You look like a ghost to me • Axian

Axel & Julian - Family Portrait
You look like a ghost to me

« Hein ? Oh oui, d’accord, pas de souci, j’vais déposer ça là-bas. Okay ! A plus. » Il raccroche et baille longuement avant de faire une moue boudeuse. Grumpf, faut toujours qu’elle le réveille pendant qu’il dort la chieuse. Il s’étire tout en baillant avant de redresser la tête et de fixer l’heure d’un air désespéré. « La séance photo ! » Il se lève en sursaut avant de courir dans la douche. Mais quelle journée de dingue. Entre la comédie musicale, les répétitions, l’émission, le coachella, les représentations avec Lewis, son clip à monter, il est complètement out et déphasé, mais en réalité, il revit. Il se sent comme avant, comme en Corée. Des projets par-dessus la tête, pleins de choses à gérer. C’est si bon. Il se lave et en profite pour se détendre sous l’eau chaude avant de se faire assez beau. Il doit juste faire une petite séance photo avec les autres concurrents mâles de l’émission, les filles y ayant eu le droit la veille avec des solos pour les génériques, tout comme ils ont fait des photos de « couples ». Il enfile une chemise blanche sans manche avec une cravate rouge et un pantalon de la même couleur avant de se coiffer, d’enfiler une veste, puis ses chaussures et de prendre les playlists de leur futur passage pour l’équipe technique et demain, ils seront un peu filmés durant leurs répétitions. Ça va être mignon tout ça. Il part rapidement et roule jusque là-haut sans vraiment respecter les limites de vitesses, comme souvent, heureusement qu’il ne se fait jamais attraper. La séance de photos se passe bien, il est un habitué et on a pas vraiment à le reprendre sur ça, une chance vu l’humeur de chien du photographe. « Excusez-moi, je dois donner la playlist à qui ? » On lui montre un jeune homme plus loin sans même lui adresser un mot. Il s’incline doucement pour ne pas avoir à parler non plus avant de rager dans sa barbe inexistante, puis d’aller aborder l’homme en question. « Pardon, j’viens vous donner la pl…. » Il n’arrive pas finir sa phrase, il est sous le choc, il le regarde avec des yeux globuleux en secouant doucement sa tête par surprise. « G… Gaël ? » Il en tomberait le cul à terre, mais une fois l’étonnement de passé, il l’attrape dans ses bras. « Oh mon dieu, j’y crois pas. C’est bien toi !! » Il le serre fortement tout en sautillant en l’air. Retrouver son cousin, à LA, après des années… Sérieusement, c’est un miracle, surtout que sa mère lui avait dit que lui et sa sœur avaient disparus sans rien dire à personne. « J’ai du mal à y croire. » Il le fixe dans un grand sourire. « Pourquoi t’es pas venu me trouver ? » Après tout, tout le monde sait qu’il est à LA maintenant dans la famille.

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La rigueur n’est pas mon plus gros trait de caractère. Mais lorsqu’il s’agit du travail, plus rien n’existe si ce n’est la perfection. C’est pourquoi, même après trois jours intenses de répétition, je mets toujours autant d’assiduité à la tâche. M’attelant à vérifier câblage, table et son toute la journée pour que tout soit parfait pour le jour J. Un show en direct, ça ne pardonne pas et dans mon métier, ce genre d’erreur peut tout foutre en l’air. Je continue mes manœuvres, sans vraiment m’intéresser à ce qu’il se passe sur le plateau en dehors des hauts parleurs qui hurlent. La télé. Une vraie fourmilière, des techniciens de tout genre se bousculent pour créer décors, chorégraphie, film et photo … C’est toujours aussi impressionnant et toujours aussi électrisant. « Pardon, j’viens vous donner la pl…. » . Ma tête se tourne immédiatement vers l’homme qui m’adresse la parole et qui ne termine étrangement pas sa phrase. Mais tout s’explique lorsque je distingue son visage fin à mi chemin entre l’Europe et l’Asie. Je n’ai même pas reconnu sa voix. Mais lorsqu’il me serre dans ses bras je comprends qu’il n’y a plus aucun doute à avoir. Cette étreinte presque fraternel me rappel combien nos liens étaient puissants autrefois … Combien ils se sont appauvris, disloqués. Je lui en veux terriblement de ne pas m’avoir soutenu lorsque j’en avais besoin, je lui en veux terriblement d’être là aujourd’hui même si mon esprit avait refoulé ce détail pourtant bien connu. « Julian … ». Mes lèvres murmurent, soufflent, agonisent. Mes membres tremblent encore de ce nom qu’il appel. Gaël. Il n’est plus, il est mort. Et toi aussi Julian, tu es mort avec lui. « Lâchez-moi ! ». Je le repousse vivement, avec une pointe d’agressivité. « Qu’est-ce qui vous prends ? ». Je le repousse, je le rejette, pour qu’il passe pour un fou, si ce n’est moi le fou, le fou de croire qu’il abandonnera aussi facilement …

Axel & Julian - Family Portrait
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« Julian … » Il sourit en entendant son prénom se murmurer. Il comprend la surprise de son cousin, mais pas son choc tout de même. Enfin… D’accord, c’est un choc de se retrouver ici, comme ça, après tant d’années. Il sait qu’il lui a tourné le dos pour pouvoir partir en Corée et que ça n’a pas été facile. Ils étaient fusionnels avant et en partant, tout ça s’est émietté, mais il ne pensait pas que ça casserait réellement quelque chose. Gaël le repousse violemment. Julian le fixe sans comprendre. « Lâchez-moi ! Qu’est-ce qui vous prends ? » « Pardon ? » Il lui parle en français, il sait pertinemment qu’il le comprendra et que ça les mettra dans une petite bulle d’intimité malgré les personnes autour d’eux. « Tu te fous de ma gueule ? » Il est en colère de se faire rejeter ainsi. Non vraiment, ce n’est pas comme ça que ça devait se passer. « Après autant de temps, c’est tout ce que tu trouves à me dire ? » Ils doivent passer pour deux amants qui se retrouvent tumultueusement. Après tout, qui pourrait les soupçonner d’avoir le même sang ? D’être de la même famille ? « Je sais que tu as jamais digéré mon départ en Corée, mais c’est toi qui a coupé les ponts par orgueil, pas moi ! » Il le regarde encore avant de soupirer tristement. « Gaël… J’comprends pas, il se passe quoi ? Pourquoi t’es à LA ? Ma mère disait que tout le monde s’inquiétait pour vous dans la famille… J’t’ai envoyé plusieurs mails. Et ta sœur, elle est où, elle va bien ? » Décidément, ils sont poissards chez les Lévy. « Tu me détestes au point de réellement vouloir m’ignorer ? » Il le regarde dans les yeux. Il refuse de croire que tout ce qu’ils ont partagé jusqu’à présent peut être mort.

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Mon sang boue dans mes veines. Mais je ne saurais dire ce qui cause ce phénomène. La rage d’une vieille rancœur, la colère d’une erreur aussi stupide. J’aurais pu le frapper, juste pour le faire disparaître … Et pourtant, dès lors que des sonorités françaises atteignent mes tympans, je me calme. Personne ne peut nous entendre, tout du moins nous comprendre. Cette intimité, ce cocon me rassure immédiatement, même s’il n’efface pas complètement la colère. «  Ma fierté ? Tu l’as piétiné le jour où tu es parti sans même te retourner ! ». Je siffle, je crache. C’est de sa faute et non de la mienne, je n’en démordrais pas. « Tu n’étais pas là quand j’étais dans la merde, quand tout est parti en couille ! ». Non il n’était pas là et je lui en veux terriblement. Mon frère de cœur, mon cousin de sang. Celui que je pensais à mes côtés, quoi qu’il arrive, jusqu’à la fin de ma vie s’il le fallait, si je l’avais décidé ainsi. Je ne pouvais pas comprendre, je ne pouvais pas voir pourquoi il avait fait ce choix, trop enfermé dans mon amour propre, mon égoïsme et mon besoin de garder les personnes qui me sont chers trop près de moi. « Je n’ai rien à te dire, tout va bien pour nous, on se démerde comme d’habitude. ». J’aurais du lui préciser que je ne m’appelle plus Gaël, qu’il ne devait surtout pas prévenir la famille de notre présence ici. Mais emporté par l’émotion, je n’avais plus aucune réflexion.

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«  Ma fierté ? Tu l’as piétiné le jour où tu es parti sans même te retourner ! » Il croit rêver d’entendre ça. « Parce que tu crois que c’était facile pour moi ? » Partir dans un pays étranger sans personne, ne revoir sa famille qu’au bout de trois ans d’entraînement intensif, tout ça pour finir comme ça. D’accord, il a vécu quelque chose de grandiose, mais tout quitté était TOUT sauf évident. « Tu n’étais pas là quand j’étais dans la merde, quand tout est parti en couille ! » « J’aurais voulu être là… » Il le regarde dans les yeux. Vraiment, il aurait aimé. C’était loin d’être les paillettes et la vie de rêve tous les jours là-bas et il aurait fait n’importe quoi pour son cousin. Le voir si en colère après lui est un véritable crève-cœur. Ils sont impulsifs autant l’un que l’autre. Julian sert ses poings. Cette rencontre, aussi extraordinaire soit-elle, pourrait rapidement tourner à la bagarre, juste à cause de leurs égos mal placés. « Je n’ai rien à te dire, tout va bien pour nous, on se démerde comme d’habitude. » « Connard. » C’est sorti tout seul, il doit l’admettre. « Toi, t’étais où quand ils m’ont foutu à la porte pour une connerie ? Quand les parents ont été ruinés ? Que maman ou Jérem m’appellent toutes les semaines pour que j’aide à régler une dette par-ci, une par-là alors que j’ai déjà dû payer en Corée pour une faute minime que des salopards ont montée comme la pire attaque du monde ? » Il le fixe dans les yeux. « T’étais où Gaël ? » Il se met face à lui avant de le pousser. « Centré sur tes soucis ? Comme toujours ? Tu sais que j’aurais accouru à la moindre demande de ta part. Tu m’as rayé de ta liste parce que j’ai poursuivi un rêve éphémère qui t’incluait pas pour la première fois depuis notre naissance. J’suis désolé pour ça, mais pas pour être parti. Malgré tout, c’était la chance de ma vie et t’aurais fait la même chose à ma place. Ne dis pas le contraire ! »