the scars are silver and gold + jersey

❛Can I count on you stranger ?❜

Son bar. Son propre bar. Pour la première fois de sa vie, Vahid possédait quelque chose. Il avait acheté ce bar à partir de ses économies. De l’argent qu’il avait obtenu par rapport à ses activités au sein de la mafia certes, mais cette fois ci, ce bar n’appartenait qu’à lui. Travailler et vivre pour la mafia assuraient un bon train de vie, une aisance et un confort dont beaucoup d’hommes seraient contentés. Mais les contreparties pouvaient être pesantes. Vahid savait qu’on lui avait tout donné mais aussi qu’on pouvait tout lui reprendre. Un seul faux pas, une seule contrariété et son monde pouvait s’effondrer sous ses pieds. Ce bar symbolisait un avancement personnel, une preuve de son émancipation même si à des milliers de kilomètres de sa famille mafieuse, il restait un pion. Ses nouvelles tâches auprès de la demoiselle Leonetti en étaient la preuve … Un peu de liberté ne signifiait pas qu’il avait brisé ses chaînes. Mais ce soir, il ne travaillait pas pour elle. Ce soir, il travaillait pour lui. Le chiffon sur l’épaule, Vahid lavait des verres qui débordaient d’alcool quelques secondes plus tôt. Sa nouvelle activité marchait bien, son bar attirait de plus en plus de foule. Et Vahid ne cessait de faire de nouvelles rencontres comme cette jeune femme blonde et élancée, qui poussait les portes en bois de l’entrée du bar. « Je me demandais si tu allais venir ce soir. ». Son accent italien le trahissait. Il ne maîtrisait pas encore parfaitement la langue mais il l’a maîtrisait assez pour avoir fait quelques fois la conversation avec elle. Cette femme qu’il avait remarqué parce qu’elle n’allait pas très bien, parce qu’elle avait parfois trop bu, parce qu’elle rentrait avec des hommes, jamais le même … Vahid déposa les verres qu’il avait encore dans les mains et essuya les gouttes d’eau sur sa peau à l’aide du chiffon blanc qu’il déposa ensuite sur le bar. « Qu’est-ce que je te sers ? ». Les mains à plat sur le bar, il la détaillait, un vague sourire aux lèvres.

VAHID ∞ JERSEY

the scars are silver and gold

Vous est-il déjà arrivé de ne pas parvenir à dépasser un événement qui vous a entrainé tout droit en enfer ? Je n’ai vraiment rien eu le temps de voir venir, je ne m’attendais pas à ce que Tylian me révèle de telles choses à son sujet, il a tué quelqu’un et je n’ai pas eu le temps de digérer cette information pour pouvoir faire la part des choses qu’il me demandait de fuir avec lui. Je ne l’ai pas fait et je l’ai immédiatement regretté. Aujourd’hui il est trop tard et pour la première fois je commence à avoir le sentiment que le soleil est sur le point de percer l’imposant voile qui l’empêche de me réchauffer la peau, foutus nuages. Depuis que je suis rentrée de Coachella je me suis habituée à toujours me rendre à ce bar. Une nouvelle adresse que je désirais seulement tester à la base, un bar qui est finalement devenu un refuge pour moi. Je me pointe au moins deux fois par semaine, je bois plus ou moins suivant mon humeur et parfois je rentre avec un homme qui pense avoir réussi à se hisser suffisamment haut pour pouvoir me sauter. Ce n’est malheureusement jamais le cas, j’aguiche, j’embrasse, je caresse mais je coupe court au moment d’arriver devant chez moi. Appelez-moi garce si vous voulez mais en ce moment je n’ai pas le goût du sexe, aucun homme ne m’a encore suffisamment fait vibrer pour que je puisse le désirer et retrouver un certain appétit qui, j’en suis certaine, ne me ferait pas de mal.

Ce soir tout va pour le mieux mais je n’ai pas envie d’être seule et pas non plus envie de passer un moment avec mes amis, non… A vrai dire je ne songe qu’à aller boire un verre et c’est ce que je vais faire, c’est l’objectif de la soirée lorsque j’entre dans ce bar, ma seconde maison. Je m’installe au comptoir, jetant un petit coup d’œil rapide aux personnes qui sont là, le bar attire de plus en plus de monde et ça se voit. « Je me demandais si tu allais venir ce soir. » Je me retourne pour pouvoir lui faire face, un sourire étire naturellement les lèvres et apporte un peu plus d’éclat à mon visage. « Fidèle au poste ! » Il m’arrive d’ailleurs de me dire que je ne vais pas du tout avec l’endroit, les clients les plus réguliers ont au minimum dix ans de plus que moi et sont tous pour la plupart alcooliques, ce qui n’est pas mon cas. « Qu’est-ce que je te sers ? » Très bonne question, que pourrais-je bien commander cette fois-ci ? A force je pense avoir fait le tour de la carte. « Et si… Tiens, je te laisse choisir, surprends moi ! »

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❛Can I count on you stranger ?❜

Fidèle au poste, comme une petite dizaine d’autres personnes qui avaient pris leurs habitudes dans le bar du perse sans en être l’écrasante majorité. Vahid avait tenu à ne pas ouvrir un bar d’ivrogne mais à en faire un lieu convivial avec une clientèle jeune. C’est pourquoi il organisait tous les week-ends des soirées musicales en invitant des groupes peu ou pas connus à jouer dans son bar. Il baignait depuis son plus jeune âge dans l’univers de la musique, sa mère était chanteuse et il tenait à garder cette dimension artistique dans sa vie comme il s’accrochait au souvenir de sa défunte mère. Le sourire aux lèvres, ravi de la retrouver chez lui ce soir, Vahid acquiesça lorsqu’elle lui donna carte libre. Pas de cocktails traditionnels et déjà vu pour elle, il voulait quelque chose de spécial. C’était la raison pour laquelle il se mit à chercher parmi les bouteilles disposées devant lui et qu’il se mit à confectionner une liqueur qui devrait lui plaire. Un peu de vodka, une légère dose de purée de fraise, d’orange et de citron. Il ne savait pas vraiment ce que ça allait donner mais il lui présenta en ajoutant : « Le spécial Jersey ». Si elle l’appréciait, peut-être même qu’il pourrait le mettre sur sa carte, à son nom. « Dis-moi si tu n’aimes pas, je te ferais quelque chose de plus classique ». Vahid profita de la présence de Jade, son employée pour passer du temps avec l’élégante blonde. Ce qu’il ne pouvait se permettre lorsqu’il était seul et que du monde affluait dans le bar. « Comment tu vas ? ». Ils n’étaient pas vraiment proches, ils se croisaient toujours dans l’enceinte de ses murs. Jersey était probablement une des premières personnes avec laquelle il s’était lié en arrivant à Los Angeles même si leur relation restait cantonnée à ce bar,  le contact passait et Vahid se permettait de poser la question. Il savait qu’elle était passée par une période difficile sans en connaître la raison. Et c’était aussi pour ça qu’il s’inquiétait de savoir comment elle allait.

VAHID ∞ JERSEY

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Quelques mois en arrière je n’aurais certes pas été de celles qui passent leur temps libre en allant boire un coup dans un bar. Je n’ai jamais été cantonnée au rôle de la cliente régulière que l’on peut apprendre à connaitre entre deux consommations. Oui, mais avant j’étais bien dans ma vie et je n’avais pas besoin de passer le temps autrement, pour ne pas avoir à songer au bordel qu’est ma vie lorsqu’on retire les études et mon travail. Il est vrai que tout me réussit plutôt bien professionnellement parlant, ma carrière est au top, mes études seront bientôt terminées, l’histoire d’une ou deux années supplémentaires et je suis sur le point de récupérer ma place de major de promo mais… Mais en dehors je ne suis plus aussi heureuse qu’avant, je me raccroche à mes amis mais ce n’est pas suffisant, le vide laissé par Tylian est immense et je n’arrive pas à boucher les trous alors je me retrouve ici, plusieurs fois par semaine à espérer trouver un sens supplémentaire à ma vie. Utopique de croire que la réponse se trouve dans un bar et je ne suis pas rêveuse au point de croire à une telle histoire mais ici je me sens bien, les gens sont sympathiques et l’ambiance est agréable, légère. On s’amuse bien, il m’est même arrivé de prendre le micro et de me lâcher sur le dernier son à la mode lors d’une soirée karaoké, chose qui n’arrive que très rarement. Certains éprouvent le besoin de se rendre chez le psychologue une dizaine d’heures pour passer outre une séparation ou un coup dur, ma thérapie elle se trouve ici, dans ce bar. L’alcoolisme ne passera pas par moi pour autant, je bois toujours un ou deux verres mais jamais plus, je ne suis pas là pour noyer mon mal être, je reprends juste goût à la vie en côtoyant des personnes différentes de celles que j’ai l’habitude de retrouver au quotidien.

Le charmant propriétaire de ce bar n’est peut-être pas pour rien dans cet élan de bonheur qui me touche à chaque fois que j’entre ici, il est chaleureux, accueillant et il parvient facilement à recueillir des confessions. Je ne suis pourtant pas du genre à raconter ma vie au premier venu mais il est malgré tout parvenu à passer au bon moment vers moi pour obtenir quelques petites informations sur moi. Rien de très original, rien de très intéressant mais ce fut agréable de partager avec lui. Je l’apprécie, peut-être est-ce aussi pour cela que je continue de venir ici. « Le spécial Jersey » Je l’ai regardé, curieuse, me concocter ma boisson et à présent j’ai l’impression que si j’attends une minute de plus je vais sombrer dans une forme de manque vraiment spéciale. Lorsqu’on titille ma curiosité je me montre très impatiente, je déteste le mystère voyez-vous. « Merci ! » Mes doigts longent le verre qu’il m’a préparé, les glaçons n’ont pas encore refroidi cette surface fragile que je caresse du bout de mes phalanges. « Dis-moi si tu n’aimes pas, je te ferais quelque chose de plus classique » Un petit sourire mutin se dessine sur mes lèvres, il semble vraiment inquiet à l’idée que le résultat ne soit pas à la hauteur de mes espérances et je trouve ça charmant, mignon dirais-je même. « Je n’hésiterais pas à me mettre à hurler comme une hystérique en affirmant que tu as tenté de m’empoisonner si je n’aime pas, promis. » Un petit clin d’œil complice plus tard et voilà que j’attrape plus fermement le verre pour le porter à mes lèvres, recouvrant l’extrémité de ce dernier d’une fine couche de mon rouge à lèvres. Le liquide acide au premier abord s’avère plus doux après coup, je ferme les yeux un instant, prenant le temps de savourer l’arrière-goût très agréable laissé par ce cocktail très sympathique. « J’ai une Sainte Horreur du citron mais… C’est très agréable et on ne le sent presque pas, c’est parfait, j’adore ! » Un sourire satisfait agrémente mes paroles et je ne tarde pas à aspirer une nouvelle petite gorgée de ma boisson. « T’es vraiment doué pour les cocktails ! »

« Comment tu vas ? » Bonne question, comment je vais ? « Bien… Je dirais que ça va en s’améliorant depuis la rentrée, être occupée ça aide. » Mes doigts longent mon menton nerveusement, je suis toujours gênée lorsqu’il est question d’admettre que ça ne va pas comme j’aimerais. « Et toi ? Comment ça va ? Tu t’habitues à Los Angeles ? »

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❛Can I count on you stranger ?❜

L'avant bras posé sur le comptoir devant lui, Vahid avait poussé le verre plein jusqu'à la jeune femme. Il attendait à présent une réaction, la sentence de la jeune femme concernant la liqueur qu'il venait de créer pour elle. Il voulait lui faire plaisir certes, mais la préparation d'un cocktail personnaliser consistait aussi à un exercice de connaissance, de compréhension de l'autre. Une histoire de mélange qui conviendrait à la personnalité et aux goûts de la jeune femme. Une histoire de mélange qui pouvait échoué et qui lui indiquerait qu'il n'avait pas réussi à la cerner. Pour cela, la jeune femme promettait d'hurler comme une hystérique et d'affirmer qu'il avait voulu l'empoisonner. Vahid fit les yeux ronds et secoua la tête. « Tu peux pas faire ça ! Je viens à peine d'ouvrir, je tiens pas à ce que l'on me prenne pour un psychopathe empoisonneur de jolie fille ... ». Il se releva pour déposer ses paumes sur le comptoir et guetta ce sourire qui vint finalement éclairer son visage lorsqu'elle ôta ses lèvres du verre. Une sainte horreur du citron, il avait cru le comprendre parce qu'elle évitait soigneusement toutes les boissons qui pouvait en contenir. Mais il avait réussi à la convaincre à un peu d'acidité. « Content de voir que tu aimes … Ce n'est pas mon métier pour rien ! ». Il sourit, l'air malicieux sachant que ce métier, c'est bien la première fois qu'il l'exerce. En Italie, il avait poursuivit sa scolarité mais Vahid n'était pas le genre de garçon à suivre de longues études. C'était un garçon de terrain, un petit gamin débrouillard et intelligent de ses mains. Il avait vogué à travers différents métier au gré de ses envies. Tout n'avait été que secondaire à côté de sa principale activité, un passe temps tout au plus. A ses yeux ce bar était légèrement différent.  

Une fois servie, il s'autorisa à l'interroger sur elle, comment elle allait. Il savait qu'elle avait traversé une longue marche du désert, mais il savait aussi qu'elle s'accrochait et qu'elle ne se laissait jamais sombrer. Il sourit devant la gène qu'elle démontrait à parler d'elle et il n'insista pas en grattant un peu plus, un insistant un peu plus. Parce cette gène, il la ressentait aussi ... « Il te reste encore combien de temps à tirer ? ». L'école n'avait pas été son meilleur souvenir, voilà pourquoi il en parlait ainsi. « Je n'ai pas vraiment le choix. ». Son regard se posa sur cette alliance qui flamboyait à son annuaire gauche. Un regard qu'il dévia rapidement, faisant mine de découvrir les clients dans la salle. « Mais je pense que je vais m'y faire. La ville est plutôt cosmopolite et je fais pas mal de rencontre avec le bar. J'aurais pas le soucis de l'intégration ici. ». Enfin, il l'espérait. « Et puis il y'a l'air d'avoir pas mal de chose à faire ici, on ne doit pas s'ennuyer. ». Il demandait peut-être des conseils sur les choses à voir, à vrai dire, Vahid ne savait pas ce qu'il lui demandait par là.