▬ find you ▬ sofia et brad.

« Faut que j’aille bosser. » Ouais parce que c’est un peu pour cette raison que je suis là, bon sans penser au fait que je veux m’amuser aussi, et que je veux prendre mes distances avec Anna, depuis l’annonce de notre futur qui en fait se fera chacun de notre côté, faut dire que l’ambiance est devenue un tout petit peu tendue à l’appartement. Bon sang, ça me fait penser que je devrai en chercher un nouveau, mais je n’ai juste pas le temps. Quand je m’approche de la porte de notre chambre, la blondinette qui m’accompagne est là. Je lui fais un sourire juste au moment où j’ouvre, avant de déposer un baiser sur sa joue. Sapphire et moi au coachella, je ne sais toujours pas comment ça s’est décidé ça. Un délire, un rire, et puis nous y voilà ? Ouais ça devait bien être ça, parce qu’on se devait d’y aller à deux. Faut dire qu’on est meilleurs à deux, elle et moi, l’amitié ça marche comme ça, sans penser aux autres avantages que je ne citerai pas. Et quand je me retourne afin de sortir, carte de presse autour du cou, je tombe sur celle que je ne pensais pas voir ici. Merde, depuis l’autre soir, c’est le néant, mais je ne vais pas mentir, la trouver là, devant moi, ça me fait un truc à l’intérieur, un truc que je ne contrôle pas. « Sofia ? » Je prononce d’une drôle de voix. Le fait est que ses yeux me fixent un peu avant de s’attarder sur la porte que je viens de fermer. Le problème c’est que je me mets à lui préciser que « Ce n’est pas ce que tu crois. » Pourquoi je me justifie ? Comme si ça pouvait l’intéresser ce qu’il se passe entre Sapphire et moi. Ca l’intéresse ? Je veux que ça l’intéresse ? Putain depuis quand je me pose autant de questions comme ça ? Depuis que j’ai eu la bonne idée de l’embrasser, je crois.

Il doit être aux alentours de deux heures de l'après-midi. Je viens de déjeuner à l'hôtel où je loge le temps de la durée du festival et m'apprête à remonter jusqu'à ma chambre pour passer un moment en tranquilité avant de retourner sur les lieux du festival pour y exercer mon travail d'infirmière. Moi qui pensais en avoir vite ras-le-bol de toute la folie liée à cet événement, je me retrouve finalement emportée par la fougue et l'élan artistique de ce festival. Mes pensées vont souvent vers Ksenia, restée à Los Angeles chez moi où ma mère est venue me seconder les jours où je n'y suis pas pour m'occuper d'elle. C'est d'ailleurs à elle que je pense dans l'ascenseur, imaginant déjà sa petite voix au travers du combiné, celle que je vais avoir l'occasion d'écouter d'un instant à l'autre, dès que je serais retournée à ma chambre. La porte de l'ascenseur s'ouvre, je fais quelques pas dans le couloir et tombe, au loin, sur un homme qui embrasse une femme... Mais... J'ai du mal à en croire mes yeux quand je reconnaîs là Bradley. Oui, lui-même que j'ai presque viré de chez moi il n'y a pas si longtemps de cela. Il est là en train d'embrasser tendrement la joue de cette jeune fille blonde et de refermer la porte de ce que j'imagine être leur chambre, ou celle de cette fille, quand mes pas m'amènent à quelques mètres de lui. Il me voit enfin. « Sofia ? » Aucun mot ne sort de ma bouche, encore quelque peu choquée et contrariée par ce que je viens de voir. « Ce n'est pas ce que tu crois. » Ce que je crois ? Mais qu'est-ce que je crois au juste ? Quelque chose de triste, de bien triste, au point que cela me stoppe sur mon chemin un instant tandis que mes prunelles s'ancrent aux siennes. « Mais je ne crois rien du tout, Bradley. » J'esquisse un sourire qui n'a rien d'un sourire puisque cela ressemble presque à un rire nerveux, bourré de remords. Je lui en veux de faire ça à Anna, ou tout du moins je lui en voulais. La vérité c'est que je lui en veux aussi de me faire ça à moi après ce qu'il a fait l'autre jour. Je reprends ma route en le dépassant, comme s'il allait me laisser m'échapper. « Fais ce que tu veux, je n'ai rien à te dire après tout. » Oui, je crois vraiment que je vais pouvoir fuir. C'est ce que mes pas rapides m'annoncent. Et mon coeur qui s'emballe, lui, il annonce quoi ?

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Les hommes forts sont ainsi. Au zénith de l'amour, ils réfléchissent encore, ils calculent et leur décision est sans appel. Pancol

Quand son regard gagne le mien, je réalise à quel point le bleu myosotis de ses yeux m’a manqué. Comme elle toute entière en réalité. Sofia et moi, on a toujours su être proches en étant presque éloignés, mais à cause de mes bêtises, on ne sait plus l’être. Je ne sais même plus comment me comporter, j’en viens à me demander … Est-ce que je dois lui dire que l’embrasser m’a fait réaliser que je ne pouvais plus me mentir à moi-même ? Et que la procédure de divorce est engagée ? Non, Brad, à quoi cela servirait, mis à part t’enfoncer ? Avec elle, j’ai fait comme avec les autres, j’ai tout perdu, tout fait foirer, capoter. Pourtant je jure que ce n’est pas ce que je voulais. « Mais je ne crois rien du tout, Bradley. » Son sourire me montre le contraire, l’impression que j’ai au fond de l’estomac aussi, ce qu’il se passe entre elle et moi, ce n’est pas normal, ce n’est pas comme ça qu’on fonctionne elle et moi. Mais quand je la vois commencer à s’éloigner, je me dis comme l’idiot que je suis que je ne l’ai jamais autant voulu qu’aujourd’hui. Que lorsqu’elle me fuit, que lorsque je semble l’avoir blessé. L’envie de lui faire changer d’avis bouillonne dans mes veines. « Fais ce que tu veux, je n'ai rien à te dire après tout. » Ma voix se perd au fond de ma gorge quand je la vois s’éloigner rapidement, alors j’ai un temps de réaction, un temps minime durant lequel je me questionne sur la bonne conduite à emprunter, si je dois simplement la laisser s’en aller. Si avec elle aussi, je vais manquer de courage, comme j’en ai surement manqué toute ma vie. Puis … Puis je m’anime, puis je me décide. Puis ma main qui attrape son poignet, qui la force à se retourner. « Tu as des choses à me dire. » Oui, pas vrai ? Me semble que des non-dits on commence à en faire la collection. « Engueule-moi, hurle, cri, j’en sais rien. » Pourquoi elle le ferait en réalité, nous ne sommes qu’amis, on l’a toujours été. « Fais-le, si t’a ressenti quelque chose quand je t’ai embrassé. » J’ai l’impression de devoir prendre les devants, de la dominer sans le voir, je veux qu’elle réalise qu’elle a tout à dire, parce que je le ferai si je la voyais avec un autre, dans la chambre d’un autre … Putain rien que cette pensée me rend complétement fou. « Et si tu as besoin d’un rappel … » Là c’est l’impulsivité que je blâme, c’est le travail que j’oublie. Mais c’est son corps que je plaque volontairement contre le couloir de l’hôtel, ses mains que je tiens des miennes, et ses lèvres que je découvre une nouvelle fois, dans un baiser qui m’enlève toute frustration. Tous ces moments durant lesquels je me suis permis à la rêver. J’ai décidé qu’il fallait que ça devienne vrai.

Certaines personnes ne changent jamais, il faut croire. Ou plutôt, leur manière de vivre ne change jamais. Si un homme aime trop les femmes pour se décider un jour à n'en privilégier plus qu'une, alors, il ne changera jamais. Aucune femme ne réussira à faire pencher la balance du côté plus sérieux et mature ; ce sera toujours une tentative de trop. Et malheureuse sera la femme qui se donnera corps et âme pour obtenir le coeur de cet homme. Voici une conclusion que j'ai tiré moi-même de mes expériences, de mes lectures, de vingt-neuf ans d'une vie. Je ne sais pas ce que j'attends de Bradley. Je ne sais même pas ce que je ressens pour lui exactement, mais il y a eu ce baiser, l'autre jour... Il m'a fait frémir et a déclenché quelque chose de bien trop fort pour que je ne puisse l'oublier. Jamais je n'aurais été imaginer pareil retournement de situation, parce qu'il y avait Anna, parce que... mes sentiments étaient ailleurs. Perdus, comme moi. Flottants et instables, comme moi. Incertains, surtout. Et c'est à ce moment qu'il refait apparition dans ma vie. Oh, il n'en a jamais vraiment disparu. Pourtant, c'est comme si ce baiser m'avait poussée à le redécouvrir. Non plus comme l'homme vagabond à la recherche d'un âme esseulée de plus, mais bel et bien comme l'homme fort, protecteur, susceptible de combler ce qui fait défaut chez moi depuis plusieurs années déjà. « Tu as des choses à me dire. » Forcée, je me retourne vers lui et croise son regard qui m'obligerait presque à parler. Pourquoi, Brad ? « Engueule-moi, hurle, cri, j’en sais rien. » Pourquoi moi, quand tu as toutes les filles que tu veux en un regard ou une caresse ? Tout cela me serre le coeur. C'est vrai que j'aimerais lui dire à nouveau ses quatre vérités, que ce qu'il fait est néfaste. Ses paroles sont violentes de sens mais par peur, je feins de ne pas le comprendre, fronçant les sourcils comme une adolescente mécontente. « Fais-le, si t’a ressenti quelque chose quand je t’ai embrassé. » Qu'il me sorte de l'eau avant que je ne sois obligée de le faire moi-même. Qu'il m'aide, bon sang, qu'il me sorte de ce pétrin tout comme il m'y a fait entrer, il y a quelques jours. Est-ce que c'est trop demander ? Comment peut-il douter de son effet sur moi, de celui de ses lèvres sur les miennes ? Comme si cela n'avait pas été évident ! « Et si tu as besoin d’un rappel … » Je n'ai pas le temps de réfléchir, j'ai à peine le temps de changer mon regard sur lui que je me retrouve bloquée entre ce mur et lui, que mes lèvres refont connaissance avec les siennes d'une manière beaucoup plus intrusive que la première fois et... Je m'emballe, de la tête aux pieds, à la manière d'une femme coupable. Je m'enflamme, aussi, de mon coeur jusqu'à mon âme. Un soupir s'échappe de mes lèvres quand mes mains elles s'échappent des siennes, viennent se glisser sur son torse que jamais je n'ai effleuré de cette façon. Puis elles remontent vers son cou, sa nuque, ses cheveux que je caresse doucement et que je finis par agripper. Tout cela est tellement puissant et agréable que je n'arrive à dompter aucune partie de mon corps ; ni mes mains, ni ma bouche, ni ma langue, encore moins ce bassin attiré par le sien, je ne contrôle plus rien. C'est passionné, toutes ces secondes durant, jusqu'à ce qu'enfin la raison me frappe. De mes deux mains je le pousse violemment et le fusille du regard, tout aussi violemment. Là, je m'énerve, en quelques secondes à peine. « Pourquoi tu fais ça ? » Il voulait que je crie, mais ce n'est pas moi qui crie, c'est ce qu'il y a à l'intérieur de moi, qui brûle. « Pourquoi ?! » Réponds-moi. Mais comme tu ne le fais pas, mon regard redouble d'intensité. « Je t'ai déjà dit que je n'étais pas comme toutes ces autres filles faciles. » Tout ce que je lui crache à la figure me prouve à moi-même qu'il m'a décidément trop bouleversée. Oui, je l'engueule et je me trahis. Tant pis, car j'en ai besoin, c'est urgent. « Qu'est-ce que ça peut te faire si j'ai ressenti ou non quelque chose l'autre jour lorsque tu m'as embrassée, alors que ce soir en rentrant du boulot tu vas coucher avec cette blonde, et encore la nuit suivante, et celle d'après. Ca me dégoûte. » Et je déteste cette fille, je la déteste plus que tout à cet instant même.

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Mon corps trop proche du sien, mes mains qui retiennent les siennes. Ma peau attisée, mes envies décuplées. Je la veux, comme je l’ai toujours voulu sans jamais avoir conscience que je pouvais, qu’à la tentation, un jour, je céderai. Sofia est d’une perfection inouïe, si belle, si douce, trop bien pour moi, c’était ça le problème, n’est-ce pas ? Et le fait que je ne sois pas libre, c’est vrai, mais à présent, c’est différent. Je suis presque divorcé et je n’ai pas envie de lutter. Parce qu’avoir osé chez elle la dernière fois m’a fait clairement comprendre que ce que je désire d’elle, c’est bien plus qu’une simple amitié. Plus fort, plus intense aussi. Ses mains m’échappent pour aller se perdre sur moi achevant leur course dans mes cheveux et instinctivement je serre mes poings contre le mur pour m’empêcher d’aller à la découverte de son corps qui m’appelle, je le sais. Ses lèvres, sa langue, ses caresses. Je dois prendre sur moi pour ne pas trop vite perdre la tête. Mais c’est la sienne qui parle en premier, sa raison qui lui intime de stopper cet échangé incontrôlé. Et me reste en bouche, le gout de regret. Puis ses mains qui frappent mon torse afin de me faire reculer et cette réaction m’intime que nous deux, c’est vrai quoi qu’elle essaiera de me faire penser. « Pourquoi tu fais ça ? » Parce que dans ma tête il n’y a que toi depuis la dernière fois. « Pourquoi ?! » Parce que je divorce Sofia, je divorce pour moi, mais aussi un peu, c’est vrai, pour toi. « Je t'ai déjà dit que je n'étais pas comme toutes ces autres filles faciles. » Mais je le sais ça, je le sais tellement. « Qu'est-ce que ça peut te faire si j'ai ressenti ou non quelque chose l'autre jour lorsque tu m'as embrassée, alors que ce soir en rentrant du boulot tu vas coucher avec cette blonde, et encore la nuit suivante, et celle d'après. Ca me dégoûte. » Un sourire mal venu, je le sais, vient se poser sur mon visage. Parce que sa phrase est pleine d’une jalousie que j’adore. Qui m’enivre et me prouve que j’ai raison, que j’ai réveillé en elle quelque chose qu’elle ignorait. « Pourquoi je fais ça ?! » Je répète en riant en moitié ça me semblait évident à moi pourquoi je le faisais, mais comme elle est femme, elle a besoin d’explication. « Mais Sofia ! » Je hurle un peu et là je ne sais pas pourquoi, pour l’énerver un peu plus, surement, parce qu’elle me plait quand elle est énervée. Quand elle est jalouse même si je suis certain que si je lui signifie elle s’évertuera à le nier. « Je te veux. » Je crois qu’on ne peut pas faire plus clair que ça. « Je te veux maintenant dans ce couloir. » Ah si à l’évidence on pouvait. Alors je m’approche d’elle, et je pose mes mains sur ses hanches que dans mes songes, je mange, c’est vrai. « Je suis en plein divorce Sofia … » C’est un murmure, une invitation, c’est quelque chose qui je l’espère, lui prouvera qu’avec elle, je ne déconne pas.

A la seconde même où ce sourire vient se glisser sur ses lèvres, je me sens trahie. Par ma propre personne, ma jalousie qui bien évidemment ne lui a pas échappé. La vérité c'est que j'ai peur de tomber dans les filets éphémères d'un homme. Filets qui pourraient résonner avec envies et désirs ; tout un tas de choses primaires, trop primaires, mais peut-être pas primordiales, finalement. Si j'ai décidé de mettre ma vie sentimentale entre parenthèses c'est pour Ksenia, ou tout du moins pour me concentrer sur elle. Ce n'est pas de sa faute, c'est besoin personnel afin de me retrouver et d'être la meilleure mère possible pour elle. Je me connais, moi et mes sentiments, moi et mes secrets, ça me perd toujours un peu. « Pourquoi je fais ça ?! » Cela semble si évident pour lui et moi, ça me dépasse complètement. Qu'est-ce qui s'est passé en lui pendant ces dernières semaines, ces derniers mois et qui à moi m'aurait échappé ? J'ai du mal à saisir le fond de sa pensée, je reste immobile face à lui, perturbée et fragilisée. « Mais Sofia ! » Plus il hausse le ton plus j'ai envie de fuir, m'attacher à autre chose qu'à ce mur derrière moi qui semble s'affaisser sous mon poids. « Je te veux. » Mon regard s'intensifie sur lui, s'accroche à ses lueurs présentes dans le sien et auxquelles j'aimerais croire. Mon corps lui, s'enflamme, c'est aussi violent qu'agréable. « Je te veux maintenant dans ce couloir. » Mais à ce moment je fronce mes sourcils, légèrement, avant de détourner mon regard par gêne autant que par mécontentement. Alors, ne s'agit-il que de ça ? De désir physique ? Pourquoi ne comprend-il pas que j'en ai assez de ça, de toutes ces relations dont la magie ne dure qu'une nuit, malgré ce qu'on pourrait espérer ? Bradley se rapproche et pose à nouveau ses mains sur moi. Ses mains qui, si elles effleuraient le reste de ma peau, pourraient sans aucun doute m'arracher maints et maints soupirs lascifs. « Je suis en plein divorce Sofia … » Non, non. Non, il ne peut pas m'avoir comme ça, en ramenant aussi simplement son divorce sur le tapis ! Aussi espéré et intelligent soit ce dernier, je ne peux me résoudre à l'accepter comme seul argument. Il est bien homme pour ne pas voir plus loin que le bout de son nez. « Bradley... » Qu'il soit en divorce ou non, rien ne l'a jamais empêché d'avoir les filles qu'il voulait. Cette blonde en est encore la preuve. Des touristes sortent de l'ascenseur et passent dans le couloir. Je me défais de l'emprise de Bradley et lui fais signe de me suivre jusqu'à ma chambre. Une fois la porte refermée derrière moi, je m'y adosse en le regardant à nouveau. Désormais, l'avoir dans ma chambre ne me fait plus le même effet qu'auparavant, je sens d'ailleurs mon coeur s'emporter un peu, bien malgré ce que je vais dire. « Il faut que tu comprennes que j'ai désormais d'autres priorités. » Murmuré-je d'une petite voix. Et il les connait, je n'ai pas besoin de les lui dire. Je n'ai jamais été particulièrement impulsive, j'ai toujours été guidée par ma maturité, et encore plus depuis quelques années. Mais en ça aussi, il me connait, alors... Pourquoi, pourquoi croit-il à ce point que je vais lui tomber dans les bras aux premiers mots doux ? « Tu n'imagines même pas comment je serais triste de perdre ça, tout ce qu'on a, ensemble... Parce que tu es important pour moi, le plus important peut-être dans tout ce pays. » L'homme avec qui je ne crains rien, avec qui je me sens toujours bien. Celui qui a su me découvrir petit à petit tout en s'ouvrant à moi. Une relation d'une parfaite symétrie et je crois que même aujourd'hui, c'est encore le cas, bien malgré moi. « Mais là aujourd'hui j'ai peur. Tu me fais peur. » Tout cela sort du plus profond de mon cœur. Je crois que j'avais oublié combien cela peut faire peur, l'amour.

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J’ai en tête des centaines de mots que j’aimerai lui dire, pour lui prouver qu’elle et moi ce n’est pas quelque chose de faux. C’était même vrai avant même que je ne me décide à l’embrasser, à agir et faire naitre dans nos esprits que peut-être qui sait, tous les deux on pourrait simplement devenir un nous. Non, pas nous deux … Nous trois. Et cette pensée, tu ne vois pas, Sofia ? Elle me fait trembler un peu, je crois. J’en deviens sentimental, et encore plus quand elle me regarde avec ce regard-là, celui qui m’appelle et me rejette à la fois. « Bradley... » Alors j’ai envie de l’embrasser encore, de la faire taire parce que je ne veux pas savoir en quoi tous les deux cela serait quelque chose de mal, quand moi je ne vois dans notre union que du bien. Vraiment du bien. Je soupire quand j’entends l’ascenseur sonner. Les gens s’avancer. Mon attention est détournée quelques secondes et je lui donne, de ce fait, tout le loisir de s’éloigner de moi. Et je me sens vidé, de la voir me fuir quand j’aimerai être pour ma part plus proche d’elle que je ne l’ai jamais été. Elle m’invite jusque dans sa chambre, et je me fais violence afin de la suivre en silence. Elle ouvre sa porte et j’entre en premier, me retourne bien vite et retrouve son regard tandis qu’elle reste quelques secondes appuyée contre ladite porte, presque trop loin de moi. « Il faut que tu comprennes que j'ai désormais d'autres priorités. » Je lui affiche une mine presque attristée parce que je la connais, je la connais par cœur, sur le bout de mes doigts qui brûlent d’envie de parcourir son corps des centaines de fois. Mais je me retiens, parce que je comprends bien qu’elle a besoin d’être rassurée. De se sentir en confiance avec l’homme que je suis. Alors je soupire un peu, parce que ses priorités, je ne veux pas les oublier. Je n’ai même jamais parlé du fait de mettre sa fille de côté. Bien au contraire, je l’aime déjà, moi, sa princesse. « Tu n'imagines même pas comment je serais triste de perdre ça, tout ce qu'on a, ensemble... Parce que tu es important pour moi, le plus important peut-être dans tout ce pays. » Alors un sourire et un soupir de soulagement s’échappe de mes lèvres et cette fois je sais, je sais bien que tout ce que je ressens ne vient pas que de moi. Ce n’est pas qu’une simple folie, ou peut-être que si, après tout, les sentiments le sont toujours quand on y réfléchit. « Mais là aujourd'hui j'ai peur. Tu me fais peur. » Je passe une main dans mes cheveux, fronce les sourcils un peu, et mes lèvres se pincent dans un mouvement de gêne étrange. Le genre de choses que je ne ressens jamais, mais qu’avec elle je n’ai pas peur d’éprouver. Ou peut-être que c’est le contraire, j’en sais rien. Je suis perdu, mais pour une fois, j’aime ça, putain. « Sofia. » Puisque chacune de nos tirades commencent de cette façon-là. Son prénom que j’ancre dans mon esprit, comme j’en ressens l’envie de l’ancrer à vie. « Parce que tu crois que je n’ai pas peur ?! » Bon sang, je me retrouve en position d’être à présent celui qui ouvre son cœur. « Ça fait des jours que je rêve de toi. Je n’arrive pas à oublier qu’on a franchi la limite. » Ce baiser que je ne regrette plus de lui avoir donné. « Tu me terrifies. Ce que je ressens pour toi, ça me retourne carrément. » Je perds la tête, le fil de mes pensées, mais j’en ai plus rien à faire, rien à perdre, juste notre relation qui doit être améliorée, devenir vraie. « Si tu crains que je me fiche de toi, je veux bien attendre pour adorer chaque partie de ton corps. Pour te prouver que je ne te veux pas seulement parce que tu es divine. » Je m’approche d’elle, attrape ses mains, lentement pour l’inviter à me suivre et s’assoir sur son lit, doucement. Une fois qu’elle le fait, je reste devant elle, et m’abaisse à son niveau. « Mais je n’attendrais pas longtemps, parce que tu m’obsèdes, vraiment. Je te veux. Toi. » Tout ce que ça comprend, ton âme, tes sentiments, ton monde, ta fille, ton cœur si grand.

« Sofia. » Bradley capture mon regard. « Parce que tu crois que je n’ai pas peur ?! » Je le croyais, oui... Comment un homme tel que lui peut avoir peur dans une situation pareille ou il ne semble contrôlé que par son corps, ses pulsions qui même si elles provoquent quelque chose de puissant en moi me rappellent que tout est trop précipité, peu réfléchi ? « Ça fait des jours que je rêve de toi. Je n’arrive pas à oublier qu’on a franchi la limite. » Alors, je ne serais pas la seule à être hantée jusque dans mes nuits ? Pourquoi cela me semble si impossible, si incroyable ? Je ne le reconnais pas, cette partie de lui entièrement dévouée à moi, à me persuader de l'existence de quelques sentiments étrangers. « Tu me terrifies. Ce que je ressens pour toi, ça me retourne carrément. » Et ce que je ressens pour lui me fait chavirer à cet instant précis. Mes paupières s'abaissent, se ferment, je prends une inspiration car j'en ai oublié de respirer. J'aimerais qu'il se taise, qu'il abandonne, qu'il s'enfuit. J'aimerais qu'il développe ses propos, qu'il se batte pour moi, qu'il m'arrache à cette porte. « Si tu crains que je me fiche de toi, je veux bien attendre pour adorer chaque partie de ton corps. Pour te prouver que je ne te veux pas seulement parce que tu es divine. » La vérité c'est qu'il va me faire flancher, m'assommer à utiliser tous ces mots puissants, trop puissants. Je ne suis pas divine, Bradley. Je suis juste moi, simplement moi. Une femme rêveuse qui a décidé d'être mère pour me stabiliser et avancer. Pour combler cette vie qu'est la mienne de sentiments purs et, pour une fois, si peu effrayants. Et toi, tu viens m'arracher à ce que j'ai construit, aussi facilement. Tu as exerces un pouvoir indéniable sur moi, une influence si séduisante que je pourrais m'y abandonner sans le moindre scrupule si et si seulement je n'avais pas d'autres priorités. « Mais je n’attendrais pas longtemps, parce que tu m’obsèdes, vraiment. Je te veux. Toi. » Ai-je déjà pris le temps d'observer ses traits, aussi minutieusement ? Ses yeux et toutes les lueurs de sincérité qu'ils détiennent, sa bouche qui me ferait presque perdre l'esprit, le grain de sa peau qui, malgré cette barbe naissante ne me donne qu'une envie, y laisser glisser mes doigts. Cette proximité me déstabilise, je me surprends à vouloir sentir ses mains sur moi, à vouloir qu'il m'embrasse comme l'autre jour, ou non, avec plus d'ardeur encore. Un frémissement parcourt le long de mon échine et je serre sa main un peu plus. Ce qu'il n'ose pas dire avec les mots, je le ressens néanmoins. Et tous ces sentiments me plongent dans une euphorie douce, presque apaisante. « Ce n'est pas moi que tu vas attendre, Bradley. C'est moi qui suis obligée de t'attendre... » C'est ainsi que je lui admets, dans un murmure, mon ressenti face à tout cela. Oui, je l'attends, tout du moins j'ai cette envie viscérale de les attendre, lui et sa liberté. Lui, sans Anna, lui sans cette femme à bafouer plus encore qu'elle ne l'est déjà. Lentement j'approche mon visage du sien jusqu'à venir coller mon front au sien, et j'avance mes lèvres, tout aussi lentement, vers les siennes. Je sens son souffle, effleure à peine l'objet de mes désirs rêvé... Je souffre, de cette frustration, de ce manque de courage, de rébellion dont je fais preuve. Mes mains quittent les siennes et vont s'accrocher à ton col de chemise déboutonné, puis elles glissent sur son torse à nouveau dont je peux sentir et épouser les contours. « J'aimerais être à toi. J'aimerais que tout soit plus simple. » Que tu restes avec moi, que tu ne doives pas retourner dans les draps d'une autre la nuit prochaine. Rien ne serait plus horrible.

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