Tout est bien qui finit bien.
Sa présence me rend nerveux. J’ai envie qu’il parte car c’est devenu trop difficile pour moi. Je me sens obligé de l’agresser, de lui dire des mots qui dépassent ma pensée. Au fond, je sais que je ne le déteste pas vraiment mais il est trop… du côté de mes bourreaux, trop bien pour qu’ils voient en lui qu’un simple ami mais pire encore à mes yeux… Mais tout ça, je n’en ai pas conscience, je n’arrive pas à accepter ce qu’il pourrait être pour moi.
Alors qu’il vienne à la charge, moi qui pensais me débarrasser de lui en le traitant de la sorte, je suis surpris. Je chancelle. Il se trompe sur certaines choses mais je n’ai pas envie de parler avec lui. Il s’installe alors que je désire le contraire. «
Mes amis ne connaissent pas cette partie de moi en colère. » C’est vrai… Quand je suis avec mes amis, ma vie est différente. Je me sens bien. On me juge pas, on ne décide pas pour moi.
«
Et oui, ça me dérange que tu te poses. » finissais-je par dire alors qu’il s’installe et vole même ma boisson. J’ai envie de le pousser pour qu’il s’en aille mais je me retiens. Je ne suis pas un homme violent. Mon poing se serre, mes muscles se crispent mais je ne bouge pas d’un pouce. Mes yeux n’arrivent pas à quitter la silhouette de l’éducateur. Je suis comme ce « toutou » dont je l’ai insulté, j’ai envie de mordre, de grogner, de me battre… J’ai honte de moi, de ce que ça fait de moi.
Et quand il me demande pourquoi je dis ça, pourquoi je fais ça. J’ai l’impression qu’il me demande de me lâcher, d’être honnête sans la moindre conséquence. J’ai envie de me lâcher. «
Parce que tu défends des gens qui m’ont toujours privé de ma liberté. Ils m’ont étouffés durant toute ma vie, ils ont pris des décisions pour mon avenir sans savoir si ça me plaisait ou non ! » Je me rapproche de lui, le poussant un peu en frappant mes mains contre son torse. «
Et toi, tu cautionnes ça ! »
Je me recule pour prendre ma tête entre mes mains. Il me rend fou, j’explose et ça me fait mal. «
Dégages de là, merde ! Va les rejoindre, je n’ai pas envie de te voir ! Va voir tes bons amis, ils sont tellement bons avec toi ! T’es le fils qu’ils auraient voulu avoir, j’en suis sûr ! Celui qui leur obéit sans réfléchir, celui qui ne leur cause pas de problème ! » Encore, je le frappe ! Encore et encore, j’ai envie de marteler son torse sans me rendre compte que j’approchais du bord de la piscine.
«
Je te déteste parce qu’ils voudraient que ce soit toi leur fils ! Ça se voit ! J’ai beau leur avoir dit Amen durant toute ma vie, je ne suis pas aussi beau, aussi musclé, aussi sportif, aussi accomplis que toi ! Et jamais je ne le serais ! Tu leur apporterais leur belle-fille potentielle, j’en suis incapable ! Incapable de satisfaire leur fierté, incapable d’aimer, incapable d’être ce que je ne serais jamais ! Je te déteste, putain, voilà ce que tu veux entendre, non ?! Je t’ai bien résumé la chose, non ?! » criais-je en frappant à nouveau. Je reste choqué qu’il disparaisse d'un coup de ma vision.