e quelle chance parlez-vous, à la fin de votre lettre ? Quels espoirs singuliers placez-vous sur notre rencontre, puisque celle-ci aura lieu, autre que la beauté du réel ? Je vous le demande une nouvelle fois, de laisser faire, d'être confiante en cette magie à laquelle vous semblez croire. La fantaisie n'a jamais été mon essence mais si cela vous plaît tant, alors acceptez de la laisser, un tant soit peu, gouverner ces instants. Nous ne serons jamais trop exigeants en souhaitant cela, je vous prie de me croire.
Votre cliché ravit mes yeux, seconde après seconde, dès lors qu'ils se posent sur lui. Sur vous et votre regard tel que je l'imaginais. Mature et, quelque part, fougueux. Je vous laisse imaginer, d'ailleurs, à quel point il nourrit en moi l'envie grandissante de vous voir. J'aurais tant de choses à dire, en proie à des élans d'écriture que seules les émotions peuvent entraîner, néanmoins je ne veux pas me risquer à vous embarrasser davantage... Je commence à vous connaître, Violet, et c'est pourquoi je me retiendrai de faire l'éloge de tout ce qu'il y a de saisissant chez vous, préservant ainsi, tristement, cet amour-propre trop malheureux qu'est le vôtre.
Je ne pensais pas qu'une jeune femme, aussi éloignée et si peu palpable soit-elle, pourrait me troubler autant que vous le faîtes de par votre sincérité. Vos mots expriment de fortes choses, trop fortes peut-être pour être lues sans crainte...
Pardonnez ma possible froideur, si elle transparaît sur ces lettres. La vérité est que la réalité s'en rapprochera certainement, au détriment de toutes ces pensées agréables que je peux avoir pour vous. Comprenez que je ne suis pas un homme naturellement ouvert aux effusions de sentiments, que je ne l'ai jamais été. Votre première lettre et toutes celles qui ont suivi m'ont bien plus désemparé que ce que je ne voudrais prétendre.
Je vous en prie, Violet, libérez-vous de quelque attente que ce soit, si ce n'est celui de me trouver à votre convenance et en cela je continue d'espérer, moi aussi. Je ne suis pas un homme sur lequel les jeunes femmes comme vous doivent avoir quelque espérance que ce soit, puisque toutes mes ambitions aujourd'hui sont dédiées à un futur que je suis capable de contrôler...
Vos yeux n'ont de cesse de me rappeler à l'ordre, malgré tout.
Connaissez-vous le parc Mac Arthur ? Si ce n'est pas le cas, il vous plaira, assurément. Trouvez pour moi un moment dans la semaine, de préférence en soirée, et je ferai tout pour me libérer. J'attendrai patiemment votre réponse.
Vôtre,
Reed
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