Lorsque Bailey me répond alors, plutôt que de se justifier comme je l'attendais, il m'envoie la grossesse de Julia en plein dans la gueule. Pour le coup, le coup est, d'ailleurs, très mal reçu, dans la mesure où cet enfant, je n'en avais pas voulu, je ne l'avais pas planifié, au contraire, il m'était tombé dessus, comme cela, un beau jour, sans que je ne m'y attende ... Et pour une fois, contre toute attente, au lieu de fuir, j'avais décidé d'assumer. Je n'en reviens pas. Ce petit con est en train de me faire une scène parce que pour une fois dans ma vie j'accepte mes responsabilités et je ne les renie plus ? Non mais, décidément, on aura tout vu, hein.
- Putain mais tu te rends compte de ce que t'es en train de lire, au moins ? J'arrive pas à croire que tu puisses être aussi ... Aussi ... Putain !
Les mots me manquent, je suis incapable de m'exprimer tant je suis enragé par lui. C'était donc pour cela, ce silence radio, cette distance imposée ? Parce qu'on lui avait appris que Julia était enceinte de moi et qu'il n'avait pas eu les couilles de venir à moi pour avoir le fin mot de l'histoire ? Il est vraiment trop con, en fait, je ne m'étais pas trompé. Là, en ce moment, je suis partagé entre l'envie irrépressible de me jeter sur lui pour lui mettre mon poing dans la mâchoire et celle de me jeter sur lui pour l'embrasser sauvagement, parce que malgré tout, il est indéniable que même lorsqu'il me met dans tous mes états, je suis incapable de lui résister. L'effet qu'il me fait m'avait toujours été toxique. Je ne savais juste pas à quel point cela était vrai jusqu'à aujourd'hui. Plutôt que de faire quelque chose d'irresponsable, cependant, je n'en fais rien, me calmant subitement avant de lui dire, silencieusement :
- Parce que tu crois que je n'ai pas eu envie de te le dire ?
Là, il m'écoeure, à être aussi ... Aussi dégueulasse dans ses propos. Parce qu'il pense que je me joue de lui ? Que je me fous de sa gueule et que lorsque j'aurai fini de m'amuser dans son lit, je me contenterai de le jeter de côté ? Je suis mortifié face à ses accusations, réellement ... Blessé. Pendant des mois, cet idiot n'a fait que de me promettre son amour inconditionnel et inconditionné, et moi, comme un imbécile, j'y avais cru. Ce n'est qu'aujourd'hui que je vois à quel point j'avais eu tort dans mon jugement.
- Tu crois que c'est facile, d'apprendre un beau jour qu'une femme que tu n'as pas vu DEPUIS DES MOIS porte ta PUTAIN DE DESCENDANCE dans son ventre ? Tu crois que c'est FACILE, d'assumer quelque chose comme ça quand t'es même pas sûr d'avoir assez de moyens pour te nourrir jusqu'à la fin du mois ? Tu crois que c'est FACILE, PUTAIN DE MERDE, d'accepter ses PUTAINS DE RESPONSABILITÉS pour une fois, UNE SEULE FOIS, au lieu de les fuir ? J'ai eu raison de ne pas t'en parler, tout compte fait, parce que vraiment, t'es trop con pour comprendre.
Froidement, je le regarde, plissant des yeux, avant de rajouter :
- Et le pire, dans tout ça, tu sais ce que c'est, le pire ? C'est que j'ai essayé de te le dire, merde. J'ai voulu te le dire, plus d'une fois. Et tu sais ce que c'est, la seule PUTAIN de chose qui m'a empêché de m'ouvrir à toi, de te parler, POUR UNE FOIS de moi, de ma vie, de mes problèmes ? Tu sais ce que c'est, la seule chose qui m'a empêché de te faire CONFIANCE, Bailey ?
Attendant un instant avant de délivrer le coup de grâce, je décrète finalement d'une voix bien plus basse :
- Le pire, c'est que je ne te l'ai pas dit parce que j'avais peur que tu me rejettes. Que tu ne comprennes pas. Haha, ironique, n'est-ce pas, étant donné que c'est exactement ce que t'es en train de me faire, là. Putain, j'en reviens pas.
Une clope, vite, une clope. S'il vous plait, quelqu'un, donnez-moi une putain de clope.
- Dire qu'à un moment j'espérais que tu serai fier de moi ... Je suis vraiment qu'un gros con, en fait.
Il me parle alors d'Adriel, me jure qu'il ne s'était "rien passé" entre eux, mais je ne l'écoute pas. Lorsqu'il me dit m'aimer, je ne l'écoute toujours pas, encore sonné par ce qu'il vient de me dire. Dégouté, entière dégouté que le seul homme, la seule personne qui parvenait à me donner ce sentiment de plénitude que je recherchais désespérément depuis que Yaëlle avait disparu, ce Noël fatidique, en Thaïlande, ait décidé de se retourner contre moi. Je le laisse donc terminer sa crise enfantine de petite gamine prépubère, la rage au coeur et la haine au ventre, avant de le fusiller du regard, une dernière fois, plongeant mes iris glacées dans ses pupilles afin de bien lui faire peser le poids de ses mots et, avec un peu de chance, stimuler en lui un élan de culpabilité, si toutefois il sait ce que ce mot veut dire et ce qu'il implique.
- Ah ouais ?
Silence.
- Juste comme ça ?
Indigné, je cherche vainement mes mots avant de me mordre la lèvre et de secouer vigoureusement ma tête de gauche à droite, incrédule.
- Soit. Je me tire de là. Tu obtiens ce que tu veux, félicitations.
Je commence à me retourner, à marcher loin de lui avant de faire un virage à trois-cent soixante degrés pour clarifier un dernier détail :
- Mais qu'on soit clairs, toi et moi : c'est toi qui ne veut plus me voir. C'est toi qui m'envoie chier. C'est toi, avec tout ton amour, ton fameux amour incommensurable et inconditionnel (haha, la bonne blague), c'est toi et uniquement toi qui détruit ce que moi j'essaie de construire depuis des mois avec toi. Tout ça ... Je fais alors un large mouvement de bras afin d'englober un "tout" atmosphérique imaginaire. Tout ça, c'est toi qui l'a voulu, ne l'oublie pas. Pour ma part, j'en ai assez entendu. Tu passeras bien le bonjour à "Adriel", hein, quand il te baisera comme la chienne que tu es, ce soir. Je les déteste, bordel. J'ai envie de vomir. Il me rend malade, putain, à être tellement ... Détestable. Jamais je ne me serais attendu à ce que je puisse un jour avoir envie d'étrangler Bailey. Et pourtant, ce jour est bel et bien arrivé. Alors, plutôt que d'insister, je me barre. Je marche silencieusement, loin du camping, loin de lui, loin de toutes ses conneries. Il n'a pas intérêt à revenir vers moi, cette fois-ci, parce qu'il peut toujours crever s'il espère un jour se faire pardonner.
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