Mes semelles foulent le bitumes librement. Pas de chaines, pas de portes scellées. Pas d'entraves à la liberté. Une liberté que je devrais savourer mais que j'ai du mal à goûter. Parce que je n'en ai pas l'envie, la volonté. Parce que je préfère me terrer, plutôt que d'en profiter. Trop heureux de me complaire dans la douleur ou trop malheureux pour encore savoir comment atteindre le bonheur. Je ne sais plus. Tout a perdu de sa saveur, de son sens. Et j'erre, j'erre dans les rues de Los Angeles à la recherche de cette adresse sur un bout de papier que j'ai obtenu grâce à une secrétaire un peu trop manipulable de l'université. Son immeuble, quelques escaliers et me voilà sur le pallier, posté devant une porte close sur laquelle je frappe trois coups. Les mains encore glacées de la fraicheur de l'hiver. J'attends. Un judas face à moi me souffle qu'elle n'ouvrira peut-être pas. Alors je tente un faible : « Aleksandra ? », en me disant qu'à moi, elle ouvrira. Et trop fièrement, qu'elle ne sait pas me dire non, qu'elle ne sait pas m'effacer de sa vie quand il lui a fallut une nuit, une nuit pour tout oublier, pour me quitter. Le silence est assassin. Je finis par me dire que malgré l'heure tardive, elle n'est pas chez elle, peut-être chez un autre, un autre que moi. Mais du bruit derrière la porte, me retient soudainement. M'intime de ne pas m'éloigner, de ne pas la laisser. « J'ai besoin de te parler … Ouvres moi ». S'il te plaît …Ouvres moi. J'ai besoin de te voir et de milliers d'autres choses que je ne t'avoues pas. Je suis sorti depuis quelques jours déjà de ma petite cellule provisoire et la seule chose à laquelle j'ai pensé, c'est elle. Savoir comment elle va, comment elle se sent, comment elle vit ce qu'il se passe. Effacer le souvenir de sa détresse lorsque je l'ai eu au téléphone la dernière fois …