Appel de Maggie à Teru

Je sors de la mairie avec un nouveau passeport, tout frais, tout neuf pour cet été. Et ça fait du bien putain ! Puis voilà que je reçois un message de Teru. Mad's ? ... Est-ce qu'il s'était trompé de lettre ? Ou de personne ? Je fixe mon portable pendant un moment avec hésitation, avant de rappeler, une fois dans ma voiture. Après tout on ne sait jamais. C'est urgent a-t-il dit. Alors j'espère que ce n'est pas Helo ou le bébé qui vont mal...

Sérieusement... pourquoi c'est moi qui finissais là, hein? Parce que j'avais pas pu me réfréner face à l'autre enflure? Il avait essayé de me frapper aussi, hein! Rien a faire, le gardien ne voulait pas même m'écouter depuis tout à l'heure, surement parce que j'étais asiatique... sale raciste de... urgh! On faisait tout un foin pour les blacks, mais c'était pas facile d'être oriental non plus, loin de là. Bref. J râlais encore un peu jusqu'à ce qu'on me laisse répondre a l'appel téléphonique qu'on venait de me lancer, plein d'espoir concernant le fait que Madison me rappelle déjà pour me sortir d'ici. "Ah, Madison! Dis-moi que t'as pas occupée, pitié? J'ai besoin de toi, là... y'a eu des embrouilles avec Blake et, hum, bref."

Quand Teru décroche je n'ai même pas le temps de dire un mot qu'il en débite des milliers, à toute vitesse. J'essaie de comprendre, mais franchement, je suis perdue... "Wow wow ! Teru, Teru ! Relax." Je sens qu'il a compris dès qu'il entend ma voix... "Déjà c'est Maggie, pas Madison... Désolée." Ouais, j'avais raison : il s'est trompé de destinataire. Mais il semble vraiment embêté. J'aime pas ça. "Tu vas bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?"

Attendez... cette voix, c'est pas Madison... je me suis trompé? Ah, le con... Maggie? Eeeeeeeeeeh merde... fallait que je tombe sur une amie proche d'Heloïse, forcément, ça n'aurait pas été drôle, sinon. Pour le coup, je me redressais un peu et me mordis la lèvre inférieure, gêné. "Oh, euh... désolé, salut, Maggie... j'ai du appuyer sur son nom sans faire exprès..." un temps. "Euh... t'es occupée, là?"

Immédiatement, le ton de sa voix se calme, et je souris bêtement en imaginant sa tête de l'autre côté du combiner, réalisant qu'il a fait une gaffe. "C'est pas grave, t'en fais pas. Ca arrive." Pendant qu'il enchaîne, je coince mon portable entre mon épaule et mon menton, et vais chercher le donuts que je venais d'acheter, pour le dévorer tranquillement avant de rentrer. En fait, j'ai la dalle. "Non non, pourquoi ?" je demande la bouche pleine.

Sa réponse me décrocha un petit sourire malgré moi et je me passais la main dans les cheveux avant de déposer mon regard sur la moustache rousse du flic de l'autre côté de la grille. Forcément... un roux sans âme... "Ah.ha.ha... oui, j'imagine?" Je me léchais un peu la lèvre inférieure pour me l'humidifier, puis baissais légèrement la tête, tout penaud. "Euh, parce que... ben... disons que... si je te paye le dîner et qu'on en parle tranquillement à ce moment-là, ça te va?" Je souris, comme si elle pouvait me voir. "Faudrait juste venir me chercher au commissariat?"

C'est mal poli de parler la bouche pleine ? Au téléphone encore plus n'est-ce pas ? Parait-il... Mais ce donuts est tellement bon. J'entends Teru rire doucement au bout du fil. Finalement, il a compris sa gaffe. Puis voilà qu'il me propose de me payer à diner. Je culpabilise presque de bouffer ; à croire que ça tourne autour de moi. Mais je ris malgré tout. "Carrément un diner ? T'es généreux dis donc. Qu'est-ce qui-" QUOI ? Je manque de m'étouffer et recrache immédiatement la pâtisserie dans ma main quand il avoue être au commissariat. "Le commissariat ? Vraiment ?" Sa petite voix intimidée me prouve que tout ça est réel. "Putain mais qu'est-ce que tu fous là bas ?" Tu m'étonnes qu'il n'appelle pas Hélo...

Oulah, le bruit d'étouffement, c'était pas particulièrement bon signe... mais je pouvais pas mentir, si ? Je sais... je sais, je fais un peu n'importe quoi, en ce moment, il paraît... c'est comme si j'essayais de tout concentrer sur cet été, parce qu'à partir d'Octobre, faudrait que je sois sage pour Leo. Enfin... si Helo veut encore de moi d'ici là. « Eh... bien... » Je me pinçais les lèvres, très gêné par tout ça, même si dans le fond, je n'étais paaaaas tellement en tort, dans ma tête. « Les flics sont intervenus pendant qu'on se tapait dessus. » Mais j'ai quand même pu lui en mettre une bien comme il faut dans la tronche et je suis fier de moi pour ça ! « Il a insulté ma femme ! J'y peux rien, c'est parti tout seul, je regrette pas. » Et menacé de dévoiler certaines vidéos sur facebook pour bien la couler, éventuellement... j'étais pourtant sûr qu'on avait effacé presque tout ce qu'il possédait sur elle. Je le hais...

Je suis incapable d'avaler ce donuts finalement. Je suis littéralement et concrètement sur le cul en entendant ça. Je me dis que s'il a merdé, ça risque de partir en live avec Helo... J'espère que ce n'est pas trop grave. Je sens qu'il hésite dans ses mots, qu'il n'ose pas dire clairement ce qu'il s'est passé. Pendant qu'on se tapait dessus hein ? "Quoi ? T'as frappé un mec ?" Mais qui ? Et pourquoi ? Je n'ai même pas le temps de demander qu'il se justifie immédiatement, comme si c'était une nécessité. Je marque un temps quand il dit que l'autre mec en question a insulté Helo. D'un côté je comprends, si j'avais été un homme courageux, j'aurai surement frappé à sa place aussi. Mais... Quel bordel pour avoir fini chez les flics ! Silencieuse, je soupire simplement dans le combiner avant de finalement dire "Ok, bon. Je suis en ville là t'façon. J'arrive dans 5 - 10 minutes." Je démarre le moteur de ma voiture. "Bouge pas." Comme s'il en avait la possibilité...

Oh, elle va venir, alors? Fiouuh... amen. Je soupirais un coup en me laissant partir sur le dos contre le lit, puis passais ma jambe par-dessus l'autre nonchalamment. "Oh, moi qui avais déjà commencé à creuser un passage depuis les toilettes pour m'échapper comme dans prison break..." C'est peut-être pas le moment de plaisanter, hein? Désolé, c'est la nervosité... "Hum, désolé... merci infiniment, t'es un ange, tu me sauves la vie!" Et ça, c'était parfaitement sincère. "À tout de suite." Je souris légèrement avant de raccrocher, puis de lécher un peu ma commissure de lèvre. Erf... ils auraient AU MOINS pu me soigner, non? Soulagé, bien que fébrile, je rendis donc le portable au flic, puis me levais en retirant mon t-shirt avant de commencer a faire des pompes au sol, pour me concentrer sur un truc terre à terre afin d'éviter de raconter d'autres bêtises.

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