C'est un peu la panique chez moi ce soir. Je me perds entre toutes les fringues de ma garde robe. Je ne sais pas quoi porter pour mon rendez-vous avec Greg ce soir. J'ai envie d'être parfaite pour lui, surtout sachant que je ne le reverrai pas pendant les deux mois à venir. Rien que d'y penser, je suis triste. Beaucoup de chose peuvent se passer en deux mois. J'aurai aimé qu'il vienne avec moi à Coachella, mais au fond je sais que c'est inutile. Ce n'est pas le genre d'endroit qu'il fréquente. Loin de là.
Après une bonne demi-heure de questionnement, et sur les bons conseils de Winter -mon amie de la mode-, j'opte pour un tenue chic : un haut en dentelle blanc qui s'associe très bien avec une jupe noire volante. C'est simple mais ça fait toujours son effet. J'essaie de rester classe parce que je sais que c'est ce genre de chose qu'il aime. J'espère vraiment lui plaire, pour qu'il se dise que je vais lui manquer pendant mon absence. Je me prépare en conséquence, pour marquer le coup., habitée par un tel sentiment d'excitation. C'est inexplicable ! J'ai toujours l'impression d'agir comme une gamine de quinze ans quand il s'agit de lui, mais c'est plus fort que moi. Je veux que tout soit parfait.
Enfin l'heure de partir. Le taxi m'attend en bas de la rue et je prend soin d'envoyer un message à Greg pour lui signaler que je sors de chez moi. Sur sa demande. Si cette attention ne veut pas dire qu'il tient à moi, je ne m'appelle plus Zoé. Lorsque j'arrive devant le Braxas Hôtel où il a réservé une table pour nous -parce que c'est ce genre de lieu luxueux avec un grand L- je ne le vois pas. Je paie le taxi et entre dans le bâtiment pour l'attendre à l'abri du vent. Cette bâtisse est tellement immense que c'en est intimidant. On est minuscule en comparaison de ses murs. Je croise deux trois fans qui souhaitent prendre des photos avec moi. Avec plaisir, je suis toujours d'accord pour des selfies ! J'entends alors qu'on m'interpelle et quand je me retourne, enfin je vois Greg. Mon cœur saute un battement face à tant de classe. Le voir m'avait manqué et me rend complètement perturbée. Mais c'est dans un élan d’enthousiasme total que j'accours vers lui, le sourire jusqu'aux oreilles en criant son nom.
La passion de Louise aura raison de moi, autant que celle de Molière a eu raison de lui. J'ai vu ces flammes danser sur ma peau jusqu'à entrer dans mes chairs et les brûler. Mon corps paralysé, j'ai senti la douleur crisper chacun des membres de mon corps. Et mon cri s'élevait dans la salle, transperçant le toit pour flotter jusqu'à la lune. Car c'est là-bas que j'ai abandonné ma fierté et mon amour propre.