when I get a little scared (autumn)

La cuisine était à l’image de la villa : immense. Des rangées entières de placard se dressaient face à moi, me défiant silencieusement de m’y retrouver parmi ce dédale. Il ne me fallait pas grand-chose. Deux verres et l’affaire serait pliée. Mais ici, dans cette immensité, chercher un objet relevait de l’exploration. Alors avec méthode, j’ouvrais et refermais les uns après les autres les placards, identifiant des choses dont je pourrais avoir besoin plus tard dans la soirée. Ça, avant de trouver au détour d’un énième placard, les fameux verres que je saisissais victorieux.

C’était cet instant qu’avait choisi mon invité pour presser le bouton de la sonnette de l’entrée. Malgré elle, Autumn m’avait laissé le temps de trouver ses deux verres que j’abandonnais sur le comptoir de la cuisine pour aller lui ouvrir les portes d’une villa qui ne m’appartenait pas. « Bienvenue chez moi. » Lui lançais-je calmement tandis qu’un sourire amusé que j’étais le seul à pouvoir justement interpréter, s’étirait sur mes lèvres.

D’un pas de côté, je lui laissais un espace suffisant pour qu’elle puisse se glisser à l’intérieur et découvrir les lieux comme je l’avais fait seulement quelques heures avant elle. « Je suis content que tu sois venue. » Avec une certaine précaution, je refermais la porte et me tournais vers elle. « Je m’attendais à un recevoir un message à la dernière minute avec une excuse bidon … » Comme elle l’avait déjà fait quelques fois, comme je l’avais moi-même déjà fait aussi. Parce qu’elle et moi c’est un peu le jeu du chat et de la souris ou du fuis moi je te suis. Et c’était sûrement pour cette raison que je la provoquais, un sourire faussement innocent accroché aux lèvres.

When I get a little scared..

AYDEN & AUTUMN

"Daccord". J'avais simplement répondu "d'accord" à son message, rien de plus, rien de moins. D'accord pour le voir, d'accord pour rester avec lui. D'accord. J'étais étonnée de moi-même d'ailleurs, me retrouver en tête à tête avec lui me procurait une sensation d'adrénaline, de stress, de peur et d'envie. Des sentiments contradictoires qui s'entremêlaient dans mon esprit à chaque fois que je pensais ne serait-ce qu'un instant à ce qui m'attendait ce soir. C'est stupide, et je m'en veux un peu, mais lui..c'est lui. J'avais toujours ce petit sourire espiègle qui s'affichait sur mon visage quand je recevais l'un de ses messages, mais la timidité me stoppait dans tout mes élans. La timidité arrivait à me faire dire non, et j'avais cette sale manie de ne pas être contre la Timidité. Mais aujourd'hui, pas de faux plans, pas d'excuses, rien. Après mûres réflexions j'avais enfilé un jean foncé avec un pull large et des bottines noires, rien d'extravagant qui pourrait faire penser que j'avais bloqué devant mon placard pendant une bonne demi-heure à enlever, remettre, étirer et finalement ranger tout ce que je pouvais avoir en stock.

Il m'avait donné l'adresse dans un autre texto et c'était le moment que je choisissais pour la sortir. En arrivant, je fus impressionnée par cette putain de baraque en face de moi. Je repris mon souffle une dernière fois et sonna à la grande porte juste devant. Il m'ouvrit et m'accueillit d'un large sourire. Ouais, j'avais un peu honte de me ramener dans une villa pareille. J'avais l'habitude d'aller dans des maisons imposantes mais celle-ci surpassait tout. « Je suis content que tu sois venue. » Je ne retins pas mon sourire qui voulait se montrer depuis qu'il avait ouvert. Ce qui s'offrait à mes yeux était sublime. J'étais de dos, quand j'entendis son étonnement de me voir ici. « Faut bien que je me fasse désirer un peu.. » Enfin, dans le genre désirer y'avait mieux que de poser des lapins mais bon. « Alors c'est chez toi.. Tu me fais la visite? » Bordel que c'était grand, j'avais l'impression d'être dans un réel labyrinthe.