ATLANDREAS → Somebody shine a light I'm frozen by the fear in me.

Cette année, j'avais l'impression de tout reprendre de zéro, avec un peu plus de talent en théâtre que l'année précédente, évidemment. J'avais un appartement à moi maintenant, terminé de vivre avec quelqu'un d'autre, et pour couronner le tout à ma triste solitude, ma mère était morte récemment. J'en avais parlé encore à personne parce qu'une tout autre histoire bizarre se passait là dessous et ce n'est pas le genre de détail que j'aime exposer. Et puis, pour faire quoi de plus ? me prendre dans les bras et me dire que c'était des choses qui arrivent ? Bref. Nouvel appartement, déplacement de toutes mes fringues et j'avais oublié un dernier sac d'objets en tout genre chez Andreas. J'arrivais et frappais, et dire qu'avant, c'était chez moi. "Salut." il savait que je venais, je l'avais prévenu, mais ça n'allait toujours pas mieux entre nous.

Par chance, je suis chez moi lorsque je reçois un texto d'Atlanta qui me dit qu'elle s'apprête à passer pour récupérer un dernier sac d'affaires. Ouais, je crois bien que c'est le dernier truc d'elle qui est encore chez moi et savoir qu'il n'y aura bientôt plus rien me soulage d'un poids considérable, voyez-vous. Bon, j'exagère peut-être un peu ; toujours est-il qu'après ça, elle n'aura plus vraiment de raison de vouloir me voir et donc, j'espère, de vouloir me causer des ennuis. Quand j'entends toquer à la porte, je vais ouvrir et tombe bien sûr sur elle. « Salut. » Je la considère un instant du regard avant d'ouvrir plus largement la porte pour l'inviter à me suivre jusqu'à son ancienne chambre, désormais transformée en bureau pour ma propre personne. « Je te laisse récupérer ce qui est à toi. Je n'y ai pas touché, promis. » Dis-je avec un petit sourire théâtral. Ce n'est pas comme si j'aimais fouiller dans les affaires des autres, juste que pour l'emmerder, j'aurais pu en être capable. Mais non, j'arrive à rester mature contrairement à d'autres.

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Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. Salinger

Je savais qu'il y aurait des tensions entre nous, parce qu'il y en a toujours. C'est comme ça avec Andreas, depuis cet incident entre nous, ça n'allait pas. C'était notre faute, parce qu'on aurait jamais du craqué, et voilà que nous avons perdu une amitié forte. Quelle idée.. je sais pas pourquoi j'avais craqué, j'en avais aucune idée. En fait, je pensais qu'il y avait plus que ça entre nous sauf que je m'étais trompée, et j'aurais du le savoir parce que je connais Andreas, je sais qu'il n'est pas de ce genre mais j'ai espéré être l'exception, ça m'apprendra à espérer. Il ouvre finalement la porte et me laisse entrer. « Je te laisse récupérer ce qui est à toi. Je n'y ai pas touché, promis. » il est là, avec son sourire, et moi je soupire. Quoi ? ça te fait rire c'est ça ? débile. Il fait ça comme pour m'insupporter, et ça marche. "Pourquoi t'y aurais touché de toute façon ?" sauf pour me faire chier, bien évidemment. Oui, parce que c'est ça, ça l'amuse, lui. En ce moment, moi, plus rien ne m'amuse. Je me dirige vers anciennement ma chambre, transformé en bureau, et prends directement mon sac. J'ai pas très envie de m'attarder, surtout que le ciel dehors se couvre. Il manquerais plus que je me tape la pluie alors que je dois encore rentrer chez moi.

« Pourquoi t'y aurais touché de toute façon ? » Je hausse vaguement l'épaule, appuyé contre la porte de la chambre. « Tu sais très bien. » Je la regarde soupirer et récupérer son sac rempli à ras bord avec un air désespéré. J'ai toujours adoré la faire rouspéter, même quand nous étions ce qu'on peut appeler des amis. Ce n'est donc pas foncièrement mauvais, c'est juste... c'est nous deux, quoi. Atlanta et moi, ça n'a jamais été une relation plate, encore moins une amitié ennuyeuse. Désormais... je me demande ce que c'est. Quoi qu'il en soit, elle m'a l'air blasée, fanée, pas au top de sa forme. Au moment où elle s'apprête à ressortir de la pièce, je m'écarte légèrement sans pour autant la lâcher du regard. « Tu t'es trouvé une nouvelle colocation alors ? » Pourquoi je ne la laisse pas se barrer sans piper mot ? J'sais pas, parfois je ne me comprends pas moi-même. « Tu me montreras à l'occasion ? » Un mince sourire vient étirer mes lèvres et quand elle se retournera pour voir ma tronche, elle y verra sûrement de la sincérité. C'est vrai que je la charrie un peu, je me doute qu'elle n'en aura pas particulièrement envie, néanmoins... peut-être que je garde l'espoir qu'on passe l'éponge sur nos antécédents. Ouais ça doit être ça.

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Je n'avais pas envie de perdre mon temps, plus vite j'étais arrivée, plus vite j'allais repartir. Voilà comment je voyais la chose. « Tu sais très bien. » Je le regarde. Oui, je sais bien. L'un de nos passe temps favoris est de faire chier l'autre, alors évidemment que je sais. Nos gamineries, nos enfantillages, nos débilités.. tout ça, c'était quelque chose que j'adorais faire avec Andreas. C'était à base de qui a fait la plus grosse bêtise et qui énervera l'autre au maximum. Je crois que j'avais gagné avec ma soirée mousse, mais il m'avait fait le plus mal. Je l'avais cherché, certes. Cette complicité entre nous, c'était quelque chose de parti maintenant, parce qu'il avait décidé de grandir et parce que je refusais de le voir grandir. Ou alors c'était l'inverse. « Tu t'es trouvé une nouvelle colocation alors ? » Je ne me tourne pas, je ne réponds pas. Quel intérêt ? J'avais pas envie de répondre. « Tu me montreras à l'occasion ? » Je me tourne et le regarde. Il sourit. Sérieusement, il sourit ? Le pire dans tout ça c'est qu'il n'est même pas moqueur. Je le vois, je le sais parce que je connais Andreas. Je le connais et il me manque. Bien que je ne l'avouerais jamais. "Non Andreas, j'ai pas de colocataire et non j'ai pas envie de te montrer. " J'attrape mon sac et passe à travers l'appartement, si je pouvais courir, je le ferais. Sauf qu'un éclair se décide pile à ce moment pour se faire entendre, et bien évidemment, je sursaute. Ma respiration s'accélère un peu, je fais quoi au prochain ? Pas devant Andreas.. pas de faiblesse devant lui, pas cet Andreas là. "J'ferais mieux de.. " me dépêcher ? de courir ?

         

Carrément fanée. Apathique, même. Je ne l'ai pas tant cherché que ça, c'est plutôt elle qui a été chiante au possible les dernières fois où l'on s'est vus. Alors ouais, j'avoue, ça m'emmerde d'autant plus. « Non Andreas, j'ai pas de colocataire et non j'ai pas envie de te montrer. »  C'est clair, au moins. « OK. » Que je réponds en haussant les épaules, affichant un faux air indifférent. Elle passe à travers l'entrebâillement de la porte puis se faufile dans le couloir. Je la suis jusqu'au salon, moment où un violent flash éclair toute la pièce plus efficacement encore que l'aurait fait les lumières. A peine trois secondes plus tard, le tonnerre se prononce bruyamment, signalant ainsi sa proche position. Atlanta, soudainement immobilisée au beau milieu de la pièce, semble un peu troublée. « J'ferais mieux de.. » Je m'approche, la contourne pour me placer face à elle et planter mon regard dans le sien. Je m'apprête à lui dire qu'elle n'est pas prisonnière ici en déconnant mais cette expression sur son visage me rappelle alors quelque chose que j'avais oublié. A nouveau, un éclair foudroie l'atmosphère sombre et le visage de mon ancienne colocataire se décompose.  « Ça va ? » Ça n'a pas vraiment l'air. A vrai dire, je me souviens plutôt bien de sa peur du tonnerre, la fois où elle était venue se réfugier dans un coin de ma chambre, un teint complètement blafard sur le visage. Bon, il y en a plein des gens qui n'aiment pas le tonnerre, après tout. « C'est rien, ce ne sont que quelques petits éclairs... » Je dis cela en riant un peu pour détendre l'atmosphère avant de me diriger vers la porte ou plutôt vers le compteur électrique pour couper le courant...

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Je détestais l'idée d'être faible devant Andreas. Totalement. Je ne voulais pas qu'il ai le dessus face à moi, et quand on était tous les deux c'était comme enfermer deux lions sauvages dans une cage, on ne savait faire que observer l'autre et puis attaquer au moindre petit signe de faiblesse pour prendre le dessus ensuite et gagner le combat. Un combat, voilà dans quoi nous nous sommes enfermés. Le genre de combat qui ne fini pas sans son gagnant, et je savais qu'à ce moment là il pouvait attaquer quand bon lui semblait. La preuve, alors que je sursaute une première fois en perdant mes mots, il me contourne et se positionne face à moi. Lion prêt à attaquer, et moi je suis tout sauf prête à me défendre. Un nouvel éclair se fait entendre et là je flippe vraiment. Mon coeur a doublé de rythme et je cherche du regard un endroit où m'abriter, même si techniquement je suis déjà dans un appartement. « Ça va ? » Je ne réponds pas, parce que même si en cet instant, à l’intérieur de moi je suis morte de peur, j'ai deux pour cent restant de fierté qui me dit de ne pas répondre. « C'est rien, ce ne sont que quelques petits éclairs... » Je le regarde, sérieusement? Je secoue la tête, Andreas ne pourra pas se rattraper lui-même, évidemment. Je m'attendais à quoi ? à ce qu'il me donne une couverture pour que je me cache en dessous ? à ce qu'il arrête l'orage ? rien de mieux qu'une petite vanne bien placé pour calmer une personne morte de peur. Je le vois partir vers la porte, mais je sais qu'il va couper le courant, et je flippe encore plus. J'oublie même sa vanne minable, "attends tu fais quoi là ?" complètement folle. "Tu peux pas couper la lumière Andreas! On verra rien après et ça sera pire !" Les larmes me montent aux yeux bizarrement et j'ai cette sensation de picotement sur les joues. Je me sens angoissée et je veux tout sauf me retrouver comme ça face à lui. Sauf que là, c'est trop tard.

       

« Attends tu fais quoi là ? » Les yeux concentrés sur le compteur en face de moi, j'actionne ou plutôt dés-actionne le bouton concerné sans vraiment entendre la remarque d'Atlanta. Ce n'est qu'à la seconde que je perçois réellement son degré de stress. « Tu peux pas couper la lumière Andreas! On verra rien après et ça sera pire ! » Je fronce les sourcils et referme la petite porte du compteur électrique avant de me retourner vers elle. Qu'est-ce qu'elle me raconte ? N'a-t-elle jamais vu ses parents couper le courant électrique lors d'un orage ? « T'es mignonne mais je tiens à mon écran plat et à tous les autres engins électriques de cet appartement. La lumière attendra. » Mes yeux se posent sur elle dans le pénombre et quand je me rapproche, je la vois au bord des larmes, complètement paniquée. « Hé calme-toi, je suis là... » Murmuré-je à l'aide d'une petite voix à la fois assurée et intriguée. Je l'examine du regard un instant, comprenant par la force des choses que l'orage relève presque d'une phobie pour elle. Peut-être est-ce le cas... J'y connais rien, à ces trucs, et puis moi j'adore ce phénomène naturel qu'est la foudre, le tonnerre. Je trouve ça complètement fascinant. « On va s'éclairer autrement. » Je cogite un moment avant de la regarder à nouveau. « Tu nous avais pas acheté des bougies l'année dernière pour Halloween ? Tu les avais mises où ? » Il n'y avait qu'elle pour acheter ce genre de trucs d'ambiance, et si c'est bien le cas, je n'ai aucune idée d'où elle a pu les ranger. Quand on vit avec des filles, on prend l'habitude de perdre un peu le contrôle de notre habitat et des choses qui se trouvent à l'intérieur, c'est une règle générale je crois. Je questionne alors du regard mon ex-colocataire, stressée comme jamais. J'aimerais réellement la rassurer mais la vérité c'est que je ne sais pas du tout comment m'y prendre. Si j'ai bien compris, il lui faut d'abord de la lumière... et c'est bel et bien ce que je cherche.

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