Trust me, I don't need you.
KAI NORTON AND ZOE BAROVITCH
Les portes de l’ascenseur s'ouvrent enfin sur l'immense couloir vide de l'hôtel. J'ai l'impression que le trajet a duré une éternité. Avec difficulté, je me redresse et sors, marchant jusque ma chambre. Mes pieds se posent au hasard devant moi ; c'est comme si je ne pouvais plus les contrôler. Tout mon corps d'ailleurs. L'alcool a eu raison de moi ce soir. Mes origines russes ont été un parfait prétexte pour affirmer que j'étais solide mais je suis arrivée à un point où la crédibilité m'a totalement quitté. J'ai vu défiler les verres de vodka à une vitesse folle. Cette pyjama party était la meilleure de toute ma vie. J'en ris encore, seule en marchant. A plusieurs reprises, je manque de m’aplatir au sol mais me retiens aux murs, le rire facile. Je dois faire du bruit pour les voisins, mais à vrai dire, je ne réalise pas le degrés sonore de mon ton de voix. Je suis beaucoup trop mal pour avoir conscience de quoi que ce soit.
Le numéro 17 semble se dessiner devant mes yeux. Ça y est, je suis devant ma porte de chambre. Je fouille maladroitement mes poches pour y trouver mon passe... En vain. Je fronce les sourcils bêtement. Je comprends pas, il devrait être là. Une nouvelle fois, je replonge mes mains dans les poches de mon short de pyjama. Rien. Je l'ai peut-être oublié dans la suite où a eu lieu la soirée. « Mais quelle conne... » Je soupire, prenant ma tête dans mes mains. Je ferme les yeux une seconde, le temps de reprendre mes esprits. Mais c'est inutile. Dans le noir, la tête tourne deux fois plus vite et j'ai le sentiment que mon sang fait un tour complet avant de s'arrêter un instant, puis repartir. Finalement, je pose mon front contre la porte de ma chambre et frappe violemment -même si avec mes petits bras ça ne fait pas grand chose. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'espoir que quelqu'un m'ouvre, il n'y a personne dedans... Tout à coup, j'ai une impression de déjà vu. Enfin, je me suis déjà dit la même chose plus tôt dans la soirée. "N'oublie pas ton passe, puisque personne ne pourra t'ouvrir." Puis je l'ai mis à côté de mon téléphone pour ne pas l'oublier. Mais finalement ça n'a rien empêcher puisque je suis partie sans... BOUFFONNE QUE JE SUIS ! Je tire sur mes cheveux en grimaçant comme une dinde (mais pas trop fort non plus, faut pas faire mal à mon cuire chevelue !), puis me déchaîne à nouveau sur la porte. « Ouvre moooooooi ! Je veux rentrer ! » Quitte à réveiller tout le voisinage, peu importe. J'ai besoin d'aide, je peux plus rentrer dans ma chambre. Et je tiens plus debout...
La passion de Louise aura raison de moi, autant que celle de Molière a eu raison de lui. J'ai vu ces flammes danser sur ma peau jusqu'à entrer dans mes chairs et les brûler. Mon corps paralysé, j'ai senti la douleur crisper chacun des membres de mon corps. Et mon cri s'élevait dans la salle, transperçant le toit pour flotter jusqu'à la lune. Car c'est là-bas que j'ai abandonné ma fierté et mon amour propre.