Nerveusement, je me contemple une dernière fois dans le miroir. Une goutte de sueur perle sur mon front tandis que, la gorge nouée, je m'observe avec une attention particulièrement, repassant au peigne fin chaque article de mon habillement afin de m'assurer que ce soir, je ne serai rien de moins que présentable. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce soir ... Ce soir, je vais diner avec le fameux Marius Arselin. Cet homme considéré par nombreuses autorités de presse comme étant un philanthrope dans l'âme, ayant fondé, avec son jeune frère, sa propre société à motif altruiste, un centre d'accueil pour jeunes en difficultés ... Cet homme qui en impose indéniablement partout ou il va de par son simple succès et l'équilibre qu'il semble personnellement posséder. Cela ne doit pas faire longtemps que je me suis porté volontaire pour travailler à ses côtés au centre ; quelques mois, tout au plus ... Mais assez longtemps tout de même pour me permettre d'apprendre à le connaitre, à ma façon. Cela m'a non seulement permis de découvrir une personne fascinante avec qui mes échanges n'ont jamais cessé d'être fructueux, mais également une personne qui, malgré son succès, a survécu au syndrome de la mégalomanie et est donc parvenue à rester terre à terre. Une personne qui n'a pas peur de se mêler à "la populace", comme certains pourraient dire. Quelqu'un de respectable, en somme. Souvent, nous discutons, pendant les pauses déjeuner, les pauses café ou encore, le soir, après la fermeture du centre ... Je lui parle du monde, de ma vision des choses, et lui, en contrepartie, partage son passé, sa vie et son expérience avec moi. Des dialogues qui, pour ma part, sont toujours parvenus à enrichir mes pensées et égayer mes journées. C'est pourtant la première fois que nous nous verrons en dehors d'un cadre strictement professionnel. Certes, il m'avait donné cette invitation dans le but de pouvoir discuter des affaires dans un cadre plus détendu et tranquille et en tant que bon bénévole, j'avais accepté de libérer une soirée de mon emploi du temps afin d'accepter son invitation. Il faut dire que le fait qu'il possède un charme fou nourrit énormément mon enthousiasme à bien effectuer mes tâches en tant que bénévole, cela va de soit. Envie de lui faire plaisir, envie de faire bonne impression ... Envie de lui plaire, envie de réussir. Je ne me voile pas la face lorsque je pense à monsieur Arselin. Je me dis systématiquement que j'aurais pu trouver bien pire comme "patron" mais que celui-ci, au contraire, s'approche d'avantage de l'idéal que du catastrophique. Inspirant profondément, je me décide donc à enlever la cravate que je venais de nouer autour de mon cou au profit d'une tenue légèrement moins formelle et un peu plus décontractée : un pantalon noir et une chemise claire, retroussée aux manches afin de laisser mes avant-bras profiter de l'air frais d'été. Fermant alors silencieusement la porte derrière moi, je quitte l'appartement dans lequel Fabio n'est pas encore rentré ce soir afin de me mettre en route pour le restaurant. Il n'est pas trop loin de chez moi, je me décide donc à faire tout le chemin à pieds. Lançant un rapide coup d'oeil à ma montre, je me dis que je ne devrais pas arriver avec du retard. Au contraire, si tout joue en ma faveur, j'aurai peut être même une voire deux minutes d'avance. Espérons.
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