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    La librairie et le libraire [Gabriel]

    Mer 22 Juil 2015 - 12:43
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    Anonymous
    Invité
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    Aux USA comme ailleurs, il y a des quartiers qui pulsent au rythme de leurs petits commerces de caractère. La rue de Monsieur Hartt est de celle-là. Sa librairie de quartier est classique et vaillante. De l’Histoire, elle a gardé le calme, le bois, l’amour des lettres et le respect de l’amour des lettres. De la modernité, elle a pris les technologies pour le confort des clients, des passants, de ses amoureux des lettres. Contre la modernité, elle doit aussi se tenir droite. Fidèle à elle-même. Courageuse contre les divertissements faciles et bons marchés.

    Aussi, elle serait prête à accueillir un club de lecture.

    Pour toutes ces raisons et pour d’autres qu’il ne savait pas verbaliser, Ethan était tombé amoureux de la librairie. Les mots ne sont pas toujours nécessaires quand on s’attache à quelque chose ou à quelqu’un. Ethan s’attache facilement aux choses et aux gens. Les mots ne lui sont pas souvent nécessaires. Il aimait la librairie et c’est tout ce qui est important de savoir sur la relation qu’il entretenait avec la librairie.

    Alors ce soir-là après les cours, quand il l’a vue vandalisée par on ne sait quelle main barbare, il a eu le cœur abimé. Ses ventricules béants se sont immobilisés. Son sang s’est glacé.

    Il a couru vers la porte d’entrée. Pauvre chose éclatée. Son verre épais trainait à terre. Dans l’encadrement de la porte, des tessons rendaient l’entrée griffue et menaçante.


    - Gabriel! Gabriel!

    Criait Ethan en tentant d’entrer.

    Si la porte avait cédé, qu’en était-il de l’homme retranché derrière ?

    A ce moment, il comprit que la librairie sans son libraire, c’était comme une école sans son directeur. Un bébé sans sa mère. Une cuisine sans son pâtissier.

    Son amour de librairie s’était fait violenter, mais elle était réparable. Un nouveau verre, quelques maçonneries et ouvrages d’électricité peut-être… et elle pourrait de nouveau accueillir des gens comme Ethan. Elle pourrait de nouveau être fière, coquette, hospitalière et prévenante.

    Mais son libraire ? C’était autre chose. C’était un homme, un humain, un être organique dont l’existence reposait sur une machinerie autrement plus complexe que quelques verres, quelques pierres, quelques câbles. Ethan s’en voulu de ne pas avoir apprécié le librairie à sa juste valeur avant ce vandalisme. Pourtant, le libraire s’était toujours montré aimable, ouvert, disposé à parler des passions d’Ethan. Comment avait-il pu négliger ainsi, dans ses pensées et ses souvenirs, l’humain au profit de la pierre ?

    La sirène de police avait coupé court à ses pensées.

    Du fond de la librairie, le libraire était apparu.

    Ethan avait poussé ce soupir de soulagement, long, profond, qui vide les poumons et qui calme les esprits.


    ***

    Trois jours sont passés depuis. Trois jours pendant lesquels Ethan n’a pas osé revenir dans la rue. De peur de déranger – le libraire n’avait pas besoin d’un client encombrant en pareil moment. De peur d’être attristé – le spectacle d’un amour vandalisé est toujours désolant.

    Ce soir lui semble être le bon soir. Les hommes de métier sont probablement déjà venus. Les assurances aussi. Les voisins curieux de même…  Demain sera peut-être trop tard. Une fois la peine passée, les  hommes n’ont plus besoin de leurs connaissances. Ou plutôt… C’est dans la peine que les connaissances montrent leur intérêt.

    La rue est propre. « Comme avant ». Il n’y a plus ni fébrilité ni débris au sol. Un nouveau verre orne la porte d’entrée qui sent la peinture fraiche. Quelques gouttes de peinture, minuscules, sont tombées sur la dernière marche de l’entrée.

    D’un geste lent, circonspect, Ethan ouvre la porte. Il est prudent. Il se demande s’il ne dérange pas vraiment. Si le libraire n’a pas ouvert par professionnalisme. Si le libraire, peut-être, aimerait qu’on le laisse tranquille quelques jours supplémentaires. Si le libraire n’est pas occupé avec un fournisseur ou avec un policier pour un constat ou avec un assureur ou… avec toutes ces choses qu’un libraire victime a sûrement à faire après un vandalisme.

    Le petit carillon retentit.

    Ethan cille. Il passe la tête à la porte. Il n’entre pas tout à fait. Il n’ose pas. Pas encore. Selon la mine du libraire, ses pieds sont prêts à faire marche arrière.


    - Bonsoir Gabriel. Je t'ai apporté un nouveau balai et un gâteau.

    Il ne montre ni le balai ni le gâteau. Après tout, montrer ses cadeaux, c’est déjà s’imposer. C’est déjà obliger l’autre à les accepter.

    - Ca ne te dérange pas ?

    Le balai et le gâteau ne le dérangent pas ? Si les cadeaux entrent, le donneur de cadeaux aussi, n’est-ce pas ?

    Re: La librairie et le libraire [Gabriel]

    Ven 24 Juil 2015 - 13:02
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    Gabriel Hartt
    Gabriel Hartt
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    Messages : 152
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    Identité HRP : Damien, Dam's, 33 ans
    Gameplay : Première personne / Troisième personne. 400 à 1000 mots en moyenne
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    Autres comptes : Aristide Kendricks
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    Nationalité/origines : Américaine (origines irlandaises, allemandes et danoises)
    Avertissements contenu : Violence physique et sexuelle, sexualité, abandon.
    Orientation & situation : Veuf, célibataire, père de jumeaux, bisexuel
    Métier/occupation : Libraire
    Études & fraternité/sororité : L'école de la vie
    Résidence : Appartement au dessus de sa librairie à Downtown avec Jack et Virginia ses deux jumeaux.
      Depuis qu’il foulait les rayons de la librairie, même quand il n’était qu’un simple apprenti libraire, il n’avait jamais connu cela. Un voisin l’avait appelé en catastrophe. Devanture brisée, caisse mise à sac, rayons sans dessus-dessous. Dépité, il le fut, lorsqu’il découvrit le chantier. Perdu dans ses pensées, se demandant bien qui avait pu faire cela, surtout un dimanche. Quelles en étaient les motivations ? La caisse, jetée sol, comme un vulgaire chiffon. Elle ne renfermait pas des cents et des milles. Gabriel avait déposé la recette de la semaine à la banque, samedi en fin de matinée. 200 dollars. Maigre butin pour les vandales. Il leva les yeux vers sa librairie, son bébé. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Il ne pensait jamais vivre cela. Acte odieux ! Depuis qu’il codirigeait l’établissement, il se donnait corps et âme à son travail. Anéanti. Il ne bougeait plus d’un iota, n’osant s’aventurer dans son dédale de livres. Un policier lui posait des questions. Les questions d’usage. Gabriel y répondit de manière lapidaire. Oui il était assuré. Non il n’avait pas la moindre idée de l’identité des fautifs à l’origine de ce saccage. S’il les connaissait, il serait parti leur botter les fesses.

      Prenant son courage à deux mains, il s’enfonça dans son antre. Il était peiné de voir des centaines de livres abandonnés sur le sol, piétinés pour certains, déchirés pour d’autres. Comportement inhumain. Comportement innommable. Acte incompréhensible. Destruction de livres, par pur plaisir. Gabriel ne vit que cela. Il avait le cœur serré. Même lorsqu’il vit les exemplaires de Cinquante nuances de Grey tapissaient le sol. Le contenu n’avait plus d’importance à ses yeux. Ils restent des livres, sa raison de vivre. Il manquait de salive, tellement il était bouleversé. Il ne put plus déglutir.

      Il se fraya un chemin au milieu du rayon consacré à la littérature française. Un exemplaire des Liaisons dangereuses de Laclos traînait là, devant lui. Il se baissa et s’en saisit. Il jeta un coup d’œil à la page. Il la lut sans la lire, tombé dans le gouffre de ses pensées. Ses pas le menèrent jusqu’à la porte de la réserve. Elle était entrebâillée. Il la poussa. Les cartons étaient tous retournés. Délibérément. Gabriel ne comprit pas pourquoi. Pourquoi s’acharner sur des livres, sans défenses, ses bébés. Si les vandales avaient fait main basse sur la caisse, pourquoi transformer la librairie, sa deuxième maison, en champ de ruines ? Il remit instinctivement, deux trois cartons en place, ses dernières commandes. Ils étaient complètement éventrés. Il le fit sans envie, sans aucune force. Au loin, il entendit crier son prénom. Il ferma les yeux un instant. Une nouvelle fois, des larmes arpentèrent ses joues. Il les essuya d’un revers de main et respira profondément. Au loin, une sirène de police, encore. Il fit volte-face et sortit de la réserve. Il reconnut, rapidement, à l’entrée Ethan.


      *


      Les deux jours qui suivirent furent intenses. Gabriel n’avait pas le moral. Il était un zombie. Il en avait les attitudes. Il buvait du café, beaucoup de café. Il parlait peu. Il enchaînait les appels téléphoniques, courriels, photographies de la scène de crime pour faire valoir les assurances. Hier, les experts étaient passés. Gabriel, soutenu par Charlotte, l’avait mal vécu. Il eut l’impression qu’ils n’y connaissaient rien de la valeur des livres. Du papier. Le livre n’était que du papier à leurs yeux. Durant toute leur prospection, le libraire garda le silence, serra les dents. Il s’éclipsa même un instant pour évacuer la pression..

      Aujourd’hui, il n’allait pas forcément mieux. Toujours sombre. Ses rêves étaient hantés par cet événement. Néanmoins, il ne voulait pas se morfondre chez lui, seul, broyer du noir. Il devait rouvrir, pour lui, pour Charlotte, pour sa clientèle. Il avait de la force grâce à eux. Arrivé devant son commerce, il vit les stigmates de l’intrusion lorsqu’il releva le rideau de fer. La vitrine n’était pas encore réparée. Inexistante. Des bris étaient éparpillés sur les rares livres encore ‘exposés’. Elle n’était pas encore couverte par l’assurance. Patience, maître mot. La matinée se déroula sans encombre, il tenta de remettre de l’ordre dans les rayons. Pour cela, il reçut les encouragements et le soutien de ses clients. Il les aiguilla dans le désordre. L’après-midi il accueillit un fournisseur pour constater les dégâts et voir ce qu’il pouvait faire pour lui afin de reconstituer les stocks. Gabriel était épuisé lorsqu’il entendit une voix familière. Ethan, encore lui.

      Le jour J, le jeune homme était déjà passé. Il l’avait réconforté, même si, et Gabriel le regrettait aujourd’hui, il l’avait rapidement poussé vers la sortie. Trop de pression. Trop de choses à faire, à voir. Il était heureux qu’il soit revenu, avec son balai et son gâteau. Il n’osait pas avancer par peur de déranger. Gabriel se dirigea vers lui, avec un léger sourire au coin des lèvres : « Rentre ! Vu l’état dans lequel est la librairie tu ne risques pas de rajouter du désordre et… Monsieur a un gâteau… C’est d’autant plus intéressant ! » Le gourmand qu’il était avait parlé, surtout qu’il avait besoin de réconfort en ces moments difficile. Le gâteau arrivait à point nommé. Sans attendre, il s’empressa de s’excuser pour son attitude déplorable de lundi soir. « Comme tu peux le comprendre, je n’étais pas dans mon assiette. J’étais extrêmement heureux de te voir. Un visage amical. Même si je t’ai mis dehors comme un malpropre quelques minutes après. J’espère que tu me pardonneras mon attitude. »

    Re: La librairie et le libraire [Gabriel]

    Lun 27 Juil 2015 - 10:43
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    Invité
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    Ethan entre dans la librairie comme dans du papier de soie. Avec la sensation vague que chacun de ses mouvements froisse l’air et le déchire. La libraire est parfumée de tristesse et d’absence. Les vides sur les étagères ont une odeur de carnage nettoyé. La lumière s’y jette en ombres dentelées. Et le sourire de Gabriel a leur délicatesse. Leur fragilité.

    Dans la cage thoracique du jeune professeur, le cœur a hoquet de peine pour le libraire. Il a un battement de cils pour chasser le hoquet du cœur. Son ami a besoin de réconfort, pas de grisaille supplémentaire.


    « Rentre ! Vu l’état dans lequel est la librairie tu ne risques pas de rajouter du désordre et… Monsieur a un gâteau… C’est d’autant plus intéressant ! »

    Gabriel parle, il dit des mots teintés de jaune. Gabriel est plus fort que la tristesse. Ethan sourit à son tour, de plaisir. Plaisir de se sentir le bienvenu. Plaisir de voir Gabriel sourire. Plaisir de servir à quelque chose, peut-être.

    « Comme tu peux le comprendre, je n’étais pas dans mon assiette. J’étais extrêmement heureux de te voir. Un visage amical. Même si je t’ai mis dehors comme un malpropre quelques minutes après. J’espère que tu me pardonneras mon attitude. »

    - Evidemment. C’est…

    Gabriel est dans la peine et il présente des excuses… ? Ethan a envie de lui dire mille choses, mille gentillesses, mille réconforts. Il a envie de l’entourer de chaleur sucrée, de force apaisante, de délicatesse humaine… Il a l’impression qu’aucune parole ne serait adéquate. Il va au plus simple.

    - Ce sont ces horribles vandales qui devraient demander pardon, certainement pas toi.

    Il dépose le balai à côté de la porte. A priori, le balai semble moins important que le gâteau pour Gabriel. Il montre la boite blanche et rose qu’il tenait dans le bras droit. La pâtissière était une dame. Sa boite à gâteau a sa douceur et un peu de sa sphéricité. Des fleurs roses imprimées lui donnent des airs de boite à chapeau surannée.


    - Je ne connaissais pas tes goûts… J’ai pris un gâteau à la fraise dans la petite boulangerie près de l’université.

    Un gâteau à la fraise… C’est rond, c’est tendre, ça fond dans entre la langue et le palais. Ça a l’innocence de l’enfance et la gaieté des anniversaires.

    Il l’a acheté dans une petite boulangerie, pour éviter la standardisation des pâtisseries fabriquées dans les machines qui tournent plus vite que n’importe quel bras de boulanger et pour éviter de rappeler à Gabriel l’existence des grandes chaines de supermarchés. Les petits commerces ont leur place dans les grandes villes, il n’y a pas à en douter.

    Mais Ethan a mentionné la petite boulangerie surtout pour prévenir qu’il y a peu de conservateurs dans ce gâteau-là. Après-demain, il ne sera plus conseillé de le manger…


    - Et le balai, c’était pour t’aider à nettoyer.

    Voilà ça, ça a été dit. Ça a été dit de façon très rapide, très basse, très baragouinée, mais ça a été dit.

    - Ca me fait plaisir que tu te sentes si heureux de me voir. Comme nous parlions surtout de livres, je ne savais pas si euhm… Tu sais…

    Il fait un geste de la main droite, pour montrer une forme floue dans l’espace. Une gesticulation brève qui jure avec le strict de son costume gris clair. Après avoir disséqué les sentiments et les émotions chez les criminels, Ethan a appris à en parler facilement. Sauf avec les femmes. Et avec les personnes avec qui il n’en a jamais parlé. Autrement dit, Ethan parle facilement des sentiments et des émotions avec peu de gens. Mais quand il en parle, il le fait de façon scientifique – et ça fait peur – ou de façon enfantine. Et la situation présente ne requiert pas les sciences d’Ethan.

    - Tu sais, quand une relation amicale apparait à côté de la relation vendeur-client, quelque chose comme ça. Je ne veux pas dire « best friend forever » comme disent les ados non plus, nous ne sommes plus ados mais bon…

    Voilà voilà.

    - C'est la première fois que tu as des ennuis comme ça, je crois  ?

    Des questions, pour faire passer le moment de gêne plus rapidement. Des questions abruptes, parce qu’elles sont là pour faire passer le moment de gêne et parce qu’Ethan n’est pas doué pour parler des sentiments et des émotions de façon non scientifique.

    - La police a un début de piste pour trouver qui a fait ça ?

    Re: La librairie et le libraire [Gabriel]

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