Je fouillais dans mes affaires, rien à faire, je ne trouvais pas le livre que j’avais emprunté à la bibliothèque. Pas un meuble n’a échappé à ma recherche. Tout mon bureau à la paroisse fut fouillé de fond en comble dans l’espoir de le retrouver. Je fus obligée de retourner chez moi afin de savoir par ma chère et tendre qu’elle avait renvoyé le bouquin à la bibliothèque car ça faisait un an que je devais le rendre. Ah. C’est possible. Je me sens quand même irrité qu’elle ne m’en ait pas parlé. Sans prévenir, pas même un petit mot, je fonce dans ma voiture en direction de la bibliothèque. J’avais l’impression qu’aujourd’hui, ça ne serait pas du tout, mais alors pas du tout ma journée. Arrivé à la bibliothèque, je dois patienter près de dix minutes que la bibliothécaire veuille bien s’occuper de moi pour finalement m’envoyer dans les rayons. Une zone, une année, un numéro, des chiffres, des nombres. Je me sens perdu. Je lui demande de m’aider mais elle me dit qu’elle n’a pas que ça à faire. Je n’insiste pas, lui sourit poliment avant de m’en aller dans les rayons. Déjà, c’est au rez-de-chaussée, ce qui est un bon point. Ça réduit la bibliothèque de moitié. Mais là encore, je me sens perdu à nouveau. Je fais des allers-retours dans l’une des allées pour essayer de trouver une correspondance. Je commence enfin à comprendre le système. D’abord, le thème… ENFIN ! Puis, par ordre alphabétique… c’est là que ça se corse. Quelques minutes plus tard, j’ai l’impression d’avoir trouvé le Saint Graal. Entre mes mains se tient le livre de ma convoitise, je vais enfin pouvoir l’emprunter à nouveau. Au risque de me faire tirer les oreilles dans quelques mois. Je me dirige vers l’allée centrale mais à peine je contourne pour aller sur ma droite, mon regard est soudainement stoppé. Sous mes yeux, une vision… un souvenir… un visage… une personne… des sentiments… des sensations. « Em-Emma ? » essayais-je de dire. Le choc est grand mais l’attente d’une confirmation est encore pire. Mon cœur bats à la chamade. J’ai l’impression de rêver. Six ans et j’ai l’impression que c’était une éternité de séparation contre seulement une maturité physique acquise…