« Ashley,
Je compte les minutes qui me séparent de toi maintenant qu’un rendez-vous en tête à tête est envisageable. Il me tarde de te dévoiler ma véritable identité et que tu découvres enfin mon visage. Laisse-moi organiser notre rencontre de A à Z, tu ne seras pas déçue. A très vite, C. »
« Ashley,
Le grand jour se rapproche à grand pas, t’ai-je déjà fait part de ma hâte ? Si tu te sens capable d’enfin me connaître, rends-toi à cette adresse samedi prochain : 4212 SUNSET BLVD, Los Angeles, CA 90029.
Notre rencontre n’a jamais été aussi proche. A samedi, je l’espère, C. »
Adossé contre la porte d’entrée du club d’Heavy Metal, Charly fumait sa huitième, non, sa neuvième cigarette de la journée d’un air impatient. Une file d’attente de plusieurs mètres longeait les murs de la structure, comportant des énergumènes tous aussi glauques les uns que les autres. Le Heavy Metal Lover n’était pas le genre de club que fréquentait Charly, à vrai dire, il n’y avait jamais mis les pieds mais pour une situation exceptionnelle, il fallait accepter de faire des choses exceptionnelles. La déception de l’Allemand s’était lue sur son visage dès l’instant où il avait jeté un œil à la population féminine qui occupait les lieux. Entre les travesties, les rockeuses désespérées aux tatouages délirants et les prostituées alcooliques, son tableau de chasse se réduisait à zéro. La seule chose qui pouvait sauver sa soirée était d’imaginer la réaction d’Ashley Chase-Whitaker lorsqu’elle découvrirait ce mystérieux inconnu qui se disait épris d’elle depuis plusieurs semaines. Charly était fier de son coup, comme un gosse qui venait de faire la blague du siècle, il avait vécu ces dernières semaines avec enthousiasme et moquerie. Comment une fille comme Ashley pouvait croire qu’elle avait un admirateur, franchement… Comme le disait le dernier mot, toute la soirée avait été organisée au pied de la lettre. Ce plan élaboré par Charly avait été pensé et repensé jusqu’à ce que le jeune homme soit persuadé que sa rivale tombe dans le panneau. Bien-sûr, ce mystérieux inconnu c’était lui, mais il voulait rendre la chose encore plus amusante…
L’intérieur du club sentait la transpiration, le renfermé, ou peut-être ne fallait-il mieux pas savoir. Charly observait autour de lui, détaillant chaque homme de la tête aux pieds. Il repéra sans trop de difficulté un jeune métalleux d’une vingtaine d’années, occupé à siroter un whisky au comptoir du bar. Une fois arrivé à sa hauteur, Charly le regarda droit dans les yeux en lui décrochant un sourire à la limite de la moquerie.
- Salut, moi c’est Charly et j’ai un petit service à te demander, commença-t-il en s’installant sur un tabouret aux côtés de l’homme.
Si l’extravagance des gens présents dans la salle avait choqué Charly, il en allait de même aux yeux de ces habitués du club qui n’avaient probablement pas l’habitude de voir un fils de bourge qui faisait franchement tâche dans le décor. Le métalleux, qui abordait une barbe soigneusement peigné de 40 kilomètres, s’étonna de voir Charly lui adresser la parole.
- Tu m’veux quoi ? répondit-il peu convaincu par l’attitude si avenante de Charly.
- C’est très simple l’ami. Je veux que tu te fasses passer pour un gars romantique, étudiant à l’université de l’UCLA. Tu seras l’admirateur d’une fille prénommée Ashley, une pétasse à mon goût. Tu es éperdument amoureux d’elle, n’oublie pas et oh ! Tu porteras le doux prénom de Charles.
- 500 $.
- 2000, juste parce que t’as une bonne gueule ! s’exclama Charly, souriant devant autant de bonne volonté de la part de cette inconnu au look préhistorique. Tu la reconnaitras, elle est plus jolie que la plupart des boudins présents ici et beaucoup plus classe, j’imagine.
C’est en concluant par ces mots que l’Allemand se posta dans un coin stratégique de la salle, de façon à ne pas être vu tout en pouvant assister complètement à la scène qui allait se produire sous ses yeux. Il ignorait tout de l’homme qu’il venait « d’engager » et s’amusait d’avance de la réaction d’Ashley MoinsQueRien. Il espérait seulement qu’elle s’était suffisamment prise au jeu pour oser mettre les pieds dans cet endroit pouilleux.
Ka Pua Maila I Ka Mauna
There is pleasure in the pathless woods, there is rapture on the lonely shore, there is society where none intrudes. By the deep sea and the music in its roar. I love not man the less, but Nature more.endlesslove