Trop de monde. Beaucoup trop de monde. C’est ce qui ne cesse de se répéter dans ma tête alors que je danse comme si ma vie en dépendait. Comme ce soir était le dernier. C’est souvent comme cela que je vis, en réalité. Et je me délecte de savoir les étoiles au-dessus de moi, perdues sur le firmament de cette nuit noire qui accueille les destins croisés de toutes ces personnes venues oublier une part de leur vie ici, à ce festival où tout est possible. Je réalise bien vite qu’ayant la tête constamment dans les nuages j’ai perdu mes amies de vue, mais c’est presque normal dans le fond. C’est la folie de l’instant qui appelle à se déplacer, à voir plus grand, à perdre les gens pour en trouver des nouveaux. Le problème c’est que c’est un homme qui me trouve et si je suis habituellement ouverte aux nouvelles personnes qui pourraient entrer dans ma vie, je ressens parfaitement que je ne dois pas l’être ici. Ses mains se posent sur moi, insistantes, déjà. J’ai la nausée à l’idée qu’il puisse accentuer. Ce qu’il fait. Son corps contre le mien, et je le repousse en vain. Je ne prévois pas la chose avant de la voir arriver, un de ses amis arrive par l’autre côté et je l’entends prononcer. « Viens, on va plus loin, on va te faire visiter le coin. » Et je le refuse d’un hochement de tête décidé. Mais mon corps ne suit pas, frêle face à deux hommes comme ceux-là. « Sortons d’ici. » Et cette fois je hurle que je ne veux pas, cependant les mains du premier se referment sur mes poignets. Celles du second se glissent sur mes épaules, bienveillant aux yeux des gens, dangereux pour moi. Alors mes jambes suivent le mouvement des leurs et sans avoir le temps de réfléchir plus que cela, je me retrouve hors de la salle, juste comme ça. « Je vais rentrer, je crois. » Ils me lancent deux sourires qui veulent dire tout le contraire. « Lâchez-moi. » Et là ils rient, comme rarement on le fait, juste avant de commencer à me toucher. « Parce que tu crois que tu as le choix ? » Je ne l’ai pas, je le sais, je suis fichue, perdue et quand mes yeux se perdent dans les environs je réalise surtout, que je suis seule et eux, à l’évidence, affamés.
lumos maxima