Dans les rues de Berlin, une grande allumette en shorts de denim déchirés se promène avec un bouteille d'eau à la main. Ses jambes sont d'un blanc translucide, où les veines semblent vouloir percer sa peau. Ses genoux sont bleus de quelques collisions avec le béton. Elle porte un grand chandail à l'effigie d'un groupe de musique punk. Ses pieds grattent le sol, blindés de deux bottes noire écorchées par le temps. Ses cheveux roses se balancent sur ses épaules, ébouriffés par le vent. On la dirait sortie d'un croquis. Elle est la meilleure amie du type qui deviendra un héro, elle sera coupée de l'adaptation cinématographique, remplacée par une blonde plantureuse. Cette fille, c'est Lena. Et Lena, il ne faut jamais s'attendre à quoi que ce soit d'elle.
Comme ce type, sur le coin d'une rue. Il fume sa clope adossé à une cabine téléphonique, comme ils le font dans les films noirs. Il est beau, trop propre au goût de Lena, mais il a ce quelque chose, cet air d'être hors du temps, pas à sa place. Lena prends une gorgée de sa bouteille d'eau. Ça lui réchauffe les boyaux. ça n'est pas de l'eau, c'est de la vodka. Elle ne vas pas au cinéma, elle va à ce rave dans l'usine abandonnée.
Le type, il laisse sa cigarette tomber au sol pour l'écraser de ses souliers qui semblent n'avoir jamais arpenté la vraie vie, la vraie ville. Lena est prise d'une envie de le salir, de déchirer ses beaux habits, de voir s'il est plus que cette belle apparence. Il regarde autour comme le ferait un touriste, comme quelqu'un qui n'a pas grandit autour de ces buildings. Lena, elle s'approche et fait face à cet inconnu. « Du siehst der Ecke nicht aus. » ( T'as pas l'air du coin. ) qu'elle lui lance en le regardant dans les yeux. Il ne semble pas comprendre. Lena, elle repousse une mèche rose qui lui barre la vue. Elle lui envoie des avions en papier, mais il ne semble pas capter. Faute de savoir ce qui ne vas pas avec lui, elle lui tends la bouteille d'eau remplie de vodka qu'elle a à la main, se disant que l'alcool est un langage universel.