Turn it up • Jowen

« Non, non ça va pas Cassie ! Pourquoi tu es pas venu me voir à la place ? » Il soupire longuement avant de regarder le pauvre livreur qui se retrouve au milieu d’un conflit employée/employeur. Commander 700 livres de partitions au lieu de 50, bravo vraiment. Il pousse à nouveau un long soupir tout en se massant les sinus. Il cherche une solution mais le livreur ne veut rien savoir. Il n’a pas le droit de reprendre la marchandise, si Josh n’est pas content, il prend tout quand même et se plaint ensuite à la compagnie. Capitulant, il lève les mains au ciel pour laisser au jeune homme le soin de décharger les palettes. Il ne va pas avoir le choix, le week-end s’annonce, il faut tout stocker, ne rien déballer et attendre de voir ce qu’il peut faire en discutant avec son fournisseur. Il espère vraiment qu’il comprendra parce que mine de rien, ça fera un trou dans leur budget cette histoire à la con. Comment a-t-elle pu entendre qu’il disait 700 livres, surtout pour une petite boutique comme la leur. « Retourne à la caisse, je me débrouille. » Il le dit autoritairement, mais pas méchamment. Il a besoin de quelqu’un pour s’occuper des clients. Lui, il va gérer le rangement parce que ça ne peut pas rester juste là comme ça. Il a juste dix cartons bien lourds à grimper dans une des salles de réserve. Tout va bien. Il s’arrête à un moment lorsqu’il doit redescendre pour aller chercher le 5ème. Son dos souffre, comme ses jambes et sans parler de ses poumons. Une pause est la bienvenue et lorsqu’il voit la demoiselle arriver toute penaude, il se retient de lui râler dessus. « Vous avez de la visite…. » Il hausse un sourcil avant de se redresser mollement et de descendre les marches. Quelques pas encore et il se retrouve dans la boutique. Son regard se pose rapidement sur Owen et il affiche un franc sourire en le voyant. Il faut dire que ça fait longtemps. « Hey buddy ! » Il vient et lui fait directement un highfive suivit d’une brève accolade. Lorsqu’il se recule, il l’observe de haut en bas. Il a l’impression que ça fait des années qu’ils ne se sont pas vus. « Tu vas comment ? Ça fait un bail ! » Il l’entraîne avec lui vers le côté obscure de la boutique et lui fout un carton en main. « Viens, suis-moi. » Il en prend un à son tour et grimpe les marches pour déposer le colis qu’il a en main sur d’autre et laisser Owen faire de même. Suite à ça, il poursuit sa route dans les escaliers et lui ouvre la porte de son antre. Rusty vient bien évidemment les saluer avant de repartir s’allonger. « Tu veux quoi à boire ? » Il part vers le frigo en attendant sa réponse.

Ce matin, j’ai pris un livre au hasard dans mon tiroir. J’accumule les livres usagés, comme des souvenirs, comme d’autres collectionnent les timbres. Ils n’ont pas besoin d’être reliés de cuir ou d’être en bon état. Chaque coin de page plié, chaque tâche, chaque déchirure à une histoire. Je le garde bien au chaud dans le fond de la poche arrière de mon jeans, attendant un moment de quiétude, de solitude. Je déteste lire en publique. Ils demandent le titre, disent qu’ils ne lisent pas beaucoup, qu’ils ont lu un bestseller il y a deux ans avant d’aller voir le film au cinéma.

J’ai comme résolution de ne pas laisser les conflits des autres affecter ma vie. Ceux de ma famille, ceux de mes amis. Il n’y a rien de pire que d’avoir des regrets. J’aurais du rester proche de lui, j’aurais jamais du la quitter. Tant de '’ et si . . . '’ qui m’alourdissent, qui me tirent vers le sol. C’est terminé, je refuse d’embarquer dans ce mode de vie. Je vais garder proche ceux que j’aime.

Je pousse la porte du magasin de musique de Josh. Une clochette annonce mon arrivée. L’ambiance est belle. On se sent chez soi, comme dans les magasins de livres usagés, comme avec ses vrais amis. « Josh est là ? » que je lance à l’employée, me disant qu’elle doit bien savoir ce que fais le patron. « Oui, un instant. » Dit-elle avant de partir à l’arrière.

Il arrive, mon vieux pote, souriant comme jamais. Il m’a manqué, je l’admets et c’est en grande partie ma faute. Ça m’a fichu un coup au ventre, toute cette histoire entre lui et Riley. Ça m’a donné l’impression d’avoir à choisir et peu importe la situation, je choisirais ma soeur.  « Hey buddy ! » Me dit-il, en amorçant notre super high five secret, pas si secret que ça, mais assez puissant pour faire passer nos émotions de façon masculine. « Tu vas comment ? Ça fait un bail ! » « Ça fait longtemps, trop longtemps. » que disent mes lèvres sans que je puisse le nier. C'est moi qui me suis évadé, qui a cessé de passé, qui remis notre amitié au lendemain. Ça me tue, de savoir que c'est entièrement ma faute. J’attrape un carton et le suit. « Oh, tu sais, le boulot, la vie et mes conneries habituelles. Et toi ? » J'entends Rusty piétiner derrière la porte. J'ai toujours aimé ce cabot. Je déposer mon carton avec celui de Josh et me penche pour caresser Rusty, mon vieux pote poilu.  « Tu veux quoi à boire ? » « Je prendrais bien une bière ou un thé, selon ce que t'as. S'il te plait. » C’est pas mon genre de piétiner sur place, d’éviter les sujets, alors je plonge, me disant qu’il me connait depuis assez longtemps pour savoir que c’est ce que je ressens et que je me dois de le lui dire. « Je suis désolé, de pas être passé souvent les derniers mois. Tu m’as manqué, tu sais. » Rusty s’est couché sur mes pieds, comme si on ne s’étaient jamais quitté. On dit que les maitres ressemblent à leur chien. T’en dis quoi, Josh ?  

« Oh, tu sais, le boulot, la vie et mes conneries habituelles. Et toi ? » « Well, entre la carrière solo qui ne fait que grimper et la boutique, je n’ai pas vraiment le temps de faire grand-chose qu’à part bosser. » Il sourit. Il ne s’en plaint pas, au contraire. Il adore réellement ça, c’est juste extrêmement prenant pour le moment et il se rend bien compte qu’il va devoir dire au-revoir à la gestion de la boutique comme il peut encore le faire maintenant. Mais ce n’est pas un adieu définitif et ça restera toujours son bébé, il le sait bien. « Je prendrais bien une bière ou un thé, selon ce que t'as. S'il te plait. » « J’ai les deux… » Il sourit en coin et attrape deux bières au frigo qu’il dépose sur la table avec des verres avant de s’asseoir et de le rejoindre. Ça fait vraiment longtemps qu’il n’a pas pu voir Owen, c’est plutôt cool à vrai dire de le voir débarquer de la sorte. « Je suis désolé, de pas être passé souvent les derniers mois. Tu m’as manqué, tu sais. » Il s’installe confortablement en croisant ses jambes avant de laisser son bras gauche reposer sur le dossier de la chaise. « Toi aussi… Et puis… J’me doute que ça a pas été évident pour toi avec ce qu’il s’est passé avec Riley. » Ils étaient amis, ils sont devenus amants. Il imagine bien que ça ait un peu choqué Owen au début, mais au-delà de ça, la rupture a entraîné une cassure, pas parce que les deux hommes se détestaient, loin de là, mais parce qu’il sait que le jeune homme sera toujours loyal à la belle blonde. Il attrape son verre avant de le cogner contre celui du grand blond afin de pouvoir trinquer avec lui. « C’était un peu stupide de s’être éloignés parce que ça n’allait plus avec ta sœur et en même temps, je n’ai rien fait pour réduire cette distance. » Il hausse doucement les épaules. La « faute » s’il doit y en avoir une, est réellement sur leurs deux paires d’épaules. « M’enfin, c’est oublié non ? » Il sourit et avale une gorgée de bière avant de regarder l’appartement. « Et sinon, à part le boulot, y’a rien de neuf dans ta vie ? »

« Well, entre la carrière solo qui ne fait que grimper et la boutique, je n’ai pas vraiment le temps de faire grand-chose qu’à part bosser. » Ça me fait sourire de savoir qu’il réalise ses rêves. Je ne pourrais pas souhaiter que ça arrive à quelqu’un de meilleur. Il a beaucoup travaillé pour en arriver là où il est. Son succès, ça n’est pas un coup du hasard, il y a mit son coeur. Ça m’a pris du temps avant de réaliser à quel point il a du talent. Il a toujours fait un peu partie de ma vie, ses passions, quand on étaient jeunes, je voyais pas ça comme une carrière. Ah, t’aimes la musique, moi j’aime les livres, c’était ce genre de réalisations simplistes. Maintenant, après des années, je l’ai vu bosser, évoluer, et nous offrir le meilleur de lui-même.

À peine le temps de demander qu'il nous sors deux bières et deux verres jumeaux pour les accompagner. Je me retiens de décapsuler ma bière avec mes dents comme un sauvage, et je dépose mon verre sur la table du salon avant de l’ouvrir en mec civilisé, avec mes deux mains. Je la verse tranquillement dans mon verre, sachant que Josh ne m’en aurait pas voulu d’avoir fait autrement. Avec toutes ses histoires de succès, je l’admire, j’aimerais bien une petite place dans ce monde là, juste pour l’observer de loin et pouvoir dire, je le connais depuis toujours, quand il avait dix ans il a fait telle connerie. Je lui avoue qu'il m'a manqué et en hommes sentimentaux que nous sommes, il me répond sur le même ton. « Toi aussi… Et puis… J’me doute que ça a pas été évident pour toi avec ce qu’il s’est passé avec Riley. » Je hoche un peu la tête, essayant de me dire que c'est pas ça, qu'il y a d'autres raisons, mais la vérité, c'est que j'ai pas compris grand chose à ces deux là. Ça faisait changer le sol sous mes pieds, ça faisait tanguer mes idées fixes. Et après, j'ai pas osé poser de questions, mais ça m'a semblé leur avoir fait du mal à tous les deux. Et dans tous les cas, dans tous les mondes, je choisirai toujours Riley. « C’était un peu stupide de s’être éloignés parce que ça n’allait plus avec ta sœur et en même temps, je n’ai rien fait pour réduire cette distance. » Il a cette façon de me dire que c’est normal, que c’est pas grave, qu’il m’en veut pas et je sais qu’il le pense. Je bois ma bière dans un verre, content, heureux et comblé. De bons amis, ça fait de belles aventures. Pas que ça ait besoin d’être grandiose ou rocambolesque. Il faut seulement que ça soit mémorable. Comme maintenant, La fois où on s’est revus après tout ce temps.

« M’enfin, c’est oublié non ? » Dit Josh, me laissant boire ma bière, incertain à savoir si je mérite son amitié ou pas. Je me secoue les idée, décidant que s'il veut bien de moi, il est assez grand pour savoir dans quoi il s'embarque. J'ai déjà entendu quelqu'un dire qu'on est pas de tout repos, nous les Clarke. « Et sinon, à part le boulot, y’a rien de neuf dans ta vie ? » « Oh tu veux parler des interminables lignées de groupies qui me suivent en permanence et des photographes qui capturent toutes mes sorties ? Nah, ma vie est pas si intéressante que ça. La femme chez qui on fait des travaux ces temps-ci me déteste sans aucune raison, J’ai encore demandé à Alice de m’épouser, mais bon, ça c’est pas nouveau et j’ai acheté de nouvelles bottes,  pas par choix, mais parce qu’il y avait des trous dans les semelles. » Je blague un peu, toujours sincère, toujours amusé. Que des banalités. « Et toi ? Est-ce que je peux commencer à mettre sur Ebay toutes les photos que j’ai de toi gamin ? Ça va bien à quel point ta carrière de rockstar ? » Je hausse un sourcil, m’inquiétant sérieusement à savoir s’il sera un jour riche et célèbre. Qui sait, peut-être qu’un jour je devrai me faufiler à travers les fans pour atteindre son appartement. En attendant, je savoure la bière qu’on partage ensemble, me disant qu’on a pas besoin de tout ça pour être heureux.

« Oh tu veux parler des interminables lignées de groupies qui me suivent en permanence et des photographes qui capturent toutes mes sorties ? Nah, ma vie est pas si intéressante que ça. La femme chez qui on fait des travaux ces temps-ci me déteste sans aucune raison, J’ai encore demandé à Alice de m’épouser, mais bon, ça c’est pas nouveau et j’ai acheté de nouvelles bottes,  pas par choix, mais parce qu’il y avait des trous dans les semelles. » Au début surpris, le chanteur finit par éclater de rire aux dires de son ami. Il ne s’attendait pas à ce qu’Owen tourne les choses de cette manière, mais il le reconnaît bien là à vrai dire. Ils ont toujours eu une complicité facile tous les deux, c’était presque étonnant parce que souvent, les frères de vos amis ne vous apprécient pas entièrement mais pour lui, ça s’est toujours bien passé. Entre Kenny et Owen, il a pas mal de chance en fait. C’est une prise de tête en moins quand on y pense. « Pauvre Alice… » Il avale un peu de sa bière l’air de rien tout en souriant comme un manchot. Qui aime bien, châtie bien non ? Son sourire s’agrandit un peu plus pendant qu’il le regarde avant de reposer son verre. Il croise ses jambes et se tourne légèrement sur le côté pour poser son bras sur le dossier de la chaise. Ça lui confère un air princier presque énervant lorsqu’il fait ça. Désespérant. « Et toi ? Est-ce que je peux commencer à mettre sur Ebay toutes les photos que j’ai de toi gamin ? Ça va bien à quel point ta carrière de rockstar ? » Il sourit à nouveau tout en hochant son minois avant de le « fusiller » du regard. « ça va tellement bien que si tu fais ça, je t’achève ! » Non parce que… V’là les dossiers qu’on peut trouver là-dedans, c’est tout sauf bon. Il éclate cependant à nouveau de rire avant de trinquer encore avec le grand bond, puis de boire à nouveau. Il balance sa tête sur le côté pour remettre sa toison ébène en place avant de l’observer tout en tapotant ses doigts sur la table. « Bah, de neuf… » Il hausse une épaule. « Comme je te disais, entre la boutique et ma carrière, j’ai une vie à 360°C… » Il sourit néanmoins. « Oh, tu veux un billet pour le concert ? » Il se lève et va en chercher un avant de revenir lui donner et de remettre son royal fessier sur la chaise. « J’ai une nouvelle copine sinon… » Il hausse doucement les épaules. « Elle est géniale ! » Il hésite un peu avant de le regarder. « Tu prendras soin de Riley pour moi ? J’vais partir en tournée, être un peu déconnecté d’ici… J’sais que parfois, elle tombe dans des situations qui lui font du mal, ça sera rassurant de te savoir pas loin. » Il a déjà demandé aux parents de Ren et à son frère de bien s’occuper d’elle… Alors bon.

Je raconte ma vie, il raconte la sienne, on rattrape le temps qui a filé entre nos doigts ces derniers temps. Il y a des gens que la vie éloigne et je réalise maintenant que c’était pour le mieux. Je sais pas si j’aurais été un bon ami pour Josh, en me mêlant de ce qui ne me regarde pas, en lui rappelant Riley chaque fois que je serai débarqué avec notre air de famille.  « Pauvre Alice… » Blague Josh, alors que je lui envoie un air faussement découragé par son manque de foi en moi. « Oh, tu sais, au moins j’aurai jamais le regret de ne pas lui avoir demandé. » Que je conclus, me disant que le monde tourne trop souvent autour de nos regrets, autour de nos ‘’j’aurais du ‘’, de nos ‘’ J’ai jamais. ‘’

Quand je propose de vendre les photos de lui gamin qui sont éparpillées à travers nos vieux albums de famille, ça le fait réagir. J'ai toujours eu une tendance à faire des coups, mais je ne sais pas si j'irais jusque là. « ça va tellement bien que si tu fais ça, je t’achève ! » Je rigole, sachant que mon bon vieux Josh ne ferait jamais ça. « T’inquiète, je vais attendre que tu sois six pieds sous terre, ça vaudra encore plus cher. » Parce que je compte bien survivre à tout le monde, rien ne peut abattre un Clarke. Je rince le tout d'une gorgée.  Je fais mon détective et pose les bonnes questions « Bah, de neuf… Comme je te disais, entre la boutique et ma carrière, j’ai une vie à 360°C… Oh, tu veux un billet pour le concert ? » Dit Josh en les faisant apparaître tel un magicien. « Bien sur, faudra bien quelqu’un pour te faire honte après le spectacle. Tu peux même me renier, je t’en voudrai pas si la célébrité te monte à la tête. » Je prends les billets, les glissants dans mon porte-feuille. Je suis content pour Josh, la vie semble s’aligner pour lui. « J’ai une nouvelle copine sinon… Elle est géniale ! » La nouvelle complète le tableau de son bonheur et je réalise maintenant que seules ses réussite professionnelles ne pouvaient pas être la cause de ses yeux pétillants. « Ah ouais ? Géniale comment ? » Que je m’inquiète, me demandant si elle est assez bien pour lui. Parce que j’ai bien peur que personne ne puisse surpasser Riley. Ma Jules, c’est meilleurs, vous voyez. J’attends qu’il m’en dise plus pour me faire une idée. « Tu prendras soin de Riley pour moi ? J’vais partir en tournée, être un peu déconnecté d’ici… J’sais que parfois, elle tombe dans des situations qui lui font du mal, ça sera rassurant de te savoir pas loin. » « Tu sais que je peux pas faire autrement. L’adorer et frapper ceux qui oseraient lui faire du mal sont les deux commandements de l’ordre des frères, tu le sais bien. » Je me moque un peu du stéréotype des frères possessifs et protecteurs, mais je sais bien que quand Riley est triste, je déplacerais des montagnes pour la voir sourire.