Rancœurs du passé
Il se faisait tard et nombreux étaient les clients qui prenaient peu à peu congé pour laisser place aux noctambules accoudés au bar. Je peinais à respirer tant l’air se faisait presque absent de par la fumée qui encombrait les locaux pour le grand plaisir des fumeurs. Ces derniers comme le reste de la clientèle peinaient à écouter le groupe qui se donnait en spectacle sur l’estrade. Sentiment que je partageais, jetant un coup d’œil aux musiciens bien trop accaparés par leur musique pour se rendre compte du calvaire qu’ils offraient à nos oreilles. Un verre à la main, planqué sur le côté de la scène, j’attendais avec une certaine appréhension le moment où il me faudrait les remplacer, moi qui n’avait pas touché une guitare depuis plusieurs années maintenant. Ma gorge se resserrait, s’asséchait si bien que je goutais une nouvelle fois au délicieux breuvage que le gérant m’avait offert en guise de remerciement. Comme ci ma présence se trouvait être le fruit de ma volonté, lui qui m’avait réclamé à mon patron dans l’espoir de m’accaparer le temps d’un soir pour pallier à une absence. Une aide qu’il ne pouvait refuser au frère de son épouse ! Me voici donc là, à attendre mon tour, presque anxieux de jouer pour des gens qui n’ont que faire de la musique. C’était stupide, il fallait bien le reconnaitre. Pourtant je sentais mon cœur chanceler chaque fois que mon regard se portait sur cette guitare, abandonnée et n’ayant que pour vocation celle de faire naitre dans les cœurs, un peu de chaleur.
« Oh Lawrens ! » Je levais la tête après quelques minutes d’absence, cherchant du regard celui avait osé me sortir de mes songes. « Qu’est ce que tu attends ? Que je te tienne la main ? » Bon sang ! Que je pouvais le détester, lui et son air suffisant. L’envie de lui faire mordre la poussière en lui dévoilant le fond de ma pensé me brulait de l’intérieur, mais je devinais que trop bien ce que seraient les conséquences d’un tel acte. Je ne pouvais me permettre de perdre mon emploi, de faire une croix sur l’argent que l’on m’avait promis pour gratter quelques notes de musique. Frustré dans l’âme, ce fut non sans un soupir que j’en vins à rompre les derniers mètres qui me séparaient de l’instrument. Je l’effleurais de mes doigts sous le regard agacé de mon responsable, flirtais avec ces cordes que je longeais sans qu’un sourire ne vienne s’emparer de mon visage. Le cœur battant je dû me résoudre à m’en emparer, à la porter au devant de mon corps pour finalement y jouer les premières note d’une mélodie que je connaissais que trop bien. Soudainement je me trouvais plongé dans le passé, me revoyant enfant, assis sur le bord de mon lit guitare à la main dans l’espoir de masquer les cris qui résonnaient dans tout l’appartement. De quoi faire renaitre les fantômes du passé, mais aussi des angoisses que j’avais jusque là tenté d’oublier. Il fallait me raccrocher au présent, à ces personnes à qui je devais offrir une once d’émotion, un sentiment de bien être. Mon regard parcouru alors l’ensemble de la salle, cherchant ainsi à jauger l’intérêt que pouvait bien me porter la salle. Du moins telle était mon attention jusqu’à ce que je remarque une silhouette pour le moins attrayante mais aussi familière. Intrigué je l’observais avec attention, jouant presque par automatisme. Scar…comment était-ce possible ? Si bien évidemment j’étais heureux de la revoir, d’observer combien le temps lui avait réussi, il m’était impossible de lui adresser le moindre sourire, d’exercer la moindre note plus haute qu’une autre dans l’espoir qu’elle me remarque. Si cela n’était pas déjà fait. Je l’ignorais, mais la rancune qu’elle pouvait me nourrir à ce jour était quant à elle, une certitude. Je l’avais abandonné, quitté au petit matin après avoir déposé sur l’une de ses joues un ultime baiser en guide d’adieu. Comment donc pouvait-elle accourir à ma rencontre, se blottir dans mes bras comme elle en avait pris l’habitude chaque fois qu’elle en ressentait le besoin ? Je la quittais du regard, m’étant impossible d’affronter plus longtemps encore, les nombreux souvenirs qui m’assaillaient.
Les minutes passèrent et l’heure de fermeture fut annoncée au reste de la clientèle. Quelques minutes encore et me voila délivré de toute emprise, de ce boulot mais aussi de la présence de Scar qui étrangement se faisait toujours présente. N’avait-elle donc personne qui l’attendait avec impatience ? J’achevais mon ultime mélodie, descendant l’estrade avec entrain avant de retrouver mon responsable le temps d’une soirée. « Bon et bien il est temps pour moi de vous quitter… » « Tu rigoles j’espère ! Tu n’as pas encore nettoyé le bar. » Assurément il se moquait de moi, du moins j’en avais l’intime conviction si bien qu’un rire en vain à s’échapper de mes lèvres. « Vous n’êtes pas sérieux ! » « J’ai l’air de plaisanter ? » Le bougre me zieutait d’un regard froid, pour ne pas dire autoritaire et sans le moindre sourire. Il était plus que serieux si bien que le fin sourire que je m’étais efforcé de lui offrir en guise d’amabilité s’en était allé. « Ce n’était pas ce qui était convenu » A son tour il se mit à rire, me donnant l’impression d’être pris le dindon de la farce. « Je suis seul décisionnaire ici, j’ordonne, tu exécutes tu piges ?! Tu partiras quand le bar sera propre. Laisse les finir leurs verres et remets toi au boulot ! Je reviens d’ici deux ou trois heures, je veux que tout soit nickel à mon retour. C’est à cette unique condition que tu toucheras ton fric. » L’impatience me gagnait, tout comme mon envie de lui présenter les planches du bar dont il me confiait la garde le temps de s’offrir une partie de jambe en l’air. Quel homme présomptueux ! Je fulminais, marmonnait d’innombrable insultes tandis qu’il quittait l’établissement aux bras de sublimes créatures. Je priais pour une nuit d’impuissance, d’une MST transmise et qui m’offrirait la joie de lui retirer ce sourire narquois qui semblait refuser de quitter son visage. « Connard » Mécontent, j’en oubliais la présence de Scar, me glissant derrière le bar pour amasser les verres des clients déjà envolés…
« Oh Lawrens ! » Je levais la tête après quelques minutes d’absence, cherchant du regard celui avait osé me sortir de mes songes. « Qu’est ce que tu attends ? Que je te tienne la main ? » Bon sang ! Que je pouvais le détester, lui et son air suffisant. L’envie de lui faire mordre la poussière en lui dévoilant le fond de ma pensé me brulait de l’intérieur, mais je devinais que trop bien ce que seraient les conséquences d’un tel acte. Je ne pouvais me permettre de perdre mon emploi, de faire une croix sur l’argent que l’on m’avait promis pour gratter quelques notes de musique. Frustré dans l’âme, ce fut non sans un soupir que j’en vins à rompre les derniers mètres qui me séparaient de l’instrument. Je l’effleurais de mes doigts sous le regard agacé de mon responsable, flirtais avec ces cordes que je longeais sans qu’un sourire ne vienne s’emparer de mon visage. Le cœur battant je dû me résoudre à m’en emparer, à la porter au devant de mon corps pour finalement y jouer les premières note d’une mélodie que je connaissais que trop bien. Soudainement je me trouvais plongé dans le passé, me revoyant enfant, assis sur le bord de mon lit guitare à la main dans l’espoir de masquer les cris qui résonnaient dans tout l’appartement. De quoi faire renaitre les fantômes du passé, mais aussi des angoisses que j’avais jusque là tenté d’oublier. Il fallait me raccrocher au présent, à ces personnes à qui je devais offrir une once d’émotion, un sentiment de bien être. Mon regard parcouru alors l’ensemble de la salle, cherchant ainsi à jauger l’intérêt que pouvait bien me porter la salle. Du moins telle était mon attention jusqu’à ce que je remarque une silhouette pour le moins attrayante mais aussi familière. Intrigué je l’observais avec attention, jouant presque par automatisme. Scar…comment était-ce possible ? Si bien évidemment j’étais heureux de la revoir, d’observer combien le temps lui avait réussi, il m’était impossible de lui adresser le moindre sourire, d’exercer la moindre note plus haute qu’une autre dans l’espoir qu’elle me remarque. Si cela n’était pas déjà fait. Je l’ignorais, mais la rancune qu’elle pouvait me nourrir à ce jour était quant à elle, une certitude. Je l’avais abandonné, quitté au petit matin après avoir déposé sur l’une de ses joues un ultime baiser en guide d’adieu. Comment donc pouvait-elle accourir à ma rencontre, se blottir dans mes bras comme elle en avait pris l’habitude chaque fois qu’elle en ressentait le besoin ? Je la quittais du regard, m’étant impossible d’affronter plus longtemps encore, les nombreux souvenirs qui m’assaillaient.
Les minutes passèrent et l’heure de fermeture fut annoncée au reste de la clientèle. Quelques minutes encore et me voila délivré de toute emprise, de ce boulot mais aussi de la présence de Scar qui étrangement se faisait toujours présente. N’avait-elle donc personne qui l’attendait avec impatience ? J’achevais mon ultime mélodie, descendant l’estrade avec entrain avant de retrouver mon responsable le temps d’une soirée. « Bon et bien il est temps pour moi de vous quitter… » « Tu rigoles j’espère ! Tu n’as pas encore nettoyé le bar. » Assurément il se moquait de moi, du moins j’en avais l’intime conviction si bien qu’un rire en vain à s’échapper de mes lèvres. « Vous n’êtes pas sérieux ! » « J’ai l’air de plaisanter ? » Le bougre me zieutait d’un regard froid, pour ne pas dire autoritaire et sans le moindre sourire. Il était plus que serieux si bien que le fin sourire que je m’étais efforcé de lui offrir en guise d’amabilité s’en était allé. « Ce n’était pas ce qui était convenu » A son tour il se mit à rire, me donnant l’impression d’être pris le dindon de la farce. « Je suis seul décisionnaire ici, j’ordonne, tu exécutes tu piges ?! Tu partiras quand le bar sera propre. Laisse les finir leurs verres et remets toi au boulot ! Je reviens d’ici deux ou trois heures, je veux que tout soit nickel à mon retour. C’est à cette unique condition que tu toucheras ton fric. » L’impatience me gagnait, tout comme mon envie de lui présenter les planches du bar dont il me confiait la garde le temps de s’offrir une partie de jambe en l’air. Quel homme présomptueux ! Je fulminais, marmonnait d’innombrable insultes tandis qu’il quittait l’établissement aux bras de sublimes créatures. Je priais pour une nuit d’impuissance, d’une MST transmise et qui m’offrirait la joie de lui retirer ce sourire narquois qui semblait refuser de quitter son visage. « Connard » Mécontent, j’en oubliais la présence de Scar, me glissant derrière le bar pour amasser les verres des clients déjà envolés…
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