SAGA AFRICA

EDWARD ∞ JERSEY

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Un voyage en Afrique, quoi de plus anodin pour quelqu’un qui possède une association consistant à construire ou réhabiliter des hôpitaux pour améliorer les conditions de vie des plus démunis. Je n’en suis pas à ma première visite dans ce village, je suis venue deux semaines en mars dernier pour faire de premiers repérages sur place, avec tout cet espace inutilisé j’ai tout de suite pu imaginer les premières ébauches d’un hôpital assez grand. Pourquoi faire grand alors qu’il n’y a que deux mille habitants dans ce village ? Parce qu’il n’existe aucun hôpital dans les villages aux alentours et que cet établissement pourrait donc permettre à des dizaines de milliers de personnes d’être reçus. Le projet est ambitieux, beaucoup de fonds devront être débloqués mais depuis mars je suis déjà parvenue à motiver de très importantes personnes qui ont promis des dons immenses. Je possède déjà la moitié du budget prévu pour la construction de cet hôpital, j’ai moi-même donné quelques millions de dollars qui dormaient bien sagement sur mon compte et convaincu mes deux parents d’en donner quasiment autant. Un gala est prévu en mars prochain pour récolter de nouveaux fonds et les ventes de t-shirt et la production d’une comédie musicale à Broadway le temps de cinq ou six dates dont les bénéfices reviendront à l’association devraient nous rapprocher de cet objectif vraiment très ambitieux. Je n’ai pas peur des défis et c’est pour cette raison que j’ai proposé à Edward de m’accompagner sur ce voyage. Il est très investi dans l’association depuis quelques mois, si bien que je le considère un peu comme mon bras droit, je lui ai déjà laissé les clés des événements organisés pour l’association cet été lorsque je me suis lancée dans le bénévolat à Coachella. Nous allons rencontrer deux architectes, des locaux et faire un peu de repérage dans l’hôpital le plus proche pour voir si nous pouvons également débloquer des fonds pour leur venir en aide. Le voyage a été éreintant mais nous sommes enfin arrivés à l’aéroport, valises à la main. « Je crois que je ne m’habituerais jamais à la chaleur, c’est tellement différent de chez nous. »

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Il y a quelques mois encore, je vous aurais probablement dit que je n’avais pour occupation que celle d’une personne qui se contente de sa routine quotidienne pour animer ses journées. Les trajets, le travail, ma sœur, le stress, la joie… je ne vivais rien d’extraordinaire si l’on me comparait au commun des mortels. Il est vrai qu’un homme célibataire aurait maintes libertés pour s’amuser, faire des rencontres et profiter de la vie, mais je n’ai jamais été ce genre d’homme, enfin… pas à première vue. Alors j’avais décidé de m’investir dans un projet qu’aurait pu me proposer l’UCLA. J’avais d’abord pensé rejoindre mes collègues de travail puis avais découvert l’ambition d’une jeune étudiante pour venir en aide aux plus démunis sur le continent africain. Je trouvais sa cause juste et sensée. J’admirais le courage et la motivation de la jeune femme et décidais donc de la rejoindre dans son aventure. Jersey m’appris des choses que j’ignorais et notamment sur la pauvreté qui régnait en Afrique. Très vite, je devenais un élément important de son association, cette dernière occupant désormais la plupart de mes week-ends et de mes fin de journées mais qu’importe. J’avais été séduit et surtout touché par l’engagement de cette étudiante qui certes avait beaucoup de moyens, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que de nos jours, les jeunes souhaitant s’investir comme elle n’étaient que trop rares. Voilà pourquoi j’avais décidé de la suivre jusqu’en Afrique, sachant pertinemment qu’un homme comme moi vivait probablement une des plus grandes aventures de sa vie.
« C’est sûr que la chaleur est tout de suite plus étouffante. » dis-je à Jersey en simple réponse tandis que je me débarrassais du sweat que j’avais tenu à garder durant le trajet en avion. « Quel est le programme d’aujourd’hui ? » Jersey avait beau me considérer comme son bras-droit, c’était elle qui avait toutes les clés en main, dévoilant ainsi un fort très de sa personnalité qui était la responsabilité et je dois avouer et cela me plaisait assez.

EDWARD ∞ JERSEY

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La chaleur, c’est probablement l’élément le plus déroutant quand tu mets les pieds en Afrique. Du moins, si on se concentre sur le climat car la première chose qui me frappe c’est bien la différence notable entre les Etats-Unis et ses aéroports de grand luxe et l’Afrique. Ici les richesses sont rares ou exploitées par les étrangers. Le peuple ne profite malheureusement pas beaucoup de l’argent qui pourrait pourtant leur permettre de relever la tête. Avec les années la situation a petit à petit commencé à se dégager mais cela demeure très insuffisant, trouver des enfants mourants dans la rue parce que leurs parents ne peuvent pas les nourrir, je crois qu’il n’y a pas de mots pour décrire ce que l’on ressent lorsqu’on se retrouve confronté à de tels drames. Si j’ai choisi d’emmener Edward avec moi cette semaine ce n’est pas pour rien, ce n’est pas parce que je ne désirais pas voyager toute seule. Il s’est tellement impliqué pour m’aider avec l’association ces dernières semaines qu’il me paraissait inconcevable de ne pas lui rendre la pareille. Pour qu’il puisse comprendre pourquoi nous faisons cela, pourquoi nous nous battons pour réunir des fonds, pour sauver la vie de gens dans le besoin, qui ne demandent qu’une main tendue pour s’en sortir. « C’est sûr que la chaleur est tout de suite plus étouffante. » Il retire son sweat. « Un conseil, pour le retour, habille toi chaudement, on tombe presque tous malade en revenant après son premier voyage. » Le changement radical de température n’est bon pour personne, les organismes n’aime pas trop cela et ils le montrent très bien. « Quel est le programme d’aujourd’hui ? » Le programme ? Il est très simple. « On va commencer par aller à l’hôtel, je nous ai pris une chambre commune avec deux lits double, ça te va ? » Je n’ai même pas pensé à le lui demander, peut-être que nous ne parviendrons pas à nous supporter mais bon, une semaine ça passe vite, d’autant plus que nous avons du pain sur la planche. « Ensuite on ira manger un petit morceau si tu as faim avant de rejoindre deux architectes ! »

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Je n’ai jamais vraiment voyagé. Plus jeune, j’étais de ceux qui se contentaient de la littérature pour affirmer qu’ils avaient l’esprit ouvert. Beaucoup voyaient ça comme un manque de curiosité et sans doute avaient-ils raison. A 18 ans, je n’avais jamais mis un pied en dehors de la Californie et les seules références que j’avais du monde venaient uniquement de mes cours de géographie, des livres, de la télévision, du cinéma… Il est vrai que je ne me suis jamais considéré comme un aventurier mais plutôt comme un homme de lettres vivant ses plus grandes aventures dans sa bibliothèque, assis face à son bureau… et vous n’imaginez même pas tout ce qui peut vous arriver rien qu’en tournant la page d’un roman ou d’une revue…
Lorsque Jersey m’a proposé de l’accompagner, j’ai souri, tout simplement. Moi, le psychologue qui n’avait jamais quitté son bureau verni, j’allais enfin m’échapper des frontières américaines afin de défendre une cause juste. Et même si je ne me considère pas comme l’homme le plus altruiste du monde, mon engagement envers Jersey et son projet est probablement la chose la plus exaltante qu’il me sera donné de faire. Il était donc tout naturel que j’accepte sa proposition sans la moindre hésitation.
« C’est un bon programme, je suivrai le guide et ses conseils. » Je lui adressais un rapide sourire, il paraissait évident que le guide en question, ce serait elle. A peine étions-nous sortis de l’aéroport que je portais mon attention sur le paysage qui apparaissait devant nous. Au loin, je distinguais cette architecture précaire que l’on connaissait comme étant un bidonville. Au loin, je constatais le retard auquel ce pays devait faire face. Une situation alarmante ? Plus que jamais. Mais par où commencer ? « Tu ne mentais vraiment pas quand tu disais que la situation était plus qu’urgente. » Je regardais l’horizon et tous ces toits servant de refuge, servant d’abri et de lieu de vie. Consterné, oui je l’étais. Comment l’humanité pouvait-elle rester les bras croisés ? « Heureusement que des gens comme toi existe. » et c’était tout ce qu’il y avait à ajouter.

EDWARD ∞ JERSEY

saga africa

Ce voyage je l’ai tellement attendu, je suis toute excitée à l’idée de pouvoir revenir en Afrique. Le Malawi, un pays formidable dans lequel beaucoup de choses doivent encore se mettre en place avant de parvenir à réduire les inégalités. Je ne pourrais malheureusement pas changer les choses à moi toute seule, il faudra nettement plus d’argent, de motivation, de main d’œuvre pour permettre à ce pays de remonter la pente et de ne plus uniquement être un pays pauvre en voie de développement. Espérons que la création de cet hôpital entrainera une petite série de changements positifs. Peut-être que cette action apparait comme une bouteille au milieu d’une mer plus dense que jamais, mais ce sont de petites actions qui, sur le long terme, portent leurs fruits et font exploser les évolutions positives. Je suis très optimiste à propos de ce projet, de l’avenir du Malawi et je me battrais pour permettre à la population locale de s’en sortir. Du combat principal, la création de cet hôpital, j’ai trouvé plusieurs batailles complémentaires à mener. Permettre le libre accès à la contraception, les dépistages du Sida, l’éducation… Tellement de points qui pêchent encore pour le moment et que j’ai espoir de développer au fur et à mesure.

Pour l’heure, nous allons simplement faire un arrêt à l’hôtel pour déposer nos bagages et nous reprendre après un très long voyage. Un petit repas devrait nous permettre de faire le plein d’énergie pour affronter les problèmes qui, à coup sûr, se présenteront. « C’est un bon programme, je suivrai le guide et ses conseils. » Je pouffe de rire, quel guide je fais, il n’est pas au bout de ses surprises… Moi, la jeune femme qui ne parvient pas à s’orienter dans un petit espace que je connais par cœur, imaginez donc la galère qui se profile sur l’horizon. Nous prenons la route vers l’hôtel, à pied, traversons des paysages ravagés par la pauvreté, des bidonvilles qui font se serrer mon cœur. Il est dramatique de constater de tels dommages et d’être impuissant face à cela. « Tu ne mentais vraiment pas quand tu disais que la situation était plus qu’urgente. » Je dirais même que j’ai été avare en détails, mais comment décrire parfaitement l’état dans lequel on trouve des populations entières, laissées à l’abandon. Quels sont les mots adéquats ? Je n’ai jamais trouvé réponse à ma question. « Ce n’est que la partie visible de l’iceberg. » Lorsqu’on met les pieds au beau milieu d’un bidonville on se rend compte que nous évoluons quotidiennement comme de parfaits petits bourgeois. « Heureusement que des gens comme toi existe. » L’entendre dire cela me fait plaisir, ça me touche que l’on remarque le travail que je tente d’effectuer pour améliorer les choses. « C’est le tiens également ! » N’est-il pas là pour mettre la main à la pâte à mes côtés ? « L’hôtel est là ! » Je lui montre du doigt, ce n’est pas un hôtel comme nous en avons des tas mais pour la population, c’est ce qui ressemble le plus à du luxe.

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