« Victoria. » prononce ma mère en me regardant comme si elle allait me confier la mission la plus terrible au monde. Le fait est que je sais ce qu’elle va me demander de faire, je le fais souvent, et ça ne me dérange pas en réalité, bien au contraire, je dirai même que ça me plait. Les weekend où je suis de garde pour ses enfants que j’affectionne plus que de raison, la famille, notre nom, le cœur et l’importance que cela est. Il n’y a pas de bons mots pour définir ce que ça me fait. C’est encore mieux que les étoiles, je le promets. « Tu prends les petits avec toi ? » Evidemment, après tout, je ne vais pas aller jusqu’à la fête foraine en solitaire … Même si je connais tous les forains, même si j’y suis comme chez moi, et que j’ai une âme d’enfant qui jamais ne changera, j’aime trop les prendre avec moi. Quatre bouts de choux qui sont à mes cousines qui elles n’ont plus vraiment le temps de s’amuser, pour la vraie vie, qui sait. « Madre, tu le sais. » cette fois c’est moi qui suis bienveillante avec le ton que j’utilise pour prononcer ça, qui attrape les mains de Lola et de Miguel, qui trainent autour de moi. Les plus petits, les deux grands marchent déjà en direction de notre fin d’après-midi. Et moi je ris à toutes les bêtises qu’ils peuvent me dire avant de me retourner vers ma mère pour l’embrasser, doucement sur ses joues, son visage qui a trop vécu mais qui reste tout de même pour moi, ce qui se rapproche le plus de la perfection. Puis je me tourne et avance en prenant la même direction que ceux qui nous ouvrent la route, les deux bambins dans les mains. Mes pieds trainent un peu sur le sol, dérangés d’être enfermés surement, mes cheveux volent au vent, et le soleil s’abaisse un peu, nous permettant, ou plutôt me permettant, d’observer les couleurs nouvelles dont se teinte le ciel au rythme de mes pensées, de nos pas, de leurs rires et de leurs voix. Après quelques minutes nous arrivons et les deux grands de presque douze ans, me filent entre les doigts, je leur intime de faire attention, mais j’ai une confiance aveugle en eux, je sais qu’ils le feront. Lola et Miguel montent dans plusieurs manèges, et moi je me contente de les regarder, j’ai beau adorer ce monde, me dire qu’il renferme bien des secret d’innocence et d’enfances merveilleuses, j’ai facilement un vertige maladif, alors autant ne pas tenter le diable et me contenter de le vivre avec eux de loin. Quand leurs tours se terminent, je leur demande simplement « Vous avez faim ? » Je sais que c’est le cas, un enfant a toujours faim lorsqu’il se dépense sans compter, je me félicite d’avoir laissé de l’argent à Tony et son frère. Quand Miguel et Lola me trainent vers le stand de nourriture. Je leur demande leur choix, et au moment où je m’apprête à commander, voilà qu’un jeune homme passe devant moi. C’est exaspérée par sa conduite que je me mets à soupirer, évidemment que je ne vais pas faire un scandale pour cela, mais je ne peux pas m’empêcher de prononcer. « Normalement lorsqu’on est bien élevé, on attend son tour. » Peut-être bien qu’il n’avait pas remarqué ma présence, peut-être bien que ce n’est pas sa faute, mais sur le coup, j’avoue que je n’ai pas réfléchi avant de parler.
lumos maxima