you see what you want to see - SNOW&ANNA

Deux petites cordes se balancent entre les doigts d'Anna. Un paquet emballé comme un présent, une surprise pour son coeur, pour chasser les démons qui murmurent sa honte une fois les portes fermées à clé. Un morceau de tissus qui la caressera comme personne n'en a le droit, glissant sur sa peau comme le seul toucher qu'elle s'autorise. Anna sourit, ses lèvres parées du rouge de la saison, son armure bien en place. La jeune femme marche la tête haute, le coeur embrouillé par ses boyaux qui se tordent au contact de cette ville.

De loin, elle aperçoit une silhouette qu'elle regrette de connaître. Des épaules larges pour supporter une attitude plus grande que nature. Les lèvres d'Anna enlignent les réponses hautaines, se disant que peut-être cette fois, ça le fera fuir, qu'il croira les murmures la traitant de princesse des glaces. Mademoiselle Woods fait surface, crevant les lèvres d'Anna, protectrice de ce qu'il reste de son coeur.

« Burns ... je dirais bien que c'est un plaisir de te revoir, mais ce serait mentir. » Laisse tomber Anna, espérant qu'il passe son chemin. Les cheveux d'Oxanna caressent ses épaules alors qu'elle se demande ce qu'il peut bien lui vouloir. Elle n'est pas ce genre de fille, c'est bien connu. Haussant un sourcil, Anna attends une réponse, espérant s'en débarrasser rapidement pour se retrouver seule avant que cette ville ne l'engouffre.

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nothing scares me anymore

⊹There she was my new best friend. High heels in her hands, swayin' in the wind While she starts to cry, mascara runnin' down her little Bambi eyes (by anaëlle)

Ma cigarette se consume sans que je n’y prête réellement attention, je sors du boulot et l’impression étrange que ma tête va exploser ne veut pas me quitter. Les exams, le travail et le reste, il faut croire que parfois, c’est trop pour moi. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre, le monde entier le sait, Snow Burns est toujours de bonne humeur. Toujours, pas vrai ? Marchant dans les rues je m’apprête seulement à retrouver ma moto afin de retourner chez moi, n’ayant pas vraiment envie de faire quoi que ce soit. Peut-être appeler Lisa, si elle n’est pas occupée, je ne sais pas. Mais lorsque je tire inconsciemment sur la clope que je tiens en main, mes prunelles se posent finalement sur une personne qui marche en sens inverse de moi. Oxanna. Un sourire fin vient se placer sur mes lèvres, surement un peu espiègle. Elle fait partie de celles qui ne connaissent que le mauvais de moi, comme bien souvent, à chaque fois. J’avoue ne plus me souvenir de la façon dont on s’est rencontré, peut-être dans une soirée arrosée. Mais peu importe, l’embêté, est, je le sais, un passe-temps qui pourrait devenir un de mes préférés. « Burns ... je dirais bien que c'est un plaisir de te revoir, mais ce serait mentir. » Prononce la jolie brune alors que je me retrouve à la hauteur de son corps, plissant les paupières, et mes lèvres à la fois, je ris d’abord avant de dire quoi que ce soit. « Tu sais … » Bien sûr que non elle ne sait pas, mais lui laisser penser que si me plait. « En un sens je suis certain que tu mens déjà. » Parce que de me voir elle ne peut que en être contente, elles sont toutes comme ça. Elles disent non alors que ça veut dire oui, ou plutôt que le oui se négocie. « Puis note que c’est toi qui m’a accosté. » Après tout c’est vrai, si elle n’avait pas ouvert sa jolie bouche, je jure que la mienne serait restée fermé. Et j’interdis qui que ce soit de penser cette affirmation fausse. Je suis capable de me taire, faut pas croire. Enfin, ok, l’espoir fait vivre je le sais. Mon regard se tourne finalement sur le sac qu’elle tient en main. « On fait les boutiques ? » Je sais bien que ça ne me regarde pas, mais je pourrai, peut-être, lui prouver que je ne suis pas seulement ce que disent les gens de moi. Un connard sans merci qui ne pense qu’à lui.

« Tu sais … » Lance la voix grave de Snow alors que le sourcil haussé d’Anna crie qu’elle ne veut pas savoir. Il a cette façon d’appuyer là où il ne faut pas, de faire sortir les couleurs qu’elle veut dompter. Les doigts d’Anna sont coupés par les cordes de son paquet, le sang afflue à ses joues dans un rougissement rageur, imperceptible sous les boucles qui caressent ses joues. Rien ne lui ferait plus plaisir que de savoir comment le faire déguerpir de ses mots. « En un sens je suis certain que tu mens déjà. » Laisse filer sa langue de vipère. Les lèvres d’Oxanna se pincent pour ne pas laisser passer un soupir. Elle ment plus qu’elle ne respire. Ses côtes sont douloureuses, les mots non-dits s’y cognant à répétition comme des oiseaux fous dans une cage. Qui croirait que sous les sourires, elle veut crever, qui croirait, si ça n’est, inexplicablement, Snow. Il lance des vérités comme des flèches qui percent la peau d’Anna pour se loger dans ses os et résonner, même quand il n’y est plus.

Les cordes vocales d’Oxanna voudraient formuler une réponse, jurer d’une voix passible qu’elle est la personne la plus honnête qu’il ne connaisse, mais elle sait que son apparence, ses mots, ses gestes font tous partie d’une grande mascarade. La parade dans laquelle mademoiselle Woods progresse est un monde qu’on regarde des gradins, parfois avec émerveillement, d’autres fois avec envie et quelques fois avec désillusion. « Puis note que c’est toi qui m’a accosté. » La provoque le ton serein de Snow, toujours si calme, un sourire dans la voix, un air de tout savoir au visage. « Seulement parce que je sais que c’est pas la peine d’essayer de t’éviter. » Énoncie clairement Anna, collant à ses lèvres un sourire désolé monté de toutes pièces. Qui aurait cru, qu’à force de conversations désagréables, elle finirait par le connaître un peu, un si petit peu, lui qu’elle pourrait jurer détester. Une part d’Anna voudrait faire croire que sa présence la dérange, mais une petite voix, petite, toute petite, lui murmure que c’est mieux que d’être seule, avant d’être enfouie sous une vague de je-me-suffis-amplement.

Le regard de Snow s’accroche au sac d’Oxanna. Grand observateur, hiboux de jour, un peu trop malin au goût d’Anna. « On fait les boutiques ? » Demande-t-il, comme si ça l’intéressait. Le coeur d’Anna demande pourquoi il prétend, pourquoi il essaie, pourquoi il est là. Ça la trouble. Il ne semble rien vouloir d’elle et c’est ce qui la perturbe. Chaque personne dans la vie d’Anna attends quelque chose d’elle. Charly attends que leurs pères réalisent que c’est folie de marier deux enfants, Genesis attends sans oser le dire qu’on prennes enfin soin d’elle, son père attends d’elle une perfection sociale impossible à obtenir, ses anciens amis voulaient qu’elle soit excessive sans jamais dépasser la limite, les filles du pensionnat voulaient qu’elle passe inaperçue parce que personne n’aime les enfants de riche qui se croient supérieurs. Mais Snow, c’est différent. « Je crois pas que ça t’intéresse. » Réponds Oxanna, les yeux fixés sur la vitrine derrière Snow. Son reflet lui laisse voir ce qui est invisible aux autres. On ne voit pas la fossette sur sa joue qui est le signe d’un faux sourire, on ne voit pas ses ongles grattés au sang sous le vernis coloré, on ne voit pas ses genoux désossés qui se cognent. « Mais t’es le bienvenu si t’as envie. Tu peux même tenir mes paquets à moins que t’aie peur de ruiner ta réputation. » Anna fait balancer le sac au bout de ses doigts certaine que Snow n’y touchera pas.

On la salue de loin, il s’approche. . .

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Mon sourire sur de moi ne me quitte pas, je la regarde ou bien la dévore des yeux, dans les deux cas, c’est souvent la même chose avec moi, et je ne suis pas peu fier lorsque je lui signifie que c’est elle qui est venue me parler, que si elle ne l’avait pas fait, peut-être que je ne l’aurai pas fait non plus. Peut-être. « Seulement parce que je sais que c’est pas la peine d’essayer de t’éviter. » C’est tellement vrai que ça m’arrache un nouveau sourire. Il faut croire qu’elle me connait plus qu’elle n’ose le dire, et je ne vais pas mentir, mon égo quelque peu démesuré s’en trouve ravi. Inclinant le visage, je me concentre finalement sur ses sacs, sur le fait qu’elle devait bien être occupée avant de me croiser. Alors je lui demande ses occupations, élève la voix une nouvelle fois, m’intéressant à son monde parce que je l’ai décidé, surement qu’elle a de la chance que ce soit le cas, je ne sais pas, le nombre de femme que je compte dans mes draps est élevé, celles auxquelles je m’intéresse bien moins, c’est vrai. « Je crois pas que ça t’intéresse. » Mes sourcils se froncent parce qu’elle me donne soudainement l’impression de lire à l’intérieur de moi, sauf qu’étrangement, elle le fait à l’envers. Elle a tort sur toute la ligne, mais je ne me permets pas encore de le souligner, puisque je tente du mieux que je peux de l’apprivoiser, après tout, sa réputation sauvage n’est plus à démontrer, moi, je veux savoir ce qu’elle cache, ce qu’elle est. Et elle le comprendra en temps voulu, lorsqu’elle abaissera les armes face à moi, et forcément elle le fera. « Mais t’es le bienvenu si t’as envie. Tu peux même tenir mes paquets à moins que t’aie peur de ruiner ta réputation. » Une nouvelle fois je lui souris, si elle savait que ma réputation est tellement grande que ce n’est pas une après-midi avec elle qui la ruinera. Alors je tends déjà la main vers ses paquets, afin de les porter, j’aime bien, c’est vrai, servir d’homme objet. Pour certains c’est hors de question, pour moi, je me dis que ça peut être drôle parfois, et puis, soyons sérieux, ma virilité, n’en est pas entachée.
Cependant quand j’attrape les sacs, je réalise qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre équation. Un homme s’approche de nous, regarde la jeune brune et le visage de cette dernière se ferme, littéralement. Alors ma mâchoire se resserre, une de mes mains va faire pression sur son épaule et je m’entends lui demander « Tu le connais ? » parce qu’au sourire qu’il lui offre, on ne peut que comprendre que oui, c’est le cas, même si je ne sais pas la nature de la relation, je sens dans l’air, une certaine tension.

Anna ressent un froid creuser sous sa peau. Elle tremble sans en savoir la raison. Quelque chose s'agite dans son ventre, lui donne la nausée. Une main fantôme se pose sur son épaule, écho d'un passé qui la hante. Les secondes jouent au tourniquet, trahissant ses sens. Les gens continuent de bouger, de se mouvoir, comme si rien n'avait changé. Snow laisse tomber des mots qui réveillent Anna.  « Tu le connais ? » Dit-il sans se douter de la peur qui agrippe les entrailles d'Anna.

Un souffle dans son dos, une ombre qui la cache toute entière, ses yeux sont luisant de crainte, ses doigts sont détachés, glacés, moites. Ses épaules voudraient se recroqueviller assez pour pouvoir l'engloutir. Rien ne pourrait lui faire plus plaisir que de se désintégrer, avant d'être forcée à poser à nouveau les yeux sur lui.

Les yeux d'Anna s'accrochent au regard de Snow, son regard aux questions légitimes qui tombent toutes vers les enfers. « Mademoiselle Sterling. » Dit la voix du serpent, sa langue fourchue frétillant contre la nuque d'Anna, la souillant par sa simple proximité. Oxanna perds toute sa volonté, regardant Snow comme le ferait un condamné à mort. Elle a quinze ans à nouveau et on la traite de menteuse. On dit qu'elle exagère, qu'elle invente, que ce sont que des histoires. Ils ne voient pas, ce qu'il lui fait dans le noir, noyant ses cris et ses pleurs sous sa main rugueuse qui goûte le vieux cigare. Sa gorge est nouée, sèche, les mots se sont évaporés. Elle ne peut pas expliquer, elle ne peut pas accuser, elle ne peut même pas nommer ce qu'il lui a fait, c'est au dessus de sa force. Il pose une main poisseuse sur son épaule. Si Snow n'était pas le détenteur de ses achats, Anna en aurait laissé tombé ses sacs. Elle tremble comme une feuille.

Le sentiment d'impuissance qu'elle nourrit depuis tant d'années se brise en morceaux. « NON. » Disent ses cordes vocales. Son corps entier se révoltant contre son agresseur. Elle se détourne, se détache de sa poigne, recule vers Snow, traçant une ligne entre les bons et les méchants. Elle voudrait s'effondrer en larmes, mais ce qu'il reste de sa dignité l'en empêche. Peut-être que la présence de Snow lui donne la force de continuer, de ne pas s'enfuir. Peut-être que de l'avoir comme témoin lui donne le courage de dire non, de refuser d'être traitée ainsi. Anna pose enfin les yeux sur lui, pour le voir tel qu'il est : vieux et cruel. Il est moins grands que dans ses souvenirs, moins terrifiant. « Vous ne m'adresserez plus la parole, jamais. » Ordonne Anna, voulant crever, voulant pleurer. Elle le fixe enfin au beau milieu des yeux, une larme s'échappant enfin de ses cils, traçant une ligne jusqu'à son menton.   « C'est fini. . . Terminé. » Jure-t'elle. Avant de passer son chemin, courant maintenant, quelques pas, quelques autres, pour se réfugier dans une ruelle, entre deux boutiques. Oxanna sens son coeur battre à ses oreilles. Elle tremble tout autant. Son corps se débats. Elle pose les mains au mur et sens son coeur remonter dans sa poitrine. Elle en vomit son repas, recrachant les maux d'antan, les paroles ravalées et les secrets renfermés. Essuyant sa bouche du revers de sa main, Oxanna recule vers l'autre mur, se laissant glisser au sol, empoussiérant ses habits. Sa tête se cogne au mur de brique, a répétition, voulant tuer tous les souvenirs qu'il y a laissé. Les larmes coulent enfin sur ses joues, impossibles à arrêter, alors qu'elles ont été barricadées pour tant d'années.

À l'entrée de la ruelle, se tiens Snow, l'ayant probablement suivi pour lui rendre ses paquets, ou par curiosité, pour la voir pleurer. Anna s'en balance, essayant simplement de reprendre son souffle après avoir asphyxié durant tant d'années.

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Et mes yeux se perdent dans les siens, je n’y comprends absolument rien, alors je reste muet, j’essaie de la comprendre dans son silence, comprenant que quelque chose d’important se joue ici. Mes prunelles s’en vont finalement trouver celle de l’homme qui s’approche encore d’elle, je ressens sa détresse jusque dans mon corps, c’est soudain, dérangeant, et je me mets à le haïr sans le comprendre, j’envisage même de le faire reculer, je l’avoue, de le frapper. Et quand il prononce son nom, je regarde à nouveau Oxanna, appréhende sa réaction, vois sa stupeur, son horreur. Elle se débat mentalement, et je reste impuissant, sans pouvoir l’aider, je pourrai bien la supplier de parler, de me dire, de m’expliquer, ne serait-ce que dans un murmure. « NON. »

Pauvre con. Mon humour ne me servira à rien, elle est perdue, elle est ailleurs, et je devine tous les saignements de son cœur. Je ne me vois plus l’embêter, la taquiner, je ressens juste le besoin étrange de la sauver, alors je bouge enfin, me déplace vers cet homme venu de nulle part et fracassant toutes les défenses qu’elle a du avoir du mal à se forger, à créer, bâtir pour les voir aujourd’hui s’envoler. « Vous ne m'adresserez plus la parole, jamais. » Et tant que je serai vivant, je me promets de faire en sorte que son souhait soit réalisé. Plus jamais il ne l’approchera, sinon, je serai dans l’obligation de l’arrêter, et pour ce que ça vaut, c’est mauvais, d’affronter un Snow énervé. Quand elle se met à pleurer, moi, je crève un peu de mon impuissance, de ma connerie, du fait de ne presque pas savoir ce que je fiche ici. « C'est fini. . . Terminé. » Et je ne peux qu’approuver ces dernières paroles. Je la regarde s’enfuir, je crois que j’ai un temps de réaction un peu idiot, sans savoir comment agir, une nouvelle fois. Mais je regarde l’homme qu’elle semble détester plus que de raison une dernière fois, grave son visage dans ma mémoire et me promets de tenir cette parole muette que je viens de faire à Oxanna, plus jamais il ne te parlera, touchera, ou te fera quoi que ce soit.

Mes jambes s’activent alors, à la recherche de ma compagne du jour, et quand je la trouve, elle suffoque, elle tremble, elle pleure, j’entrevois son mal, se dessine délicatement sa peur. Ses tourments qui devaient lui sembler vieillissant. Quand je m’approche enfin, je pose les paquets, non-loin. Je soupire lentement, pose ma main sur son visage poupin. « Tu veux m’expliquer ? » Un sourire en coin, je réalise que je ne sais pas bien faire les choses quand il ne s’agit pas de moi, mais j’essaie en tous les cas. « Parce que c’est la première fois que j’envisage de démolir quelqu’un sans raison. » Ou presque première fois. « Qu’est ce qu’il t’a fait ? » Bel ange, arrêtes de pleurer.

Le corps d'Anna tout entier se révolte contre la vision inhumaine de cet homme qu'elle a tant détesté. Ses membres tremblent, ses joues éternellement hautaines sont maintenant inondées d'une vague de peine. Et il est là, avec ses paquets, spectateur de sa chute. Oxanna Sterling a craqué, quelque chose en elle s’est brisé. L’image de sa robe écrasée au sol ne lui fait pas peur, parce que pour un instant, plus rien n’a d’importance. Son être est en mode survie et le reste elle s’en balance. Pourtant, il y a Snow, grand et con, au mauvais endroit, au mauvais moment. « Tu veux m’expliquer ? » Lance-t-il, sa main cueillant une joue de la jeune femme. Expliquer, elle ne le pourrait pas. Le pourquoi est encore une question qui lui brûle la langue, qui lui écorche la cornée. Comment trouver une cause à ses maux quand il n'y en a aucune. Oxanna n'avait rien demandé, rien mérité. Il n'y a que ces abus, cette honte, qu'il lui a collé à la peau, de force, violant son innocence, volant son enfance. Ça ne s’explique pas, ça ne se dit pas, ça se garde dans les abîmes de son coeur, bien plus profond que le secrets, bien plus inavouable que les mensonges.

Et Anna se raccroche au regard de Snow, alors que si peu de temps auparavant, elle détestait sa simple présence. Peut-être n’était-ce que de la jalousie, parce qu’il semblait à l’aise, à travers ces gens, à travers cette vie, prenant tout avec le sourire, jetant des blagues comme elle a toujours lancé des couteaux. Parce que c’est plus facile de se défendre que de tenter d’accepter les gens. Elle a été odieuse, prétentieuse, et il devrait la laisser se vider de ses larmes sans un seul regard en arrière. « Parce que c’est la première fois que j’envisage de démolir quelqu’un sans raison. » Et ça n’aide pas. Ça n’empêche pas les larmes de couler, de l’imaginer démoli, réduit à rien. Parce que le mal est fait. Parce que ça n’a jamais été à propos de lui, ça a toujours été à propos d’elle. « Qu’est ce qu’il t’a fait ? » Les yeux d’Anna éppellent ses pires cauchemars. Son corps tout entier se souvient de chaque toucher non désiré contre sa peau blanche. Ses doigts s'agrippent à ses coudes, ses cheveux collent à ses joues, sa force a été épuisée face à ce monstre qu’elle refuse de nommer, parce qu’il n’est pas vrai. Ce n’est que des inventions, son père l’a dit. Menteuse, qu’il a décidé. Encore aujourd’hui, Jeremy Sterling ne croit pas un mot de ce qu’elle lui avait confié, croyant naïvement qu’il la protégerait, sa propre fille. « Tu me croirais pas, de toute façon. » Tente d’expliquer Oxanna, haussant les épaules entre deux sanglots, chassant la question. Qu’est-ce qu’il en sait cet homme, de ce que peut avoir subit une enfant. Des trahisons que ces adultes n’ont cessé de lui infliger. Anna voudrait se croire victime, mais ça la forcerait à admettre que c’est bien arrivé. Le dire tout haut, c’est au dessus de ses forces. La seule fois où les mots ont passé ses lèvres, s’en est suivi la période la plus sombre de sa vie. « T’as rien de mieux à faire que de me regarder pleurer ? » Se défends Anna, ses remparts toujours en place. Elle ne sait pas pourquoi Snow est là, comment ils se sont retrouvés dans cette ruelle, comment son univers a semblé s’écrouler en une seule rencontre. Oxanna se contente de laisser ses joues ruisseler, sans même tenter de les essuyer.

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Même si mon prénom laisse, des fois, penser que j’ai mauvaise réputation, que je connais de par cœur les secrets pour traiter les filles comme le ferait un pauvre con. La vérité est que je ne suis pas du genre à en abandonner une en pleine rue, et surtout en train de pleurer. Qu’elle le veuille ou non je suis là, et je ne bougerai pas. Quand je lui demande ce qu’il a pu lui faire, je devine dans son regard ce qu’elle cache et comprends, mes mâchoires se serrent, tout comme mes poings, c’est violent et je pourrai jurer maintenant que le frapper pourrait me soulager. Mais pour elle ce ne serait surement pas le cas, on ne guérit pas aussi facilement de quelque chose comme ça. Quand j’essaie de poser des mots sur ses actes, je réalise que rien que le fait d’imaginer quoi que ce soit, me donne envie de vomir parce que l’humanité ne fonctionne pas comme ça. Dans ses larmes, je lis les caresses, dans ses tremblements, je devine sa fureur d’amant, dans son regard, j’observe ses faiblesses. Elle n’est pas cette même princesse. Elle n’est pas prisonnière d’une tour dorée, elle a ses démons, son passé. « Tu me croirais pas, de toute façon. » Mais je la crois déjà. Un sourire furtif se place sur mes lèvres, tandis que presque hésitant je me penche vers elle. « Et si tu me laissais en décider ? » Le fait est que si elle pense pouvoir contrôler le monde entier à coup de sourires et de mots bien calculés, avec moi c’est tout le contraire, elle apprendra, que Snow Burns est un électron libre qui défie toutes les lois.

« T’as rien de mieux à faire que de me regarder pleurer ? » Piquante, elle en devient divine à mes yeux, parce que j’ai toujours apprécié les filles qui ne se préoccupent pas que de leurs cheveux. Le liquide lacrymal qui ne veut s’arrêter de couler le long de ses joues, je l’aime comme un murmure, et sans faire plus de demi-mesure, j’attrape ses mains en me baissant vers elle, les positionnent autour de mon cou en silence ou presque, puisque je me contente de lui dire « Laisse toi faire. » N’aies pas peur, promis même si je suis un brin destructeur, je ne veux en aucun cas rajouter des cicatrices à ton cœur. Quand elle comprend que j’ai besoin qu’elle s’agrippe à moi afin de la sortir d’ici, je force sur mes jambes, sur mes bras, une main supporte ses cuisses, l’autre son dos, je la porte comme une plume, comme une enfant, et je me sens quelque peu géant, pourtant bien loin du prince charmant. Mes lèvres susurrent des « chut » à répétition, quand j’entends ses sanglots contre ma peau, et je resserre mon emprise sur elle, quand comme irréels on traverse quelques rues dans cette position-là. Sortis d’un film, ou d’un grand je ne sais quoi. « Il y a des gens qui nous regardent, je sais. » Je tente de la faire rire tandis que je marche toujours en direction de chez moi. « Mais c’est parce que je suis trop awesome, tu vois, rien à voir à faire avec la fille qui pleure dans mes bras. » Pas très loin j’aperçois la porte de mon bâtiment. Quelques mètres, quelques pas, et plus personne ne pourra l’atteindre, ce sera juste elle, juste moi.

Et là, dans cet enfer, Oxanna Sterling ne s'attend plus à rien. Elle abandonne, laissant l'ennemi traverser ses remparts, s'emparer de son âme. Et dans tout ce chaos, jamais elle n'aurait espéré la compréhension d'un homme comme lui. « Et si tu me laissais en décider ? » Réplique-t-il, plus attentif que son propre père. Ayant la décence de pas réduire ses pleurs au silence. Et Anna hoche un peu la tête. La petite Anna, celle qui voulait seulement qu'on la croie, qu'on lui dise que c'est terminé, que tout vas bien aller. Et cette Anna là, elle a mal, tellement mal, qu'elle ne sait plus comment le contenir. Ça déborde de partout, de ses yeux, de ses ongles. Elle le laisse en décider, parce qu'elle n'a pas la force de faire autrement, parce que c'est le premier fil d'une confiance tissée dans ces bas fonds, dans cette ruelle sans nom.

Le temps. La réalité. La vie. N'a plus d'emprise sur Oxanna Sterling. Elle serait restée recroquevillée au sol, les joues noires de mascara, si Snow n'avait pas le bon sens de décider pour elle, de vouloir l'aider alors qu'elle ne mérite pas sa gentillesse. « Laisse toi faire. » Et alors que le sol se dérobe sous ses pieds, Anna espère l'instant d'une seconde devenir un ange, et ne plus jamais avoir mal. Ses bras s'accrochent au cou de Snow dans cette proximité qu'elle n'aurait jamais pensé apprécier. Comme un parfait gentleman, comme un prince, il la sauve d'elle-même.  

« Il y a des gens qui nous regardent, je sais. » Et pour une fois dans sa vie, Oxanna Sterling s'en balance. Qu'ils rient, qu'ils pointent du doigt, qu'ils voient qu'elle n'est pas parfaite. Oh, plus tard, elle s'en voudra d'avoir été si faible, mais en ce moment, rien n'a d'importance.  « Mais c’est parce que je suis trop awesome, tu vois, rien à voir à faire avec la fille qui pleure dans mes bras. » Et après avoir eu la surprise d'un Snow bien différent, il revient à lui-même, aux manières qu'elle lui connait. Et c'est rassurant, de voir qu'il n'est personne d'autre que lui-même. Malgré les drames d'Oxanna Sterling, rien ne fera changer Snow Burns et ça, ça fait sourire Anna qui lève les yeux au ciel, dans le plus improbable des moments. Elle peut encore rire. Elle peut encore être heureuse. Même si son coeur semble en cendres, tout n'est pas perdu.

[ * * * ]

Les marches. La porte. Les murs. Tout est nouveau, étranger. Sauf Snow, qu'elle connait de loin, qui la tiens de proche.

Oxanna ne pleure plus. Le mascara a séché sur ses joues. Ses genoux sont sales de terre et de poussière. Sa robe est froissée. Ses escarpins sont perdus. Ses pieds sont nus.

Deux yeux perdus qui fixent un mur. Mademoiselle Woods est à court de larmes. Telle une automate, ses rouages continuent de tourner. Pourtant, ses mouvements sont vides. Elle ne se souvient pas de comment elle s'est retrouvée ici. Ses lèvres sont sèches mais l'idée d'avoir quoi que ce soit dans l'estomac la révolte. Ses pensées ne s'accrochent à rien, s'amusant d'anciens souvenirs qui refusent de s'ancrer dans le temps. C'était avant, c'est tout ce qu'elle sait.

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Et mes mains s’accrochent à son dos, la soutiennent toujours tandis qu’on pénètre ensemble dans le bâtiment. J’entends son souffle contre moi, me rassure de la savoir proche et je ne saurai même pas expliquer pourquoi, ça me convient et c’est tout ce qui compte, rien que ça. Je monte les escaliers, force sur mes pas, mes pieds, mais ne flanche pas, pour elle et pour moi. Ensemble dans une bulle de n’importe quoi, de je-ne-sais-quoi. J’ouvre la porte, difficilement, mais j’y arrive et c’est le plus important, j’ai une pensée idiote, celle qui me dit que celle que j’aurai du faire entrer chez moi de cette façon-là, aurait dû être habillée de blanc, après avoir passé une soirée à danser, sous le signe de l’amour. Je me surprends à soupirer, face à ma stupidité, comme si je pouvais être assez con pour me marier.

Délicatement, je la dépose, elle semble ailleurs, et pour le coup, je ne sais plus comment agir, je réfléchi, me prend la tête entre mes mains, puis mes yeux se fixent finalement sur ses jambes, descendent et observe ses pieds, alors je m’avance vers elle, et je lui prends la main, bien décidé à la trainer dans la salle de bain. Elle me suit, sans sourciller, et moi, comme je suis moi, et parce que je le suis, je continue à blablater. « T’as vu cet appart un peu ? Bon d’accord, je sais bien que t’es une petite princesse habituée des palaces, mais je vais pas jouer à « qui a la plus grosse » avec toi, donc je suis fier de moi. » On avance toujours pour finalement arriver dans la salle d’eau, dans laquelle elle entre. « Je crois que tu as besoin d’une douche, et crois moi, c’est pas l’envie qui me manque hein, mais je pense que je vais te laisser te dépatouiller seule, t'es pas d'accord ? » Je lui esquisse un sourire, avant de passer ma main droite sur ma nuque, je suis pas gêné, qu’on ne se trompe pas, non, je suis juste tenté, c’est vrai, de rester là, éternellement Snow, jusqu’aux bouts des doigts.

Je m’éloigne au final, en lui disant simplement. « Je dois avoir des fringues de filles, quelque part. » D’une ou deux que j’ai sauté et qui ont cru bien de laisser trainer leurs affaires dans l’espoir d’être rappelé. Mais le fait est que j’ai horreur des cas désespérés. Alors je vais jusque dans ma chambre, cherche dans les tiroirs, vite fait, en essayant de ne pas être trop perturbé par le bruit de l’eau qui vient de se mettre à couler.

Les murs sont inconnus, étrangers, mais rassurants. Ça sens Snow, dans cette petite bulle, dans ces grands espaces. Il y a quelque chose de serein à le suivre, par la main, dans le labyrinthe de cette dépression. Il y a quelque chose de tranquille à bannir son cerveau, à n'écouter que son corps qui est docilement guidé dans l'espace. « T’as vu cet appart un peu ? Bon d’accord, je sais bien que t’es une petite princesse habituée des palaces, mais je vais pas jouer à « qui a la plus grosse » avec toi, donc je suis fier de moi. » Et peut-être que ça aurait été marrant, si Anna n’avait pas l’impression d’être morte au bout de ses larmes. Elle lui offre un petit sourire, faux, désolé, mais c’est tout ce qu’elle a à donner. Le couloir, une porte, encore une porte. Toutes ces issues qui promettent une sortie, mais qui s’ouvrent sur d’autres blessures. C’est une infection, c’est une lente agonie. « Je crois que tu as besoin d’une douche, et crois moi, c’est pas l’envie qui me manque hein, mais je pense que je vais te laisser te dépatouiller seule, t'es pas d'accord ? » Et la tête d’Oxanna acquiesce lentement, alors qu’elle inspire, déconnectée de cette réalité. Snow ferme la porte derrière elle et Anna ne pense pas à la verrouiller. Ses doigts repoussent les bretelles de sa robe, tirant sur la fermeture éclair. Ses vêtements s’écrasent au sol, la laissant en sous-vêtements, dans cette salle de bain un peu trop grande, un peu trop vide. Ses doigts s’étirent jusqu’aux poignées de chrome du bain et tournent tranquillement, libérant l’eau brûlante qui se déverse sur la porcelaine. Ses sous-vêtements sont abandonnés sur le sol, sans aucune réalisation. Ses jambes se glissent dans l’eau, puis tout son corps. Oxanna se laisse inonder par cette brûlure liquide. Ses genoux se calent sous son menton, sa tête est plongée sous l’eau, dans une vaine tentative pour noyer la honte, pour nettoyer sa conscience. Elle respire à nouveau, émergeant de la surdité. « Je dois avoir des fringues de filles, quelque part. » dit la voix de snow. Oxanna porterait n’importe quoi. Un vieux t-shirt qui traîne par là. Tant qu’il est sec et propre. Aucune réponse ne lui vient. Les miroirs sont embués, sa tête aussi. La chaleur de l’eau la réconforte. Son visage a été lavé des coulisses de maquillage qui étaient plaquées à ses joues. Elle voudrait bouger, mais l’idée de retourner dans le monde extérieur la terrifie. Réconfortée, par l’eau chaude qui la garde, par Snow qui la protège, elle aura mal, quand ce sentiment de sécurité se sera évaporé, quand elle sera seule à nouveau. Et Snow réapparais, avec des vêtements. Et Oxanna relève les yeux vers lui, ses grands yeux sombres, à nus, plus vulnérables que son corps recroquevillé dans la baignoire. Et elle veut qu’il la voie, parce qu’il semble avoir compris, parce qu’il semble savoir, parce que lui, il semble la croire. Anna repousse ses cheveux derrière son oreille, mordillant sa lèvre inférieure. « Merci. » Qu’elle trouve à dire, le regardant dans les yeux. « Pourquoi t’es si gentil, maintenant que tu sais que je suis brisée. » Questionne-t-elle, certaine qu’il a pitié, qu’il la vois en détresse, comme une petite chose larmoyante. Il aurait dû la laisser là, sur le béton, en larmes.

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nothing scares me anymore

⊹There she was my new best friend. High heels in her hands, swayin' in the wind While she starts to cry, mascara runnin' down her little Bambi eyes (by anaëlle)