Viens, on s'aime comme avant (+) Caden

Elle s’était enfin décidée à aller rendre visite à Caden, prenant soin d’apporter avec elle quelques victuailles, de quoi se mettre bien, il en aurait sûrement besoin vu à quel point il devait être en colère contre elle pour son silence radio et un peu de bouffe, celle qu’il préférait bien sûr. Elle s’en voulait un peu d’avoir agi de cette manière avec lui, il ne l’avait pas laissé tomber lui, c’était Joshua, il ne méritait pas ça mais elle était trop énervée pour voir qui ce soit et puis entre son boulot au festival, ses soucis de garde au risque de retourner en hôpital psy et son petit-ami dont elle ne recevait des nouvelles en ce moment que par le biais de l’argent qu’il faisait transférer dans son compte, elle avait eu peu de temps à consacrer aux préoccupations des autres. Elle avait toujours égoïste, égocentrique même et encore plus quand elle se retrouvait dans la panade. Mais aujourd’hui était un bon jour, elle s’était levée du bon pied, merci les heures qu’elle avait passé à peindre la veille et merci le résultat assez satisfaisant pour qu’elle ne le déchire pas sous un coup de sang. Donc elle s’était décidée à se lier un peu avec ses anciennes relations et Caden n’était pas n’importe qui. Elle avait appris par hasard qu’il avait déménagé, et s’était décidé à aller lui payer une petite visite. C’était ce qu’on faisait dans ce genre de situation non ? Elle s’était déjà préparée à sa colère mais on parlait d’Ash et après toutes ces années, elle avait appris à le gérer, tout comme il savait faire de même avec elle. Elle sonna alors au numéro adéquat et attendit qu’il prenne l’interphone. « Surprise » dit-elle simplement quand elle entendit sa voix. Un silence se fit. « Tu ne vas pas me laisser ici tout de même » elle prit une voix mignonne, presqu’innocente et seule la porte lui répondit. Elle put donc se frayer un chemin jusqu’à la porte de son meilleur ami, frappant deux coups assez puissants. Elle allait passer un mauvais quart d’heure.

Enfin, j’avais terminé mes peintures dans toutes les pièces de mon appartement. Ainsi que les sols aussi. Il ne me restait plus qu’à emménager la plupart des meubles. Mais pour l’instant, je ne veux pas faire exploser les plafonds de ma carte bleue. Je verrais plus tard. Je n’ai même pas envie de toucher à l’héritage de la vieille tante. J’observe les surfaces propres. Ça m’avait pris la matinée mais maintenant, les deux chambres d’amis et le grand salon étaient propres. Plus qu’à monter les meubles quand j’aurais acheté le reste. Je me sens plutôt fier de moi. Pour fêter ça, je m’ouvre une petite bière et je m’allume une cigarette en regardant le paysage depuis mon balcon.
Je fus sorti de mes réflexions par l’arrivée d’une personne. Ça sonnait. J’éteins la cigarette et va voir qui est à l’interphone. Je m’attendais à Alice ou encore Joshua, un de mes potes encore en vie mais pas cette voix-là. Celle qui a disparu depuis des mois, sans donner de nouvelles. Je ne suis pas sûr que ce soit-elle, je pourrais avoir rêvé. Elle parle encore. Sérieusement ? Je ne suis plus sûr de rien. La porte s’ouvre et mon esprit est torturé. Je ne sais pas quoi faire. Si ce n’est pas elle ? Que je me trompe ? J’espère que je me trompe. Ma main tremble quand je prends la poignée de la porte et que je l’ouvre.
Je n’ai pas rêvé, rien imaginé. C’est elle. Mes yeux détaillent son visage. Elle n’a pas changé, elle est la même, je crois. Je ne sais pas. Je reste comme un idiot à la regarder sans dire un mot. La seule chose que je trouve à faire est de foncer sur la brune pour me saisir d’une main sa mâchoire et… l’embrasse. Ma bouche happe la sienne, mes mains libèrent son visage pour presser ses fesses et la surélever. Avec ma force, j’écarte ses cuisses pour y glisser mes hanches et la plaquer contre le mur du couloir. Rien à faire qu’on me voit être ainsi. Je me rends compte de la tristesse que je ressentais sans JJ. Ce n’est pas une peine de cœur amoureuse, mais amicale.
Elle est importante pour moi depuis longtemps, elle l’a toujours été. Je me suis caché sous une façade depuis le jour qu’elle a été absente. Enfoui cette angoisse constante pour ne pas tomber, et à présent qu’elle est là, je n’ai même pas envie de la lâcher. Ce serait presque du viol si je lui faisais l’amour mais je n’ai pas envie de ça avec elle. Je la veux simplement en train de faire la conne avec moi, comme avant. Je trouve seulement la force de libérer ses lèvres. « Pourquoi… » demandais-je en la regardant fixement dans les yeux. « Pourquoi tu as pas donné de nouvelles ? » Elle a réveillé en moi une partie de mon être que je ne connaissais pas.
Putain, JJ, je t’aime autant que je te hais, bitch.

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Elle angoissait peut-être un peu. Juste un peu. Ash n’était pas n’importe qui après tout. C’était sûrement la personne qui comptait le plus pour elle et vu ce qui s’était passé avec Joshua, c’était la seulement personne proche qu’il lui restait à l’heure actuelle. S’il la rejetait lui aussi, il n’était pas certain qu’elle s’en remette, ce serait perdre le dernier pilier qui la maintenait encore sur ses deux jambes et la suite ne serait pas belle à voir. Aussi étrange que cela fût, elle était tout à fait capable de pousser plus loin le vice de son autodestruction. Elle eut à peine le temps de prendre une profonde inspiration pour se tranquilliser et prendre son expression d’apparat que la porte s’ouvrit. Ils observèrent un long moment en silence, lui désemparé et elle, se contentait d’un petit sourire en guise d’expression. Les minutes suivantes la rassurent quelque peu sur l’évolution de leur réaction. Il ne fallut pas user de mots pour se comprendre et savoir ce à quoi Ash pensait, même si sa manière de faire pourrait semblait bizarre à certains mais c’était leur manière de faire, à l’image de leur relation si particulière. Particulier était manifestement le mot. Elle passa délicatement ses mains dans la chevelure de son meilleur ami et fit en sorte qu’il puisse poser sa tête contre sa poitrine quand il eut fini de parler. C’était sûrement la première fois de son existence qu’elle n’avait pas de réplique toute préparée, une de ses répliques emplies de sarcasmes et d’ironie qu’elle servait tantôt chaud, tantôt froid. « J’ai été pas mal occupée » répondit-elle finalement, continuant toutefois à le bercer, tendrement, comportement qui en surprenait plus d’un. « Tu n’as pas parlé avec Joshua depuis ? »

Ce n’est pas simple entre nous, mais c’est ce que j’aime avec elle. Tout est complexe. Elle est complexe et pas forcément la fille la plus simple à vivre. C’est pour ça qu’elle est la femme la plus unique à mes yeux. La seule pour qui je mourrais pour la sauver, pour qui je donnerais mon bras pour la soutenir alors qu’elle pourrait être en tort. Et je me dis que je risque ma vie rien que d’être ainsi mais si je suis encore vivant, c’est que pour l’instant, on arrive plus ou moins à tenir la route. Je voulais savoir pourquoi elle ne m’a pas donné de nouvelles depuis la dernière. Je m’en souviens encore de cette fois. Elle était avec moi au kilomètre à poils, on a couru ensemble.
Elle guide mon visage contre sa poitrine. Ceci n’a pas de signification perverse. Un autre homme en profiterait pour glisser sa bouche sur ses mamelons parfaits, pour passer sa langue sur cette volupté que j’aime tant mais je n’ai pas envie de sexe avec JJ. J’ai envie de la sentir, d’avoir SA chaleur contre moi. Je ferme les yeux pour en profiter, humer son parfum. C’est bien elle, pas une imagination ou un délire pervers. Elle m’explique qu’elle a été pas mal occupée ? Ce doit être un euphémisme, même le plus grand des présidents trouve le temps de parler à ses proches alors c’est qu’on l’y a empêché.
Josh. Ce prénom vient à résonner depuis la bouche de JJ. Je lève mon visage : « Pourquoi tu me parles de Josh ? Qu’est-ce qu’il à avoir avec ça ? » Je suis surpris. D’autant plus que des bruits de pas se font entendre dans le couloir. Je libère alors JJ, la tenant par la main pour l’amener dans mon appartement. « Viens. » Je traverse sans un mot le salon à moitié vide puis je la guide jusqu’à ma chambre. Je la tire sur mon lit et je pose ma tête exactement au même endroit. « Je veux que tu me dises tout. Je veux t’entendre… » Un Caden inoffensif ? Blessé ? Triste ? Accroché à celle qu’il tient le plus ?

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Joshua ce prénom lui écorcha la gorge, la bouche, les lèvres. Pourtant, elle n’en montra rien et à la question d’Asher elle sourit simplement. Peut-être froidement, ou bien de manière ironique, personne n’aurait su le dire. Elle ne ressentait plus que de l’animosité à son égard. Une autre personne qu’elle avait tant chéri qui finissait par la laisser tomber, qui finissait par lui claquer la porte au nez et la rayer de son existence. Une personne dont elle n’attendait pas une telle façon de faire. Une personne qui lui avait promis de ne jamais lâcher sa main, d’être toujours là pour la soutenir et l’aider dès qu’elle en aurait besoin. Des déclarations qui lui donnaient aujourd’hui envie de rire à gorge déployée. Des mensonges, encore des mensonges, toujours des mensonges. Peut-être était-elle trop naïve, peut-être devait-elle arrêter de tomber à chaque fois dans le panneau. On nait seul et on mourrait seul, une équation simple se disait-elle alors qu’Ash la menait jusqu’à sa chambre sans qu’elle n’opposât aucune résistance, bien conscience que ce moment à deux ne pourrait que l’aider à se ressourcer. Ils s’installèrent sur le lit, retrouvant leur position fétiche, la main de la brune allant se loger dans la chevelure de son meilleur ami. « Joshua m’a fait internée pendant des semaines » lâcha-t-elle finalement au bout d’un moment, aucune émotion n’était perceptible dans sa voix et pourtant, la colère grondait en son sein. Elle lui en voulait terriblement et ayant toujours de nature rancunière, il n’était pas impossible qu’elle songe déjà à une manière de prendre sa revanche. « Et il m’a foutue à la porte aussi »

Je me sens surpris qu’elle me parle de Joshua. Il ne m’a jamais parlé de JJ et pourtant, il sait parfaitement l’affection que j’ai pour elle. A tel point que je suis proche de la brunette. Je me tiens contre la poitrine de la jeune femme, humant son parfum que j’avais l’impression d’avoir oublié à quel point c’était agréable de l’avoir contre moi. Je me sens comme un enfant qui retrouvait sa mère. Mais un enfant qui n’allait pas tarder à faire sa crise. Quand JJ lui annonça ce qu’avait fait mon meilleur ami, j’avais seulement envie de le tuer. C’était profond, mon corps se crispe et mon visage se relève. Je m’en voulais de ne pas avoir parlé à Joshua de JJ, je pensais qu’il était dans le même cas que moi. Non, il n’a pas osé. JJ n’a rien à faire dans un asile. Mes bras viennent se glisser derrière le dos de la jeune femme pour la relever. Ce n’était pas à moi de me blottir contre elle. Qu’elle en rajoute en me disant qu’il l’a jeté dehors. Je suis foncièrement e colère contre Joshua. Je tente de me contenir mais on sent que j’ai envie d’exploser. « Si j’avais su… JJ. Si j’avais su, je t’en aurais sorti de là. Mon dieu… » Je la serre contre moi. Ma meilleure amie avait besoin de moi et je n’ai pas pu être là. Si seulement j’avais su… Je ne veux pas qu’elle pense à mal de moi. « Je ne veux pas que tu penses que je t’ai abandonné, je serais toujours là pour toi ma belle. Si tu veux, tu peux venir vivre ici, j’ai justement deux chambres à aménager. Tu auras ta propre chambre, on t’achètera tout ce que tu as besoin. Je m’occuperais de toi, je t’en fais la promesse, JJ. » Une main remonte à sa nuque pour baisser son visage au mien, qu’elle me regarde droit dans les yeux. « Plus personne ne devra te faire de mal, je m’occuperais de toi, si tu as besoin de quoi que ce soit, je serais là pour toi. Tu peux compter sur moi, tu le sais ça, JJ ? » lui demandais-je. Putain, je me sens mal. Mal qu’elle a pu vivre ça à mon insu. Si j’avais Joshua entre mes mains, je pense qu’à l’heure actuelle, j’aurais envie de le frapper. JJ, c’est… putain, elle est tellement de chose que je trouve ça inadmissible. Je caresse sa joue avec une tendresse assez tendue. Parce que mon corps a envie de se défouler…

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Sur le lit, Caden contre elle, ses doigts parcourant la chevelure, JJ demeurait pensive. Replonger dans ces souvenirs n’avait rien d’agréable. Elle se souvenait parfaitement de ces semaines qu’elle avait passées enfermée dans cette chambre sordide, assommée par les médicaments qu’on lui forçait à avaler pour qu’elle se calme enfin. Dangereuse pour elle et les autres, voilà la phrase qui revenait souvent. Il fallait à tout prix la tranquilliser, éviter les débordements tant pis cela la laissait le plus souvent immobile, les yeux fixant le vide à la recherche d’un signe, peut-être, à vrai dire, dans ces moments là, elle se sentait plus que jamais vide. Elle était sûre d’une chose, elle ne pardonnerait jamais à Joshua, jamais et s’il fallait reconnaître un grand défaut à la jeune femme, en plus des autres, elle était très rancunière et surtout vengeresse, on ne lui faisait jamais de mal sans qu’elle ne réagisse en retour, d’ailleurs, elle était déjà entrain de trouver un moyen de faire payer à son ex-meilleur ami, car oui, il n’était plus que ça désormais, un fantôme du passé qui lui avait enfoncé un couteau en plein cœur, il fallait faire amende. « Tu ne savais pas » trancha-t-elle finalement, avec un petit sourire froid, froideur animée par cet intense sentiment de trahison qui faisait violemment battre son cœur. Le ressentiment se propageait comme une traînée de poudre dans tout son organisme. Dangereuse pour elle et les autres, pas sûr que cela soit beau à voir. « Prouve-le » dit-elle finalement au bout de moment, son regard dans celui de Caden, plus sérieuse que jamais. Oui, elle voulait des preuves. « Oui, prouve-moi que tu ne vas pas me quitter toi aussi » Elle avait longtemps subi les caprices de personnes comptant pour elle qui avaient pourtant promis de toujours lui tenir la main. « Joshua lui aussi disait qu’il serait toujours là et pourtant tu vois bien… »

Je ne vis pas son sourire froid qui pourrait m’alarmer sur sa véritable pensée, non, je l’écoute et je me dis qu’elle a raison. Je ne pouvais pas savoir ce qu’a osé faire Joshua à JJ. Il ne comprenait pas du tout, il n’arrivait pas à assumer qu’elle ait besoin des personnes qui l’aiment, qu’elle a besoin de stabilité pour bien s’en sortir. Je me dis que je ferais tout pour me rattraper pour elle, que je serais là autant qu’elle en a besoin. Mais quand elle me demanda de le prouver, de lui prouver que je serais toujours là pour elle, je me rends compte que je ne sais même pas comment lui montrer. Elle veut que je prouve que je serais toujours là pour l’aider. Elle compara ma promesse à celle de Joshua, ce qui ne me plaisait pas. Car je sais que je suis différent de lui, que mes promesses seront toujours tenues. Je me regarde JJ dans les yeux, un peu perdu. « Je… comment ? » Ma main se glisse dans son cou, caresse sa peau et j’approche mon visage pour déposer un baiser sur sa joue. De déposer un baiser, un peu de tendresse me permettent d’oublier Joshua. De me concentrer sur la demande de JJ. « Je ferais tout pour qu’on reste ensemble pour toujours, mais je ne sais pas quoi t’offrir comme preuve de ma sincérité. Ça fait des années qu’on se connait… » Presque autant qu’elle connait Joshua. Ce qui ne m’aide pas vraiment. A vrai dire, à part mélanger mon sang comme font les enfants, je ne sais pas… A notre époque, il n’y a que la parole qui peut sceller ce genre de demande « entre amis ». « Dis-moi comment je dois m’y prendre pour te prouver que je serais là pour toi jusqu’à ma mort, je le ferais si j’en ai la possibilité. » Je la regarde avec une certaine passion. Si nous étions amants, aux vues de notre relation, je pense que je saurais comment lui prouver mon attachement à elle mais JJ n’est seulement qu’une meilleure amie, celle que j’aimerais à jamais d’un amour étrange, platonique mais sincère.

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Elle avait déjà une idée, comme toujours. On aurait pu décrire JJ comme une personne qui pratiquait beaucoup l’improvisation, mais il n’en était rien. Il lui arrivait souvent de le faire, bien entendu, mais la plupart du temps, elle prévoyait les choses. Elle savait où elle mettait les pieds, mais elle aimait également être surprise de quoi la rendre difficile à suivre. Il fallait simplement en garder en mémoire que la jeune femme aimait et avait besoin de contrôle, elle ne faisait jamais sans rien et elle avait tendance à savoir où elle mettait les pieds. Aujourd’hui aussi, elle n’était nullement surprise qu’Ash soit incapable de trouver un moyen de lui prouver qu’il pensait ce qu’il disait. Elle aurait pu simplement se référer au regard franc de ce dernier, elle le connaissait depuis tellement de temps qu’elle savait pertinemment qu’il pensait ce qu’il disait, qu’elle pouvait lui faire confiance, que lorsqu’il lui promettait qu’il ne la laisserait pas tomber, ce n’était pas des paroles en l’air. Elle le savait tout ça, mais elle avait besoin de plus. Elle avait besoin de quelque chose de concret nécessitant un engagement. Le mariage par exemple. Elle ne s’était jamais décrit comme une fille désirant à tout prix se marier, ce n’était pas dans ses plans comme cette quête de famille idéale, mais c’était un engagement assez important pour tranquilliser ses doutes et ses peurs. Peur qu’Ash lui tourne également le dos, elle n’était pas certaine de s’en remettre. Ses prunelles s’accrochèrent à celles de son meilleur ami, dans les siennes on pouvait lire tout le sérieux et l’importance de ce qu’elle s’apprêtait à lui dire. Est-ce qu’elle hésitait ? Non, pas vraiment. Elle avait certaines appréhension, sûrement, elle craignait qu’il refuse et dès lors ce serait vraiment la fin et elle n’aurait plus rien à faire ici, ni avec lui d’ailleurs. « Marions-nous » fit-elle.

Je n’ai pas la moindre idée de la façon dont JJ voulait que je m’engage. Après, me vient quelques idées comme un contrat que je pourrais lui signer. Même s’il n’aurait aucune valeur juridiquement, ça pourrait être une trace écrite qui prouverait mon engagement à la jeune femme. Je ressentais son désir profond de se rattacher à une personne, d’avoir une certaine stabilité qui lui permettrait forcément d’être bien dans sa peau. Et au fond, c’est ce que j’avais envie de lui apporter. Après tout, on n’arrive pas tous à s’accrocher à une stabilité. La mienne reste financière, je ne m’attache pas vraiment à la stabilité sociale qu’est l’amour, la parenté. Et pourtant, JJ vient à me donner une réponse qui me choquait tant elle était importante mais qui dans un sens, me semblait logique dans sa démarche. « Nous… marier ? » Je ne me suis jamais posé la question moi-même. Est-ce que je me marierais à une femme ? Tomberais-je sous la coupe des sentiments et aurais-je finis par céder à la tentation d’offrir mon engagement à vie d’une vie de fidélité et d’amour. Ces perspectives m’ont toujours fait peur mais de la part de JJ, je n’ai jamais cru qu’elle me le demanderait. Parce que je l’aime d’un amour différent, ce n’est pas un amour qu’on peut expliquer, je l’aime et c’est tout. « C’est … » Je ne trouve pas les mots. A vrai dire, je me rends compte que je n’aurais certainement pas de femmes qui m’aimeront pour ce que je suis et en contrepartie, que j’arriverais à aimer aussi. Pour moi, ça n’a presque jamais existé. Je me dis alors que je peux l’accorder à JJ. « D’… D’accord. Si c’est ce que tu as envie. Mais… je veux que tu m’accordes un contrat de mariage. » Pour donner des limites à notre engagement, j’ai confiance en JJ mais je sais qu’elle ne connait pas la modération. « Et… je veux savoir quand, comment, où que tu veux qu’on le fasse. Mais surtout, que tu y réfléchisses. Je ne veux pas que tu regrettes après. Mais saches que je le ferais si tu le désires. Ce n’est pas comme si j’étais destiné à une femme pour ce genre de choses, je peux bien t’accorder cette place dans ma vie. » Résigner à ne pas aimer une femme sur la durée, à être infidèle sexuellement à JJ parce que je ne me vois pas la posséder, elle et moi, ça n’a été qu’une seule fois, sa première fois. Je relâche doucement la jeune femme et me laisse tomber sur le lit. Le dos contre le matelas, je regarde le plafond. Me voilà fiancer ? C’est plutôt étrange. Surtout avec JJ qui est à mes yeux, ma meilleure amie, et non ma petite-amie.

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Elle était surprise, beaucoup à vrai dire. Elle connaissait bien Ash, elle savait ce qu’il pensait de tels engagements, après tout il était célibataire depuis un sacré bout de temps et se complaisait parfaitement dans cette situation. Il évitait les complications et préconisait à qui voulait bien l’entendre qu’il n’y avait rien de mieux que les relations simples mais efficaces. Alors, oui, elle ne s’attendait pas à ce qu’il accepte aussi facilement. Elle avait des doutes, sur lui, sur elle, sur Josh, sur la signification même de l’attachement, remettant en question tout ce qu’elle avait pu apprendre ces dernières années, se préparant mentalement à affronter la suite seule, comme elle l’avait toujours craint. Pourtant…pourtant, Asher lui tendait la main. Il ramassait à nouveau les morceaux brisés de ses espoirs passés, comme la dernière fois. Comme lorsqu’elle avait tout perdu, jusqu’à l’estime de sa propre personne, un épisode qu’elle préféra zapper de son esprit. « Sérieusement ? » ne put-elle s’empêcher de faire remarquer, non pas sur le contrat de mariage, mais sur son assentiment. Elle se fichait pas mal de son argent, le seul point positif que l’on pourrait lui reconnaître c’était qu’elle était loin d’être matérialiste, les possessions sont éphémères après tout, à quoi bon s’y perdre totalement ? Cela ne l’intéressait nullement, elle n’était pas contre dépenser de l’argent mais la plupart du temps c’était en livres anciens, en films et en matériel de peintures, les rêves de grandes maisons, de belles voitures couteuses et le reste n’avaient jamais été siens. « Pas de soucis pour le contrat de mariage » Elle ne s’offusquait nullement, elle aurait pu prétendre qu’Ash n’avait pas assez confiance en elle pour ça, mais devant ce qu’il venait d’accepter, elle considérait qu’elle n’avait pas besoin de preuves additionnelles. « C’est déjà tout réfléchi » Pas assez jugeront certains mais JJ ne considérait pas le mariage aussi sacré que la société voulait bien nous le faire croire, ce qui l’intéressait en réalité c’était la signification qu’il apporterait à sa relation avec Caden, l’importance que cela lui prodiguait aux yeux de son meilleur ami. « Végas ça te dit ? J’ai toujours rêvé d’y aller ! » Sa voix était désormais enjouée, elle avait obtenu ce qu’elle désirait et elle en était plus que satisfaite. C’était agréable quand tout se passait de la manière dont on le voulait, très agréable même. « Se faire marier par Elvis, ce serait génial ! » ses yeux brillaient à cette simple évocation, quel fan du chanteur n’aimerait pas croire ce dernier éternel ? Et pour être une fan, JJ en était une.

La jeune femme est surprise. Oui, c’est étonnant que Caden Marshall puisse accepter d’épouser une femme alors qu’il n’est jamais sorti avec une femme. Et quand on dit « sortir avec une femme », c’est être un couple. Jessie-Jane est la fille pour qui je ressens le plus de sentiments, pour qui je ferais tout pour conserver ce que nous sommes. Et la protéger, l’aider si elle a besoin de moi. Si elle a besoin d’un mariage pour se sentir entourée, protégée, tout ce qui la rend incertaine dans la vie, je me sens capable de le faire. « Oui, je le suis. » Parce que j’ai le doute qu’un jour une femme puisse surpasser mon amour pour JJ. Jamais personne n’a pu. Et si je demandais un contrat de mariage, ce n’était en rien contre JJ ou par manque de confiance, seulement la vieille tante avait demandé en dernière volonté que je sois le seul détenteur de la richesse qu’elle m’offrait, que même mariage et héritage n’était pas envisageable. Et savoir que je fais plaisir à ma meilleure amie, que je lui prouvais tout comme elle le souhaitait, ça me faisait plaisir. Je souriais tendrement en voyant l’entrain qu’elle portait à la nouvelle. Je ris aux éclats quand elle me dit qu’elle a déjà tout réfléchi. Elle ne perd pas de temps et me propose d’aller à Vegas pour qu’on se marie. « Si tu veux, ça sera marrant ! » Je serre la jeune femme un peu plus contre moi et apprécie cette joie sur son visage. Ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas vu ainsi sur son visage. Elvis… c’est une façon de voir mais la jeune femme semble vouloir Elvis, une fan ? J’ai envie de la taquiner mais je ne le ferais pas. « D’accord, mais tu veux qu’on le fasse quand ? A la rigueur, on réserve ça pour le nouvel an. Rien que tous les deux et des invités dans le public… M’enfin, je ferais quand tu veux… ce n’est pas les moyens qui me manquent pour ça. » Je dis ça en rigolant mais je ne me voyais pas demander à des personnes de nous accompagner pour le faire. Je sais que beaucoup de nos proches nous déconseilleraient de le faire. « T’sais que j’aime te voir comme ça ? » dis-je en souriant et posant mon front contre le sien. Je dépose un baiser sur son petit nez.

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