Trust me, I'm a medicThomas & Yuann.fiche par ©century sexJ'étais vraiment content de cette histoire de Ryokan. Même si je faisais semblant de me plaindre auprès de Gia pour des bêtises diverses et variées, il faut bien avoir que je me sentais comme chez moi dans cet endroit, loin du centre ville de Los Angeles surpeuplé qui me mettait les nerfs à vif. Je n'y pouvais rien, les grandes agglomérations ne me convenaient pas et encore moins dans un lieu inconnu. Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes ; j'étais un petit sauvage qui avait besoin de sa forêt autour de lui afin de ne pas commencer à mordre tout le monde. La seule raison qui me donnait envie de rester ici, en Amérique, c'était mon amie Italienne et mon frère jumeau. Le rencontrer m'avait fait un choc, mais j'étais sûr que cette histoire était vraie... nous avions un lien particulier, je l'avais senti. En rentrant, le jour de notre premier face à face, je m'étais d'ailleurs effondré dans mon lit pour pleurer pendant près d'une demi-heure, mais c'est quelque chose que tout le monde n'avait pas besoin de savoir, car plus que de la tristesse, c'était de l'émotion qui était remontée en moi. Un choc, d'apprendre ce genre de secrets après plus de vingt ans passés à croire qu'on était seul. Hiroki... je devais le protéger. C'était un rôle qui résonnait dans mon coeur : j'avais déménagé de force a Los Angeles pour le protéger, le destin l'avait décidé ainsi, mon frère avait besoin de moi, inconsciemment ou pas. Le hasard n'existait pas dans ma vision du monde et j'étais satisfait d'avoir enfin trouvé la raison de ma présence dans cette métropole... tout comme il allait falloir dénicher la raison de ma rencontre avec l'homme qui avait prit rendez-vous pour une consultation aujourd'hui. Honnêtement, ça me surprenait qu'on ait déjà entendu parler de moi alors qu'il y avait tout un tas de thérapeutes en ville, des bons comme des moins bons. Moi qui n'avais jamais exercé que dans le cadre privé du SPA que tenaient mes parents, je ne pensais pas avoir déjà de la clientèle convaincue dans un pays étranger. Mais bon, après tout, tant mieux, n'est-ce pas ?
Le matin venu, je m'occupais de mes tâches quotidiennes pour la gestion, faisant le tour des sections du Ryokan pour m'assurer que tout roulait et rectifiant le travail d'un ou deux employés qui n'étaient pas encore habitués à la façon de faire que je leur imposais. J'étais pas le patron le plus souple du monde, mais mon exigence répondait à celle des clients et il était nécessaire de placer la barre haut dès le départ pour que toutes les personnes qui bossaient ici apprennent correctement leur job. C'était difficile pour tout le monde car je les faisais travailler avec les traditions authentiques des Ryokan, ce qui perturbait pas mal le staff qui ne connaissait que la façon occidentale de faire les choses. Les premières semaines furent donc éprouvantes, je me suis fais détester très rapidement parce que j'étais sur le dos de tout le monde afin de les empêcher de partir dans ma mauvaise voie... et étant sensible aux énergies, ça m'avait un peu plombé le moral. Mais ça allait mieux... ils avaient finalement capté ce que j'attendais d'eux, je crois, et du coup, je desserrais la vis, si bien que tout le monde se détendait et arrêtait de parler dans mon dos comme quoi j'étais qu'un « gamin pourri gâté de 21 ans » qui voulait juste étendre son pouvoir. Ah, ces américains... ils étaient si bêtes et naïfs, parfois. Mais je ne leur en voulais pas, d'autant plus que certains d'entre-eux s'étaient déjà excusés auprès de moi et qu'on s'entendait bien, maintenant.
Bref, je débarquais dans la salle d'attente avec entrain et cherchais aussitôt des yeux le jeune homme qui avait appelé hier soir pour prendre rendez-vous. Il était sagement installé à côté des sièges... en chaise roulante. Oh, okay, d'accord... mais il était venu ici de lui-même ? Je remis mes lunettes en place sur mon nez, puis m'approchais de lui avec un petit sourire aux lèvres, m'inclinant poliment par réflexe une fois à sa hauteur, puis prenant la parole dans mon anglais qui était encore en cours d'amélioration... mais au moins, j'arrivais à me faire comprendre, maintenant. « Monsieur Winchester ? Bienvenue, c'est moi que vous avez eu téléphoné hier. » Je tendis une main pour serrer la sienne, puis reculais sur le côté pour le laisser bouger librement sans le gêner. Je ne m'attendais vraiment pas à rencontrer un paraplégique, mais bon, qu'est-ce que ça changeait ? Rien du tout, à part que c'était le premier mec plus petit que moi que je rencontrais ici ! Je l'invitais donc à me suivre, enthousiaste, l'observant déjà du coin de l'oeil pour une première analyse. Okay, j'aimais bien les couleurs de son aura, ça me plaisait. « C'était pas trop compliqué de venir ? »
Trust me, I'm a medicThomas & Yuann.fiche par ©century sexJe commençais ainsi à avancer avec lui le long du couloir, écoutant attentivement ce qu'il avait à me dire et esquissant un clin d'oeil ainsi qu'un petit sourire mutin au coin des lèvres lorsque je l'entendis m'avouer qu'il « s'attendait toujours au pire » lorsqu'il se rendait quelque part. « Dans ce cas, je suis peut-être encore plus affreux que ce que vous imaginez, qui sait... » Je n'étais pas naïf au point de croire que ce jeune homme n'avait pas d'à priori à mon sujet. Après tout, j'étais plus jeune que lui, je n'étais pas reconnu officiellement et je venais d'un coin paumé au milieu de la montagne. À mon avis, il était juste un curieux de plus parmi les gens qui voulaient voguer sur la nouvelle mode des médecines dites « parallèles » afin de pouvoir dire qu'ils avaient essayé un truc nouveau, mais sans pour autant trouver de la crédibilité là-dedans. Oui, j'étais assez pessimiste, mais c'était mon impression générale des clients que j'avais eu jusqu'à présent. Quand aux remarques qu'on m'avait fait... je vous assure, je devrais les noter quelque part pour en faire un livre.
Quoi qu'il en soit, nous arrivions finalement à la chambre que je réservais pour mes consultations. Je fis ainsi coulisser la porte pour laisser entrer le jeune homme, puis refermais derrière nous avant de lui proposer de s'installer un instant près d'une petite table derrière laquelle je m'assis également. « Avant de commencer, je voudrais savoir ce qui s'est passé avec cette blessure et comment on vous a prit en charge jusqu'à maintenant, si ça ne vous embête pas. » Je croisais mes avant bras sur la table, plus sérieux. « Je préfère le dire tout de suite pour pas que vous soyez surpris, déçu et pour qu'on se comprenne bien ; je ne suis pas kinésthésiste. Je peux faire le travail de stimuler vos muscles, bien sûr... mais c'est pas ma formation principale. Je vais chercher plus loin que les blessures physiques apparentes, c'est un autre niveau de soin qui tire sur l'énergétique et les blocages émotionnels internes. Appelez ça spirituel si vous voulez, mais ça reste très concret lorsque c'est appliqué... après tout, c'est ce qu'on faisait avant que la médecine "moderne" n'émerge. Ce sont des connaissances de base qui se sont un peu perdues, surtout dans les pays occidentaux, malheureusement... enfin c'est mon avis personnel sur la question, bref. » Je penchais un peu la tête sur le côté, interrogateur. Y'avait plus ou moins 50% de chances qu'il se casse tout de suite, mais s'il prenait cette décision-là, eh bien je la respecterais. Je préférais que les gens soient au courant de ce qui se passait lorsqu'ils venaient me voir. « Est-ce que vous êtes d'accord d'essayer quand même ? »
Trust me, I'm a medicThomas & Yuann.fiche par ©century sex« Je me suis renseigné avant de venir ici, donc je me suis préparé psychologiquement à ne pas avoir affaire à une thérapie en tant que tel. » Ouais... c'est bien ce que je me disais. Il ne réalisait pas que c'était bel et bien une 'thérapie en tant que tel' aussi, m'enfin bon, tant pis. Intérieurement, j'avais mes propres à priori au sujet de ces clients étrangers que je découvrais jour après jour, mais j'appréciais aussi néanmoins l'ouverture d'esprit de cet homme. Je savais bien que j'étais un peu caractériel en mon genre et difficile avec les américains, surtout parce que je n'appréciais pas leur pays et leur culture générale, mais je vous assure que je faisais de mon mieux pour m'intégrer à la Californie, histoire de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y avait du bon et du mauvais partout...
Bref, mon interlocuteur finit par reprendre la parole pour m'expliquer ce qui lui était arrivé et là, je me mis vraiment à l'écouter, attentif. Chaque mot, chaque détail. Au bout d'un moment, je retirais cependant mes lunettes et baissais les yeux sur ses jambes pour les observer avec une attention particulière. « Oui, merci beaucoup... » Je lui souris en redressant la tête. Il semblait plutôt en forme malgré ce grave accident qu'il avait subit et j'étais toujours assez admiratif envers les personnes qui traversaient de telles épreuves dans leurs vies. C'était un survivant, après tout.
Premier bilan effectué, je remis donc mes lunettes et me levais, puis entrepris d'aider Mr. Winchester à s'installer sur la table, au centre de la pièce. Il était temps de passer aux choses sérieuses, hein ? J'entamais donc des manipulations précises pour faire travailler les muscles de ses jambes engourdies, puis lui massais le dos ainsi que les épaules, histoire d'en dégager les principales tensions. Une fois tout ceci dérouillé, je me retournais, puis m'étirais un peu. « Okay... alors... » Je refis face à la table, puis vins poser une main sur le torse de l'homme tout en cherchant son regard. « Ici, dans le chakra du coeur, il y a énormément d'énergie... c'est génial, j'en vois pas beaucoup des gens comme ça. Ca circule mal en bas du corps, par contre, et c'est normal vu que les canaux sont endommagés... » Je fronçais les sourcils. Il devait être une personne du type 'sauveur' à vouloir aider les autres dès que l'occasion se présentait, ceci quitte à s'oublier un peu lui-même dans le même temps. Problèmes d'estime de soi ? Impossible de poser un tel diagnostique et encore moins à voix haute, je n'étais pas psy et je n'avais pas le droit de lui balancer ainsi mes constatations à la figure parce que ça n'allait pas l'aider à avancer. D'un autre côté, je parlais aussi de mes connaissances comme s'il était au courant de ce que telle ou telle chose voulait dire, alors que c'était pas forcément le cas, donc est-ce que c'était mieux ? Malheureusement, quand je rentrais à fond dans mon job, c'était pas évident de m'en sortir. « ... je vais essayer de rééquilibrer un peu avec du Reiki. Ne vous inquiétez pas si vous avez des réactions émotionnelles, c'est normal. C'est que des choses bougent... » Je lui souris gentiment en repensant à Hiroki qui avait fondu en larmes dans mes bras il y a quelques jour... mais lui, il avait cette boule d'énergie dense, serrée, étouffante, dans sa poitrine, que je n'avais pas pu virer. Il était ni plus ni moins qu'une coquille fermée qui n'osait pas exprimer ses émotions et qui visiblement, à force de tout garder à l'intérieur, avait commencé à se briser d'en-dedans. J'avais peur pour mon frère... peur qu'il tombe malade à cause de ça, plus ou moins gravement. Je le sentais au bord d'un précipice.
Quoi qu'il en soit, je m'installais donc au niveau de la tête du jeune homme et portais mes mains vers mon coeur un instant, tout en fermant les yeux. Une fois centré, je déposais ensuite mes paumes devenues soudainement brûlantes à des endroits précis de la tête du grand brun. Front, yeux, cou, poitrine, ventre, mais surtout le long des jambes et de la colonne vertébrale, pour tout stimuler, pour que ça circule enfin un peu mieux dans ces endroits à l'abandon.
Trust me, I'm a medicThomas & Yuann.fiche par ©century sexAh, voila... ça venait. Plus je descendais et plus je le sentais réagir, ceci jusqu'à l'on arrive à un moment donné où tout son corps se tendit, alors que de mon côté, je fermais les yeux pour me concentrer. Allez... lâche tout ça... ça va aller, Thomas. Il me fallut plusieurs minutes pour traiter la zone récalcitrante et je manquais d'ailleurs de m'arrêter en sentant à quel point il était en train de lutter contre ces choses qui remontaient à la surface en lui, mais finalement, le mal finit par se délier et je laissais alors échapper un grand soupir en même temps que les larmes commençaient a s'écouler sur les joues de mon aîné. Fiouh ! Satisfais, je retirais enfin mes mains et les levais devant ma bouche pour cacher un long bâillement qui était uniquement dû au passage de l'énergie de mon client a travers mon propre corps, pour en sortir. Je secouais finalement la tête et les poignets tout en répétant une petite formule dans mon esprit, puis affichais un grand sourire qui découvrit mes dents. « Qu’est-ce que ….? C’était quoi ça ? Qu’est-ce que t’as fais ? Co … comment ..? » Je l'observais attentivement. « Comment tu te sens ? » La surprise sur son visage était tellement flagrante que ça me fit profondément du bien ; c'était rare qu'on me donne une réaction si sincère. « Tu avais un truc qui te plombais, sans doute. » Heureusement qu'en anglais, le « tu » et le « vous » étaient un seul et même mot, parce que je ne m'étais même pas rendu compte du changement dans ma manière de m'adresser au jeune homme. « Restes tranquille le temps qu'il te faut... je t'explique comment ça se passe après, si tu veux. »
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