Non, je n'ai pas si mal... (Sabri & Anaeli)

Anaeli était devant sa porte. Elle hésitait toujours à sortir. Ses derniers temps, elle était un peu trop sortie à son goût. Pour quelqu'un qui voulait rester isolée, c'était raté. Enfin selon elle.... Ana soupirait, rajusta son sac sur son épaule. C'était pour ses cours qu'elle devait se rendre à la bibliothèque et rien d'autre ! Elle inspira longuement puis se décida à sortir de son appartement.

Dans la bibliothèque, Anaeli s'était cachée dans une allée avec des bouquins qui l'entouraient, des feuilles éparpillées. Elle s'était assise par terre mais ce n'était pas un problème pour la jolie brune. Elle s'était attachée les cheveux avec un stylo et en mordillait un autre. Elle était très concentrée, ne levant la tête que pour feuilleter un livre différent. Ana se sentait bien à l'écart de tout le monde, elle pouvait se concentrer au maximum et elle respectait sa "punition".
Alors qu'elle tendit le bras pour attraper une feuille où elle y avait noté une définition, Anaeli aperçue du coin de l'oeil un jeune homme marcher dans sa direction. Elle déglutit en priant pour qu'il change de direction au dernier moment mais il fallait croire que le hasard avait décidé de la mettre à l'épreuve. Rougissant comme une tomate, elle tenta de se concentrer à nouveau sur son devoir.

Je n’allais d’habitude jamais du côté de la bibliothèque. J’étais pas un grand féru de cours pour tout vous dire. Je devais même avouer que j’étais plus à la fac pour glander, sortir et draguer que pour autre chose. Et lorsque l’on me voyait traîner du côté de cette aile de l’université, on savait que je n’y allais pas pour étudier. Et certes, aujourd’hui, je devais livrer sa « dose » à un de mes clients qui choisissait toujours la bibliothèque comme lieu de rencontre. Je marchais donc tranquillement, guettant bien que personne n’avait cramé ce que je trimballais dans une poche, sifflotant un air doux tout en me rendant au lieu de rendez-vous. Je marchais donc, ne me rendant pas forcément compte de ce que je faisais ou de qui était non loin de moi et là, je fis un mauvais pas qui me fit perdre légèrement l’équilibre. Je me cognais quelques peu contre une étagère qui fit tomber un livre sur une jeune demoiselle assise toute seule au fond du couloir, des feuilles éparpillées autour d’elle dans un bordel qui semblait étrangement soigné. J’ouvris alors de grands yeux étonnés, m’abaissant rapidement pour voir si je ne l’avais pas blessée, ajoutant d’un ton qui se voulait engageant « ça va, t’as rien ? » tout en promenant mon regard inquiet le long de son visage. Elle était jolie. Si jolie que j’aurais pu me perdre dans ses yeux si j’avais pu … malheureusement, l’heure n’était pas aux enfantillages et je fus rapidement tiré de ma rêverie lorsque je me rendis compte que je n’avais encore pas présenté d’excuses à la jeune femme qui se trouvait face à moi. alors, d’un même mouvement, je plongeais mon regard doux dans le sien, lui disant « je suis désolé pour le livre. J’ai perdu l’équilibre et … il est tombé. Je voulais pas … » avant de me rendre compte que me justifier n’était peut-être pas la meilleure des solutions.

Anaeli se sentait réellement mal à l'aise. Le jeune homme ne lui parlait pas, certes, mais rien que sa présence troublait la jeune femme. Elle tentait de se concentrer à nouveau sur son devoir, d'écrire une note, de lire un paragraphe mais rien à faire... Anaeli n'y arriverait pas. D'autant plus qu'il semblait se rapprocher d'elle. Alors qu'elle baissa la tête pour relire ses notes, elle entendit un bruit bizarre. Au moment où elle tourna la tête, Anaeli vit le jeune homme trébucher et un livre tomba juste sur Ana. « Aïe ! » fit Anaeli en se couvrant la tête de ses mains. Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit le jeune lui demander si ça allait. Elle hocha la tête en évitant son regard. Anaeli se releva avec le livre qui lui était tombé dessus. Le jeune homme tentait de s'excuser sauf qu'Anaeli, toujours aussi rouge, ne l'écoutait pas vraiment. Elle se concentrait pour ne pas fondre en larmes. Elle n'avait pas mal... Mais disons qu'avec son histoire de punition, ses pensées pas forcément positives, il lui suffisait d'un rien pour la faire pleurer et croire que le destin s'acharnait sur elle. Alors, lorsqu'Ana tourna sa tête vers son interlocuteur, ses yeux baignés de larmes, elle chuchota d'une voix tremblante « Je... Je vais bien, t'en fais pas... » La jolie brune se mordit la lèvre mais sentit tout de même ses larmes couler sur ses joues. Immédiatement, elle lui tourna le dos pour essuyer ses larmes mais il lui semblait que plus elle les essuyait, plus ses larmes coulaient.

Je me sentais bizarrement très mal à l’aise. J’avais pas vu le livre qui était tombé sur la jeune fille assise par terre et maintenant, je me sentais particulièrement minable de l’avoir blessée de cette manière. Je m’abaissais à sa hauteur tandis qu’elle détournait la tête, sûrement pour éviter que je la voie pleurer. Je regardais si elle n’avait pas une bosse ou quoi que ce soit d’autre puis j’ajoutais « je suis vraiment désolé, je voulais pas te blesser » sur un ton qui se voulait plus qu’inquiet. Sa voix se faisait tremblante alors que je sentais qu’elle devait avoir été quand même légèrement amochée. Je dégageais une mèche de cheveux de son visage alors que je remarquais ses larmes qui roulaient le long de ses joues rosies. Je déposais délicatement mes doigts sur sa peau frêle afin d’essuyer ses larmes qui me terrifiaient. Je n’avais jamais fait pleuré une femme avant. J’avais trop peur de ce que Dieu pouvait me réserver pour cela. Je me sentais donc particulièrement mal à l’aise. J’ajoutais sur un ton qui se voulait doux « tu sais, les princesses ça pleure pas » avant de me demander si elle allait se reconnaître ou non. Je ne voulais pas la blesser, loin de là et j’espérais la faire sourire. Ses larmes me brisaient le cœur pour une raison encore obscure et alors que j’allais tenter une nouvelle approche, je sentis quelque chose de particulièrement lourd tomber sur mon crâne. Un élève venait de laisser tomber un livre pile sur ma pomme. Je rigolais alors légèrement, récupérant le livre qui venait de me tomber dessus, ajoutant « bon bah, on peut dire qu’on est pareils maintenant » sur un ton qui se voulait légèrement rieur. Je savais que ça n’allait pas la mettre à l’aise particulièrement mais peut-être que cela allait abaisser une première ligne de défense. Mais bon dieu, qu’est ce que ça faisait mal ..

Anaeli hocha la tête. Le pauvre, se dit-elle, il va croire qu'il m'a vraiment fait mal... S'il savait ! Anaeli n'arrivait plus à se retenir de pleurer. Ses larmes coulaient et elle s'était tournée pour qu'il ne la voit pas pleurer. Elle ne voulait pas qu'il se sente coupable alors qu'elle n'avait pas si mal en réalité. Doucement, il vint lui enlever une mèche de cheveux puis essuya ses larmes. Anaeli se mit à rougir en baissant la tête. A sa remarque, Anaeli se tint le bras, réprimant un sanglot, elle lui répondit : « Je n'ai rien d'une princesse... » Peut-être que s'il lui avait dit cela trois ans avant, la jeune femme l'aurait pris pour un compliment... Enfin, trois ans auparavant, Anaeli n'était pas cette femme qui se tenait devant lui, les yeux pleins de larmes... Elle n'était pas aussi craintive et frêle qu'aujourd'hui. Soudain, sans qu'elle ne comprenne un livre tomba sur la tête du jeune homme. Ana mit ses mains sur son visage, les yeux écarquillés de surprise, ça, elle ne l'avait pas venu venir. Elle eut très peur qu'il se soit fait mal. Mais lorsqu'elle le vit sourire en lui disant qu'ils étaient à présent semblables, Anaeli eut la force de sourire. « Tu n'as pas trop mal ? » Normalement, elle s'interdisait tout contact avec les autres. Mais Jules et Jersey avait trouvé le moyen de percer sa carapace... Même Danny avait réussi à lui arracher quelques mots. Bon, elle n'avait raconté qu'à Jersey et Jules ce qui lui était arrivé... Mais elle ne voulait plus en parler, même si Jules affirmait qu'elle en avait besoin. D'autant plus qu'il fallait qu'elle finisse par se pardonner... Sauf qu'elle n'y parvenait pas...
Ana leva les yeux vers le jeune homme. Etrangement, elle se sentait protégée comme jamais. Il avait réellement eut peur de lui faire mal et il était resté à ses côtés alors qu'il aurait très bien pût s'excuser et s'enfuir après avoir vu sa réaction... Elle tenta alors d'ignorer sa culpabilité et lui dit : « Je... Je m'appelle Anaeli... »