre » C’est possible, oui, et cette réponse donne à Scarlett celle qu’elle espérait. Il ne la trouve pas seulement belle, il fait partie de ceux qui cherchent à savoir ce qu’elle avait en tête. Ce que le peintre avait dans son esprit au moment de dessiner. D’adorer ses traits. « Ce sentiment de vie qui s’en dégage, la manière dont la lumière la recouvre sur le côté gauche, accentuant plus encore cet effet de relief avec le fond noir. Utilisation de couleurs pures qui vont de pair avec la symbolique de la perle mais la tentation est forte d’évoquer également l’aspect possible des Vanités de l’époque et cette sensualité qui émane du modèle » Le fait est qu’il s’y connait et que Scarlett ne mentira pas, cela lui plait. Ce n’est pas souvent, qu’elle est en compagnie d’un homme qui ne la regarde presque pas, qui préfère de beaucoup un tableau à son joli minois. Elle est un peu charmée à cette idée, bien évidemment elle ne le dira pas, après tout, ce sont les hommes qui décident avec elle, à chaque fois. Et elle continue de tendre l’oreille à chacun de ses mots, pour connaitre un peu plus de ses secrets, à la jeune fille à la perle, bien sur, pas les secrets de cet homme qui se trouve à ses côtés. Quoi que c’est vrai, sa curiosité est un peu titillée. « Une amante me parait peu probable, mais une personne qui aurait pu animer des émotions contradictoires, entre le charnel et la retenue peut-être, un possible amour interdit, dû à l’âge de la jeune fille, qui n’en serait pas réellement un. » L’amour … Scarlett ne pense pas qu’on puisse le peindre, elle ne pense pas non plus qu’on puisse réellement le ressentir, elle croit à une illusion, et à une très belle c’est vrai. Le seul homme pour lequel elle aurait pu le vivre l’a quitté, alors c’est que forcément cela doit être quelque chose qui n’existe pas. Qui ne vaut pas le coup en tous les cas. « Ou bien encore, la représentation de l’ambivalence entre l’enfant et l’adulte, une jeune fille amenée à quitter le monde des enfants, si l’on peut le qualifier ainsi et entrer dans celui des adultes, se découvrant par la même occasion une sensualité de femme » Les yeux de Scarlett se reposent sur la toile, elle y cherche ce qu’il vient de décrire, et en un sens elle n’a pas vraiment de mal à le trouver. Oui, celle qui se trouve devant eux était sans aucun doute une femme en devenir, peut-être trop jeune pour survivre à l’avenir, celui qui parait si grand, que tous les enfants veulent découvrir sans se rendre vraiment compte d’à quel point il peut être compliqué, bourré d’un tas de difficultés. « Je vous avoue que cette théorie est quelque peu bancale et peine à me convaincre moi-même » Elle esquisse un sourire, sans savoir que dire d’autres, des théories, il y en a des centaines, plus étranges les unes que les autres, plus plausibles aussi, mais le fait qu’une seule d’entre elle est vraie, et Scar a l’intime conviction que cela reste celle que chacun croit. Sa théorie personnelle à défendre envers et contre tous. Celle de l’homme qui se trouve à côté d’elle, la sienne, et celle de tous les autres à la fois. Cela fait du sens ? Non, elle ne sait pas. « Que direz-vous d’un café en ma compagnie ? » Alors elle se concentre à nouveau sur lui, sans le contrôler elle mordille sa lèvre inférieure. Elle le juge du regard, clairement, comme elle le ferait avec un futur amant, un client. Un café ? Ce n’est pas souvent qu’on lui demande cela. D’habitude les hommes ne lui proposent qu’un lit, rien que ça. Mais d’un autre côté, elle a rarement l’occasion d’un parler avec l’un d’eux au sujet d’un tableau qu’elle a trop longtemps espéré. Et puis … Si elle le juge sans y penser, lui n’a pas encore le droit de le faire, pas réellement en tous les cas, puisqu’il ne sait pas à quoi elle s’adonne la nuit. « Cela me semble plutôt être une bonne idée. » Elle prononce en souriant. Et cette fois de toutes ses dents, pas seulement en esquissant. « Un endroit favori peut-être ? » Ce n’est pas comme si elle connaissait beaucoup d’endroits pour boire un café. « Enfin, avant le café … » Elle fait semblant d’hésiter, elle minaude parce qu’elle sait qu’elle est douée pour le faire, pour charmer, c’est sa façon de fonctionner. « Un prénom ? » Parce qu’elle a en besoin afin de ne pas choisir de l’oublier, comme elle le fait avec tous ceux qui l’ont touché.  

© EKKINOX