Tonight, it's between you & me baby + Grace

Samedi soir. Habituellement j’’m’fais une ptite partie de pokémon, eh ouais, on change pas une équipe qui gagne, mais bon, pas ce soir. J’pense que j’vais sortir. Ca va Sid, pas besoin de t’inquiéter, okay, ca va, j’ai pris de l’opopo hier, ça devrait faire effet tout le week-end. Non, j’irais pas à l’hosto, j’en ai ma claque de ces grandes bâtisses qui empestent la mort à des kilomètres à la ronde. Si j’dois crever, j’crèverai chez moi, point barre, même si j’dois souffrir, m’enfin, y a l’opium, ça passera crème arrête de t’inquiéter pour rien. J’sais que t’es là pour penser à ce qui m’échapper mais j’gère. Bref, j’pense faire un ptit saut chez Grace, j’ai pas eu de ses nouvelles depuis la soirée de noël, enfin si, mais autant que j’voudrais. Ca lui ressemble pas et puis, vu ce qui s’est passé avec le macchabé et ses problèmes de mecs, meufs ou j’sais pas quoi que j’ai pas compris, elle a besoin d’une ptite pause. Et moi aussi. Comment ça j’fous rien de mes journées ? J’t’emmerde fils de…j’taffe, okay, tu crois que cuistot dans cette fac c’est de tout repos ? bon okay, en tant que nouveau, je fous surtout les plats dans la machine et j’me gratte les couilles en m’grillant une clope mais c’est fatiguant ça, tu peux pas savoir. Raah t’es vraiment un enfoiré de te foutre de ma gueule, j’aimerais bien t’y voir toi monsieur je dors h24. Que de la gueule. Bref laisse-moi me préparer t’veux. Un jean, un t-shirt et un pull feront l’affaire j’pense. On est en Californie pas en Sibérie, y a pas de froid ici. Ca va, c’est cool. J’choppe mon bmx direction la casa de Grace en espérant qu’elle y soit. Elle a intérêt sinon j’lui colle un procès au cul. Je m’en fous que des gens normalement constitués ont une vie sociable le samedi soir et le passent pas à jouer à des jeux rétros…de merde ? Retire tout de suite ce que t’as dit sur pokémon, c’est la classe ! j’te jure, un jour j’vais vraiment te faire ta fête. Ok, t’insulte GTA mais pokémon j’dis non, c’est toute ma jeunesse, toute ma vie. Tu peux pas piger p’tain. Bon maintenant la ferme. J’saute sur mes pieds et fais le plein de caillasse que j’lance sur une fenêtre en mode amoureux transi qui vient chanter la sérénade à sa belle. « Mon amour…veux-tu ouvrir pour que je puisse te dire des mots d’amour, des mots de tendresses ? » que j’crie et quelques secondes plus tard une silhouette apparait, pas celle que j’attendais, à moins que Grace soit devenue un gros poilu à la gueule de renifleur de petites culottes fringué d’un genre de nuisette rose. « Tu veux quoi ?! » qu’il grogne. Pas passer par ta cheminée en tout cas que je me retiens de répondre en le regardant. « Désolé ! » que je réplique finalement, honteux. Y a qu’à moi que ça arrive ce genre de conneries, heureusement, y avait personne. Bien sûr, quand je m’retourne je tombe sur Grace. Eh merde, elle va s’foutre de moi, c’est sûr. « T'es là depuis quand ? »

Je m’amuse à faire des ronds avec la fumée de ma cigarette que je prends un temps indéfinissable à terminer, en fait je crois bien que ce n’est pas la première, mais ça n’a pas d’importance. Une cigarette de plus ou de moins, je ne suis pas à ça près. Je souris au vent, fière du fait que je suis de plus en plus douée dans l’art de faire ces fameux ronds. Allongée sur un petit muret devant chez moi je pense à tout mais surtout à rien, parce que bordel, c’est tellement mieux de penser à rien. Je ne pourrai pas expliquer pourquoi je ne suis pas à l’intérieur, l’envie de prendre l’air surement. Mais rien que pour le spectacle qui s’offre à moi, je ne le regrette pas. Je vois une silhouette s’approcher du bâtiment et pour la connaitre par cœur je devine facilement qui se trouve là. J’incline le visage pour voir la scène plus clairement et le vois ramasser des pierres pour les jeter sur une fenêtre. Si c’est moi qu’il vient chercher, chéri, je dois te faire part du fait que là, tu tapes à côté. « Mon amour…veux-tu ouvrir pour que je puisse te dire des mots d’amour, des mots de tendresses ? » Je ricane en silence, me disant que pour changer, c’est pour ça que je l’aime ce gars. Le voisin que je sais aimable dans ses moment d’égarement sort à moitié par la fenêtre pour lui faire fermer sa bouche et mon ricanement redouble d’intensité, c’est trop bon à regarder. « Tu veux quoi ?! » Je me redresse à ce moment-là, sourire flanqué sur mes lèvres et clope à la main, j’incline le visage intéressée par ce qu’il va bien pouvoir lui répondre. « Désolé ! » Je retrousse mon nez, et je fais enfin part de ma présence à mon amie par le simple fait que je me m’approche de lui. Il se retourne et d’un air que je ne lui connais que trop bien me dit « T'es là depuis quand ? » Assez longtemps. Je mords ma lèvre inférieure avant de tirer une dernière fois sur ma cigarette et la jeter. Je lui sers une moue innocente et je recrache la fumée dans son joli minois en murmurant d’une voix mielleuse. « Et tes mots d’amour, mon cœur, ils ressemblent à quoi ? » Je fronce les sourcils en attendant mais non, pas vraiment, je lui signifie en clair que je suis là depuis avant même son arrivée. Je me permets de rire de sa bêtise ouvertement, de toute façon il ne m’en voudra pas alors autant profiter, pas vrai ? Je prends consciente du fait que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vue, depuis la fameuse de Noël, le cauchemar de Noël, ouais, faudrait préciser. « Alors avec qui tu m’as trompé que je te vois plus en ce moment ? » Ouais, en résumé ça veut dire comment tu vas à ma manière quoi. Sure qu’il comprendra puis je rajoute quand même pour déconner. « Ca valait le coup au moins de les sauter ? » Toute sourire, j’attends.

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

Qu’est-ce que j’suis doué pour m’foutre dans des situations pareilles. J’crois que c’est un talent, inné en plus ! J’suis que si je postule à American Got Talent, j’arrive en final direct ! Y a pas d’soucis à se faire. En plus, là, j’ai besoin de fric, ce serait le bon plan en fait, j’me présente, je gagne, même si j’gagne pas, j’me fais une ptite notoriété sur laquelle surfer, j’en profite pour m’faire un max de blé et adieu le frigo vide, l’appartement miteux, les pâtes et à moi les belles nanas et les belles bagnoles…quoique non, pas de bagnoles, j’aime pas ça, disons trois jacuzzis collés l’un à l’autre dans lequel on fera des orgies géantes en matant des films de boules sur grand écran. Bref, la grande vie quoi ! Oui, oui, c’est bon, j’arrête de rêver et j’vais faire face à Grace, y a même plus moyen de fuir la réalité tranquille dans ce monde, c’est de l’arnaque. Cette cohabitation va devenir impossible si tu continues à te faufiler dans mon jardin secret comme ça, chaque homme a besoin de son royaume dans lequel il peut se retrancher sans problème et avoir des pensées complètement…pas débiles, loufoques. « Pfff, puisque tu te moques de moi, t’en sauras rien ! » que j’dis en faisant mine de boude, au fond, j’ai tellement l’habitude de ce genre de truc que je m’prends plus la tête. Elle sait comment j’suis et fait avec…bon on peut pas vraiment dire qu’elle ait d’autre choix mais parait que c’est ce qui me rend irrésistible et unique. Non, pas comme un ptit chiot qu’on trouverait mignon, t’es vraiment con des fois Sid. « Avec toutes les meufs de l’UCLA, elles, au moins, prennent le temps d’écouter mes mots d’amours puisque tu veux pas » que j’réponds, toujours faussement boudeur, genre je lui en veux. Nous savons tous deux que c’est pas l’cas. « Bah écoute, ouais, ça vaut toujours l’coup, ça m’évite d’utiliser ma main droite qui devient fatiguée à force, faut qu’elle se repose un peu, tu vois ? » que j‘dis en souriant de toutes mes dents, l’imitant « Tu devrais faire pareil avec ton sex toy, il va rendre l’âme à force » j’la taquine, j’la provoque, j’attends avec impatience qu’elle réplique, m’en balance autant dans la gueule, comme nous en avons l’habitude. « Sinon, j’étais venu te kidnapper mais j’ai zappé le chloroforme à la maison, donc on va le faire à l’ancienne, tu vas m’suivre sans faire de vague et monter sur mon BMX sinon… » j’réfléchis un instant, les malfrats mieux entrainés ont souvent leur discours de près. « Sinon…je te dirai quand je le saurais mais attention, ça risque de faire mal, c’est moi qui te le dis ! »

La façon qu’il a de bouder me prouve que c’est totalement faux, mais je le laisse faire jusqu’au bout, parce qu’il ne faut jamais couper un Jamahl lancé. « Pfff, puisque tu te moques de moi, t’en sauras rien ! » Je lève les yeux au ciel et lui demande comment ça se fait qu’il a disparu, enfin, je ne lui demande pas vraiment ça, mais le sens de ma phrase dans le fond, c’est un peu ce que ça signifie quoi, on ne va pas jouer sur les mots, pas vrai ? Puis, en y réfléchissant bien, ça me tente aussi de savoir avec qui il a couché, ouais, je sens que je vais rigoler. « Avec toutes les meufs de l’UCLA, elles, au moins, prennent le temps d’écouter mes mots d’amours puisque tu veux pas » J’affiche une mine faussement dépitée, secouant le visage tout en prononçant « En même temps, tes mots, tu semblais bien parti pour les dire à mon charmant voisin, tu m’étonnes que j’en veux pas. » Même si je les aurai bien écoutés et explosé de rire à la fin surement, mais je suis certaine que ça m’aurait plu, des mots d’amour et la subtilité de Jaja, ouais, je signe direct moi. Je me renseigne malgré tout sur le fait de savoir si c’était bien ou pas, parce que c’est un point important et entre amis on ne se cache pas les choses comme celles-là. « Bah écoute, ouais, ça vaut toujours l’coup, ça m’évite d’utiliser ma main droite qui devient fatiguée à force, faut qu’elle se repose un peu, tu vois ? » Je secoue le visage tout en soupirant devant ses bêtises. Ouais, je vois. « Tu devrais faire pareil avec ton sex toy, il va rendre l’âme à force » Cette fois je ris carrément, parce qu’il est con, mais que je l’aime quand même alors je réplique de suite. « T’en fais pas pour moi, je suis sûre qu’il sert moins que ta main. » Je lui sors un petit clin d’œil, je joue parce que c’est ce qu’on fait toujours lui et moi, il n’y a pas de prise de tête, même pas de réflexions sur le fait que lui ai littéralement violé la bouche lors du bal, non, on s’en fout. Pourquoi ça ne peut pas être comme ça dans toutes mes relations, je vous jure que c’est con. « Sinon, j’étais venu te kidnapper mais j’ai zappé le chloroforme à la maison, donc on va le faire à l’ancienne, tu vas m’suivre sans faire de vague et monter sur mon BMX sinon… » Je grogne un peu, ouais pour montrer que je vais en faire des vagues, quoi. « Sinon…je te dirai quand je le saurais mais attention, ça risque de faire mal, c’est moi qui te le dis ! » Je pouffe devant sa phrase bourré d’idioties, j’affiche une mine de celle qui réfléchit, grimaçant à moitié puis finalement je lui dis. « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. » Ouais, je me moque encore mais après tout, je n’ai pas eu mes mots d’amour, alors je fais la gueule, je suis moqueuse. Je m’avance vers lui, caresse son visage d’un air bienveillant et j’ajoute « T’es aussi innocent qu’un chaton. » En clair, je crois bien que t’es loin de me faire du mal ou à qui que ce soit. Ce n’est pas un méchant Jaja. Soupirant, une nouvelle fois et m’éloignant de lui, je précise « T’as intérêt d’avoir une bonne idée derrière la tête pour me faire monter sur ton machin. »

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

« Je plaide coupable » que je réponds en levant les mains au ciel en signe de résignation sur sa remarque concernant l’activité de ma main droite. Elle a raison, Grace, Câline en a marre d’être autant sollicitée. La pauvre, je m’en doute, c’est quand même un sale boulot qu’elle doit accomplir. P’tain, c’est un peu comme la brosse à chiotte, quoi. J’sais pas encore comment et pourquoi, mais j’sais pas, dans l’absolu, les trucs ingrâts ça leur connait car à part me gratter les couilles et le cul par moment avec et me lustrer l’asperge, elle a pas vraiment d’utilisation valorisante. Enfin à part quand je joue de la guitare ou parfois avec le ukulélé quand je m’entraîne avec ma teub…ouais, j’pense qu’à sa création, on lui avait promis un bel et brillant avenir, une activité intéressante. Et elle était tombée sur moi. Pauvre d’elle, t’es pas d’accord Syd ? Pourquoi je demande à toi d’ailleurs, tu connais pas le mot compassion. En même temps t’es installé dans mon cerveau et me fait crever…à quoi je devrais m’attendre ? Ouais, on en parle si je veux ! J’ai le droit de le ramener sur le tapis autant de fois que j’veux, genre, t’es bien installé là-haut et en plus tu veux filer des ordres, t’as fumé de la bonne. Bon…techniquement ouais, c’était de la bonne. Putain, ta gueule, c’est bon. « Rooooh, t’es pas drôle, tu pourrais faire au moins semblant, histoire que j’aie l’impression que j’suis effrayant en ravisseur pas organisé » j’fais une moue boudeuse et déçue. Ca va, j’sais qu’en kidnappeur, j’ai aucun talent, pareil pour voleur, merci, j’sais, pas étonnant que j’sois aussi pauvre. Y a à donf d’étudiants riches à L’UCLA, si j’étais doué, j’aurais pu les kidnapper, les séquestrer gentiment, hein, puis demander la rançon à leur vieux. Si ça fonctionne les trois premières fois, je pourrais grave me faire un business, t’sais, et avoir autant de flouz que Bill Gates. Putain, j’pourrais enfin avoir toutes les cartes Pokémon qui sont sorties, avoir les nouvelles en exclu et en commander quelques unes, en mode commande perso, t’sais. P’tain, ce serait tellement bien. Ouais, ouais, c’est bon, j’sais, dans la pratique, ça l’fait grave pas. « Au lieu de râler, pose ton joli cul sur la selle ! » Que j’dis. Ouais, c’est bon, j’sais Syd, j’ai aucune idée de ce qu’on va faire. C’est pas nouveau. A deux cerveaux, on trouvera bien, hein…p’tain, c’est bien moi ça, agir puis penser, on s’demande encore comment ça s’fait que j’sois encore vivant. Plus pour longtemps…merci Syd, t’as le don de remonter le moral toi. En plus ça te fait marrer, enfoiré de mes deux. Une fois qu’elle est installée, c’est à mon tour, pieds sur les pédales, mains posées sur le guidon, c’est parti. « Accroche-toi, c’est pire qu’une Ferrari pour la vitesse » Je démarre. Bon maintenant faut que j’trouve ce qu’on va faire, parce que les jeux vidéos c’est pas trop sa tasse de thé et la mission est de lui changer les idées. Réfléchis Syd au lieu de te foutre de ma gueule. « Je crois que c’est le moment de t’le dire, j’sais pas du tout où on va là et ce qu’on va faire » Bah fallait bien que je lui dise parce que compter sur tes idées brillantes, ne nous aiderait pas à aller loin. Je continue de pédaler, vers l’infini et l’au-delà. Oui, d’accord, je me tais. « Mais on va bien trouver, t’sais genre en temps et en heure » que j’ajoute en hochant plusieurs fois la tête. C’est à ce moment là que mon ventre décide de s’manifester. « Mais d’abord, on va s’faire une bonne bouffe, car je crève la dalle » J’ai pas d’fric sur moi, rien à bouffer au studio mais on est pas loin de la maison de Jane, et comme on partage entre potes de fuquettes, ça devrait pas la déranger, en plus, ils sont pas là si je me souviens bien. Une quinzaine de minutes plus tard, on y arrive. Je garde ma belle bagnole dans les buissons en mode discrétos, faut pas que les voisins nous repèrent. J’lui prends la main et lui fais contourner la baraque en mode espions venant recueillir des informations. J’prends la clé où mon pote a l’habitude de la ranger et on entre. « Bon inutile de te préciser que c’est pas ma baraque, j’ai pas assez de fric pour, mais un jour proche j’aurais un truc pareil » Je hoche encore la tête, ouais, si mon business de kidnapping fonctionne, j’aurais au moins dix maisons comme celle-ci. « Donc, si on nous trouve ici, c’est la taule » Que j’annonce avec un sourire, haussant les épaules avant d’aller fouiller dans la cuisine. C'est pas tout à fait vrai mais son expression était drôle. Je crève la dalle.

Après ma phrase, le pire dans tout cela c’est que … « Je plaide coupable » Je ris en secouant le visage, Jamahl est trop … Trop, mais c’est ce qui me plait chez lui, ce qui fait que ça fonctionne entre lui et moi, on est du pareil au même, malgré le fait que de son côté c’est tout à l’extrême. Ouais parce que je sais bien qu’on se ressemble mais je ne suis pas tout à fait comme lui, pas vrai ? Je n’en ai aucune idée, y a des jours je me dis que j’aimerai. Surement que c’est parce qu’il vit chaque jour comme si c’était le dernier et que même si je me plais à dire que je le fais aussi, je ne suis pas autant détaché. Je l’envie un peu, mais je ne lui dirai pas, il ne lui manquerait plus que la grosse tête à celui-là. Il me propose alors de m’enlever, ce à quoi je réponds que normalement un ravisseur doit faire un tout petit plus peur, enfin je ne le dis pas comme ça, mais on s’en fiche de cela, suffit que le message soit passé, je ne suis pas du tout effrayée, bien au contraire, j’ai juste envie de savoir où il va m’emmener. « Rooooh, t’es pas drôle, tu pourrais faire au moins semblant, histoire que j’aie l’impression que j’suis effrayant en ravisseur pas organisé » J’aurai pu le faire c’est vrai, mais manquer cet air faussement boudeur qui vient se placer sur son visage ? Non jamais de la vie j’aurai manqué ça, il est trop mignon lorsqu’il fait cela, alors autant en profiter, avant que réellement il se trouve une fille pour me remplacer. Ca va arriver, je veux dire, il y en a une un jour qui va se rendre compte de sa perfection et là je serai bien conne parce que je vais devoir être obligée de le partager. Possessive en amitié ? Non, jamais. « Au lieu de râler, pose ton joli cul sur la selle ! » Je roule des yeux mais putain je m’exécute sans rien rajouter. Je pose donc mon joli cul sur la selle un micro sourire posé sur mes lèvres. « Accroche-toi, c’est pire qu’une Ferrari pour la vitesse » Cette fois je ne peux pas m’empêcher de rire clairement et d’ajouter un petit sarcasme à son affirmation « Tu parles ! » Un nouveau rire s’échappe de mes lèvres « Roule ma poule ! » dis-je en accrochant mes mains à son t-shirt du mieux que je le peux tandis qu’il se met à pédaler et que le vent s’infiltre peu à peu dans mes cheveux. Sans le remarquer, j’ai à nouveau quinze ans, je suis une enfant. « Je crois que c’est le moment de t’le dire, j’sais pas du tout où on va là et ce qu’on va faire » Etrangement je m’en doutais un peu après quelques secondes à suivre un chemin qui n’en est pas vraiment un. Je ne suis pas déçue, enfin presque pas, alors je le lâche un peu et m’amuse avec la brise qui passe sur mes bras. Peu importe où on va, tant qu’on est ensemble, ça me va. « Mais on va bien trouver, t’sais genre en temps et en heure » Je soupire quand je le vois hocher la tête plusieurs fois pour se convaincre lui-même, moi je ne doute même plus, évidemment que je pensais qu’il avait déjà quelque chose en tête, mais finalement, je m’en fiche totalement, si je suis montée sur ce vélo, c’est bien pour quelque chose, tenter ce qu’il a envie de tenter pour cette soirée. « T’inquiètes. » Ouais, je m’inquiète pas, alors lui non plus, on va trouver, on fumera peut être, on boira, on rira et puis voilà, ça me suffit amplement à moi. « Mais d’abord, on va s’faire une bonne bouffe, car je crève la dalle » Je fronce un peu les sourcils en me demandant si sérieusement il va m’inviter à manger quelque part, rendons nous à l’évidence, Jamahl ne m’invite pas, il a un truc en tête, rien que ça. On prend un nouveau chemin et finalement il descend de sa bécane et moi, je le suis, bien docilement. On s’avance vers une baraque un tout petit peu gigantesque et je lui lance un regard inquisiteur lorsqu’on fait un détour pour entrer et parce qu’il sait où se trouve la clef. « Bon inutile de te préciser que c’est pas ma baraque, j’ai pas assez de fric pour, mais un jour proche j’aurais un truc pareil » Je secoue le visage, je m’en doute bien que ce n’est pas chez lui, ça devrait m’effrayer mais en réalité, je crois bien que ça m’excite un peu, on ne sait pas ce qu’on va trouver ici. « Un jour, peut être. » prononce-je avec un petit sourire fin, j’y crois, un jour il l’aura la maison de ses rêves. J’espère en tout cas. « Donc, si on nous trouve ici, c’est la taule » Je ris un peu après sa phrase et un peu plus lorsqu’il s’avance vers la cuisine comme s’il était chez lui. La taule, avec lui peut être que ce serait cool, qui sait, enfin ce n’est qu’une supposition hein, je me vois pas vraiment aller faire un nouveau tour la-bas. Sans gêne, sans rien, ça lui semble tout à fait normal d’arpenter une maison qui n’est pas la sienne pour trouver à manger, alors moi je regarde autour de moi, regarde un peu où je me trouve et attends simplement qu’il trouve quelque chose pour combler le manque qui se trouve dans son estomac. Je sens alors une faim nouvelle monter en moi, eh bien oui, je ne vais quand même pas le laisser manger tout seul, et puisque je suis une fille et forcément gourmande, je ne perds jamais l’occasion de bouffer un truc bon. « Tu trouves ? » je lui demande alors que je fais claquer mes ongles contre le meuble sur lequel je suis appuyée.  Il se retourne les bras charger de chose parfaites pour qu’on puisse se faire des sandwichs alors je me mets en quête de pain de mie histoire qu’on puisse vraiment s’en faire un ou deux. Après une recherche réussi on s’attèle à se faire notre encas et sans trop y penser je demande « Et c’est la baraque de qui au fait ? » Ouais parce que ça m’intéresse tout de même, j’aime bien savoir chez qui je suis en train de squatter des fois que ce serait réellement quelqu’un susceptible de nous envoyer en prison. Sandwich en main, je croque dedans, frappée encore une fois par le fait que je n’avais pas conscience d’avoir faim avant ça. Puis je me mets à avancer à l’intérieur du presque palace Jamahl derrière moi, je crois. « Y a des trucs cool à faire ici ou quoi ? » On ne sait jamais, dans ce genre de baraque il y a toujours un spa, ou un jacuzzi, les choses qu’on trouve dans un hôtel quoi. Alors peut être qu’ici c’est pareil que dans celles que j’ai déjà visité. « Puisque tu ne sais pas vraiment où aller, autant rester ici jusqu’à ce qu’on nous envoie réellement les flics. » Je me retourne vers lui, toute sourire, je hausse les épaules, même, je nous vois bien en train de faire les cons et entendre les sirènes arriver pour venir nous chercher ? Et nous ? Ô bah on prendra la fuite sur un bmx, normal.

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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.

Je crève vraiment la dalle, p’tain. J’ai pas eu d’vrai repas depuis deux ou trois jours. J’ai pas taffé à la fac cette semaine et les réserves que j’avais fait chez maman le week-end dernier étaient terminé, va savoir comment. J’me souviens pas avoir bouffer tout ça, p’tain, Marie-Jeanne m’bouffe toute ma mémoire on dirait. J’me souviens plus d’rien, faut croire, j’enchaîne les trous noirs. Peut-être que j’devrais tenir un journal ou autre, t’sais comme dans le mec dans ce film là, où il a plus d’mémoire et essaie d’savoir qui a tué sa femme, du coup écrit partout sur son corps, ‘fin il écrivait des noms, des lieux, des dates pour s’en souvenir quand le poisson rouge sera passé. Bon, ca va, j’suis pas dans l’même cas que lui, j’me souviens encore de c’que j’ai bouffé hier, des cornichons avec de la mayonnaise, c’était plutôt pas mal. ‘fin quand t’as pas l’choix, t’apprends à te contenter de c’que tu peux pécho, hein. M’enfin, c’est grave complexe cette histoire si tu veux mon avis. J’referme le placard que j’fouillais avant d’en ouvrir un autre, bingo, les victuailles sont là « Ouais c’est bon» c’bon, mon sourire est back. Franchement, la bouffe m’rend vraiment heureux, si j’avais pas d’me uf mais de la bouffe, j’suis sûr que je pourrais vivre tranquille, en mode happiness, tu vois l’truc Syd ? Bon, c’est dommage, j’ai d’besoins quand même, dommage qu’on puisse pas s’taper de la bouffe…enfin ouais, t’as raison, on pourrait mais faut vraiment être cinglé. Mais j’suis sûr que d’gens ont déjà testé, forcément ! Faudra que m’souvienne d’regarder ça sur google, ‘fin, d’chercher des témoignages d’gens qui l’ont fait et voir ce qu’ils ont r’ssenti, ouais, ça m’rend grave curieux, pas toi ? J’suis curieux d’voir si les gens peuvent être excités par d’la bouffe, c’sera fun va. J’nous fais sandwich, ça f’ra l’affaire j’pense, pas b’soin de plats super travaillés quoi. « D’un parrain de l’mafia » que j’réponds en essayant de prendre un ton et une expression sérieuse, mon regard dans le sien « donc, faut vraiment pas qu’on sache qu’on a trainé notre cul par ici, sinon on est morts, au sens propre et j’suis trop jeune et trop beau pour aller dire bonjour aux poissons, tu vois ? » j’essaie encore d’rester sérieux histoire d’être crédible, mais elle m’connait trop bien et j’suis pas un acteur oscarisé, elle a déjà sûrement dû comprendre que j’lui faisais une blague, pff, c’est nul. « Ouais, j’crois qu’il y a un jacuzzi, une piscine privée, un genre de salle de jeux et un terrain de tennis » J’énumère sur mes doigts en tentant de m’souvenir de ce que Jane m’avait dit sur cette maison « ‘fin, m’souviens plus trop mais j’te propose qu’on fasse un peu le tour en mode explorateur et qu’on teste tout, t’en dis quoi ? » J’mords encore dans mon sandwich « ‘fin, après que j’ai fini de bouffer ou on pourrait s’servir du champagne et aller s’installer dans le jacuzzi en mode richoux qui reviennent d’une longue journée de boulot, t’en dis quoi ? »