sunday fun day ✩
JALIL and JULES
Le dimanche c’est pancakes. Une tradition personnelle de la jeune Von Bodman qui, une fois par semaine délogeait la cuisinière de son antre et devenait maîtresse des lieux pour un temps donné. Elle réunissait alors tous les ingrédients et s’affairait joyeusement, musique dans les oreilles, sourire sur le visage. Au fur et à mesure, la bonne s’éloignait de plus en plus de temps hors de son domaine, laissant Jules seule à elle-même. C’était leur accord tacite, Jules lui laissait du temps pour elle, et elle lui laissait du temps dans sa cuisine. Ce matin-là, Jules descendit aux alentours de neuf heures au rez-de-chaussée. La bonne était déjà partie mais avait laissé une note lui indiquant qu’elle ne reviendrait qu’en fin de matinée.
« Parfait. » murmura la demoiselle aux cheveux roux.
Elle brancha ses écouteurs à son iPhone, lança sa playlist pancakes et commença à sortir les ustensiles et les ingrédients des différents placards et étagères. Los Angeles regorgeait de producteurs locaux et son oncle avait laissé carte blanche aux employés ; tant qu’il avait le meilleur pour sa famille, l’argent ne comptait pas. Jules cuisinait donc avec des produits de premiers choix, bien qu’elle ne soit pas au courant de cette chance et avait parfois la tendance à jeter certains produits sans se douter de leur prix. Comme quoi adolescente et cuisine ne font pas toujours bon ménage. Une fois tout le plan de bataille mis en place elle attacha ses longs cheveux, mit la farine, le buttermilk (ingrédient qu’elle adorait depuis qu’elle en avait mis sans le savoir dans sa première recette), les jaunes d’œufs, le sucre et la levure dans le robot et à l’aide d’un autre robot monta les blancs en neige. Ceci fait elle ajouta lentement sa deuxième préparation à la première et laissa reposer quelques minutes, le temps de tout débarrasser. Etonnamment, elle n’était plus aussi bordélique lorsqu’elle se retrouvait dans une cuisine ; sa chambre par contre, était un capharnaüm organisé et lorsqu’il fallait faire le ménage, les domestiques s’en mordaient vite les doigts.
Une fois la cuisine rangée, la demoiselle s’affaira à la tâche, le but était simple : faire cuire les pancakes et surtout ne pas les faire brûler. Sortant une poêle, elle commença à faire la première fournée quand le téléphone sonna. Machinalement, elle quitta la pièce pour répondre.
« Bonjour, seriez-vous disponible pour répondre à un sondage ? » exposa la voix de l’autre côté de la ligne.
« Bien sûr pas de problème ! » s’exclama la rousse, oubliant qu’elle n’avait pas éteint la plaque de cuisson.
Elle babilla pendant quelques minutes dans le salon avant de quitter la pièce et d’aller dehors dans le jardin, laissant le soleil caresser sa peau. Une chose à savoir à propos de Jules c’est qu’il ne fallait jamais lui demander son avis sur quelque chose ; elle avait un avis sur tout et n’hésitait pas à rentrer dans de gros débats, juste pour avoir raison. De quelques minutes, le sondage en dura une trentaine et lorsqu’elle raccrocha, tout en refermant la porte de la baie vitrée derrière elle, elle huma une odeur particulière. Un merde sonore sortit de sa bouche alors qu’elle courrait jusqu’à la cuisine, toujours vêtue de son pyjama i’m not a morning person, découvrant dans la pièce à vivre, un homme de dos, vêtu d’un uniforme en train d’éteindre…Le feu qui avait pris dans sa cuisine.
« Oh merde… » s’exclama la demoiselle à voix basse.
electric bird.