« Hm, bonjour ? Solveig Hadrian Blackheart. »
Alors c'était lui... le fiancé. Je ne pensais pas me retrouver face à ce type avant un bon moment, mais Gia m'en avait suffisamment parlé pour que je puisse me faire un avis à son sujet avant même qu'on ait eu l'occasion de se voir. Grand, brun, yeux bleus. Il ressemblait à tous les occidentaux considérés comme étant « beaux » selon les critères de la majorité des femmes et à priori, je ne l'aimais pas. Il se présentait donc à moi, mais son regard était déjà au-dessus de mon épaule, comme pour vérifier je ne sais quoi. Peut-être croyait-il que mon amie m'avait demandé d'aller répondre à sa place à la porte parce qu'elle l'avait vu entrer dans la propriété ? C'aurait été une possibilité, sauf que l'italienne n'était pas ici... tout simplement. «Gia n'est pas ici ? Je dois lui parler. Mais je peux repasser au pire... » Mes grands yeux ne le lâchèrent pas un seul instant, bien que je restais très calme et neutre dans mon attitude. J'étais attentif à ce qu'il racontait, mais aussi à ses gestes, si bien qu'en le voyant allumer une clope sur le pas de la porte, la petite flamme de colère que j'avais toujours dans mes tripes prit de l'ampleur. Ca, c'était pas ce que j'appelais un comportement respectueux... « Elle rentrera bientôt, Solveig Hadrian Blackheart. » Y'avait vraiment qu'un aristo pour se présenter ainsi avec son nom complet... je n'avais pas pu m'empêcher de m'en amuser à ma façon avant de forcer un petit sourire de politesse, puis d'ouvrir un peu plus la porte. « Vous pouvez l'attendre dans le salon, si vous voulez ? » Allez, laissons-le entrer. Je me décalais de deux pas pour lui faire de la place, puis refermais derrière nous pour l'observer marcher dans le hall. Mon gars... t'es pas tombé sur la bonne personne. J'avais beau me chamailler avec Gia à longueur de temps, c'était malgré tout notre manière à nous de bien nous entendre. J'appréciais la jeune femme pour ce qu'elle était et j'étais reconnaissant de ses efforts envers moi... alors lorsqu'un emmerdeur venait la perturber dans un moment aussi crucial de son histoire, alors qu'elle essayait juste de gérer une transition de vie, ça activait automatiquement mon instinct de protection. Je conduisis mon invité jusqu'à la grande pièce éclairée, puis lui proposais de s'asseoir, restant pour ma part debout, près de lui, les bras croisés. « Alors, ça se passe bien, ces fiançailles ? »