Je me sens légère, ce soir. Les cheveux dans les airs, les pensées dans le vent, je laisse ma tête basculer de gauche à droite, de façon rythmique, suivant le cours de la musique, tandis que sur scène, une femme au corps somptueux s'amuse à faire ... À vrai dire, je ne sais pas exactement ce que c'est qu'elle est en train d'essayer de faire, exactement, tout ce que je sais, c'est que cela requiert beaucoup de flexibilité et très peu de vêtements. Et franchement, le résultat ... Est assez plat, pour tout vous avouer. Et pourtant, je m'amuse. Je m'amuse, à les admirer, ces femmes, à regarder leurs corps, parfois fins comme des allumettes, parfois voluptueux comme ceux d'une mère accomplie ... Je me plais à m'imaginer leurs vies, toutes plus tristes et tragiques que la mienne et cela m'amuse, parce que je me dis qu'elles, n'ont pas le choix ... Et que moi, j'ai tous les choix du monde. Être meilleure que le reste du monde a toujours été comme une seconde nature, chez moi, et si je sais bien que personne ne m'arrive à la cheville, un petit rappel, de temps en temps, de ce qui se trouve réellement "au pied de l'échelle" ne fait jamais de mal. Pft. Ces pauvres demoiselles. Si leurs mères les voyaient ... Certes, j'ai fait des choses dans ma vie qui déplairaient très certainement à maman, moi aussi, mais ce n'est pas du tout la même chose, oh, ça non ! Mon ami James est à ma droite, et pour le coup, il se plait à dévorer le spectacle avec avidité. Il ne faut pas lui en vouloir, s'il est assez simple d'esprit : les hommes sont comme ça, la plupart du temps. On s'y habitue vite, ceci dit. Sirotant lentement mon verre de Margarita d'un regard mystérieux, j'observe avec attention les faux-louboutins que la dernière femme montée sur scène porte à ses pieds. Tsk, tsk, tsk. Fashion faux-pas, quand tu nous tiens ... Ces pauvres femmes ont besoin de tellement d'aide que je pense qu'il est incapable de réellement savoir par où commencer. Heureusement que je ne suis pas ici pour ça, dans ce cas là.