Il doit être deux ou trois heures du matin, quelque chose comme ça … Adam n’a pas l’habitude de surveiller sa montre. Il est de ceux qui ne s’inquiètent pas du temps qui passe, de l’heure à laquelle ils rentrent. Le bar ne désemplit pas. Les buveurs et les fêtards du vendredi soir sont présents, tous fidèles à leurs postes. Une ambiance chaleureuse et joyeuse, aidée par l’alcool que l’on déverse à flots, règne dans le bar du Westwood. Adam et Luke, son ami de longue date qu’il aime retrouver à l’occasion, enchaînent bière sur bière tout en parlant de leurs conquêtes respectives. Adam se retrouve un peu en son ami, en ce qu’ils sont deux quarantenaires décidément incapable de se ranger dans le droit chemin, d’obtenir plus qu’une simple histoire d’un soir. Mais cela n’a pas l’air de les attrister plus que ça. Ils trinquent joyeusement, ils rient bruyamment et au fil des minutent qui s’égrainent et des verres qui se vident, s’échangent de grandes accolades fraternelles et enivrées. Tout se passe bien, l'ambiance est agréable jusqu’à ce que des éclats de voix ne viennent fendre la salle. Immédiatement les regards curieux se tournent, celui d’Adam avec, vers ces deux personnes qui s’échangent des noms d’oiseaux peu sympathiques. Le quarantenaire croit comprendre au milieu du brouhaha et des insultes qu’un peu de bière renversée est à la l’origine de la querelle. Mais ce n’est pas ce qui le captive à l’instant. Adam observe cette femme dont les muscles se tendent, dont la mâchoire se crispe. Cette femme qui se bat contre elle-même pour se contenir et ne pas laisser cette colère qui lui hurle de céder à la violence, prendre le dessus. Cette sensation, Adam la connait bien, il vit avec et c’est peut-être pour ça qu’il se lève pour s’interposer entre les deux protagonistes qui ne vont de toute évidence pas tarder à en venir aux mains. D’un geste assuré et autoritaire, il place sa main sur le torse de l’homme et lui lance, un sourire narquois aux lèvres. « Tu vas quand même pas taper sur une nana ? ». Il prend sa défense, sans la connaître, sans qu’elle lui ait demandé quoi que ce soit. Il se doute qu’elle n’appréciera pas, qu’elle s’en sortait très bien toute seule mais il n’a pas pu s’empêcher d’intervenir. De s’immiscer dans cette querelle qui n’est pas la sienne. « C'est bon, je pense qu'il a compris. »