Bailey Graham Prescott
crédit image ; tumblr + crédit fiche ; night sky.
➝ 20 ANS ➝ CÉLIBATAIRE ➝ ÉTUDIANT CRIMINOLOGIE (3ème année) ➝ WILL HIGGINSON
« Tu as raté la fête du siècle, c’était tout simplement génial, il y avait de la musique et on a même pu boire des boissons gazeuses, c’était vraiment énorme, tu aurais dû venir. » Loin des soirées de débauche digne de Skins voilà à quoi ressemblait mon quotidien. Chez moi, petite ville perdue en Californie le business, le sexe, l’argent, l’alcool ou encore la drogue n’étaient pas des sujets qui avait leur place ici. Une faible densité de la population puisque nous étions environ 5000 habitants et des habitations modestes, nous n’avions pas droit à des gratte-ciels, aux restaurants qui pratiquaient la junkfood, non, nous étions juste dans une ville où chacun connaissait son voisin et vivait dans le respect. Mes parents étaient tous les deux des protestants fondamentalistes, la bible et rien d’autre, racistes, antisémites, des gens qui ne partageaient pas la même façon de vivre que moi. Bien-sûr que je restais l’enfant qu’ils avaient mis du temps à élever avec leurs idées mais je ne croyais pas en Dieu, au final je faisais semblant pour leur faire plaisir mais il était hors de question que je considère les noirs comme étant des animaux et ce genre d’idées vieilles comme le monde et carrément dingue par rapport à l’époque dans laquelle nous étions. Difficile de croire que c’était possible n’est-ce pas ? Pourtant c’était le quotidien de notre génération, nous ne partagions pas les mêmes idées religieuses que nos parents mais nous faisions tous avec en cultivant notre petit jardin secret entre nous. Jamais les actes anodins des jeunes n’avaient pu atteindre notre ville, nous n’avions pas une connexion internet, pas de télévision et peu de journaux pour nous rendre compte de ce qu’était vraiment la vie. C’est bien simple, jamais aucun d’entre nous n’avait goûté à de l’alcool, au sexe concernant les jeunes puisqu’on attendait le mariage avec une femme imposée et encore moins d’activités exubérantes. « Callaghan… » Je n’avais pas réellement écouté mon ami me raconter que la fête avait été géniale, boire du coca-cola pour nous c’était comme Noël, nous n’avions pas l’habitude de consommer autre chose que des fruits et des légumes provenant du jardin avec de l’eau, dingue de le croire mais c’était pourtant le cas. « Oui ? » Je levais la tête le regardant après avoir fait une petite série de pompes, ce n’est pas parce que nous vivions dans la campagne que nous ne pratiquions pas de sport, bien au contraire, nous ne faisions que ça en dehors de l’école, le seul moment de la journée où nous suivions le même programme que les enfants normaux, nous étions inscrits à l’école de la ville d’à côté et c’est là que nous pouvions voir les différences entre nous et les autres gamins, je rêvais d’être comme eux sans jamais avoir eu le courage de tenir tête à mes parents, c’était tout bonnement impossible. « Tu n’as jamais eu envie de plus ? J’veux dire… De partir loin d’ici ? Pour vivre ta vie comme tout le monde ? » Il me regardait avec un regard à la fois rêveur et compatissant, je connaissais très bien la réponse qu’il allait me fournir. « Bien-sûr que j’ai déjà eu envie de partir sans me retourner mais… Je ne peux pas, je resterais jusqu’à ce que ma petite-sœur soit suffisamment grande pour avoir conscience de ce qu’il se passe autour de nous, je partirais à ce moment-là… Mais toi, pourquoi est-ce que tu ne pars pas ? On sera diplômés dans un pauvre petit mois, profites en… Décroches une bourse et pars aussi loin que possible, surtout… Ne reviens jamais ! » C’était difficile de tenir des propos comme ça, je ne voulais pourtant pas revenir, mes parents, je ne les considérais plus vraiment comme tels, ils étaient juste bons à me donner des coups lorsque je ne priais pas et faisait preuve d’un langage trop familier. Ma vie était un enfer sur terre, par chance mes notes étaient suffisamment bonnes pour que je puisse obtenir une bourse, je m’étais renseigné auprès de l’administration du lycée pour avoir des informations et aujourd’hui je me sentais plus prêt que jamais à sauter le pas, mon plus grand rêve ? Qu’UCLA m’ouvre ses portes.
« Hey beau-gosse, c’est quarante dollars la fellation ! » Qu’est-ce que je foutais dans cette ruelle sombre en pleine nuit ? J’observais cette prostituée et pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’être heureux. Mon diplôme en poche j’avais eu la chance d’obtenir une bourse pour UCLA, mon rêve avait commencé et même si quitter mon entourage de fous avait été difficile je m’étais découvert un soutien impensable, mon parrain ainsi que ma tante, toute ma famille ne vivait pas dans la religion, bien au contraire je m’étais découvert une famille bien plus grande que mes parents et bien plus exubérante, libérée, là où j’aurais dû grandir. Grâce à eux j’avais pu obtenir les fonds nécessaires pour avoir de quoi voir venir et m’acheter un appartement en ville et je ne les remercierais jamais assez. Aujourd’hui tout allait pour le mieux, étudiant en première année de criminologie je comptais me spécialiser dans les sectes puisqu’à mes yeux, cette ville représentait l’exemple type d’un culte. Ma vie n’avait pas toujours été facile tous les jours, me retrouver du jour au lendemain dans un monde complètement différent de celui dans lequel j’avais grandi n’avait pas été simple mais depuis la rentrée je m’étais habitué, à ce stade je n’avais toujours pas connu les joies des fêtes, de l’alcool, du sexe étant encore vierge ou même des activités que font tous les étudiants normaux mais je ne doutais pas que l’avenir me réservait bien des surprises.
Tellement de pensées, de désirs et de nouveaux rêves qui prenaient possession de mon pauvre corps laissé sans défense depuis que cet homme s’était octroyé le droit de pénétrer mon âme, de me dérober le seul principe auquel je m’étais toujours tenu, rester vierge jusqu’au mariage. Bibbo était très fort, je n’étais pourtant pas amoureux de lui avant qu’il ne se décide à me faire l’amour dans un premier temps contre ma volonté et puis finalement avec tout mon consentement. Ses mains sur mon corps me hantaient et il avait peut-être sans le vouloir ouvert une porte qui ne s’était pas refermée depuis. En deux jours tout avait tellement empiré, étais-je finalement tombé fou de lui ? De cet homme qui m’avait uniquement considéré comme un endroit dans lequel se loger pendant un bref instant, une sorte de refuge apportant la chaleur humaine, la tendresse nécessaire pour pouvoir s’y abandonner. N’étais-je finalement que ça ? La triste vérité c’était que oui, je n’avais pas eu de nouvelles, il n’avait pas répondu à un seul de mes messages me laissant seul face à cette abominable réalité. « Je vais partir… » Avais-je annoncé à ma marraine qui me regardait, surprise par les propos que j’étais en train de tenir. « Pourquoi ? Pour combien de temps ? » Tellement de questions qui trahissaient la tension qu’elle éprouvait, normal, comment pouvait-elle ne pas douter de ma capacité à vivre seul, à m’assumer alors que je m’éteignais depuis deux jours. « J’ai besoin de rattraper mon retard… J’ai envie de vivre comme les autres jeunes, de découvrir la vie… Le monde ! J’ai besoin d’oublier quelqu’un, de faire le vide autour de moi. » Je lui parlais sincèrement, n’évitant aucun des motifs qui motivait mon envie de départ. « Mais… Et s’ils te retrouvent ? Tu sais qu’ils doivent attendre la première occasion pour te mettre la main dessus… Tu te sens prêt à être tout seul pour assumer ça ? » Bien-sûr que non, ici j’avais la certitude de pouvoir m’échapper et d’appeler les bonnes personnes pour dissuader les membres de la secte à laquelle j’avais réchappé en usant de méthodes parfois un peu violentes alors qu’ailleurs j’allais être seul, seul contre le monde. « Tu ne seras pas toujours-là pour veiller sur moi tu sais, je dois apprendre à vivre en autonomie… Mes parents… La secte… Ils m’ont bridé et empêché d’apprendre naturellement comme tous les jeunes de mon âge, il est temps que je vole de mes propres ailes. » Ma décision était prise, il était temps que je quitte UCLA et Los Angeles pour un voyage sans retour envisagé dans les semaines à venir. Mes valises étaient déjà bouclées et l’argent que j’avais gagné en travaillant pendant six mois au bureau du FBI rassemblé. « Je ne vais pas disparaitre, je continuerais de t’envoyer des SMS et je prendrais soin de moi… Je reviendrais quoiqu’il arrive une fois que j’aurais rattrapé le temps perdu. » Il était temps pour moi de tourner une nouvelle page et d’écrire un nouveau chapitre.
Mon cœur battait la chamade, en partant sept mois plus tôt j’avais promis à ma marraine de lui donner des nouvelles très régulièrement et de revenir. Cette promesse avait été à moitié réalisée puisqu’après deux mois sur les routes mon téléphone avait été écrasé par une voiture qui passait alors qu’il venait de m’échapper. Je n’avais pas le budget suffisant pour m’en procurer un nouveau j’avais donc abandonné progressivement l’idée de donner des nouvelles pour embrasser cette nouvelle vie clandestine qui s’offrait à moi. Le Brésil, Cuba, Ibiza, l’Espagne… Pendant la moitié d’une année je m’étais baladé un peu partout sur le globe, j’en avais profité pour vivre la débauche à deux-cent pourcent. Chose qui pourrait en surprendre plus d’un, je m’étais décidé à ne plus être le garçon pur et sérieux que j’avais toujours été, à la place je m’étais noyé sous les pétards, les cigarettes, les drogues et autres bouteilles d’alcool. La seule chose sur laquelle j’étais resté plus « sage » c’était bien le sexe, mis à part quelques expériences comme ce que l’on appelait un threesome avec deux beaux brésiliens plus que caliente et un moment d’égarement sous l’alcool que j’avais passé avec cinq hommes différents au milieu de ce qui semblait être ce que tout le monde désignait comme une tournante. Autant vous dire que je n’étais pas forcément fier de tout ce que j’avais fait pendant mon voyage mais j’étais au moins parvenu à comprendre ce qui animait les jeunes d’aujourd’hui, peut-être avec un peu trop de délinquance et de trash mais maintenant que cette facette avait été explorée à cent pourcent je me sentais prêt pour reprendre une vie plus… Basique ! Le petit enfant timide, sage et rougissant pour un rien était bien loin à présent, pendant cette période j’étais parvenu à prendre conscience de mes atouts et les soirées, plus folles les unes que les autres m’avaient permis de faire peu à peu gagner confiance en moi.
A présent j’étais de retour, UCLA ne m’avait pas particulièrement manqué mais j’étais prêt à me remettre au travail, à revoir ma marraine qui devait se faire énormément de souci pour moi, je ne savais juste pas par où commencer. Par toquer peut-être ? Je pris une dernière inspiration avant de presser mon doigt sur la sonnette et cette femme pour qui j’éprouvais le plus profond respect du monde ne tarda pas à ouvrir. Elle semblait tellement surprise de me voir, un peu comme si elle venait de voir un revenant. « Je… Je suis de retour ! »