white flag (oz)

C’était une fois planté devant la porte de son appartement que je me demandais ce que je foutais là. Prendre les clés de ma bagnole, rouler jusqu’à ce quartier pourri, acheter une bouteille de tequila bas de gamme mais hors de prix à l’épicier du coin. Tout ça m’avait paru d’une logique sans faille sur l'instant … Mais maintenant, planté devant cette foutue porte au beau milieu d’un couloir délabré je laissais le doute m’envahir comme le besoin de partir.

Tout était de sa faute. Au nombre de billet que je lui filais par mois, elle pouvait au moins supporter mes sautes d’humeurs ! Je m’en foutais. Je me foutais de tout. Tant pis pour elle, je n’avais pas besoin d’elle. Depuis deux ans je me débrouillais seul et c’est ainsi que je continuerai : seul.

J’aurais dû rebrousser chemin mais mes jambes restaient fièrement enracinées dans le sol, refusant de bouger et me faisant passer pour un abruti. Il ne me restait plus qu’à ravaler ma fierté et lever le poing vers le bois de la porte pour frapper.

Trois coups.

Trois coups avant que je ne change d’avis.

Oz a la tronche bien enfoncé dans son oreiller quand elle sent Gibson la secouer en lui lançant un y a un gars pour toi à la porte" ou un truc du genre, à moitié dans le coaltar, elle pige pas grand-chose, elle grommèle un truc proche du "va te faire foutre", mangé par le coussin. magne-toi et fous un truc, Oz gémit signe qu'elle est là, qu'elle l'écoute et surtout que ça la fait chier de se faire réveiller alors qu'elle venait de s'écrouler une heure à peine avant. Elle finit par trainer son cul hors du lit car Gib serait pas venue la réveiller pour que dalle, elle sait que c'est sacré alors ça doit être important...plutôt ça intérêt de l'être parce qu'elle risque de péter une durite. Elle enfile le t-shirt trop grand pour elle, piqué à Jessie et qu'il lui réclame sans cesse, sachant qu'il le reverrait sûrement jamais. Quand un truc lui plait, elle le prend et oublie que ça se rend. Elle se tire finalement, yeux fermés et comme faut s'y attendre, elle fonce tronche la première contre le mur face à elle "sa mère la pute elle maugrée en touchant la zone douloureuse, ça vraiment intérêt d'être important cette merde sinon y a des coups qui vont se perdre.

Finalement elle débouche dans le salon pour trouver Ayden installé sur l'un des canapés, bon ça, ça aurait pu attendre sérieux. Putain de merde, elle vient de se lever et il faut que ce soit sa gueule qu'elle voit en premier, pire faut que ce soit pour lui qu'elle ait du ramener son cul. Il lui faut un café, donc sans rien dire, elle va s'en servir un sans s'intéresser plus à son ex-boss et surtout à cette bouteille téquila qui lui fait les yeux doux. Tasse en mains, elle va s'asseoir face à lui, ramenant ses jambes contre elle.

"Alors ? Qu'est-ce qui t'amènes ? qu'elle demande avant de prendre une gorgée de sa boisson. Question conne, le sujet, ils le connaissent tous les deux.

Quelque secondes plus tard, la porte s'ouvrait. Mais ce n'était pas la brunette que je m'étais attendu à voir qui me faisait face. Il s'agissait d'une grande blonde, tatouée et percée qui se tenait là, sans dire un mot, à m'examiner comme si c'était à moi de parler. Ne connaissait-elle pas les règles implicites de la bienséance ? « Oz est là ? » Encore une fois, sans dire un mot, elle disparaissait, me laissant comme un con devant la porte ouverte à me demander si je devrais entrer ou attendre.  

Mon hésitation ne fut pas longue avant que je ne pénètre dans cet appartement que je ne connaissais pas. Loin de moi l'idée d'entamer une visite, je marchais instinctivement vers le salon pour trouver un canapé confortable ou m'asseoir en attendant la brune. Chose faite, je déposais la bouteille de tequila sur la table, bien en évidence. Ce qui se révèlerait sûrement bien plus efficace avec Oz qu'un drapeau blanc ...

Un bruit sourd, une insulte s'échappait d'une autre pièce et étirait un rictus sur le coin de mes lèvres. Enfin, elle franchissait le pas d'une porte, simplement habillée d'un tee-shirt comme à son habitude, me dévisageant une seconde avant de reprendre le cours de sa vie comme si je n'étais pas là.

Café chaud en main, elle daigna enfin m'accorder un peu d'attention. Affalé dans le canapé, bras posé sur le dossier je la regardais. « J'avais envie de m'enfiler une bouteille. » D'un signe du menton, je lui désignais la bouteille posée sur la table basse. « Je me disais que t'étais la personne idéale pour ça. J'ai eu tord ? » Mon deux billes malicieuses l'interrogeaient. C'était de la manipulation pure et simple dans la mesure où j'étais persuadé qu'elle n'y résisterait pas. C'était aussi une façon de renouer le dialogue sans devoir m'écraser.

En vrai, elle le fixe même pas. Faut dire que la bouteille est vachement plus intéressante que sa gueule, pas qu'elle soit moche, sa gueule, mais on parle d'une bouteille de téquila et rien a d'importance à côté. Ceci dit, elle remarque quand même qu'il la prend pour une conne, il pense que ça va être aussi facile ? Peut-être que ouais, au fond, encore une fois, on cause de téquila et elle a la sale manie d'être accro à ce truc. On arrive toujours à la baiser comme ça, pas littéralement, suffit pas de lui offrir un verre de son alcool préféré et elle écarte les cuisses...parfois, il en faut deux, ou trois, ou quatre et le tour est joué. "Je pensais que ton palai d'gosse d'riche délicat était trop sensible pour une bouteille bon marché ?" qu'elle rigole ouvertement en buvant une gorgée de sa tasse. Tout le monde sait déjà qu'il a gagné, oz et la téquila, c'est comme un prêtre et un petit garçon, on a beau essayer on résiste jamais longtemps mais ça l'empêche de pouvoir lui rendre les choses un peu difficiles, juste pour le fun, c'est pas une fille facile la Oz. "Donc si je comprends bien, t'as quitté ton chouette quartier pour venir jusqu'ici en matinée simplement pour te bourrer la gueule ?" Sourire narquois, ouais, elle se fout carrement de sa gueule. C'est tout à fait légitime vu tout ce qu'il lui a foutu dans la tronche, l'est un peu rancunière la brune, donc à son tour de faire mumuse. "Tu veux un verre ou tu es tellement un bonhomme que t'iras direct à la bouteille ?" Elle boit encore un peu de son café en le fixant.