Les doigts d'Anna glissent sur les pochettes glacées d'une série de films qui ne se prennent pas aux sérieux. Si elle voulait regarder quelque chose de tragique, elle pourrait repousser les volets pour laisser entrer dans sa vie les horreurs du passé. Ses doigts ne tremblent qu'un instant, mais Oxanna s'étire les orbites pour être bien certaine que personne n'a remarqué sa faiblesse. Elle pose un sourire sur ses lèvres, petit mensonge pieux, grande arnaque quotidienne.
Ses pas s'enlignent comme les perles d'un chapelet, la laissant trainer sa croix, sa honte brûlante de pas avoir été confrontée. Les doigts d'Anna attrapent une poignée de vent pour la laisser filer, rêvant de n'être que poussière pour ne rien ressentir.
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Mademoiselle Woods, locataire d'un loft un peu trop grand, meublé par quelqu'un aux goûts modernes, sans âme, vraiment. Quelques murs payés par un père qui ne sait pas qu'un enfant a besoin d'être écouté, pas d'être payé pour jouer seul dans son coin. Oxanna laisse sa boîte vocale se remplir de toutes les suggestions de son père, entre les suggestions d'évènements biens vus, ou l'éternelle requête de la voir joindre une fraternité. Que des conneries auditives qui grincent à ses oreilles, que des murmures qui la tirent vers le bas.
Le coeur d'Oxanna n'a pas peur pour l'instant. Genesis est jute là, à portée de main, mais pourtant si loin. L'écran illuminant la pièce comme la chandelle d'un diner aromantique. Les acteurs jouent la comédie, les spectatrices aussi. Le type de l'autre côté de l'écran dit quelque chose de drôle. Genesis laisse tomber un rire, mais Anna sait qu'il est faux, créé de toutes pièces. À ce jour, jamais elle n'a dit mot sur ce jeu que joue son amie, jamais elle n'oserait, y jouant elle-même trop souvent.
L'index d'Anna se pose sur le bouton affublé de deux lignes parallèles, figeant de loin l'écran de leurs évasions. Les yeux d'Oxanna sont toujours fixés sur le rectangle électronique, mais ses lèvres laissent passer ses sentiment. « tu sais que t'as pas à faire semblant. Pas ici, pas avec moi . . . » laisse tomber la brune, incroyablement effrayée de perdre une amie qu'elle voudrait simplement aider, si ce n'est pour le temps qu'elle passe ici, loin de tout, loin de lui.
nothing scares me anymore
⊹There she was my new best friend. High heels in her hands, swayin' in the wind While she starts to cry, mascara runnin' down her little Bambi eyes (by anaëlle)