Une frustration à toutes épreuves. Je savais pertinemment que Julian jouait avec moi, qu’il voulait me faire languir de plus en plus. Les semaines ont passés depuis la dernière fois que l’on s’est vu. Et j’ai l’impression de ne plus me rappeler de Julian comme je l’aurais voulu. Le souvenir de son baiser qu’il m’a donné avant de partir, les formes de muscles de son torse et à quelques moments, je ne pensais plus qu’à mon désir qu’au fait qu’il devait créer une chorégraphie pour moi. C’est pour cette raison que je lui donnais rendez-vous dans l’après-midi après une rude négociation avec un homme du milieu avec qui j’avais un léger différent. La rivalité, vous me direz. C’est pire encore. Nous n’avons rien obtenu suite à cette rencontre, nous devions attendre encore un peu. Sur le chemin qui me menait au point de rendez-vous avec Julian devant un petit café, je relâchais un peu la pression en écoutant de la musique tout en observant la rue au travers de la vitre teintée. « Nous sommes arrivés » Un garde du corps me sortit de mes songes et je sortais de la voiture. Cherchant Julian du regard, il n’était pas loin, il m’attendait. Je souriais en le voyant. La voiture s’éloigne un peu et je marche en direction de l’asiatique d’un pas décidé. L’impression que je n’allais ne pas m’arrêter était réelle, mes pieds n’ont cessés de marcher que lorsque mes mains ont pris possession des joues de Julian et mes lèvres des siennes. Un baiser. Langoureux, intense et passionné baiser. Mes mains s’étaient glissés sur les hanches de Julian, les ont agrippés et ne comptaient pas le lâcher tant que je n’étais pas rassasié d’au moins ses lèvres. Et lorsque le baiser est rompu, je respire lourdement, de façon saccadée. Mes yeux se rouvrent pour admirer le bel asiatique. « Je te déteste de m’avoir fait tant attendre, Julian. » Je me mords la lèvre inférieure en le regardant droit dans les yeux. J’étais plus là pour lui que pour sa vidéo. Surtout que j’avais envie de me détendre à ses côtés, bien que ma tenue soit bien trop formelle pour ça. Un tailleur noir à la fois chic et détendu. « Si tu recommences, je trouve ton adresse et je te kidnappe. Ok ? » dis-je sur le ton de l’humour. Une part de moi pensait vraiment le faire, mais je suis une femme modérée. Du moins, j’essaie. Comme j’essaie de me retenir de l’embrasser à nouveau, ma main droite glissant sur le torse du jeune homme, exprimant mon désir de recommencer. Seulement, je dois aussi voir ce qu’il a préparé. En espérant qu’on passe vite cet épisode.
Il a mis du temps à préparer cette foutue chorégraphie. Du temps parce qu’entre les études qui reprennent, les choses avec Lewis, le boulot qui en demandait plus, les remplacements dans différentes comédies ou petits tournages TV et sa propre vie, en plus de trouver des danseuses voulant bien le faire avec lui presque « gratuitement » ce fut long. Cela dit, il ne regrette pas d’avoir galéré un peu parce qu’il pense sincèrement que maintenant, sa chorégraphie est au top. En sortant de sa voiture, il réajuste sa chemise et l’ouvre un peu plus avant de remettre correctement en place ses lunettes de soleil et de sourire en voyant des jolies filles passer devant lui. Il se dirige alors vers l’une des tables de libre et s’y installe tout en se recoiffant. Ah, il adore quand les choses ont un goût de victoire. Il attrape son téléphone et écrit quelques sms aux autres Deltas pour savoir si une soirée est bientôt prévue dans le coin. Il ne pensait pas pouvoir intégrer la confrérie en étant un étranger pur et dur mais finalement si, il avait pu le faire et ça le rendait plutôt heureux en réalité de vivre ça. De faire à nouveau parti d’une sorte de groupe, d’être dans un ensemble, une unité. Gia arrive enfin et machinalement, il se lève pour accueillir l’italienne et quel accueil. Il ne s’attendait qu’à moitié au baiser ardent. Il y répond en la tenant à la taille alors qu’elle se perd entre leurs lèvres jusqu’à ne plus avoir de souffle. Il sourit, content de son effet, content de l’avoir mise à bout, content de lui avoir manqué. « Je te déteste de m’avoir fait tant attendre, Julian. » Il sourit en coin tout en la regardant. « Tu dis ça seulement pour la forme, je le sais bien. » Il rit doucement avant de lui caresser le bras d’un revers de la main. Elle est bien chic dans son petit tailleur. « Si tu recommences, je trouve ton adresse et je te kidnappe. Ok ? » « Carrément ? » Hmm, un petit sourire malicieux s’attache à ses lèvres, il ne se pensait pas si « précieux » mais là, elle est en train de gonfler son égo. Il la laisse caresser son torse à moitié dénudé, il a fait exprès de mettre ce genre de chemise de toute façon. Il savait bien qu’elle ne résisterait pas à l’envie de le toucher. Il la fait s’asseoir et s’installe à ses côtés avant de prendre sa tablette et de la mettre en route pour lui montrer la chorégraphie. On peut le voir danser torse-nu avec des filles autour de lui en tenue de pompom girl pour un rendu plus vivant et réaliste. Il a incorporé les mouvements comme elle avait demandé, fait ça sur une musique très punchy, intégré des pas de danse un peu complexes. « J’ai passé du temps à regarder ce que les gens proposent dans les concours de cheerleading et à voir ce qui a été fait ou pas. » Il lui montre le moment du porté. « Sur une centaine de vidéo, je n’ai vu ça que deux fois. » Il faut dire qu’il est compliqué et un peu dangereux, mais ça fait son effet petite bombe.
Pourquoi je ne le jette pas ? Après tout, je pourrais trouver d’autres hommes à séduire, à plaire. Et pourtant, Julian reste dans mon esprit. Peut-être parce qu’il est beau ? Qu’il a une certaine classe qui me plait ? Parce qu’il me ressemble un peu dans le fond ? Je ne sais pas mais je reste, je me jette sur lui comme une lionne sur sa viande. Je ne comptais plus lâcher le jeune homme de sitôt. J’ai envie de lui, d’être avec lui pour un petit moment. Je me remets à peine de ce baiser qu’il me fait rire. « Tu dis ça seulement pour la forme, je le sais bien. » C’est vrai… Je ressens l’inverse pour lui. Je le désire, je le veux, je l’apprécie. Je ne sais cependant pas quelle est ma limite, ce qui m’effraie et m’attire encore plus. Je me contente de lui sourire en guise de réponse. Je n’ose pas sortir des mots « doux » avec Julian. Ça me semblait tellement bizarre comme initiative. Parce que le menacer de le kidnapper me semblait plus approprié. « Carrément ? » Je ris, et n’hésite pas à répondre au tac-o-tac : « Tu n’imagines pas à quel point… » ajoutais-je presque sérieusement. Puis finalement, il me guide à une table pour que je m’asseye sur la banquette, suivi par sa personne. Je continuais de rester contre lui. Ma tête contre la sienne, ma main sur son torse caressant sa peau. Je le laisse me montrer sa vidéo même si je me doutais qu’elle était à la hauteur de son égo. Enorme. Je souriais en voyant les tenues de pom-pom girl et lui, torse nu. Je tente d’être la plus objective possible. « J’ai passé du temps à regarder ce que les gens proposent dans les concours de cheerleading et à voir ce qui a été fait ou pas. » me dit-il sans que je ne bouge mon regard de la vidéo. « Sur une centaine de vidéo, je n’ai vu ça que deux fois. » Il me montre une figure, assez complexe mais je pense que c’est faisable à faire pour les filles. Je lève mon regard avec Julian en souriant : « ça rend encore mieux que ce que je le pensais. » Je souris puis me penche vers la tablette pour insérer la clef USB. Je tapotais dessus pour récupérer la vidéo. Puis je reporte mon attention sur Julian : « ça me donne envie de fêter ça, pas toi ? » Oui, j’en profite maintenant. Je veux Julian et je ne perdais pas le Nord. Il a conclu sa part du marché, il a réussi à faire la vidéo et je pourrais la présenter au Conseil d’Administration pour débloquer le fond qui paierait le jeune homme. Je pose mes lèvres sur les siennes et reprend le baiser là où mon souffle m’a obligé de m’arrêter. Ma main quitte son torse pour se poser sur la tablette, qu’il la lâche pour s’occuper de moi. Mais un sifflement strident me fit perdre la tablette des mains. Entre table et cuisses de Julian, la tablette avait un impact en son centre : une balle s’y était logée. Puis d’autres éclatent la vitre du petit café et dans un gémissement strident, je vois le bras de l’asiatique blessé… par balle. Mon cœur bat à la chamade, j’ai peur. Pas pour moi, pour lui. Je prends les épaules du jeune homme pour l’aider à se baisser, nous cacher derrière la banquette de devant. Baissée sur la banquette, je serre le jeune homme contre moi, j’avais l’impression que j’allais mourir d’une crise cardiaque. Un de mes gardes du corps arriva jusqu’à nous, tira Julian de mes bras. Il tenait le jeune homme d’un bras et de l’autre, m’attira pour que nous partions vers l’arrière-boutique. Nous débouchons sur une petite ruelle et il jette Julian comme ça. « HEY PUTAIN ! » Je lui mets un coup dans les bijoux de famille avant de prendre Julian contre moi. Je pose ma main sur sa joue : « Je suis désolée… » murmurais-je avec tendresse. Mais mon regard s’obscurcit quand je regarde le garde du corps : « Dis leur de venir devant, on doit soigner Julian. VITE ! » Le molosse sort son portable et je regarde la blessure de Julian : « Tu peux tenir le coup ? » Je sais que l’artère n’est pas touché mais il faut lui enlever la balle. Je prends son autre bras et le glisse autour de mes épaules et marche en direction de la rue la plus proche. Une voiture type 4x4 avec des vitres teintées fait son apparition au bout de la rue. Pendant une seconde, je doute sur les personnes à l’intérieur mais je suis rassurée en voyant un de mes hommes. L’adrénaline est encore dans mon sang, je n’arrive pas du tout à réaliser ce qu’il se passe. Mon seul objectif est de soigner Julian, il est devenu ma priorité. Je marche avec le jeune homme jusqu’à la voiture en espérant que c’était fini…
« Ça rend encore mieux que ce que je le pensais. » « Arrête donc de douter de mes capacités, je suis la crème de la crème ! » Non, il ne se prend pas pour de la merde, et il ne se prendra jamais pour de la merde. « Ça me donne envie de fêter ça, pas toi ? » « Tu… » Il n’a pas le temps de parler qu’elle lui dévore déjà les lèvres pour reprendre le baiser où il s’était stoppé. Il lui pose alors la main sur la cuisse et la caresse sans vraiment prendre garde à ce qui peut bien se passer autour. Elle a envie qu’il s’occupe d’elle de toute façon. Ça se sent tellement. Puis soudain, un sifflement et tout ce qu’il ressent, c’est une violente douleur dans le bras. Il n’a pas le temps d’hurler, il ne cherche même pas à hurler à vrai dire parce qu’il est paralysé par la peur. Il ne comprend rien et comme un abruti, il fixe le sang qui s’écoule de son bras et forme une tâche rougeâtre sur sa chemise neuve. C’est Gia qui agit, Gia qui le tire vers elle, qui le protège alors que les balles continuent de fuser. Il a mal, il est perdu, il tremble comme un gosse. Ah, elle est loin l’image de l’homme fort et viril. Il a presque envie de pleurer en appelant sa mère à la rescousse. Un molosse arrive et le tire sans aucun état d’âme, lui arrachant un cri de douleur. Gia est emmenée avec eux et rapidement, ils se retrouvent dans l’arrière-boutique avant de se faire jeter assez violemment. Il perd l’équilibre et se retrouve à genoux sur le trottoir, prêt à hurler sur ce pauvre con mais Gia le fait avant et quand elle lui donne un coup dans les bijoux, il est assez impressionné. « Je suis désolée… » « Je comprends rien… » Il se met assis doucement, épuisé par la douleur, la course étrange, l’idée de devoir survivre… « Dis leur de venir devant, on doit soigner Julian. VITE ! » Pourquoi on ? De qui elle parle ? Elle a combien d’hommes autour d’elle ? « Tu peux tenir le coup ? » Il hoche la tête faiblement même s’il transpire à grosse suée, il n’est pas prêt à tomber à cause de ça. Elle l’aide à se redresser, il fait un effort et se tient à elle pour aller jusqu’à la voiture et de là, elle l’aide à grimper à l’arrière. Il soupire doucement de soulagement quand tout se met en route. Le conducteur démarre au quart de tour et la voiture s’éloigne de la rue. « C’était qu… » Mais on tire encore sur la voiture. Il a l’impression de vivre la scène d’un film. C’est hallucinant, irréel, improbable. Le parebrise arrière explose mais ils arrivent les semer malgré tout. Il se redresse doucement en tenant son bras avant de la regarder complètement en colère et effrayé. « MAIS C’EST QUOI CE BORDEL !! » Il la regarde dans les yeux. « Et me mens pas, j’viens d’me prendre une balle pour toi ! » Il en est sûr, il n’était pas visé, mais elle oui. Il a pris la balle à cause d’elle… « Mon dieu, j’ai pris une balle… » Il prend doucement conscience des choses et ça ne l’aide pas vraiment à se calmer malgré son teint pâle.
Si j’avais pris sérieusement cette négociation, si j’avais pris le temps de mieux étudier les personnes que j’ai en face, si j’avais fait les choses correctement, je ne serais pas en train de tenir Julian contre moi pour le protéger des balles. Mon garde du corps ne serait pas en train de le tirer avec moi d’une fusillade. J’en ai mal au cœur quand je le tiens et vois le sang sur sa chemise. Il est perdu, moi paniquée. Je veux qu’on nous évacue au plus vite, au plus loin. La voiture est là et j’emmène le jeune homme jusqu’à la voiture. On referme la porte sur nous et j’entoure les épaules de Julian pour le tenir contre moi. Mon autre main immobilise son bras pour qu’on ne bouge pas trop. Je me crispe soudainement quand la vitre arrière explose. Julian est choqué mais gueule, ce qui rajoute à mon stress. « MAIS C’EST QUOI CE BORDEL !! » Mes lèvres tremblent en le regardant. « Et me mens pas, j’viens d’me prendre une balle pour toi ! » C’est vrai, je l’avoue. Je ne peux pas lui mentir mais je ne peux pas lui dire ce que je fais en dehors de l’université, ce que j’aurais dû faire avec plus de sérieux. « Mon dieu, j’ai pris une balle… » Il panique encore plus. Je prends son visage entre mes mains, j’essaie de me vouloir rassurante. « On va te soigner. Ne t’en fais pas. Respires lentement, essayes de te détendre, même si ça te semble difficile, fais-le… » Je semble détendue mais mon âme entière est agitée. Ce n’est pas la première fois que je vis ça. Mais c’est quand même la seconde fois qu’un proche est blessé à cause de moi. La première personne n’avait pas survécu, j’espérais que Julian, de toute manière, ce n’est pas une blessure grave comme une artère touché ou du poison. « Fais-moi confiance, s’il-te-plait. Je t’expliquerais tout quand on sera en sécurité. » implorais-je auprès de Julian. Je dépose un baiser sur sa joue et pose mon regard sur les gardes du corps à l’avant. « Chiamate alla Villa per proteggere i luoghi, detti loro di avvertire Il Dottore che si ha un ferito che bisogna curare. (Appelez à la Villa pour protéger les lieux, dites-leur de prévenir Le Docteur qu'on a un blessé qu'il faut soigner.) » Ordonnais-je avant de prendre Julian contre moi. Au bout de quelques temps, nous arrivions à Santa Monica, à ma Villa. J’aidais Julian à descendre. « Viens… » Je l’emmène suivi de plusieurs personnes dans la Villa, nous allions dans une chambre du rez-de-chaussée où nous attendait un vieil homme. « Il va te soigner. Assis-toi… » J’aide Julian à retirer ses vêtements et me mets de l’autre côté pour laisser la place au médecin. Je pose ma main sur sa joue pour attirer son regard, frôler ses lèvres des miennes et finalement, descendre ma main le long de son torse pour la glisser dans la sienne. « Tu as le droit de serrer aussi fort que tu veux… »
Il se laisse faire quand elle attrape son visage dans ses mains. « On va te soigner. Ne t’en fais pas. Respires lentement, essayes de te détendre, même si ça te semble difficile, fais-le… » « Comment tu veux que je me détente avec la douleur que ça procure ? » Il n’a jamais été très douillet niveau douleur (chiant quand il est malade oui, parce qu’il veut se faire materner), mais jamais vraiment douillet et là, ça fait franchement mal, il ne peut pas dire le contraire. « Chiamate alla Villa per proteggere i luoghi, detti loro di avvertire Il Dottore che si ha un ferito che bisogna curare. (Appelez à la Villa pour protéger les lieux, dites-leur de prévenir Le Docteur qu'on a un blessé qu'il faut soigner.) » Il secoue sa tête dans tous les sens, il a été habitué à entendre de l’italien à cause de Morgan et ses parents, mais franchement, elle vient de complètement le perdre, à part Villa et Docteur, il n’a rien compris. Lui qui pensait pouvoir aller dans le confort d’un hôpital… En même temps, il vient de se faire tirer dessus et Gia ne semble pas vouloir que ça soit ébruité. Il comprend sans vraiment comprendre. Ça lui fait peur de ne pas avoir la sécurité hospitalière. Peur de mourir, d’avoir mal, de faire un problème grave. Tout se bouscule dans sa tête. Il regarde la villa face à lui puis elle. « Viens… » Non, il n’a pas vraiment envie de venir, il n’a pas envie d’être charcuté comme ça avec pour seul anesthésiant, un peu de Whisky… Mais il n’a pas vraiment le choix. Dans le hall, un vieil homme qui lui fait froid dans le dos. « Il va te soigner. Assis-toi… » Il s’installe et se fait déshabiller dans la foulée, il regarde alors Gia. « N’en profite pas trop…. » Oui, il laisse momentanément place à l’humour pour se débarrasser de la trouille qui lui serre les tripes, mais ça ne sert à rien. Lorsqu’elle frôle ses lèvres, il a le réflexe de dégager sa tête. Il n’a pas envie d’elle, de ses baisers. Il veut partir loin d’ici, il lui en veut de l’avoir mise là-dedans. « Tu as le droit de serrer aussi fort que tu veux… » « Essaye même pas de m’embrasser, tu peux pas être franche, alors oublie mes lèvres ! Et je vois pas pourquoi je devrais serr…. » Pour le moment, il n’avait le droit qu’à des piqûres sûrement anesthésiantes et antiseptiques, mais d’un coup, une pince fine entre dans sa chair déjà trop meurtrie afin de pouvoir en extraire la balle. Il a envie d’hurler, mais il a le souffle complètement coupé et le corps tremblant sous la douleur que ça lui procure. A quoi bon faire une pseudo-anesthésie s’il n’attend pas qu’elle agisse hein ? « Putain de bordel de merde. » Il le dit en français et en gueulant quelque peu. « Ça fait un mal de chien putain. » Il en oublie son anglais, il en oublie tout, il a juste envie de se réveiller de ce cauchemar. Il sait bien que Gia n’y est pour rien fondamentalement, mais c’est plus facile de s’en prendre à elle et le fait qu’elle ne lui dise rien l’énerve. Lorsque le vieux médecin retire la balle, il gémit et tourne de l’œil prêt à s’évanouir, cependant, il arrive à tenir et rester droit. « T’es une mafieuse c’est ça ? Franchement, avec ce qui vient de se passer, tu crois pas que j’ai compris ça ? On a failli crever, tu penses que je vais aller te dénoncer ? Ta famille et ce que vous faites, se sont TES oignons, mais je suis en droit de savoir pourquoi on a voulu nous tuer non ? » Il la regarde dans les yeux en attendant une réponse honnête de sa part.
J’essayais de calmer Julian mais je sens bien que la situation lui échappe totalement. J’essaie de garder prise sur mon bien être intérieure même si le fait qu’il soit blessé retourne mon corps, mon âme, l’être entier que je suis. J’espérais qu’il puisse être soigné à temps, qu’il n’y est pas de complications. Doucement, j’aide le médecin à enlever le haut du jeune homme. « N’en profite pas trop…. » Je souris. Mon cœur s’emballe quand il frôle mes lèvres mais j’ai la nausée quand il s’éloigne soudainement de moi. D’être retournée et en plus rejetée par Julian, je me sens vraiment mal soudainement. Plus qu’il y a quelques secondes. J’essaie de ne pas montrer l’impact que ça me fait, je veux qu’il se soigne avant. « Essaye même pas de m’embrasser, tu peux pas être franche, alors oublie mes lèvres ! Et je ne vois pas pourquoi je devrais serr…. » Encore plus, je me sens défaillir. Fragilisée par l’évènement, les mots qu’il prononce n’ont plus aucune barrière pour les filtrer. Je n’ose même plus lui parler, le regarder, je suis seulement là pour le soutenir physiquement dans cette épreuve. Je sens sa douleur au travers de ses réactions que je me doutais qu’il tentait de cacher au maximum. Des injures dans un français que je ne comprenais pas beaucoup. Le médecin me prévient d’un regard et je pose ma main sur sa nuque pour le tenir encore plus. Il me regarde mais j’ai du mal à soutenir son regard. « T’es une mafieuse c’est ça ? Franchement, avec ce qui vient de se passer, tu crois pas que j’ai compris ça ? On a failli crever, tu penses que je vais aller te dénoncer ? Ta famille et ce que vous faites, ce sont TES oignons, mais je suis en droit de savoir pourquoi on a voulu nous tuer non ? » Je le regarde, les lèvres tremblantes. Ce serait idiot de lui mentir ouvertement. « Ils ont mal visés. C’était très probablement moi qui était visée dans tout ça, pas toi. » Le médecin couds un petit peu la plaie du jeune homme, la nettoie et y mets un bandage pour le protéger. Je le congédie du regard et finalement, je retire mes mains de Julian pour m’éloigner de lui. Je retire mes talons, enlève ma veste et ouvre ma chemise. J’ai besoin de respirer, je me sens tellement mal. J’ouvre la fenêtre et plaque mon dos contre le mur qui est à côté. J’inspire profondément. J’ai du mal à revenir sur Terre. « Je suis faible, c’est pour ça qu’ils ont voulu profiter de la situation pour me tuer. Ma famille a du pouvoir dans plusieurs pays et mon arrivée ici, c’est comme une entreprise qu’on implante, tu vois. Comme si on mettait un tigre dans un combat de chatons. Je suis désolé que ça t’ait impliqué tout ça. Je te paierais… pour tout ce que tu auras besoin à cause de cette blessure. » Je pense que je dois me bouger pour les affaires, le travail à UCLA me fait trop faiblir vis-à-vis de ça. Je dois couper le cordon avec les bébés et marcher dans la cour des grands. « Je vais te faire apporter du bouillon, reposes-toi un peu ici. Tu peux rester autant que tu veux mais restes au moins ici pour une nuit. Le temps que ça se décante dehors. » Le visage blême, je regarde Julian. J’ai envie de pleurer mais je me retiens parce qu’il est là. Ce qui me fait mal, c’est qu’il me repousse. Finalement, je referme la fenêtre, je m’apprête à le laisser seul dans la chambre : « Saches que je ne voulais pas t’impliquer là-dedans, je t’apprécie trop pour ça… je ne pensais pas… qu’ils feraient ça. Je sais que tu me pardonneras jamais, que je te dégoûterais toute ta vie… Sache que je ferais le nécessaire pour qu’on te prenne en tant qu’assistant. Si tu me cherches… » même si j’en doute fortement. « Je serais de l’autre côté du couloir, dans mon bureau… » Je baisse les yeux et sors de la chambre. Quand la porte se referme sur moi, je cale mon dos contre le mur et me laisse tomber au sol.
« Ils ont mal visés. C’était très probablement moi qui était visée dans tout ça, pas toi. » Même ça, ça l’enrage fortement. Comment peut-elle accepter l’idée que quelqu’un voulait la tuer hein ? Si elle l’avait pris cette balle, il n’aurait pas donné cher de leurs deux carcasses à vrai dire. Il sent les picotements de l’aiguille, puis, enfin une sorte de délivrance. Une compresse, puis un bandage. C’est la fin de la séance de torture, du moins, pour le moment. Il la regarde se mettre un peu plus à l’aise et ouvrir la fenêtre. Il peut sentir l’odeur de l’océan et ferme doucement ses yeux le temps de quelques secondes. Quand il les ouvre, elle est contre le mur à essayer de se reprendre. « Je suis faible, c’est pour ça qu’ils ont voulu profiter de la situation pour me tuer. Ma famille a du pouvoir dans plusieurs pays et mon arrivée ici, c’est comme une entreprise qu’on implante, tu vois. Comme si on mettait un tigre dans un combat de chatons. Je suis désolé que ça t’ait impliqué tout ça. Je te paierais… pour tout ce que tu auras besoin à cause de cette blessure. » Il soupire faiblement quand elle ramène ça à l’argent. Franchement, qu’est-ce qu’il peut faire avec cette blessure hein ? Aller à l’hôpital ? Non, sinon, il y serait déjà, il n’est pas con. A part se faire suivre par ce vieux doc tortionnaire, il n’a pas vraiment de choix. Ça va être juste tellement compliqué à vivre dans le quotidien. Faire le pansement seul, ne rien montrer aux autres ou alors inventer une bonne excuse. Quelle prise de tête. « Je vais te faire apporter du bouillon, reposes-toi un peu ici. Tu peux rester autant que tu veux mais restes au moins ici pour une nuit. Le temps que ça se décante dehors. » Franchement, il préfèrerait un peu d’alcool pour tenter de se décoller de tout ça, mais il se retrouve incapable de parler. Tout tourne en boucle dans sa tête, elle est une mafieuse qu’on veut zigouiller, qu’on a bien failli zigouiller d’ailleurs et la côtoyer devient dangereux, mais à vrai dire, il la prend presque en pitié. Elle n’a jamais voulu naître dans cette famille après tout non ? « Saches que je ne voulais pas t’impliquer là-dedans, je t’apprécie trop pour ça… je ne pensais pas… qu’ils feraient ça. Je sais que tu me pardonneras jamais, que je te dégoûterais toute ta vie… Sache que je ferais le nécessaire pour qu’on te prenne en tant qu’assistant. Si tu me cherches… » Il reste toujours silencieux et la regarde à peine. Il fait sa tête de boudeur des mauvais jours et la laisse s’enfoncer un peu plus sans la récupérer parce qu’il est rancunier malgré tout et un peu (beaucoup) diva. « Je serais de l’autre côté du couloir, dans mon bureau… » Il lui jette un bref regard avant de s’allonger nonchalamment comme s’il n’en avait rien à fiche d’elle. C’est juste qu’il réfléchit, qu’il se pose trop de questions, qu’il se demande comment agir. Il entend la porte se fermer et pousse un long soupir. Mon Dieu, dire qu’il a failli y passer aujourd’hui, dire qu’on vient de lui retirer une balle, dire qu’elle est une mafieuse. Beaucoup trop de choses en trop peu de temps. Ses yeux divaguent à nouveau pour se poser contre la porte et la fixer un moment, mais il est épuisé. Epuisé par tout ça, épuisé par la douleur, par l’adrénaline qui retombe… Morphée vient le chercher rapidement et il s’endort comme un bébé. Lorsqu’il ouvre à nouveau les yeux, la nuit est tombée sur Los Angeles. Un drap fin le recouvre. Il se redresse alors et grimace doucement en sentant sa blessure se réveiller avec lui. Il attrape l’écharpe posé sur le bord du lit et l’enfile sagement avant de sortir de là. Tout est calme, si calme. Il voit alors la porte du bureau et hésite un peu avant de toquer doucement et d’entrer sans même savoir s’il le peut. Il referme la porte derrière lui et observe l’endroit avant de remarquer la belle blonde et de s’avancer jusqu’à elle, puis de se laisser tomber mollement dans un des gros fauteuils de la pièce. « Wassup ? » Il la regarde avant de soupirer doucement, il ne sait pas vraiment quoi dire en réalité. « Tu sais… » Il se mord la lèvre. « J’étais en colère, mais maintenant, j’me dis qu’au moins, on est en vie tous les deux. » Il soupire doucement. « Par contre, quelqu’un cherche à te tuer et c’est pas du tout rassurant… » Il l’observe presque tendrement, finalement, les gens ont raisons quand ils disent que le sommeil porte conseil.
Quand j’étais revenue quelques heures après, pour voir comment il allait, je l’ai vu dormir. Je l’ai regardé pendant quelques temps avant de me décider à essayer de faire la même chose que lui. De toute manière, il n’y avait plus rien à faire pour l’instant. Ma famille était prévenue, tout le monde était d’alerte, je n’avais plus qu’à lâcher prise, à ma façon. Au début, je pensais pouvoir me reposer dans ma chambre, me déshabiller, m’allonger dans mon lit et dormir pour une sieste. Impossible. J’enfilais mon peignoir de soir autour de mon corps nu et descends dans la cuisine pour me faire préparer un repas. C’est-à-dire avec une bouteille de whisky, des plats italiens et encore du whisky. Je me calais tout cela sur mon bureau, regardant un film à l’eau de rose… puis un second. Jusqu’à ce que j’ai la flemme de me bouger de mon grand fauteuil et laisse passer une série à la TV. Je rêvasse à présent. Je réfléchis et me retrouve surprise par la porte qui s’ouvre sur un Julian qui vient de se réveiller. Ça se voit sur sa tête. Il est beau, au réveil. « Wassup ? » Je soupire. « Niente. (Rien) » avouais-je, en italien. Je continue de fixer l’écran qui passe la publicité. De toute façon, il ne va pas vouloir m’avoir contre lui, ni me câliner, ni m’embrasser. Plus rien. Je le dégoûte. Le mélange plats italiens et whisky me remonte à la bouche rien que d’y penser. « Tu sais… » Je ne le regarde pas. « hmnun ?? » Je pense avoir entendu le pire de sa part, tout à l’heure. « J’étais en colère, mais maintenant, j’me dis qu’au moins, on est en vie tous les deux. » C’est vrai, je suis en vie. Mais ça sert à quoi si je perds Julian ? Mes yeux sont fatigués, embués, je le regarde, vide. « Par contre, quelqu’un cherche à te tuer et c’est pas du tout rassurant… » Je pousse un gémissement, je grogne, je sais pas trop, j’émets un son bizarre. « Je m’en fiche ! Depuis que je suis née, on a tenté de me tuer deux fois ! Il y a dix ans … et tout à l’heure. Personne n’y est arrivé parce que je sais grandir avec mes erreurs. » Je fais une petite moue boudeuse. « C’est les dommages collatéraux qui m’ont toujours fait souffrir à chaque fois. C’est limite si je préfère mourir que de survivre avec ça. » La dernière fois, j’ai perdu ma mère. Maintenant, j’ai failli perdre Julian et en plus de ça, il m’a rejeté. Vous n’imaginez pas ce que ça peut me faire. Je me lève, la tête me tourne et je pose mes fesses contre le mur. Je râle. « Et toi, ton bras, ça va ? » Je tends mon bras vers la bouteille de Whisky, j’ai un peu de mal à la prendre mais finalement, je l’ai et je me lève. Je secoue la tête, c’est trop flou là. Je ferme les yeux, inspire puis marche d’un pas décidé jusqu’à Julian. Je m’assois en posant mon corps contre l’épaule valide. « Bois, ça fait du bien… » proposais-je à l’asiatique en lui tendant la bouteille. Bon dieu… qu’est-ce que ça fait du bien de la chaleur humaine, sa chaleur humaine. C’est mieux que du whisky. Je remarque alors que mon peignoir tombe un peu. On voit mon corps, la suggestion de mes seins, de la jonction de mes cuisses. Je m’en fiche. « Tu restes un peu ? » demandais-je en posant ma tête contre son épaule.
« Niente. (Rien) » Il hoche la tête doucement, ça, il comprend, merci Morgan d’ailleurs. Il essaye de parler, de communiquer, de lui montrer que sa colère est tombée mais qu’il reste inquiet pour elle, ce qui n’est pas une mauvaise chose, ça prouve juste qu’il tient à elle. « Je m’en fiche ! Depuis que je suis née, on a tenté de me tuer deux fois ! Il y a dix ans … et tout à l’heure. Personne n’y est arrivé parce que je sais grandir avec mes erreurs. » Il hausse un sourcil face à sa réaction un peu virulente et sa moue boudeuse. « C’est les dommages collatéraux qui m’ont toujours fait souffrir à chaque fois. C’est limite si je préfère mourir que de survivre avec ça. » Il secoue négativement sa tête avant de pousser un long soupir. Pourquoi vouloir mourir quand on a la chance de vivre hein ? Lui, il ne s’est jamais, jamais dit ça. Impossible, il est trop heureux de sa vie malgré la difficulté, les bons moments supplantent tout. Il la regarde un moment en se demandant pourquoi elle peut être aussi cruelle envers elle-même. « Et toi, ton bras, ça va ? » Machinalement, il regarde son écharpe avant de hocher doucement la tête. Ça va… Oui, au fond, ça va. C’est son mental qui a surtout était choqué. Il se demande si ça va lui laisser des séquelles malgré tout, il a besoin de ses bras pour danser… Elle se retrouve contre lui, il ne bouge pas et l’observe alors qu’elle boit encore. Elle semble pourtant déjà assez éméchée. « Bois, ça fait du bien… » Il prend la bouteille avec sa main valide et la repose sur le bureau avant d’enlacer la belle blonde pour s’assurer qu’elle n’aille pas la rechercher. « Toi tu devrais arrêter de boire. » Il observe le corps de Gia qui se dévoile sous le peignoir en digne impudique qu’il est depuis longtemps. Il la regarde sans aucune gêne, sans même se cacher ou rougir alors qu’elle se cale contre lui. Il lui frotte le bras doucement. « Tu restes un peu ? » « Visiblement. » Il devrait partir, fuir, appeler un taxi, mais il n’en a pas vraiment envie. Il ne sait pas comment la réconforter, il est pataud, il n’a jamais vraiment su trouver les bons mots quand les femmes sont en pleurs, il n’a cessé de jouer avec son physique depuis toujours ou de donner des conseils aux autres mâles comme s’il n’en avait absolument aucun à recevoir lui-même. Et pourtant, à ce moment-là, il est comme un puceau nigaud incapable de savoir quoi dire ou quoi faire. Un autre soupir franchit ses lèvres alors qu’elle est toujours contre lui. Lentement il la prend plus contre lui et la fait se tourner un peu plus vers lui, tout en faisant en sorte que son bras droit ne soit pas touché. Il regarde Gia et lui sourit doucement avant de l’embrasser.
De sentir qu’il ne m’en voulait plus, j’ai eu envie de me diriger vers lui. J’avais envie de me serrer contre lui, mais bien que j’étais bien enivrée, je savais que je ne devais pas aller trop loin au risque de le perdre, de lui rappeler à quel point il m’a repoussé la dernière fois. M’enfin, son bras c’est mieux que ce que c’était. Je lui tends la bouteille dans l’espoir qu’il m’accompagne. Il s’en va la déposer sur mon bureau et revient à moi. Zut. Il m’enlace. C’est encore plus agréable. « Toi tu devrais arrêter de boire. » Je grogne mais bien vite, il me calme par sa présence, puis qu’il m’accepte. Je ne dis pas un mot à ce sujet, espérant seulement qu’il reste avec moi ce soir. J’en ai tellement envie. Et sa réponse me plait : « Visiblement. » Je souris, bien contente qu’il reste malgré ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Après tout, je n’ai jamais voulu ça. Et puis, je ferais tout pour qu’on puisse redevenir ce que l’on était. Je ne sais pas comment y parvenir, mais j’ai la volonté et le désir de rester proche de Julian. J’ai envie de le protéger même si en ce moment, c’est plus lui qui protège mon pauvre corps en le rapprochant du sien. Et le réchauffe. Je n’ai pas le must du must pour ce qui est de vêtements chauds et pourtant… ce n’est l’effet de son souffle chaud sur mes lèvres avant que celles-ci se retrouvent contre les siennes. Je frémis de cette sensation, pas seulement parce que j’ai bu mais aussi parce que c’est étrange. Ce n’est pas un baiser juste pour chauffer, c’est différent, intense… une intensité, une chaleur différente. C’en était presque addictif. Je n’ai qu’envie que d’une seule chose à ce moment-là : prolonger, approfondir… ce baiser. Je glisse mes bras autour de son cou sans me poser sur ses épaules, sans toucher son torse avec mon buste qui se dévoile à force de bouger et d’étendre la soie de chaque côté de mes épaules. Je lève doucement le visage pour rompre le baiser, rouvrir les yeux sur un Julian qui m’enchante : « Il vaut mieux que je me contente d’un seul baiser… Je ne mérites déjà pas tes lèvres. » Je dépose un chaste baiser sur ses lèvres avant de me résigner à m’écarter de Julian. Durant des heures, j’ai rêvé qu’il me pardonne et qu’on se séduise à nouveau. Mais la culpabilité est là, forte et l’image de la fusillade encore plus profonde que la balle qui a traversé le bras de Julian. Les baisers qu’il pourrait me donner ce soir n’auront qu’un goût d’amertume. Je referme mon peignoir correctement, couvrant à nouveau mes épaules et cachant mes formes. Je me tourne enfin vers Julian : « Tu as mangé ? La gourvernante t’a fait de la soupe aux légumes. C’est mieux de ne pas manger des choses solides pour guérir. » Digérer le solide vole l’énergie qu’il faut pour guérir. Alors bon… me doutant de sa réponse, je prends ma bouteille et finalement : « Viens, on va dans la cuisine. » Je bois une gorgée tout en prenant la direction de la cuisine. J’y vais lentement pour ne pas perdre l’asiatique dans les couloirs de la Villa.
Elle l’embrasse, il a envie de se reculer, elle a tellement bu que ça l’écoeure presque, mais il comprend qu’elle en a besoin, alors il ne bouge pas, il y répond doucement. Il a un peu mal quand elle l’enlace malgré le fait qu’elle essaye tout et rien pour ne pas prendre appui sur lui, c’est la position qui ne lui va pas. Elle rompt finalement elle-même ce baiser qu’elle avait commencé avec envie. Une envie dévorante. Une obsession. Voilà ce qu’il a l’impression d’être pour elle, tout ça parce qu’il ne se donne pas totalement. Il a l’impression d’être un objet de caprice face à une femme-enfant. « Il vaut mieux que je me contente d’un seul baiser… Je ne mérites déjà pas tes lèvres. » Il a envie de lui dire : en effet, mais il se retient avec un petit sourire. Ce n’est pas le moment d’enfoncer le clou à vrai dire. Quoi que… Oui, non, c’est pas le moment. Il pousse un léger soupir presque inaudible avant de regarder la pièce. Elle se lève pour se rhabiller un peu plus correctement, puis de se tourner vers lui. « Tu as mangé ? La gourvernante t’a fait de la soupe aux légumes. C’est mieux de ne pas manger des choses solides pour guérir. » De la soupe, quelle horreur. Il en a mangé tellement en Corée afin de ne pas prendre un gramme et de toujours avoir un truc dans l’estomac. Ça ne lui fait aucune envie pour le moment, il aimerait lui dire, mais elle ne semble pas prête à l’écouter. « Viens, on va dans la cuisine. » Il l’observe en restant à deux mètres de retrait. Elle marche mal, elle boit, elle semble déconnectée de la réalité. Une fois à la cuisine, il observe le lieu et la pauvre femme qui semble épuisée et qui n’a qu’une hâte, c’est de dormir. Il l’observe avant de lui prendre la bouteille et de la jeter contre un mur loin d’eux, tant pis pour les dégâts. « Gia arrête ! » Il la fixe durement. « Ce qui est arrivé tout à l’heure, c’est la dèche, je suis d’accord, mais ça justifie pas de devoir boire autant, au contraire ! Prends le taureau par les cornes au lieu de sombrer ! » Il soupire avant de passer sa main dans ses cheveux, puis de la regarder. « Je suis désolé, je sais que tu as besoin de soutien… mais je peux pas… » Il se recule pour aller vers le hall. « J’ai pas les épaules assez solides pour ça. » Il a trop souffert déjà avec le scandale. Il recommence à se faire un nom, il recommence à se créer une carrière, il ne peut pas être lié à elle, à la mafia… Non. C’est trop lui demander.
Au fond, le choc de la bouteille contre le mur ne me dérange pas, je n’en ai rien à faire. Les dégâts, je m’en fou. C’est le geste, je regarde Julian avec incompréhension. « Gia arrête ! » Je sursaute, frissonne de peur. « Ce qui est arrivé tout à l’heure, c’est la dèche, je suis d’accord, mais ça justifie pas de devoir boire autant, au contraire ! Prends le taureau par les cornes au lieu de sombrer ! » Il ne sait pas. Est-ce qu’il comprendrait mon désarroi si je lui dis que j’ai perdu ma mère dans les mêmes circonstances ? Je ne sais pas… c’est me faire passer en victime, lui donner une raison de m’avoir en pitié… Beurk… « Je suis désolé, je sais que tu as besoin de soutien… mais je peux pas… » Je sens mes joues rougir, l’envie de pleurer crie à mon corps. Je regarde Julian avec encore plus d’incompréhensions. « J’ai pas les épaules assez solides pour ça. » Je ne sais pas comment réagir, il s’en va. J’ai envie de le rejoindre mais je me dis que si je lui cours après, je serais encore plus pitoyable. Dans un autre sens, je n’ai pas envie de me sentir abandonner. Pas en ce moment, pas avec ce qu’il m’arrive. Mais c’est ce que fait Julian. De le faire rester ça ne ferait que pleurer plus longtemps sur son épaule. Et puis, je lui dois quoi ? Je l’apprécie mais je ne pense pas que ce soit réciproque maintenant. Mon attirance pour lui ne me mènera à rien de sérieux, à ce que je crois en ce moment... je ne suis plus sûre de rien. Je me rends compte qu’il faut que je me reprenne, ne plus laisser les gens voir cette face fragile de moi, cette face que ces hommes ont profités pour essayer de me détruire. Laisser le temps passer pour réagir correctement est la meilleure des solutions. Je laisse Julian s’en aller, peut-être qu’on se reverra. Peut-être pas. Je pousse un soupir et décide de m’en aller dans ma chambre, prenant une aspirine avant de m’allonger sur mon lit et m’endormir.
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