Madison était montée dans ma voiture pour une simple course. Un magazine, une carte postale ou deux, dans mes souvenirs. Je lui avais proposé de l'emmener par simple courtoisie et évidemment pour lui rendre service, n'étant que rarement contre ce genre de bons procédés et encore moins avec des personnes telles qu'elle. Il avait suffit de ce simple trajet en voiture pour qu'elle y oublie, allez savoir comment, une précieuse boite. Son sac avait dû se renverser, en tout cas je ne voyais aucune explication, et ce n'est que quelques jours en arrière que je suis tombé sur l'objet, alors que je nettoyais mon véhicule dans ma station-service habituelle de Los Angeles.
Une petite boite d'un orange transparent, dans laquelle on peut y voir des médicaments par dizaines bien qu'elle ne soit pas remplie à ras bord. Sur l'étiquette, un nom compliqué dont j'ai été taper les lettres sur le moteur de recherche une fois rentré chez moi, dans mon bureau personnel. Et c'est là que j'ai pu lire ces trois lettres, partout sur la page. VIH. Mon coeur a fait un bond énorme quand j'ai fait cette découverte, et je me souviens encore de ce moment, face à mon écran, presque paralysé sur le coup. Parce que je me suis de suite imaginé le scénario le plus probable qui soit. Que Madison ait le VIH, sachant que nous avions couché ensemble plus d'une fois, il y a environ deux ans. Tout mon esprit s'est mis à cogiter, une chronologie s'est également mise en place et cela au rythme de mes battements cardiaques. Après avoir couché avec elle, j'avais eu d'autres aventures. Je ne connaissais pas encore Shaé, et avant de la rencontre elle, j'avais fait un, ou peut-être deux, dépistage. Négatif. Ils ont tous été négatifs. Cela pourrait me soulager, après tout il n'y a pas de preuve plus efficace qu'un "négatif" sur une feuille provenant du labo. Mais j'ai pourtant été en refaire un, de dépistage. Pour rassurer une bonne fois pour toute ma conscience, et pour demander à voir Madison, l'esprit plus serein. Si je suis pour ma part sain et sauf, je n'en oublie pas la situation et le fait qu'elle soit peut-être malade. Je n'ai pas mis Shaé au courant de mon initiative pour le test de dépistage, néanmoins elle sait que je me rends ce soir chez une amie pour « prendre de ses nouvelles », c'était le minimum que je pouvais lui dire, mais également le maximum. La véritable raison de mon rendez-vous avec Madison, à savoir le VIH, ne concerne personne d'autre que elle-même.
Après avoir garé ma BMW dans une rue proche de l'immeuble de l'étudiante, j'en sors avec, dans mon blouson en cuir, une grande enveloppe contenant la boite de médicaments. La nuit commence à tomber, j'espère ne pas la déranger à cette heure-ci, pourtant peu tardive. Quand j'arrive enfin derrière sa porte, je cogne deux petits coups contre la porte et attends que celle-ci s'ouvre, non sans une petite pointe d'appréhension.
Vois-tu, mon petit, tout dépend de l'aplomb, ici. Un homme un peu malin devient plus facilement ministre que chef de bureau. Il faut s'imposer et non pas demander. Maupassant