Il fait le fier, il fait le beau et j'ai presque envie de lui tirer la langue tant il m'irrite, là, actuellement ... Mais je me retiens : je suis une grande fille, après tout. Je suis au delà de tous ces enfantillages, au dessus de ces gamineries. Je me contente donc de soupirer, lui balançant au passage un regard assassin qui en dit long sur mon humeur actuelle. Je cède cependant éventuellement à ses tendres regards et à ses mots doux, incapable d'y résister bien longtemps. Je suis une fille, après tout, et lorsqu'un bel homme nous parle ainsi, il est tout bonnement impossible de rester longtemps fâchée contre lui. C'est un peu comme une constante universelle - une loi de la nature invariable qui existe depuis la nuit des temps et ne cessera jamais d'exister. On est comme ça, nous, les filles : on aime, on aime trop et on aime toujours. Que ce soit vis à vis de nos parents, nos familles, nos amours ou nos amis, nos sentiments finiront toujours par prendre le dessus tant nous sommes incapables de vivre sans eux. Le jour où je serai capable d'en vouloir, réellement, à Brad' n'est pas encore arrivé, tout simplement parce que, s'il est vrai qu'il peut parfois être cruellement bête ... Il est également vrai que je ne pourrai absolument plus me passer de lui au quotidien. Bradley, c'est un rayon de soleil qui filtre au travers des rideaux de mes paupières et sait me donner le sourire, même lorsque je n'ai qu'envie de pleurer. Bad B', c'est le meilleur ami qui sait déjà ce que je pense et surtout, ce que je veux, avant que je ne le sache moi même. C'est celui qui me connait comme s'il était à l'intérieur de ma tête, tant et si bien qu'il fait partie de moi, à présent. Ce n'est pas l'ami que je connaisse de plus longue date, mais c'est en toute certitude celui avec le qui j'ai vécu le plus de folles aventures ... Et quelles folles aventures !
Je lis quelque chose dans son regard ... Un jeu, un amusement. Je lis qu'il comprend exactement ce que je pense, en ce moment présent, et cela me fait sourire. C'est les moments comme celui-ci qui me permettent de me rappeler pourquoi exactement je le considère lui et pas un autre comme étant mon meilleur ami. Nous deux, on se comprend, en fait, comme personne n'a jamais su me comprendre auparavant et comme personne ne pourra très certainement jamais me comprendre. Je suis un génie, en fait, et personne ne le voit sauf lui ... Et c'est possiblement ce qui me plait le plus, chez lui, d'ailleurs : ce regard admiratif qu'il a de moi et qu'il ne peut s'empêcher de me lancer dès qu'il me voit. La façon dont ses yeux me dévorent lorsqu'ils croisent mon chemin, avides d'en savoir davantage sur moi et sur ma journée. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il m'avait regardé d'une certaine façon et je me rends compte, maintenant, que son regard envers moi n'a jamais changé depuis. C'est alors que Marc revient, interrompant ce tendre moment partagé entre amis. Quel dommage. S'il aurait pu glisser sur une peau de banane sur le chemin, cela m'aurait arrangée, pour le coup ... Mais il faut croire que ce n'était pas le cas. Je lui fais alors la conversation, plus par politesse que par curiosité, soupirant intérieurement, cependant, face à la réponse très certainement impressionnante (et donc, terriblement ennuyante) qu'il risque de me fournir dans les prochaines minutes. Je profite du moment de réflexion de l'auteur, d'ailleurs, afin de chercher les doigts de Brad' des miens, tâtonnant aveuglément sous la table jusqu'à ce que je ne les trouve. Souriant en coin lorsque ma peau rencontre la sienne, je caresse tendrement les jointures de sa main avec un plaisir évident. C'est alors que ses doigts lourds et virils emprisonnent les miens. Dans un sourire, je le regarde, coquinement. Il voulait jouer ? On allait jouer. Et j'allais gagner.
C'est alors que ses dix soeurs se dérobent des miennes et, déçue, voilà que je commence à reculer mon bras vers mon corps à moi ... Jusqu'à ce que sa main ne vienne les rattraper de nouveau. Un jeu de séduction et de tentation s'installe entre nous, comme à chaque fois que l'on s'ennuie, et je ne peux m'empêcher de me dire que malgré les pays exotiques que Mark a dû voir par le passé, il n'a sans doute jamais rien connu d'aussi rafraichissant et de nouveau que les caresses de Bradley. Encore heureux, si vous voulez mon avis. Je suis au courant de son penchant pour les deux sexes mais si je ne me trompe pas, même Brad' a des critères relativement sélectifs en matière de partenaires et je peux garantir que celui-ci ne correspond pas aux normes établies par ses fantasmes. Pas du tout, même. L'autre me dit qu'il pense que j'aimeraisles voir, ses pays, et si je souris poliment avant de lui répondre que
Très certainement, oui, je me contente de me dire que ce que je veux, surtout, c'est de le voir s''étouffer sur les cacahouètes qu'il mange stupidement depuis notre arrivée ici. Sérieusement, les serveurs nous avaient offert les stocks du bar tout entier ou ... ? Non, parce que clairement, ce n'est pas possible que le pot ne soit pas encore vide, vu l'allure à laquelle il continue de s'y attaquer. Brad' semble fasciné par le discours de l'auteur (ironie), mais lui demande tout de même une liste de ses destinations. Et là ... Je dois avouer que je commence à paniquer, parce que cela ne m'intéresse absolument pas et que je pense que je vais mourir si j'écoute ne serait-ce qu'un seul mot de plus de la part de cet écrivain de pacotille mal habillé par son imprésario. La main de Bradley remonte alors vers la mienne avant d'aller plus loin, encore plus loin, cherchant en mon corps le confort que cette soirée n'a pas su lui apporter. Si j'avais hésité à jouer cette carte plus tôt, ce moment avait suffi à m'aider à me décider et c'est pour cela que soudainement, je marmonne d'une voix faible et sans forces :
- Je ne me sens pas très bien tout à coup ... Je vais devoir jouer l'alcoolique lubrique mais cela ne me dérange pas si cela veut dire que Bradley pourra me raccompagner loin de l'autre idiot. Et puis ... Il faut avouer que j'ai peut être plus bu que je n'aurais dû le faire, soyons honnêtes pour une fois.