Play or be Played
LIAM N. WINTERBELL & AXEL CLEMENT
Les portes de l’ascenseur s’ouvraient beaucoup trop tôt. Encore quelques minutes et j’aurais obtenu son numéro … entre autres choses … Mais je la laissais filer, se glisser à travers les portes pour disparaître dans le long couloir de l’hôtel. Cette femme, aussi belle soit-elle, n’était pas la raison de ma venue en ces lieux ce soir et mon esprit oublia bien vite son visage parfait et ses courbes affolantes quand je me concentrais sur l’aiguille de ma montre qui indiquait bientôt l’heure dite. Mon cœur se serrait d’anxiété dans ma poitrine. 21 heures. Et pas une minute de plus. Il le savait. Il savait que je ne supporterais pas qu’il soit en retard, qu’il n’est pas fait assez d’effort pour moi. Doucement, je m’avançais à travers le couloir éclairé par les lumières artificielles de la nuit, le regard perdu sur les baies vitrées qui me reflétaient mon image. Un homme, sûr de lui dans un costume trois pièces d’une grande maison de couture, comme toujours. Mon dos s’accola contre le mur, un mur froid de béton qui vibrait sur les basses de la musique qui s’échappaient d’une des chambres non loin d’ici. Mon regard flirtait avec le vide et l’aiguille de ma montre dont je pouvais jurer entendre la trotteuse me narguer dans un tic et un tac assourdissant. J’aurais voulu l’arracher et briser le plus petit mécanisme entre mes doigts. Mais je restais de marbre, même lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent à nouveau et que du coin de l’œil je pouvais apercevoir le corps du jeune homme que j’attendais.