"Je veux un autre verre." Après tout avec la danse que je viens de lui offrir à lui et toutes les autres personnes qui se trouvent dans son bar, je pense y avoir droit. Avoues-le n'est ce pas, que c'est pas tous les soirs qu'une fille comme moi vient remuer ton comptoir ? Ouais, mais c'est parce que ce soir c'est la fête, n'est ce pas ? Je fête Jamahl, mon meilleur ami, la meilleure partie de moi. "Je crois pas que ce soit une bonne idée, t'as même pas fini celui là." Et il me fait un signe de tête pour me désigner mon précédent verre, avec un sourire angélique je le remercie et bois d'un trait le liquide qui s'y trouvait. "Maintenant, j'en veux un autre." Mais il n'a pas l'air décidé en se plier à mes quatre volontés. Pourquoi faut toujours que les mecs fassent semblant de ne pas être à mes pieds ? "T'es un serveur, non ?" Je vérifie au cas où que je sois pas au courant et que je ne sois plus là je pensais être avant de lui demander mon énième verre. "Oui." Alors je lui lance un regard lui signifiant que je ne vois pas où est le problème. "J'ai de l'argent." Plus vraiment c'est vrai, mais j'en ai assez pour continuer à boire deux trois verres s'il se décide à faire ce que je veux qu'il fasse pour moi. "T'as trop bu." Et là j'ai envie de lui préciser que ça ne le regarde pas, que si j'ai bu c'est que j'en avais envie et que ce n'est pas lui, le mec inconnu de la soirée qui va décider pour moi. "J'ai besoin de boire." Volontairement je choisi la pitié, tout pour arriver à mes fins et je sais bien qu'il ne va pas résister. Alors quand il soupire et qu'il se décide à me servir, je commence à lui raconter tout et n'importe quoi, parce que ça aussi, j'en ai besoin, je crois. "Y a des trucs pas juste dans la vie, tu vois, le genre de choses que tu peux pas éviter. Tu sais qu'elles sont là, tu sais bien que ça va finir par te tomber sur la gueule. Mais merde, t'es quand même surpris quand ça arriver. Enfin, t'en as rien à foutre toi, de tout ça, tu sais même pas qui est Jaja." Grand con qu'il est de ne pas savoir qui il est, n'est ce pas ? "Il est malade, mais pas malade pour déconner. Non, il est malade genre comme quelqu'un qui va finir par me quitter." Ouais, c'est pas souvent que je l'avoue, c'est même jamais, Jamahl va finir par me quitter. "Tu t'imagines ? Mon Jaja, c'est pas juste tout ça." Il va mourir, un jour, putain, j'en sais rien, demain. "Tu devrais rentrer." Mais j'ai pas envie de rentrer, j'ai envie de boire jusqu'à oublier, de me faire sauter la tête à coup d'exta. Jamahl lui, il aurait comprit ça. C'est là sa différence avec tous les autres hommes de ma vie. C'est mon ami. "Ouais." Je me lève pour chercher et réalise bien vite que mes clés ne sont plus là. "En taxi." Mon regard se pose sur lui, mauvaise. "Tu peux répéter ?!" Bordel, ne me dites pas qu'il va me faire chier. "J'sais conduire." Ouais vraiment, et même en étant saoule, j'ai toujours su, ou presque. "Appelle quelqu'un." Manquait plus que ça. Alors je me dis que je vais appeler Jaja, avant de réaliser que je peux pas, merde, c'est lui qui crève et pourtant j'ai l'impression que c'est comme si c'était moi.
Mon téléphone en main ... Andreas.
Alors je lui envoie des textos, alors le serveur me regarde, il lui écrit l'adresse, et moi je saigne là, je m'éparpille et personne ne le voit.
"C'est pas mon copain." Je ne sais même pas pourquoi je précise ça. "Mais tu vois, ce mec ?" Andreas. "Ce que je ressens ce soir, ça me fait penser que ... J'ai vraiment pas le droit de m'y attacher." Non parce que les gens, tu sais, ils finissent toujours par partir. Toujours et moi, j'ai plus envie d'être brisée.
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.