Et soudainement je sors de cette torpeur dans laquelle je me trouvais depuis le début de l’heure, voguant sur des rivages où je me trouve naufragée, incapable de parvenir à respirer. Une feuille tombe devant mes yeux et j’en lis les aveux. A l’intérieur de ma cage thoracique ça se compresse, et je suis presque certaine d’être capable d’affirmer que pour le coup, ma maladie progresse. Mes yeux restent figés sur cette lettre qui de rouge est entourée. Comme si j’étais au lycée, comme s’il m’avait jugé, je le descends de son piédestal, le place au même niveau que les imbéciles de l’hôpital. Je mets quelques secondes de plus à l’observer, cette lettre, comme si elle allait changer simplement par la force de mes pensées. Si pour toutes les autres matières, je n’en ai rien à faire, pour celle-là, c’est différent, et je ne saurai dire pour quoi. Peut-être parce qu’il n’a jamais eu la prétention de me mettre une note aussi basse que ça. Parce que ça me tient en vie d’avoir cet endroit, celui où malgré le sujet, on me laisse faire ce dont j’ai envie, on garde mes secrets, sans jamais venir m’en parler. Sans jamais oser dire clairement que je vais mourir et que ça me plait. « F » Et ça résonne encore en moi, de la part des autres ça ne me dérange pas, de la sienne, ça me fait sombrer. Tout le monde a toujours dit que pour les lettres j’étais douée. Il faut croire qu’il a dû en avoir marre de me voir partir dans tous les sens, oublier l’intitulé de ses sujets, et de laisser libre cours à mes propres pensées. Mes délires entre mort et réalité.
J’ai passé le laps de temps restant dans cet amphithéâtre a regarder notre cher professeur corriger à haute voix et en plusieurs théories les copies, ruminant en silence la déception que j’ai eu en son nom. L’heure se finit, une des filles qui se prétend être mon amie m’appelle et m’attends. « J’ai un truc à faire. » prononce ma voix lorsque je descends les marches quatre à quatre afin d’atteindre la scène où se déroule le spectacle ridicule de leçons qui aujourd’hui ne comptent plus à mes yeux. Ça m’apprendra à donner de l’importance à tout et n’importe quoi. Quand la salle est enfin vide, nos prunelles se croisent et c’est sans perdre une once de mon assurance que je lui dis en l’affirmant « Vous êtes devenu dingue dans la nuit ? » Ou alors peut-être qu’il n’a pas ce qu’il faut dans son lit, mais pour le coup, j’empêche à ma langue de se délier, lui laissant le bénéfice du doute afin qu’il puisse se justifier. « Vous osez mettre un F à une fille qui va crever ? »