Bain de minuit (+) Maggie.

Main dans la main, j’entraine Maggie, j’sais pas où, mais j’cours en riant comme un con. Ouais, comme un con, ça fait classe comme ça, tu trouves pas toi ? Moi je kiffe bien, c’est beau et poétique comme expression. Oh, ca va toi, tu sais pas apprécier les bonnes choses. Comment on s’est retrouvés ? J’sais plus trop, ‘fin l’alcool m’empêche m’en souvenir. J’sais que je l’avais croisé dans le camping et j’avais crié son prénom, en mode « Maggie ! T’es là ! » t’sais avec ma discrétion habituelle, on a parlé un peu, bon j’devais retourner à mes cuisines mais on s’est promis d’se revoir pour boire un verre et passer du bon temps, bah nous voilà. On a passé toute la soirée à boire, à rire, à passer du bon temps. Le soleil va s’lever dans quelques heures, en gros, j’vais devoir retourner à mon taf mais bon, j’ai encore envie de profiter, t’vois, c’pas tous les jours que j’suis en si bonne compagnie alors je lui ai pas demandé son avis et je l’ai entraînée, je l’ai emmenée s’perdre un peu avec le camping, faisant genre j’connaissais l’endroit. Déjà qu’en journée j’me retrouve pas, c’est pas la nuit que ce serait mieux, hein. Enfin, bref. On continue d’avancer, tranquille, démarche un peu bancale, riant à tout et à rien, surtout à rien, ouais, pas faux pour finalement déboucher sur une étendue d’eau. ‘me faut quelques minutes pour savoir ce que c’est, un lac, j’me souviens en avoir déjà entendu parlé. « Cap ou pas cap d’aller te baigner ?! » je lui lance, la défiant avant de commencer à retirer mes vêtements.

Onze heure et demi passé. Je crois. Au camping ce soir, il y avait une soirée avec tous les vacanciers du coin. J'ai bu je ne sais combien de verre. Je n'ai plus compté après le troisième. Musique montée à fond, défilé de bouteilles. L'effet est bien vite monté jusqu'à ma tête. Y a ce gars, Jamahl, il est venu vers moi en criant « Maggie ! T’es là ! », et je lui ai hurlé son prénom à la gueule aussi. Peut-être un peu trop fort, mais c'est l'effet du rhum, j'y peux rien. Une accolade, deux trois fous rire et c'est main dans la main qu'on s'échappe du camp. On longe la bordure de forêt avant de tourner dans un sentier, puis un autre. Putain, je sais même plus où on est là. Il marche devant moi, m'exposant son boule. Je peux pas m'empêcher de mater. Je vais pas me retenir non plus. Tous les deux, on rigole comme des gros bêtas, on ne sait même plus pourquoi au fond... L'alcool, l'excitation de se perdre on ne sait où. On finit par arriver devant un lac. Une grande étendue d'eau bordée par du sable gris, pas très propre. Il se retourne vers moi avec un air sournois et commence à se déshabiller. « Cap ou pas cap d’aller te baigner ?! » J'éclate de rire. J'adore ce genre de délire, surtout quand je suis déchirée comme ça. Je l'imite, retirant ma robe d'été et carrément mes sous vêtements. C'est pas comme s'il avait pas vu mon p'tit cul au kilomètre à poil, et moi le sien. Enfin, je dis ça, mais même saoule, je me permet de le relooker. Sérieux c'est quoi ce corps photoshopé ? Il va me filer des chaleurs... « Tu sais pas à qui tu parles là ! » Je renchéris sur son défi, le pousse dans le sable avant de courir jusqu'à l'eau, éclatée de rire, comme une pauvre dinde.

Elle m’suit direct dans mon délire, c’cool ! Elle est aussi fun que j’l’avais imaginé. J’essaie d’me déshabiller avant elle, comme si c’était la course mais elle a déjà fini quand j’retire mon jean et mon boxer en même temps, bah ouais, un bain d’minuit ça s’passe complètement à poil. Elle aussi est d’acc avec ça puisqu’elle est complètement nue, j’vais pas m’plaindre et j’suis curieux donc j’regarde un peu, un peu trop peut-être mais bon, elle a pas l’air gênée ni complexée, d’toute, elle aurait aucune raison pour, elle est bien foutue quoi. J’sais, j’suis chanceux que cette nana soit là avec moi, bourrée et à poil, j’sais, j’sais. Elle m’fait tomber sur l’sable alors qu’elle s’enfuit « Tu perds rien pour attendre » j’cris en me débarrassant des derniers vêtements, difficilement, p’tain, l’alcool m’donne des drôles de reflexe. Puis j’cours après elle, pour essayer de la rattraper mais elle est déjà dans l’eau, s’éloignant d’moi. Finalement j’la choppe en mettant mon bras autour d’elle « Tu vas voir toi ! » mais bon, j’suis pas doué en essayant de la foutre sous l’eau, j’finis par tomber avec elle. Déjà que sobre j’ai pas d’équilibre mais alors, c’est pire que tout.

Les premiers pas dans l'eau sont faciles. Je cours comme un attardée, éclaboussant tout autour de moi. Derrière moi, sur le sable, j'entends Jamahl promettre de se venger. Il est sympa ce mec. Un peu con sur les bord, mais c'est ça qui le rend craquant. En plus de son corps d'Apollon et sa belle gueule d'ange.
Le niveau d'eau arrive sur mon ventre et là je sens la fraîcheur. Je soupire, deux trois fois, surprise. Puis je ralentis la cadence. Je vais pas me jeter dans l'eau froide. Ouais, je suis un peu frileuse. Et là c'est le moment où je vais mettre un bon moment à rentrer dans l'eau... Enfin non. Jamahl débarque et me choppe par la taille, me poussant dans l'eau avec lui. « Tu vas voir toi ! » Je pousse un cri, entre le rire et la surprise, et finis la tête sous l'eau, les pieds en dehors. Quel mongolien ! Je ressors en toussant, parce que j'ai bu la tasse. Au moins maintenant, je suis entièrement trempée... « Qu'est-ce que tu veeeeeeux ! » Je m'écris. Je le frappe gentiment au torse pendant qu'il se tord de rire. « Fais pas trop le malin ! » Je ne sais pas s'il craint les chatouilles mais je tente de le titiller sur les côtes, et le cou, pour qu'il se dandine, me suppliant d'arrêter. J'aime qu'on me supplie !

J’ris. J’ris de la situation. J’ris de comment la soirée a tourné. J’ris de moi, parce que j’suis trop con, parce que j’ai pas d’équilibre, parce que j’ai trop bu, parce que j’ai trop fumé et parce que j’me sens bien. Ouais, trop bien même. J’ai passé une bonne soirée, en bonne compagnie, eh ouais, y a pas mieux quand même ! Bonne compagnie, bonne ambiance et belle fin on dirait. Ouais, j’suis content d’être v’nu dans l’camping, j’ai fait d’belles rencontres et pourtant c’que l’début, et puis j’ai retrouvé des gens, des anciens potes, des nouveaux, des nanas qui m’avaient tapé dans l’œil genre Maggie quoi. Elle est cool c’te nana, elle s’prend pas la tête, genre on est là à poils, tranquille à rigoler, bon sûrement parce qu’on est grave défoncés mais bon, pas grave, on kiffe notre moment. Elle veut m’chatouiller, ça tombe mal, j’crains pas et j’suis plus rapide qu’elle alors, j’me jette vite sur elle en mode démoniaque et j’commence ma sale besogne. Ouais, bon, j’touche un peu partout, la peau est mouillée donc mes mains glissent, innocemment. J’sais pas pourquoi en plein milieu, quand mon visage est proche du sien, bah je l’embrasse, genre normal. J’profite un peu avant d’reculer ouais, bon, pas parce qu’on est seuls, dans la nuit, dans un coin isolé à poil qu’on va baiser. « Oups, pardon »

Il semblerait que mes tentatives soient inutiles puisque quand je le chatouille sur tout le corps, il ne bronche pas d'un poil. Il ose même me dévisager pour me faire comprendre que je suis ridicule, et en profite pour prendre sa revanche, en me chatouillant à son tour. Mauvais point pour moi qui suis extrêmement sensible. Je me dandine dans tous les sens en poussant des petits cris, étouffés par mes rires. J'aime bien ce mec, parce que je sens qu'on est dans les mêmes délires de fous, encore plus quand on est défoncés. Je ne peux m'arrêter de rigoler. Mais quand je me redresse face à lui, il vient furtivement m'embrasser, sans que je ne puisse réagir. Je suis de toute façon bien trop bourrée pour broncher. Il se recule et finit par lâcher « Oups, pardon », comme si ça s'était fait sans qu'il ne l'ait fait exprès. Ses yeux me fixent et je crois bien qu'il attend une réaction de ma part. Mais mon dieu, la seule chose que je finis par faire c'est me marrer. Encore. Ouais je rigole à plein poumons. Parce que je le trouve affreusement canon quand il s'excuse, et puis parce que je suis vraiment trop saoule. Lui ne comprend pas trop, et ça me fait deux fois plus rire. Décidément, on s'amuse beaucoup trop tous les deux... J’attrape ses mains pendantes dans l'eau et vient les poser sur mes seins mouillés. « Tu peux recommencer s'tu veux... » Il ne faut pas lui dire deux fois avant qu'il se ravance vers moi et m'embrasse à nouveau. Cette fois-ci plus longtemps, et langoureusement.