Ton crâne hurle à la mort, la tête tourne, tu peines à placer une jambe devant l’autre et plusieurs fois tu manques de te retrouver face contre sol. Un liquide chaud dévale doucement ton visage, t’y fais pas attention, tu sais déjà ce que c’est et ça fait des heures que c’est dans cet état. T’as du mal à respirer, t’as l’impression que c’est la tâche la plus difficile qui soit au monde et t’aimerais bien t’arrêter là, dans cette ruelle, t’adosser et te laisser glisser contre sol. Et t’attendrais. T’attendrais qu’elle vienne te chercher et te ramène chez vous. Il faut que t’arrêtes de te faire des scénarios aussi débiles que tu te dis, tu es pathétique, minable et le pire dans tout ça c’est que tu l’acceptes. Tu devrais combattre, mais tu te sens trop fatigué, à quoi bon, tu te demandes, à quoi. Les sirènes des flics sifflent non loin de ta position et tu mets les bouchées doubles, puisant au fin fond de tes entrailles pour trouver l’énergie nécessaire pour avancer plus rapidement. IL vaut mieux éviter que tu te fasses chopper sinon tu serais direct renvoyer de l’UCLA, tu veux pas décevoir Sam, il a joué de sa position pour que tu sois pris et puis tu perdrais ton salaire, vu ton cv, ta gueule, le bagage de conneries que tu traines derrière toi, en plus de ta coiffure à la jésus de Nazareth, tu risque pas d’aller bien loin. Tiens en parlant de Sam, tu débarques dans sa rue, comme il te faudrait un demi-siècle pour arriver jusque chez toi et qu’il faut que tu te planques là, maintenant, tu décides d’aller lui payer une petite visite nocturne. Tu sais qu’il va sûrement te poser quelques questions, mais il te laissera jamais dehors, dans un tel état. Tu vas sonner, deux fois ou trois, tu sais plus vraiment. « Ici le saumon » que tu lances à l’interphone, un sourire perceptible dans ta voix.