Do you speak Chinese ? [PV. TIM]

« Je croie qu’on est perdu. » Il fallait bien que quelqu’un le dise, alors je le fais. Je regarde, d’un air inquiet, Timothy en lui jetant un coup de tête vers la population qui nous entoure. Des chinois. De partout. Comme si on avait changé de pays, littéralement. Ça ne va pas du tout ! Je ne viens jamais dans ce quartier, rien ne va pouvoir me sauver aujourd’hui, je ne peux compter que sur le Delta en ma compagnie. Mon meilleur pote, mon confident, mon bras droit, mon frère. Timothy quoi. En espérant qu’il planque un gps dans sa poche, une carte du quartier, un plan de sauvetage, je ne sais pas moi, un truc qui puisse nous sauver. Je sors l’iPhone de ma poche et tente d’allumer l’application du gps … « Putain. » Soufflais-je de désespoir. Le smartphone vient de s’éteindre dans mes mains, je n’ai plus de batterie ! Comment lâcher au moment le moins pratique. Merci Apple ! J’ai envie de jeter le portable par terre, mais non, j’y tiens trop, j’en ai besoin et puis, vous avez vu le prix d’un simple truc comme ça ? Je le glisse de nouveau dans ma poche de jean, résigné à ne plus me faire de mal et à le laisser là où il est pour le moment. Si je ne peux pas l’utiliser autant ne pas s’en servir ou espérer pouvoir le faire.

Je soupire de désespoir, me passe une main dans la nuque. « Dis moi que tu sais où on est, s’te plaît. » Sauve nous bordel ! Finalement, je préfère prendre les choses en main, j’ai une idée, autant en profiter. Bon, je ne dis pas que c’est l’idée du siècle ou le truc qui va nous faire sortir  d’ici, mais disons qu’il y a une possibilité que ça le fasse. Je vais voir un chinois, parmi le nombre impressionnant qui nous entoure. Il passait à côté de moi quand je l’arrête. Il me regarde de haut en bas et ne me laisse pas parler, il repart aussitôt. Non, mais quel toupé ! J’ai vu cette expression dans un film, je la trouve pas mal, ça fait genre distingué … Même si je ne le suis pas, merci de tout casser. Je tente ma chance vers une femme cette fois. « Excusez-moi, est-ce que vous savez où on est ? Ou est-ce que vous connaissez une sortie ? » L’espoir je vous dis… Seulement, quand je voie son visage se décomposer et des mots incompréhensibles sortir de sa bouche je comprends bien vite dans quelle merde on est … Elle ne parle pas un mot d’anglais.

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FRAT LOVE :

Quand Kai essaie de convaincre qu'il est un bon père ...

... Mais que la réalité est tout autre :

Pourquoi on est venu s’engouffrer dans Chinatown, sérieux? Y’a que des Chinois ici ! Ah, je suis pas raciste mais quand même là, c’est abusé ! Et les panneaux indicateurs, ils connaissent pas en Chine peut-être? Comment on sort de là, nous?

« Je croie qu’on est perdu. » Mais non Kai, ta gueule, on n’est pas perdu ! On va trouver un moyen de sortir de là. On va trouver. Faut pas perdre espoir. « On est des Deltas oui ou merde? On trouve toujours un moyen. » Je le vois d’ailleurs sortir son iPhone de sa poche. « Putain. » Je me tourne vers lui, l’air grave. « Non. Ne me dis pas que t’as plus de batterie ou je te tue. » Je le vois ranger son smartphone tranquillement dans sa poche l’air de rien. Ah le cauchemar bordel !

Il se passe une main dans la nuque, signe d’irritation, avant de soupirer. « Dis moi que tu sais où on est, s’te plaît. » Je lève les bras en l’air, l’air de gueuler un gros « WTF?! ». « Tu te fous de ma gueule? Est-ce que j’ai une tête à connaître par coeur des rues envahies par les chinois et où quand on regarde sur les étalages des magasins de bouffe, on sait pas ce que c’est ? » Bah oui bien sûr, Ni hao aussi hein !

Kai accoste un mec qui passe par là au final pour demander notre chemin, mais il n’arrive même pas à en placer une qu’il se barre sans lui accorder ni une demi-seconde de son temps — après l’avoir bien dévisagé aussi. J’éclate de rire. « Bah alors mec, t’as pas l’air de bien t’intégrer ici dis-donc, je crois que c’est parce que tu fais pas assez chinois ! Essaye en te tirant les yeux la prochaine fois, peut-être que ça passera mieux ! » Vanne pourrie bonjour, mais j’en rigole quand même. Il aborde maintenant une femme. « Excusez-moi, est-ce que vous savez où on est ? Ou est-ce que vous connaissez une sortie ? » Je retiens un rire quand il demande « une sortie », genre c’est l’enfer ici. Un peu, mais bon. Elle répond un truc tellement vite que je ne comprends pas sur le coup. J’analyse, je réfléchis, et j’en viens à la conclusion que ça, c’était pas de l’anglais. Oh non, ne me dites pas que… « Kai, t’es sérieux? Elle parle pas anglais la meuf? Tu pouvais pas en choisir une autre? » J’écarquille les yeux. « Putain mais ils font quoi à LA, merde ! » Je m’approche d’elle à mon tour et répète très doucement la question. « Vous - savez - où - est - la - sortie? » Elle me regarde, bouche bée. Putain de merde, c’est pas possible. « SOR-TIE. » J’haussais le ton, décomposais bien le mot. C’est quoi le bordel là? Je fais des gestes avec mes bras vers la droite — au pif — un peu comme les hôtesses dans les avions qui montrent où sont les sorties de secours. Elle devrait piger quand même, non?

On est dans la merde. Mais genre, pas la petite merde qui pourrait presque sentir bon, non, la grosse merde bien pourrie ! On est perdus ! P-E-R-D-U-S ! On va faire comment maintenant ? Et Timothy ne m’aide absolument pas, on dirait même qu’il panique le mec, pour vous dire qu’il me stress le con à faire ça ! Il faut se calmer ! Je n’ai plus de batterie de téléphone, les passants ne m’écoutent même pas, aucune indication n’est en anglais. A moins de parler chinois, pour s’en sortir, c’est compliqué … Pour ne pas dire impossible et céder à la panique en fait. On est mal … Et la bonne femme qui ne me répond pas. Je reste les bras ballants et lève les yeux au ciel … C’était mon seul espoir … Cette fois, on va mourir dans Chinatown, au beau milieu de tous ces chinois qui ne sont pas prêts de nous aider. Et dire que d’ici, à peine quelques kilomètres, se trouve un magnifique McDonald’s qui nous attend. J’ai les boules.

« Mais j’ai pas fais exprès moi ! Je pensais qu’elle comprendrait au moins ce que je dis ! » Raté. Complètement loupé même ! Tim a raison, il s’énerve et je me contrôle tant bien que mal pour ne pas en faire de même. Un de nous deux doit rester lucide si on veut s’en sortir et à voir la réaction du Delta qui tente de parler de manière assez étrange avec la chinoise, ce n’est sûrement pas lui qui va réussir à rester calme. C’est donc à moi d’endosser ce rôle. Aucun problème ! Enfin. C’est tellement facile à dire ça. Mais à faire, c’est une toute autre histoire, surtout quand on s’aperçoit qu’aucun pecno dans le coin ne parle la même langue que nous. Je regarde Tim répétait la phrase avec lenteur et faire des gestes dans un peu dans tous les sens. Je ne peux m’empêcher de rire en le voyant s’affoler de la sorte. « Tu veux un panneau sortie de secours pour lui montrer ? » Et j’éclate de rire. Non pas que la situation soit drôle, mais le voir faire l’hôtesse d’avion, je ne peux m’empêcher de l’imaginer avec une petite jupe et maquillé comme une nana. Bordel, mes abdos ! Ouf. Je respire pour me calmer. Je ne dois pas rire maintenant. On doit trouver une solution. « Lâches l’affaire avec elle, c’est peine perdue. » Dis-je à mon pote en tapotant sur son épaule d’une main compatissante. Je fais un signe à la chinoise comme pour nous excuser du désagrément. « Allons voir dans ce restaurant, il doit bien y avoir quelqu’un qui a un minimum de bases en anglais, l’ Empress Pavilion, attends, ça sonnerait presque pas trop chinois. » Qu’est-ce qu’il ne faut pas dire pour avoir de l’espoir franchement !

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... Mais que la réalité est tout autre :